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jeudi 2 mars 2017

Silence !

MAJ de la page : Albert Camus






Les Chemins de la philosophie par Adèle Van Reeth
Silence ! (27 février - 2 mars 2017)
1/4 : Camus et le silence déraisonnable du monde
avec Marylin Maeso : ATER en Philosophie à l'université de Nice Sophia- Antipolis
2/4 Quand le cinéma donne la parole au silence
avec José Moure : Enseignant à Paris I
3/4 Le silence a-t-il une histoire ?
avec Alain Corbin : Professeur émérite de l'université Paris I Panthéon-Sorbonne.
4/4 Blanchot, l’impossible silence
avec Eric Hoppenot : Responsable du Département de Lettres à l' ESPE (Écoles Supérieures du Professorat et de l’Education) de Paris-Université Paris-Sorbonne
 

Donatella Marraoni, Silence
  

dimanche 26 mai 2013

Silencieuse Pina Baush

MAJ de la page : Pina Baush / voir aussi Les rêves dansants



Une vie, Une oeuvre par Matthieu garrigou-Lagrange
Silencieuse Pina Baush (1940-2009)
Pina Bausch n’aimait pas parler, ni expliquer son travail. Elle demeure mystérieuse, y compris pour beaucoup des danseurs qui ont passé plusieurs décennies à ses côtés. Bien sûr, on connait les thèmes qui ont inspiré son œuvre : l’amour, la domination, le couple, la solitude. Il faudrait y ajouter la famille et la germanité, sans doute moins visibles mais bien présents dans ses spectacles. Le viol aussi peut-être. Mais tout cela ne suffit pas à éclairer sa personnalité, si forte, si magnétique, si secrète.
Dans l’émission de cette semaine, nous allons tâcher de revenir sur son parcours artistique, ce qu’elle a apporté au spectacle vivant en inventant cette danse-théâtre. Nous tenterons aussi de mieux la comprendre malgré ses silences, en rassemblant les témoignages de danseurs qui ont travaillé avec elle, ainsi que de familiers de son œuvre.

mercredi 8 mai 2013

Silence(s) - Pas la peine de crier



Silence(s) (1/5) : Une anthropologie du silence

Premier temps d'une semaine entièrement consacrée au silence. Nous commençons par l'explorer avec David Le Breton, anthropologue et sociologue. Professeur à l'Université de Strasbourg et membre de l'Institut Universitaire de France, il signait en 1997 Du silence, aux éditions Métaillé.



Silence(s) (2/5): Un cri sourd 

Deuxième étape au sein d'une semaine silencieuse, avec Emmanuelle Laborit. Elle est comédienne et directrice de l'International Visual Theater, première compagnie professionnelle de comédiens sourds et lieu pionnier de l'enseignement de la Langue des Signes Française. Elle est aussi l'auteur d'un roman autobiographique, Le cri de la Mouette, paru en 1994 chez Robert Laffont.



Silence(s) (3/5): L'impasse sur l'Algérie
Nous poursuivons notre voyage au cœur du silence avec Florence Dosse, auteure de Les héritiers du silence, paru en 2012 chez Stock. Pour ce premier livre, elle a interviewé d'anciens appelés en Algérie, les épouses de ces derniers et leurs enfants aujourd'hui adultes, à qui rien ou presque n'a été transmis sur ce conflit "sans nom".



Silence(s) (4/5): Omertà !
Avant-dernier jour de cette semaine passé à questionner le silence. Clotilde Champeyrache, maître de conférences en économie à Paris VIII, est spécialiste des mafias. Elle est l'auteur de Sociétés du crime: un tour du monde des mafias (CNRS éditions, réed.2011). Nous évoquerons avec elle la fameuse loi du silence, l'omertà.



Silence(s) (5/5): Dans le silence du monastère
Dernier temps d'une semaine placée sous le signe du silence. Nous recevons Gilles Baudry, moine-poète de l'abbaye Saint Guénolé à Landevennec (Finistère). Il avait reçu en 1985 le prix Antonin Artaud pour son recueil Il a neigé tant de silence, paru aux éditions Rougerie. Le bruissement des arbres dans les pages vient de paraître chez ce même éditeur. Il sera question du silence intime, celui du moine comme celui du poète, au coeur de tous ses textes.

Pas la peine de crier par Marie Richeux
Semaine sur le Silence (22.-26.04.2013)
Source : FC

mardi 7 mai 2013

Pablo Neruda ou Ricardo Eliecer Neftalí Reyes Basoalto


Pablo Neruda, nom de plume de Ricardo Eliecer Neftalí Reyes Basoalto, est un poète, écrivain, diplomate, homme politique et penseur chilien, né le 12 juillet 1904 à Parral (province de Linares, Chili), mort le 23 septembre 1973 à Santiago du Chili.
Source (et suite) du texte : wikipedia


Bibliographie voir : wikipedia
En ligne :
20 poèmes d'amour,... (espagnol, français, anglais) sur : pierre de lune


SE TAIRE
Maintenant nous compterons douze
et restons tous silencieux

Pour une fois sur la terre
ne parlons plus aucun langage,
arrêtons-nous pour une seconde,
n'agitons pas tant les bras.

Ce serait une minute parfumée,
sans hâte, sans locomotives,
nous serions tous ensemble
dans une inquiétude instantanée.

Les pêcheurs de la mer froide
ne feraient plus de mal aux baleines
et le travailleur du sel
regarderait ses mains brisées.

Ceux qui préparent des guerres vertes,
des guerres de gaz, des guerres de feu,
des victoires sans survivants,
se vêtiraient d'un costume pur
et marcheraient avec leurs frères
à travers l'ombre, sans rien faire.

Ne pas confondre, ce que je veux
avec l'inaction définitive
la vie est seulement ce qu'on fait
je ne veux rien avec la mort.

Si nous n'avons pu être unanimes
en engageant toutes nos vies
peut-être ne rien faire pour une fois
peut-être un grand silence pourra-t-il
briser cette tristesse,
de ne jamais se comprendre
et nous menacer de mort,
peut-être que la terre nous apprendra
combien tout semblait mort
et que tout ensuite était vivant.

Maintenant je vais compter jusqu'à douze
et tu te tais et je m'en vais.


Cité dans : John Kabat-Zinn, Au coeur de la tourmente, la pleine conscience, Ed. J'ai Lu, 1990



Picasso, Nu bleu, 1905


Aussi simple que l'est ta main, te voici nue :
lisse, terrestre, fine et ronde, transparente,
tu as des lignes de lune, chemins de pomme,
toute nue tu es mince comme le blé nu.

Nue, tu es bleue, du bleu de la nuit à Cuba,
l'étoile en tes cheveux se mêle au liseron,
toute nue tu es jaune et tu es gigantesque,
on dirait un été dans une église d'or.

Nue te voici petite ainsi qu'un de tes ongles,
courbe, rose, subtile jusqu’au point du jour
qui te verra rentrer au souterrain du monde

comme en un long tunnel de travaux, de costumes :
et ta clarté s'éteint et s'habille et s'effeuille
et devient à nouveau une main toute nue.


Extrait de : La Centaine d'amour, Ed. Gallimard, Poésie, 1995 (Matin, 27)
Commande sur Amazon : La Centaine d'amour



vendredi 12 octobre 2012

Amoureuse du silence

MAJ de la page consacrée à Yolande



Qui es-tu, Yolande ? Oui, quelle est donc cette femme qui, en dehors de toute démarche spirituelle, connut une éclatante révélation la conduisant vers un chemin de lumière ?
A qui souhaite connaître l’histoire de Yolande, celle-ci se laisse découvrir, au fil des échanges en public et de ses propos en privé. Une vie simple à l’écoute du silence, un regard ouvert sur le monde, une paix intérieure qui la construit.
Ce second livre n’est pas un guide vers l’éveil, mais un témoignage d’amour universel, une invitation à partager le bonheur d’une vie radieuse en accueillant ce qui est.
Mettre en mots une expérience si particulière n’était pas chose aisée. Il aura fallu le talent et la sensibilité de Chantal Rémus, engagée à la fois sur la voie poétique et sur la voie spirituelle, pour rendre perceptible ce qui, profondément, anime Yolande. Ces deux « amoureuses du silence » devaient se rencontrer pour que nous soit esquissée, sous la plume légère du poète, la densité d’un regard comblé par l’essentiel.

Extrait de : Yolande Duran-Serrano, Chantal Rémus, Amoureuse du silence, Ed. Almora, 2012
Quatrième de couverture.
Source du texte : Almora
Commande sur Amazon : Amoureuse du silence


Yolande sera à Genève les 24 et 25 novembre 2012.
Infos : yolande.info



mardi 3 avril 2012

Jacob Boehme ou Jakob Böhme


Jacob Boehme est né en 1575, près de la ville de Görlitz, à la frontière actuelle de la Pologne et de l’Allemagne, de parents qui étaient de simples paysans de Haute-Lusace et qui, ayant remarqué qu’il manifestait quelques dispositions, l’envoyèrent à l’école, et lui firent apprendre le métier de cordonnier. C’est alors qu’il se trouvait en apprentissage que Jacob Boehme reçut la visite mystérieuse d’un Etranger de qui il recevra son initiation :

 « Il me raconta lui-même que pendant qu'il était en apprentissage, son maître et sa maîtresse étant absents pour un moment, un étranger vêtu très simplement, mais ayant une belle figure et un aspect vénérable, entra dans la boutique, et prenant une paire de souliers, demanda à l'acheter. Mais il n'osa pas les vendre; l'étranger insistant, il les lui fit un prix excessif, espérant par là se mettre à l'abri de tout reproche de la part de son maître, ou dégoûter l'acheteur. Celui-ci donna le prix demandé, prit les souliers, et sortit. Il s'arrêta à quelques pas de la maison, et là d'une voix haute et ferme, il dit : Joseph, Joseph, viens ici. Le jeune homme fut d'abord surpris et effrayé d'entendre cet étranger qui lui était tout à fait inconnu l'appeler ainsi par son  prénom de baptême; mais s'étant remis, il alla à lui. L'étranger, d'un air sérieux mais amical, porta les yeux sur les siens, les fixa avec un regard étincelant de feu, le prit par la main droite, et lui dit : Joseph, tu es peu de chose, mais tu seras grand, et tu deviendras un autre homme, tellement que tu seras pour le monde un objet d'étonnement. C'est pourquoi sois pieux, crains Dieu, et vénère Sa parole; surtout lis soigneusement les Écritures saintes, dans lesquelles tu trouveras des consolations et des instructions, car tu auras beaucoup à souffrir, tu auras à supporter la pauvreté, la misère et des persécutions; mais sois courageux et persévérant, car Dieu t'aime et t'est propice. Sur cela l'étranger lui serra la main, le fixa encore avec des yeux perçants, et s'en alla, sans qu'il y ait d'indices qu'ils se soient jamais revus. Jacob Boehme n'en fut pas peu étonné et de cette prédiction et de cette exhortation. La physionomie de cet inconnu lui planait toujours devant les yeux. »
Source (et suite) du texte : montcelon
Autre biographie : wikipedia

Il est vrai, oui, que j'ai lu nombre de textes de Jakob Böhme (on trouve en Hollande, en effet, bien des choses) et j'en remercie Dieu. Car c'est grâce à ces textes que j'ai découvert la vérité.
Angélus Silésius


Bibliographie / En ligne (Google Books, Gallica, Wikisource) :
Traduction de Louis-Claude de Saint-Martin :
- Base des six points théosophiques, dans : Cahier de l'hermétisme : Jacob Böhme, Paris, 1977, 115-186.
- Mysterium pansophicum, idem, 187-198.
- Aurore naissante ou la naissance de la philosophie, Ed. Arché Milan, 1977 / Google Books
- Des trois principes de l'essence divine / Google Books
- De la triple vie de l'homme, selon le mystère des trois principes de la manifestation divine, coll. Les Introuvables, Paris, 1982 / Google Books
- Quarante questions sur l'origine, l'essence, l'être, la nature et la propriété de l'âme, trad. Louis-Claude de Saint-Martin / Google Books
Autres traductions :
- Le Grand Mystère, Mysterium Magnum, trad. S. Jankélévitch, avec deux études de Nicolas Berdiaeff, 2 vol. Ed. Aubier, 1945, 4 vol. rééd. coll. Les Introuvables, 1978  / Gallica
- Confessions, choix de textes par Alexis Klimov, trad. Louis-Claude de Saint-Martin, Ed. Fayard, 1973.
- De l'Election de la Grâce, trad. Debeo, rééd. Arché Milan, 1976 .
- De l'Incarnation de Jésus-Christ, trad. anonyme, Ed. Arché Milan, 1976.
- Clef ou explication des divers points et termes principaux, trad. anonyme, Ed. Arche Milan, 1977 / Google Books
- Les Épîtres théosophiques, trad. Bernard de Borceix, Ed. du Rocher, 1979.
- Le Livre des sacrements, trad. Daniel Renaud, Ed. Age d'homme, 1984.
- Des trois principes de l'essence divine, trad. Louis-Claude de Saint-Martin, 2 vol, Ed. d'Aujourd'hui, 1985.
- De la Signature des choses, trad. Paul Sédir, Ed. Arche Milan, 1991.
- De la Signature des choses, trad. Pierre Deghaye, Ed. Grasset, 1995.
- De la vie au delà des sens, trad. Gérard Pfister, Ed. Arfuyen, 1997.
- De l'Election de la grâce, trad. Debeo, Ed. Traditionnelles, 1999.
- Le Chemin pour aller à Christ, trad. Schelchtiger, Ed. Arché Milan, 2004. / Google Books
Etudes :
Emile Boutroux, le philosophe allemand Jacob Boehme (1888) / Wikisource
Gerhard Weher, Pierre Deghaye, Jakob Böhme, Ed. Albin Michel, Cahiers de l'hermétisme, 1977.
Alexandre Koyre, La philosophie de Jacob Boehme, Ed. Vrin, 1979
Collectif, Jacob Boehme ou l'obscure lumière de la connaissance mystique, CERIC, Ed. Vrin, 1979
Pierre Degaye, La naissance de Dieu ou la doctrine de Jacob Boehme, Ed. Albin Michel, Spiritualité vivante, 1985
Jean-Marc Vivenza, Boehme, Qui suis-je ? Ed. Pardès, 2005
Virginie Pektas, Mystique et Philosophie, Grunt, agrunt et Ungrund chez Maitre Eckhart et Jacob Boehme, Ed. B.R. Grüner, 2006


Le disciple demanda au Maître :
Comment puis-je accéder à la vie au-delà des sens, de sorte que je voie Dieu et L’entende parler ?
Et le Maître lui dit :
Si tu peux un instant t’élancer en ce lieu que n’habite nulle créature, alors tu entends ce que Dieu dit.
Ce lieu est-il proche, demanda le disciple, est-il lointain ?
- Il est en toi, dit le Maître. Et si tu peux une heure durant faire silence de tout ton vouloir et de toute ta pensée, alors tu entendras les paroles inexprimables de Dieu.
Comment puis-je entendre si je me tiens dans le repos du penser et du vouloir ?
- Lorsque tu te tiens dans le repos du penser et du vouloir de ton existence propre, alors l’ouïe, la vue et la parole éternelles se manifestent en toi, et Dieu entend et voit par toi.
Ta propre ouïe, ton propre vouloir, ta propre vue, voilà ce qui t’empêche de voir et d’entendre Dieu.
Par quel moyen me faut-il entendre et voir Dieu s’Il est au delà de la nature et de la créature ?
- Lorsque tu te tais et reposes, alors tu es cela qu’était Dieu avant la nature et avant la créature, cela dont Il a fait ta nature et ta créature. Alors tu L’entends et Le vois par cela même par quoi Dieu voyait et entendait en toi avant que ne commencent ton propre vouloir, ta propre vue et ta propre ouïe.
Extrait de : De la vie au delà des sens
Autre extrait : Arfuyen
Commande sur Arfuyen


* * *

Car on ne peut dire de Dieu qu'Il soit ceci ou cela, méchant ou bon, qu'Il ait en lui-même des distinctions : Car, en lui-même, Il est sans nature, ainsi que sans affection et sans créature. Il n'a pas d'attirance pour quelque chose, car il n'y a rien devant Lui qui pourrait l'attirer, pas plus quelque chose de mal que quelque chose de bien : Il est en lui-même le Sans-Fond (Ungrund), sans aucune volonté par rapport à la Nature ou à la créature, tel un rien éternel, Il n'y a pas de qualité en Lui, pas plus quelque chose qui pourrait avoir de l'attirance pour Lui, ou (concevoir de l'attirance) à partir de Lui.

Il est l'Etre Unique, et rien n'existe avant ou après Lui à partir duquel ou dans lequel Il pourrait puiser ou concrétiser pour Lui une volonté, Il n'a rien non plus qui l'engendre ou Lui donne (quelque chose) : Il est le Rien et le Tout, et il est une Unique Volonté, dans laquelle gît le monde et la Création toute entière, En Lui, tout est pareillement éternel, sans commencement, dans un même poids, une même mesure et finalité, Il n'est ni lumière ni ténèbres, ni amour, ni colère, mais l'Unique Un.
De l'Election de la grâce (SS VI, ch. I, pp.4-5 n.3)


* * *


Aurore naissante sur glacier (2009)

Dans l'éternité, comme dans le Sans-Fond (Ungrund) de la nature, il n'y a rien d'autre qu'un silence sans essence, et cela n'a rien qui puisse donner quelque chose, c'est un calme éternel et non un équilibre, un Sans-Fond sans commencement ni fin : ce n'est pas non plus un but ni un lieu, il ne se cherche ni se trouve et ne renferme aucune possibilité. Ce même Sans-Fond est semblable à un oeil, car il est son propre miroir, il ne possède aucune essence (aucun mouvement) et ne comporte ni lumière ni ténèbres, et est avant tout une "magie", et possède une volonté que nous ne devons ni rechercher ni explorer, car elle nous trouble. Par cette volonté, nous entendons le Fond de la Déité, qui est sans origine.
De L'Incarnation de Jésus-Christ, II, 1-8

* * *

Quand je considère ce que Dieu est, je dis : vis-à-vis de la créature il est l'Un qui est en même temps le Rien éternel, il n'a ni détermination ni début ni lieu, il ne possède rien en dehors de lui-même. Il est la volonté de ce qui n'a pas de motif, il n'est qu'Un en lui-même, il n'a besoin ni d'espace ni de place, il s'engendre en lui-même d'éternité en éternité, il n'est identique ou semblable à rien et n'a aucun endroit spécial où il réside : l'éternelle Sagesse (Sophia) ou intelligence est sa demeure, il est la volonté de la Sagesse et la Sagesse est sa révélation.
Mysterium magnum, I, 2.

Car le Néant a faim du Quelque chose, et la faim est le désir, sous la forme du premier "Verbum Fiat" ou du premier faire, car le désir n'a rien qu'il puisse faire ou saisir. Il ne fait que se saisir lui-même et se donner à lui-même son empreinte, je veux dire qu'il se coagule, s'éduque en lui-même, et se saisit et passe de l’Indéterminé au Déterminé et projette sur lui-même l'attraction magnétique afin que le Néant se remplisse et pourtant il ne fait que rester le Néant et en fait de propriété n'a que les ténèbres, c'est l'éternelle origine des ténèbres : car là où il existe une qualité il y a déjà quelque chose et le Quelque chose n'est pas comme le Néant. Il produit de l'obscurité, à moins d'être rempli de quelque chose d'autre (comme d'un éclat) car alors il devient de la lumière. Et pourtant en tant que propriété il reste une obscurité.
Mysterium magnum, III, 5

En second lieu, l'intuition immotivée et divine se transforme en volonté de feu et de vie, afin que se révèle son grand amour et sa grande joie qui s'appellent Dieu. Car si tout n'était qu'une seule chose, cette chose unique ne lui apparaîtrait pas à lui-même, mais par la révélation, on reconnait le Bien éternel, d'où sort un royaume délicieux.
Mysterium magnum, III, 22.
* * *

Le Sans-Fond (Ungrund) est un éternel rien, et fait cependant un éternel commencement, c'est-à-dire un attract, car le rien est un attract après le quelque chose, et pourtant là, il n'y a rien qui donne le quelque chose, mais l'attract est lui-même l'acte de donner de ce qui est également un rien, en tant qu'un attract désirant.  Et cela est l'éternel entendement de la magie qui fait en soi là ou il n'y a rien. Elle fait quelque chose de rien, et cela seulement en soi-même, et là cependant ce même attract n'est rien que simplement une volonté. Il n'a rien, et il n'y a aussi rien qui lui donne quelque chose, et il n'a non plus aucun lieu où il se trouve et où il soit.
Mysterium pansophicum, I, 1.
* * *

En dehors de la nature, Dieu est un mystère, un néant, ce rien est l'oeil de l’éternité abîme sans fond, il contient une volonté, qui est le désir de la manifestation pour se retrouver lui-même. Cette volonté avant laquelle il n'y a rien ne peut chercher qu'elle-même et ne trouver qu'elle-même par la nature. (...)
De la Signature des choses, III, 2,
* * *

La volonté sans fond s'appelle "Père éternel", la volonté trouvée, saisie, engendrée du Sans-Fond (Ungrund) s'appelle son Fils engendré ou "Fils inné", car il est l'Etre (Ens) du Sans-Fond, ce en quoi le Sans-Fond se saisit en Fond (Grund).  L'émanation de la volonté sans fond, à travers le Fils ou Etre saisi, s'appelle "Esprit", car il guide l'Etre saisi hors de soi vers un tissu ou une vie de la volonté, en tant que vie du Père et du Fils.
Et l'émané est la joie, en tant que trouvé du Néant éternel, où le Père, le Fils et l'Esprit se voient et se trouvent à l'intérieur, et cela s'appelle "Sagesse de Dieu" (Sophia) ou contemplation.
De l'Election de la grâce, I, 6.



mardi 22 novembre 2011

Bernadette Roberts




Très tôt, dans sa quinzième année, Bernadette Roberts découvrit que ses moments d’éveil s’intégraient parfaitement à la tradition contemplative chrétienne. Religieuse catholique pendant dix ans, elle décida de quitter le cloître pour fonder une famille. Mère de quatre enfants, elle fréquente un monastère, près de chez elle, et rencontre le Silence des Profondeurs.
Source du texte : 3e millenaire


Bibliographie :
- Au Centre de soi-même, Ed. les Deux Océans, 1994.

- Vie unitive, aventure dans les profondeurs silencieuses de l'inconnu, Ed. Les Deux Océans, 1991.

Blog (en anglais) : bernadettefriends


L’expérience acquise m’avait permis de me familiariser avec de nombreux types et niveaux de silence. Il y a un silence intérieur, un silence qui descend de l’extérieur, un silence qui met fin à l’existence et un silence qui engloutit l’univers entier. Il y a un silence du moi et des facultés : volonté, pensée, mémoire, émotions. Il existe un silence dans lequel il n’y a rien et un silence qui contient quelque chose. Enfin, il y a le silence du non-soi et le silence de Dieu. S’il était une voie à laquelle je puisse rattacher mes expériences contemplatives, ce serait précisément cette voie du silence qui sans fin se déroule et s’approfondit.

Une fois cependant, cette voie sembla s’arrêter, au moment où je pénétrai dans un silence dont je ne devais jamais complètement ressortir. (...)

Non loin de chez moi, au bord de la mer, se trouvait un monastère, et les après-midi où je pouvais m’échapper, j’aimais me retrouver seule pendant quelques instants dans le silence de sa chapelle. Cet après-midi là était un après-midi comme les autres. Une fois de plus le silence m’envahit et une fois de plus j’attendis que la peur vienne y mettre fin. Mais cette fois-ci elle ne se manifesta point. Peut-être parce que cette attente était devenue une habitude ou bien à cause d’une peur réelle mais réprimée, j’éprouvai quelques instants d’incertitude, de tension, comme si je ressentais le contact de la peur. Durant ces instants d’attente, j’avais l’impression d’être au bord d’un précipice ou en équilibre sur une mince corde raide, avec le connu (moi-même) d’un côté et l’inconnu (Dieu) de l’autre. (...)

J’entendis un bruit de clés, la sœur s’apprêtait à fermer la chapelle. Il était temps de rentrer à la maison et de préparer le dîner des enfants. Il m’avait toujours été difficile de sortir brutalement d’un profond silence, car mes énergies étaient alors au plus bas et le simple fait de bouger représentait un effort comparable à la levée d’un poids mort. Cette fois, cependant, il me vint à l’esprit de ne pas penser à me lever, mais d’exécuter ce mouvement, tout simplement. Il me semble avoir appris là une intéressante leçon, car j’ai quitté la chapelle à la manière d’une plume portée par le vent. Il ne faisait pour moi aucun doute qu’une fois dehors j’allais retrouver mes énergies habituelles et mes facultés mentales ; mais ce jour-là, je connus des moments difficiles, parce que je tombais constamment dans cet immense silence. Le trajet en voiture fut une lutte continue contre l’inconscience totale, et la perspective de préparer à dîner équivalait à vouloir soulever une montagne.

Durant trois jours épuisants, je luttai pour rester éveillée et repousser le silence qui à chaque instant menaçait de me submerger. La seule manière dont je pouvais accomplir un minimum de tâches ménagères c’était de me répéter constamment ce que j’étais en train de faire : à présent j’épluche les carottes, à présent je les coupe, à présent je sors une casserole, à présent je mets de l’eau dans la casserole, et ainsi de suite, jusqu’au moment où finalement j’étais si épuisée que je devais me précipiter sur le divan. Dès que j’étais allongée je perdais aussitôt connaissance. Parfois une « absence » de cinq minutes semblait durer des heures, d’autres fois, c’était l’inverse. Dans cet état d’inconscience il n’y avait ni rêve, ni perception de l’environnement extérieur, ni pensée, ni expérience; il n’y avait absolument rien. (...)

Au neuvième jour le silence s’était fait très léger et j’étais persuadée que tout allait rentrer dans l’ordre sans plus tarder. Mais à mesure que les jours passaient et que je retrouvais mon état habituel, je remarquai la disparition de quelque chose; et il m’était impossible de mettre le doigt dessus. Quelque chose ou une partie de moi-même n’était pas revenu. Une partie de moi-même était encore plongée dans le silence. On aurait dit qu’une partie de mon esprit s’était refermée. J’incriminai la mémoire, car ce fut l’élément qui revint en dernier; et quand je la retrouvai, je constatai combien elle manquait de relief et de vie, comme les images décolorées d’un vieux film. Elle était morte. Non seulement le passé lointain, mais aussi celui des minutes précédentes, étaient vides de tout contenu.

Et quand quelque chose est mort, on cesse vite de vouloir le ressusciter; ainsi, quand la mémoire est morte, on apprend à vivre dans l’instant présent, comme si le passé n’existait plus. Que cela puisse alors se faire sans effort – et parce qu’il le fallait bien – était une conséquence positive d’une expérience par ailleurs éprouvante. Et même lorsque je retrouvais la mémoire pratique, je continuais de pouvoir vivre sans effort dans le présent. Mais le retour d’une mémoire pratique me fit changer d’avis sur ce qui avait disparu; je me dis que l’aspect silencieux de mon esprit était en réalité une sorte « d’absorption », une absorption dans l’inconnu, qui pour moi, bien sûr, était Dieu. C’était comme un regard fixé sur l’Inconnaissable, immense et silencieux, qu’aucune activité ne pouvait interrompre. C’était là une autre conséquence appréciable de l’expérience initiale.

Cette interprétation du silence qui s’était fait dans mon esprit (absorption) parut suffisamment convaincante pendant environ un mois; après quoi je changeai de nouveau d’avis et me dis que cette absorption était en fait un état de conscience, une « vision » d’un genre particulier; ainsi donc ce qui s’était produit réellement n’avait rien d’une fermeture, c’était au contraire une ouverture : rien ne manquait, « quelque chose » avait été ajouté. Mais par la suite cette idée, elle aussi, ne me parut pas correspondre à la réalité; elle n’était pas vraiment satisfaisante; il s’était passé autre chose et je décidai de me rendre à la bibliothèque, pour voir si l’expérience d’autrui ne me fournirait pas la clé de ce mystère.

Il m’apparut bientôt que si cela ne figurait pas dans les œuvres de Jean de la Croix, cela ne figurerait probablement nulle part. Je connaissais pourtant bien les écrits du saint, mais je n’y trouvais pas d’explication sur mon expérience personnelle et n’en trouvais d’ailleurs aucune dans toute la bibliothèque. Ce jour-là, cependant, l’explication m’apparut sur le chemin du retour, tandis que je descendais la colline, face au panorama de la vallée et des coteaux : je tournais mon regard vers l’intérieur et ce que je vis m’arrêta net dans mon élan. Au lieu de percevoir comme d’habitude le centre de mon être non localisé, je vis qu’il n’y avait plus rien, c’était le vide, à ce moment une vague de joie sereine m’envahit et je sus, je sus enfin ce qui manquait : c’était mon propre « moi ».

Physiquement, j’avais l’impression qu’un lourd fardeau m’avait été retiré; je me sentais si légère que je regardai mes pieds pour m’assurer qu’ils touchaient bien le sol. Plus tard je songeai à l’expérience de Saint Paul : « A présent ce n’est plus moi mais Christ qui vit en moi », et réalisai qu’en dépit du vide où je me trouvais, personne n’était venu se substituer à moi. Aussi me dis-je que Christ ETAIT précisément cette joie, ce vide. Il était tout ce qui subsistait de cette expérience humaine. (...)

Pour moi, cette expérience était la culmination de ma vocation contemplative. C’était la réponse définitive à une question qui m’avait tourmentée pendant des années : où s’arrête le « je » et où commence « Dieu » ?

Extrait de : Vie Unitive. Aventure dans les Profondeurs Silencieuses de l’Inconnu, Les Deux Océans, 1990, pp. 19-23.
Commande sur Amazon : Vie unitive : aventure dans les profondeurs silencieuses de l'inconnu
Source du texte : 3e millenaire


lundi 13 décembre 2010

Denys l'Aréopagite ou le Pseudo Denys


Denys de Paris (autre méprise)



"Alors Paul, debout au milieu de l'Aréopage dit : Athéniens, je vois que vous êtes des gens très religieux à tous points de vue ; en effet comme je parcourais votre ville et regardais les monuments qui servent à vos cultes, j'ai même trouvé un autel sur lequel est écrit : Au Dieu inconnu. Eh bien, ce que vous vénérez ainsi sans le connaître, je viens vous l'annoncer. (...). C'est ainsi que Paul les quitta mais quelques hommes s'étaient joints à lui et étaient devenus croyants, parmi eux Denys l'Aréopagite  ... "
Actes des apôtres 17,19-32



Pendant longtemps on a pris l'auteur de ce corpus [voir bibliographie] pour un des rares disciples que l'apôtre saint Paul était parvenu à convertir lors de son sermon à Athènes sur la colline de l'Aréopage. Cela est dû au fait que l'auteur se faisait passer pour un contemporain de saint Paul. Il prétendait avoir assisté aux ténèbres qui ont assombri la Terre au moment de la mort de Jésus (lettre VII). C'est seulement récemment qu'on a acquis la certitude que les écrits en question dataient du ve siècle et ne pouvaient donc pas avoir été écrits par un contemporain de saint Paul. D'où le surnom modérément poétique de "Pseudo-Denys" qui lui fut accolé. (...)


Le Pseudo-Denys l'Aréopagite est l’auteur de traités chrétiens de théologie mystique, en grec. Il est l'une des sources majeures de la spiritualité chrétienne. C'était probablement un moine syrien qui a vécu vers 490. D'inspiration néo-platonicienne, il est influencé par les écrits de Proclos, auxquels il fait de larges emprunts ; il a aussi été influencé par l'école chrétienne d'Alexandrie (Origène, Clément d'Alexandrie) et par Grégoire de Nysse. (...)

Outre son identification à Denis d'Athènes, il fut aussi identifié à saint Denis de Paris. (...) L'attribution de l'œuvre à celui-ci, premier évêque de Paris, enterré à l'abbaye Saint-Denis au nord de Paris, est donc une légende, cependant il est avéré que l'influence énorme au Moyen Âge exercée par les écrits de Denys irradia à partir de l'abbaye Saint-Denis. (...)

L'influence du Pseudo-Denys s'est étendue dans le monde grec durant les trois siècles suivant sa mort.
Le corpus dionysien fait partie des trois grands courants philosophiques et spirituels qui ont formé la pensée de l'Occident médiéval, avec la philosophie grecque et l'œuvre de saint Augustin. Le traité "la Théologie mystique" valut au Pseudo-Denys le titre de père de la mystique. C'est, en occident, le plus influent des Pères Grecs.
Une importante spécificité de son apport à la théologie chrétienne est aussi d'avoir défini les trois polarités de la théologie : la théologie mystique qui est la plus haute connaissance de Dieu dans la ténèbre et le silence, au-delà de tout langage, de tout concept, de toute idée, de toute image et de tout symbole; la théologie symbolique qui exprime la connaissance de Dieu dans le langage de l'image et du symbole; et la théologie spéculative.
Source du texte : Wikipedia 

Bibliographie (en français) :
- Oeuvres complète : Les Noms divins, La théologie mystique, La hiérarchie céleste, La hiérarchie ecclésiastique, Lettres. Traduction et commentaire de Maurice de Gandillac. Ed. Aubier, 1943.
- Le livre de la théologie mystique, trad. Louis Chardon, Ed. Arfuyen, 2002.
- La Théologie mystique et les lettres, trad. Jean-Yves Leloup, Ed. Albin Michel, 2013.
En ligne :
- Oeuvres complètes (trad. Abbé Darbois, 1845)
Les noms divins (trad. Maurice de Gandillac)
La théologie mystique
La hiérarchie céleste (trad. Maurice de Gandillac)
La hiérarchie ecclésiastique (trad. Maurice de Gandillac)
Lettres (trad. Maurice de Gandillac)
Voir aussi la page : On ne voit pas la nuit avec un flambeau


I. CE QU'EST LA DIVINE TÉNÈBRE
Trinité suressentielle qui es au-delà du divin, au-delà du Bien, Toi qui gardes les chrétiens dans la connaissance des choses divines, conduis-nous, par-delà l'inconnaissance, vers les très hautes et très lumineuses cimes des écritures mystérieuses. Là se trouvent voilés les simples, insolubles et immuables mystères de la théologie, dans la translumineuse Ténèbre du Silence, où l'on est initié aux secrets de cette radieuse et resplendissante Ténèbre, en sa totale obscurité, absolument intangible et invisible, Ténèbre qui comble d'indicibles splendeurs les intelligences qui savent clore leurs yeux. Telle est donc ma prière. Quant à toi, mon cher Timothée, exerce-toi sans relâche aux contemplations mystiques, abandonne toutes sensations et jusqu'aux spéculations de l'intelligence, laisse tout le sensible, tout l'intelligible, tout l'être et le non-être; ainsi, autant que tu en es capable, tu seras surélevé par la voie de l'inconnaissance jusqu'à ne plus faire qu'un avec Celui qui est au-delà de toute essence et de toute connaissance. En effet, c'est par la sortie de toi-même et de tout, - extase totale et irrésistible - que tu seras emporté vers la Suressentielle splendeur de la Ténèbre divine, étant affranchi et dépouillé de tout.Mais fais bien attention à ce que personne, parmi les non-initiés, ne t'entende. Je veux parler de ceux qui se laissent entraver par les êtres, et qui s'imaginent que rien de suressentiel puisse exister audelà de ceux-ci, mais qui pensent pouvoir atteindre par leur propre connaissance, à Celui qui a pris la Ténèbre pour retraite. Or, si l'initiation aux mystères divins dépasse ces gens-là, que dire alors des plus profanes ? De ceux qui cherchent à définir la cause transcendante de toutes choses par les réalités les plus viles, qui affirment que celle-ci n'est en rien supérieure à ces formes multiples et profanes qu'ils en façonnent ? Au lieu qu'il faudrait attribuer à cette Cause et affirmer d'elle tout ce qui se dit des êtres puisqu'elle est la Cause de tous; et, a fortiori, le nier, puisqu'elle est au-delà de tout. Et qu'on n'aille point croire que les négations vont à l'encontre des affirmations mais que, de beaucoup première et transcendante à toute privation, elle s'élève au-dessus de toute négation et affirmation. C'est bien en ce sens que le divin Barthélemy disait que la théologie est à la fois développée et brève, l'évangile spacieux et grand, mais néanmoins concis. C'est là, me semble-t-il, une réflexion remarquable car, si l'on ne peut tarir un discours au sujet de la Cause bienfaisante de tout ce qui existe, on peut aussi bien l'exprimer brièvement et même n'en rien dire du tout elle n'a en effet ni parole ni pensée, elle transcende de manière suressentielle tout le créé et ne se manifeste véritablement et sans voile qu'à ceux-là seuls qui franchissent tout ce qui est pur et impur, qui dépassent toutes les plus hautes et plus saintes ascensions, qui abandonnent toutes les lumières divines, et les sons et les paroles du ciel, pour pénétrer dans la Ténèbre de Celui qui est réellement, selon les écritures, l'au-delà de tout.Ce n'est donc pas sans motif que le divin Moïse reçoit l'ordre de se purifier d'abord lui-même puis de s'écarter de ceux qui ne sont pas purs, qu'il entend après sa totale purification les trompettes aux sons multiples, voit de nombreux feux irradier de leur pur rayonnement et qu'ensuite, séparé de la foule et avec des prêtres choisis, il atteint au sommet des divines ascensions. Mais à ce degré-là il n'entre pas encore en relation avec Dieu, il ne Le contemple pas - car Il est Invisible mais seulement le lieu où Il demeure. Cela signifie, me semble-t-il, que les réalités les plus divines et les plus hautes, dans l'ordre visible comme dans l'intelligible, ne sont que des analogies hypothétiques de tout ce que l'on attribue à Celui qui se tient au-dessus de tout, et à travers lesquelles se révèle la présence de Celui qui dépasse toutes nos pensées et qui repose sur les sommets intelligibles de ses lieux les plus saints. C'est alors que Moïse s'affranchit même de ce qu'il voit et de ceux qui le voient, il pénètre dans la Ténèbre vraiment mystique de l'inconnaissance, il ferme les yeux à toute saisie par l'intelligence et, dans une totale démission de tout ce qui se peut toucher ou voir, il appartient tout entier à Celui qui est au-delà de tout, il n'est plus à lui-même ni à personne d'autre, mais il est uni par le meilleur de lui-même à Celui qu'on ne peut absolument pas connaître, dans l'inactivité de toute connaissance et par cette inconnaissance même il connaît au-delà de l'intelligence.
(...)

V. LA CAUSE TRANSCENDANTE DE TOUT L'INTELLIGIBLE N'EST RIEN D'INTELLIGIBLE
Nous élevant plus haut encore, - nous disons que cette Cause n'est ni âme, ni intelligence, qu'elle n'a ni imagination, ni opinion, ni définition, ni pensée (discursive), qu'elle n'est ni parole, ni pensée (intuitive). Elle n'est ni nombre, ni ordre, ni grandeur, ni petitesse. Elle n'est ni égalité, ni inégalité, ni similitude, ni dissemblance. Elle n'est pas immobile, elle n'est pas en mouvement ni en repos. Elle n'a pas de puissance et elle n'est pas puissance, ni lumière. Elle ne vit pas et elle n'est pas vie. Elle n'est ni essence, ni perpétuité, ni temps. On ne peut la saisir par l'intelligence. Elle n'est ni science, ni vérité, ni royauté, ni sagesse. Elle n'est pas un, ni unité, ni déité, ni bonté. Elle n'est pas esprit comme nous pouvons le connaître, ni filiation ni paternité, ni rien de ce que ni nous, ni personne ne saurait connaître. Elle n'est rien de ce qui n'est pas, rien de ce qui est. Les êtres ne la connaissent pas telle qu'elle est et elle-même ne les connaît pas tels qu'ils sont. On ne peut ni la comprendre ni la nommer, ni la connaître. Elle n'est ni ténèbre, ni lumière, ni erreur, ni vérité. On ne peut d'elle absolument rien affirmer, ni nier. Mais en affirmant ou niant des réalités qui lui sont inférieures, nous ne saurions affirmer, ni nier quoi que ce soit puisque c'est au-dessus de toute affirmation que réside la Cause unique et parfaite de tout, comme aussi, au-delà de toute négation, l'excellence de Celui qui est absolument affranchi et au-delà de tout.
Extrait de La Théologie mystique
Commande sur Amazon : Le Livre de la théologie mystique
Source du texte : livres mystiques


mardi 9 novembre 2010

Corps de silence


Le dernier livre de Eric Baret, Corps de Silence

Aux Editions Almora, en librairie le 10 novembre 2010. 
Vu sur Eveil et philosophie



Quatrième de couverture :
La joie, l'absolu sont à reconnaître ici et maintenant. Cette révélation est l'essence du tantrisme cachemirien. Sa mise en pratique est l'objet de la tradition telle que transmise par Jean Klein à partir des années soixante.
Ce livre souligne les bases shivaïtes de cet enseignement, ainsi que ses échos dans l'islam d'Ibn Arabi et la mystique rhénane. Tout en gardant son ancrage dans la tradition, cette résonance s'actualise dans tous les aspects de la vie quotidienne. Elle en souligne la beauté et la liberté inhérentes : tout est prétexte à cette reconnaissance.
L'abondante iconographie renvoie directement à cette même révélation où expérience esthétique et compréhension métaphysique vibrent d'un même silence.
Éric Baret a exploré pendant une trentaine d'années la tradition non-dualiste du shivaïsme cachemirien auprès de Jean Klein. Il a déjà publié chez Almora Le seul désir, Le sacre du dragon vert et Les crocodiles ne pensent pas.
Le présent ouvrage est l'approfondissement de la première partie de Yoga, corps de vibration, corps de silence, aujourd'hui épuisé.
On y trouve aussi  un CD audio contenant 8 entretiens avec Éric Baret d'une durée totale de 75 min.
Radha, bronze, 15ème

Préface de l'ouvrage par Colette Poggi :
"Il est des rencontres qui transforment l'existence. Pour Éric Baret, il y eut Jean Klein, et à travers cette personnalité intense et lumineuse, c'est en réalité toute une famille spirituelle, avec ses maîtres, leur trésor de textes et d'expériences, qui apparut en transparence. La rencontre fut donc décisive car elle suscita un émerveillement, un éveil... elle ouvrit une voie. C'est au fond l'objet de ce livre que de raconter, au fil des chapitres, l'histoire d'une rencontre qui servit de trame à une aventure intérieure. Jean Klein était pleinement immergé dans la lumière de l'Inde, ouvrant ainsi pour ses disciples et compagnons de route de nouveaux horizons spirituel et artistique. Il avait alors eu connaissance des théories véhiculées par le Shivaïsme du Cachemire ; son enthousiasme contagieux a de toute évidence touché Eric Baret qui a reconnu, en ces écoles cachemiriennes, des résonances avec sa propre expérience.
Qui étaient ces penseurs épris d'absolu qui vécurent au Cachemire entre les VIIIe et XIV ème siècles, laissant à la postérité des œuvres audacieuses portant à la fois sur les voies de délivrance, les moyens de réalisation, et l'expérience esthétique ?
C'est Lilian Silburn (1908-1993) qui la première a exploré, dès les années cinquante, le Shivaïsme du Cachemire ; chercheur au CNRS, elle a publié les traductions d'une dizaine de ses textes fondamentaux en les présentant dans leur esprit originel.
Deux aspects originaux retiennent l'attention :

- la vie quotidienne apparaît comme un champ de réalisation
- l'expérience esthétique peut conduire à la saveur de l'absolu
L'une des caractéristiques fondamentales des théories cachemiriennes consiste ainsi à considérer l'art comme une voie de réalisation, un mode d'accès au Soi, grâce à l'épanouissement des énergies de la conscience et à la quiétude qu'il confère. Il n'est donc pas étonnant que Jean Klein, découvrant en Inde cette école de vie, ait éprouvé pour elle la fascination dont nous parle Eric Baret, et qu'il ait eu envie de la partager avec ses proches.
Quant à la vie quotidienne comme champ de réalisation, cette vision s'inscrit dans le prolongement de la précédente; tout regard, tout geste portant en lui le miracle de la conscience et de la vie. Mais est-il véritablement possible, emporté dans les flots du samsara, de vivre en accord avec la paix des profondeurs, goûtant la liberté de l'esprit par rapport aux attachements..., et leur cor­tège de tensions et de vanités ? La réponse est donnée par Abhinavagupta :

Quand on se libère des différenciations accumulées, l'état de bonheur est une allégresse comparable à la mise à terre d'un fardeau, l'apparition de la Lumière est l'acquisition d'un trésor oublié : le domaine de l'universelle non-dualité. 
Hymnes d'Abhinavagupta traduit par Lilian Silburn, p.57.

Le shivaïte du Trika peut vivre une existence de maître de maison et s'engager dans une voie de libération de ce type, le monde ne présente pas en soi d'entraves; par contre le regard porté sur celui-ci et sur sa propre essence influe sur le processus de la délivrance :

Nous rendons hommage à Shiva, Seigneur suprême manifesté aux êtres réalisés alors même qu'ils demeurent immergés dans les flots de l'existence, Lui que l'on ne peut attein dre que par la conscience de soi !

Commentaire sur la Reconnaissance du Seigneur d'Abhinavagupta, 1.8.

Comme l'évoque Eric Baret, certains auteurs médiévaux en Occident, chrétiens, soufis..., ont eux aussi perçu intuitivement le monde à la manière d'une œuvre d'art. Pour eux la Beauté est « l'éternel dans les choses » ; cette vision guérit, pensent-ils, du désir effréné de l'éphémère. Scot Origène (xe s.) part de la simple perception d'un caillou pour «imaginer » le monde.


Si je considère un caillou, des rayons en jaillissent, qui éclairent mon esprit. Ainsi en est-il de toutes choses... La machine du monde tout entier se présente comme une lumière immense, composée de lampes innombrables, destinées à révéler, (à mettre en lumière), à établir dans la cime de l'esprit les pures beautés des choses intelligibles.


Ce sentiment profond d'apaisement (shânti) et d'unité (aikyam), appelé aussi dans la philosophie indienne «saveur» (rasa), surgit avec la cessation (pro­visoire) du sens du moi (ahamkâra).
La visée de l'art dans ce contexte n'est autre qu'une transformation de soi dans le sens d'un accomplissement (samskriti). Il s'agit d'une intégration dans le rythme (chandas) du souffle cosmique, indissociable d'une « mise au diapason » avec le spanda cosmique. Ce terme dérive de la racine verbale CHAD (couvrir, tenir caché, secret), liée à son autre forme CHAND (se réjouir). Le rythme, selon la théorie indienne de l'art, sous-tend toute forme, toute structure, il définit pour chaque chose un mode distinctif, dans la manifestation universelle, de la Réalité primordiale.
Ainsi celui qui contemple l'image avec profondeur, s'il est « vacant », désencombré, s'emplit de ce rythme, de ce souffle, originel, entre en contact avec le principe même de la vie, et se charge d'énergie spirituelle.
L'émerveillement est comme un bond de l'âme qui unifie soudain l'être entier et le plonge dans un recueillement spontané. Sans ces instants de grâce où l'apparence cède à la transparence, toute pratique, tout acte artistique, rituel... resteraient à la surface d'eux-mêmes, laissant

la plupart des hommes enfermés dans leur corps mortel comme l'escargot dans sa coquille, enroulés dans leurs obsessions à la manière des hérissons, modelant sur eux-mêmes leur idée du Dieu bienheureux. 

Clément d'Alexandrie

Comme Abhinavagupta et les penseurs cachemiriens, le peintre-lettré chinois, Mi fou, qui avait atteint grâce à son art l'équanimité, savait reconnaître les vraies richesses.
D'un regard perçant, traversant les apparences, il savait déceler ce qui se joue d'unique dans le moment présent, il savait le bonheur de s'attarder sur « l'Océan des mystères », selon la belle image d'Isaac le Syrien.

Il est pauvre mais il n'a pas de chagrin

Il embrasse le printemps du monde dans son esprit
Il est parfois assis dans les forêts
Il se promène parfois au bord des rivières.

C'est ainsi qu'il faudrait entrer dans les pages de ce livre, les forêts de ses tex­tes, les rivières de ses images, en laissant ruisseler, en contrechant, les sono­rités des mots sanskrits." 

Mahakala, 15ème

vendredi 1 octobre 2010

Om C. Parkin

Plus que jamais l'offre d'enseignements et d'enseignants est variée. C'est une chance. Tôt ou tard nous rencontrerons quelqu'un qui parle le langage de notre cœur. Comme OM, qui, flamboyant, partage avec nous l'amour du Soi éternel. Parce qu'il sait qui il est; un homme libre qui nous dit la vérité sur notre non-liberté vécue et sur notre liberté réelle.

"Regarde simplement avec les yeux ouverts et l'esprit ouvert. Sans t'accrocher à rien. Laisse ton regard pénétrer dans les profondeurs de toi-Même. L'homme ne se réalise que dans l'être humain - un être humain conscient de l'éternité de l'Etre."


OM est un maître de l'Advaita qui a étudié la psychologie pendant plusieurs années. En tant qu'Allemand il connaît bien la mentalité et l'histoire européennes. Aucune barrière culturelle ou linguistique n'existe.

Darshans et le travail intérieur sont les deux piliers de son travail, de son action. Une approche unique dans toute l'Allemagne : synthèse puissante de mysticisme et pratiques thérapeutiques, qu' OM transmet aux intéressés depuis 1995.
Source du texte, site officiel : Om C. Parkin


Bibliographie (en français) : 
Le mythe de l'illumination. Ed. Advaitamedia (brochure 24 p.).
Editeur : Advaitamedia


La première expérience est survenue de façon imprévisible après un accident de voiture qui arriva le 6 août 1990. Je suis resté cliniquement mort pendant deux jours. Durant ce “temps” pendant lequel il n’y avait pour moi ni temps ni espace, j’ai fait l’expérience de la réalité de moi-même en tant que conscience illimitée qui est conscience d’elle-même. Puis, quand les images sont revenues à la conscience, j’ai commencé à percevoir les pensées, les sensations, le corps, et une sorte de choc s’est produit. Dans un certain sens, je peux dire que, au moment du réveil, rien n’avait changé, sauf que je me rendais maintenant compte que la Réalisation que nous définissons comme le monde et la vie est seulement projetée dans la conscience ; la prendre pour réelle, c’est l’illusion dans laquelle tous les êtres humains demeurent. Cette première expérience ébranla tout ce que j’avais cru sur moi-même et sur le monde. Quelques semaines déjà après mon réveil, je fus conduit auprès de mon enseignante. Son nom est
Gangaji. Je ne savais rien d’elle auparavant, et je en connaissais rien non plus de la tradition dont elle parlait au sujet de l’illumination. Dans son satsang [enseignement oral], elle ne parlait que de cette Réalité absolue, que j’étais finalement sur le point d’expérimenter.
Néanmoins, à certains niveaux, les structures de l’illusion se mettaient en place. Il n’y avait aucune identification avec le corps ou les sensations, mais les pensées-je apparaissaient toujours ; il y avait identification non-perçue avec les pensées-je. De là, j’atterris dans un état entre-deux, où je me vis moi-même en spectateur regardant le monde comme un spectacle vide.
La conscience était dépourvue du « je » et elle n’était ni au-dedans, ni au-dehors. La dualité entre un sujet et les objets dont le sujet prend conscience s’était interrompue. L’état qui survient alors, quand cette dualité se dissout, est la vraie Réalité.
Source : 3e Millénaire


Q : OM, je t'entends souvent parler du non-effort. Tu dis "Ça arrive" et "Il n'y a rien à faire" . Cependant, tu proposes une formation pluriannuelle appelée ''MYSTERIUM''. Pourquoi travailles-tu avec des gens s'il n'y a rien à faire?


OM: Le paradoxe du chemin spirituel semble être qu'il faille un effort total pour réaliser le non-effort. Je pourrais assimiler l'effort total d'une part à une volonté complète et d'autre part à une complète disponibilité à laisser tout le travail intérieur requis se faire. Je travaille avec des gens pour leur permettre de reconnaître qu'aucun travail intérieur n'est nécessaire. Comment résoudre cette contradiction ? Et bien, lorsque je travaille avec des gens , je leur transmets que ce ne sont pas eux qui ont à faire un travail intérieur mais qu'ils ont uniquement à lui permettre de se faire. Cela signifie que ce qui s'est embrouillé va se déployer, se révéler spontanément lorsque le moi abandonne la tension qu'il entretient artificiellement. Si nous nous imaginons un ressort en tension, celui-ci se détend tout naturellement au moment où la tension sera relâchée. Le mental pensant, le faux moi, est une tension maintenue artificiellement qui empêche ou ne permet pas un déroulement naturel.

Q: Oui, le mental retient tout. C'est sa tendance: maintenir, garder, retenir, adhérer, ne pas permettre de libre flux. Cette contradiction entre simplicité et difficulté m'a aidé par deux aspects : d'abord, dans cette aspiration, cet irrésistible désir ardent, je me dis à chaque difficulté que je rencontre "Quels radotages! Ce ne sont que des difficultés créées par mon mental." Ensuite, viennent tes paroles souvent répétées:"Cela arrive". Il suffit d'être en silence et de sentir "Cela arrive", puis, il se passe beaucoup de choses.


OM: La difficulté n'est pas le travail en soi, mais la résistance au travail, car nous savons que le mental pensant, en instrument divisé, contient à chaque ''oui'' une équivalence en "non". Lorsqu'il s'efforce de dire "oui" c'est seulement parce que dans l' inconscient se cache un "non". Quand il s'astreint à "vouloir", l'inconscient dissimule un "je ne veux pas". Cette scission constante qui n'apparaît pas en pleine conscience transforme le travail intérieur nécessaire en une grande difficulté. Le deuxième obstacle est le refus ou l'indisposition à rester avec les phénomènes des zones inconfortables du mental. Chaque animal - et le principe de plaisir est un principe animal- cherche tout naturellement les endroits où il se sent à l'aise. Il en est de même pour l'humain qui dans son Moi limité s'identifie aux instincts du corps animal. Le chemin spirituel s'éloigne du principe de plaisir.
Satyam Nadeen avisait ses élèves: "J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour vous. La bonne nouvelle est que la libération des conditionnements humains est à la disposition de chacun de vous en ce moment. La mauvaise, c'est que vous devez tous traverser la nuit noire de l'âme". Dans le moment d'inconfort, qui peut atteindre l' insupportable, beaucoup ne sont pas prêts à rester dans le "quatrième état". Être dans le quatrième état signifie rester dans un état méditatif d'immobilité intérieure, sans fuir, sans aller ailleurs (se distraire), et sans lutter contre.
Ces trois mouvements fondamentaux conduisent au sommeil de la conscience que nous éprouvons si douloureusement comme séparation de nous-mêmes. Dans la présence nue de nous-mêmes, il y a des phénomènes qui semblent d'abord insupportables. Cependant, ils ne le sont que si nous nous identifions à eux par l'un des trois mouvements au lieu de rester immobile dans le "quatrième état", l'être témoin. Une personne normale n'imagine aucunement cette possibilité de rester intérieurement juste tranquille, parce que personne ne la lui a enseignée. Quoiqu' il arrive, rester dans cette immobilité sans jamais détourner l'œil de la conscience - alors, tout se consume. Peur, colère, désespoir, culpabilité, les images, les représentations, tous ces cauchemars et visions d'horreur de l'esprit brûlent simplement . Le monde entier, qui est souffrance, se consume ainsi dans la conscience. 
Texte entier (et autres textes) : Om C. Parkin


Q: Qu'est-ce que satsang ?


OM: Satsang est pour moi l'essence de toutes les religions, la réduction de toute forme, de toute pratique, de toute technique à l'essentiel, c'est à dire à la possibilité d'une réalisation immédiate de la vérité, ici et maintenant ! Si tu es capable d'être avec ce qui est à l'instant présent, tu peux atteindre une compréhension intérieure. Ce n'est possible qu'après avoir abandonné toute tentative de comprendre. Il s'agit d'une compréhension sans mot, sans pensée, une compréhension qui se réalise dans le cœur. C'est le moment où celui qui parle et celui qui entend ne sont qu'un. Alors la compréhension intérieure est possible.


Q: Comment puis-je reconnaître qui je suis ?

OM: Tu te poses d'abord la question "qui suis-je ?". Ensuite tu suis cette question jusqu'à sa source. D'où vient cette question ? C'est la méthode que recommandait Ramana Maharshi, mais au fond ce n'est pas vraiment une méthode. Sois vigilant, poursuis cette question jusqu'à sa source. Il est évident que c'est cette pensée "moi-je" qui constitue toute ton identité. C'est elle qui représente ton histoire. Si pendant un instant cette pensée n'apparaissait pas, qui serais-tu alors ? Malheureusement notre conditionnement nous entraîne à ne pas vraiment vouloir trouver de réponse à cette question. Nous avons peut-être besoin d'une certaine préparation au cours de laquelle nous recherchons ce que nous ne sommes pas. C'est ce que nous appelons de la thérapie : la recherche de ce que nous ne sommes pas. Tôt ou tard cette recherche aboutira à la question "qui suis-je ?". C'est à ce moment-là que le potentiel de réalisation existe réellement.

Q: Le bruit du ventilateur me dérange. Je suis venu ici pour être en silence et je réalise qu'il y a de la colère qui monte.
Poonjaji a dit :"Si le bruit de la musique trop forte te dérange, ne te force pas à l'endurer et change de pièce". Je trouve que ce ventilateur est complètement inutile, il ne fait pas chaud et son courant d'air dérange.

OM: Je savais qu'aujourd'hui ce ventilateur avait une raison d'être. Il t'est maintenant possible de réaliser que ce n'est pas contre le ventilateur que tu te bats. Tu as l'habitude de croire qu'il y a toujours quelque chose qui n'est pas en ordre. Si tu arrêtes de te battre et si tu es avec ce qui est, tu peux réaliser l'incroyable simplicité de ce qui est. Pourquoi fais-tu de ce ventilateur une chose qui se trouve en dehors de toi-même ? Tu es ce qui est. Le silence est ici même et non en Inde ou ailleurs. Toutes ces choses n'existent que dans ton imagination. Le silence est partout où tu te trouves, il ne vient pas de l'extérieur, ce n'est pas quelque chose que tu puisses posséder en créant les conditions nécessaires, en manipulant ce qui est pour que l'expérience du silence puisse être réalisée.

Question: Mais il y a des endroits qui sont plus calmes que d'autres.

OM: Tu parles d'un silence relatif, d'un silence limité. Moi je parle du silence. Cela veut dire lâcher cet esprit pensant qui se bat sans arrêt contre ce qui est. C'est cette bataille absurde qui te donne l'impression d'être séparé de l'autre, du ventilateur, de l'Inde, du silence. C'est l'arrogance de l'esprit pensant. Ce ventilateur a été allumé à l'intérieur de toi-même et non à l'extérieur. C'est ce qui est. Si tu es complètement avec ce qui est, alors où est le problème ?
Texte entier (et autres textes) : 
Om C. Parkin


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