mardi 7 mai 2013

Pablo Neruda ou Ricardo Eliecer Neftalí Reyes Basoalto


Pablo Neruda, nom de plume de Ricardo Eliecer Neftalí Reyes Basoalto, est un poète, écrivain, diplomate, homme politique et penseur chilien, né le 12 juillet 1904 à Parral (province de Linares, Chili), mort le 23 septembre 1973 à Santiago du Chili.
Source (et suite) du texte : wikipedia


Bibliographie voir : wikipedia
En ligne :
20 poèmes d'amour,... (espagnol, français, anglais) sur : pierre de lune


SE TAIRE
Maintenant nous compterons douze
et restons tous silencieux

Pour une fois sur la terre
ne parlons plus aucun langage,
arrêtons-nous pour une seconde,
n'agitons pas tant les bras.

Ce serait une minute parfumée,
sans hâte, sans locomotives,
nous serions tous ensemble
dans une inquiétude instantanée.

Les pêcheurs de la mer froide
ne feraient plus de mal aux baleines
et le travailleur du sel
regarderait ses mains brisées.

Ceux qui préparent des guerres vertes,
des guerres de gaz, des guerres de feu,
des victoires sans survivants,
se vêtiraient d'un costume pur
et marcheraient avec leurs frères
à travers l'ombre, sans rien faire.

Ne pas confondre, ce que je veux
avec l'inaction définitive
la vie est seulement ce qu'on fait
je ne veux rien avec la mort.

Si nous n'avons pu être unanimes
en engageant toutes nos vies
peut-être ne rien faire pour une fois
peut-être un grand silence pourra-t-il
briser cette tristesse,
de ne jamais se comprendre
et nous menacer de mort,
peut-être que la terre nous apprendra
combien tout semblait mort
et que tout ensuite était vivant.

Maintenant je vais compter jusqu'à douze
et tu te tais et je m'en vais.


Cité dans : John Kabat-Zinn, Au coeur de la tourmente, la pleine conscience, Ed. J'ai Lu, 1990



Picasso, Nu bleu, 1905


Aussi simple que l'est ta main, te voici nue :
lisse, terrestre, fine et ronde, transparente,
tu as des lignes de lune, chemins de pomme,
toute nue tu es mince comme le blé nu.

Nue, tu es bleue, du bleu de la nuit à Cuba,
l'étoile en tes cheveux se mêle au liseron,
toute nue tu es jaune et tu es gigantesque,
on dirait un été dans une église d'or.

Nue te voici petite ainsi qu'un de tes ongles,
courbe, rose, subtile jusqu’au point du jour
qui te verra rentrer au souterrain du monde

comme en un long tunnel de travaux, de costumes :
et ta clarté s'éteint et s'habille et s'effeuille
et devient à nouveau une main toute nue.


Extrait de : La Centaine d'amour, Ed. Gallimard, Poésie, 1995 (Matin, 27)
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