mardi 27 mars 2012

Hâtef Isfhâni ou Hâtef d'Ispahan


Né à Isfahan au 12e siècle de l'Hégire (18e siècle). Etudia les mathématiques, la philosophie, la médecine et composa ses poèmes en arabe et en persan. Nous avons encore de lui un petit Diwan d'environ 2 000 vers. Sa langue est d'une très grande pureté et simplicité. Il est surtout connu par ses "Cinq odes sur l'unité divine" dont le symbolisme nuit les mages de l'Iran ancien avec le Christianisme et l'Islam. On y trouve une grande richesse de thème mystique.
Source du texte : Anthologie du Soufisme
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 Bibliographie :
- Trois odes mystiques du Seiyd Ahmed Hâtif, d’Ispahan, publiées, traduites et commentées par Charles Defrémery. Journal asatique, n°3 de l’année 1856.
- Cinq odes mystiques dans : Anthologie du soufisme, de
En ligne :
- Trois odes mystique : notesdumontroyal (PDF)


1.
(...)
Le pir demanda : "Qui est celui-ci ?" Ils répondirent :
"Un amoureux, au coeur bouleversé."
Il dit : "Donnez-lui une coupe de vin pur,
bien que cet invité soit venu sans qu'on l'attendit."
L'échanson, l'"adorateur du feu" à la main brûlante,
remplit la coupe de vin enflammé.
Quand je la vidai, il ne resta en moi ni foi, ni intelligence.
En même temps, ce vin consuma à la fois la croyance et l'impiété.
J'étais enivré, et au sein de cette ivresse,
en un langage indicible, j'entendis
une parole, jaillissant de mon être tout entier.
En moi-même, chaque chose, mes veines et mes artères même, répétaient :
Il est Un, nul n'existe que Lui
Il est Unique, il n'est d'autre Dieu que Lui.

2.
(...)
Dans une église, un jour, je dis à une jeune fille chrétienne :
"Bien aimée, toi qui as pris mon coeur au piège,
toi qui, avec la chaîne de ton zonnar,
maintiens attaché chacun de mes cheveux,
combien de temps ignoreras-tu la voie vers l'Unité ?
Combien de temps auras-tu la honte de voir trois dieux au lieu d'Un seul ?
Ce Dieu Unique, comment pourrait-on Le nommer,
à la fois Père, Fils et Saint-Esprit ?
Elle ouvrit ses lèvres de miel et répondit
avec un sourire plus doux que la douceur :
"Si tu connais vraiment  le secret de l'Unité divine,
tu ne dois pas nous taxer d'impiété.
Dans trois miroirs, la Beauté éternelle
A reflété Son Visage éblouissant.
La soie ne devient pas trois étoffes, que tu l'appelles
parnian, harir, ou parand."
Nous en étions là de notre causerie
quand les cloches carillonnèrent cette mélodie :
Il est Un, nul n'existe que Lui,
Il est Unique, il n'est d'autre Dieu que Lui.

4.
Ouvre les yeux de ton coeur, afin de voir l'âme de toutes choses :
tu verras alors sans voiles ce qui était invisible.
Si tu voyages vers le pays de l'amour,
les horizons de ce monde te sembleront une roseraie.
(...)
Si tu brises le noyau de l'atome,
tu y trouveras enclos un soleil.
Tout ce que tu possèdes, offre-le à l'amour,
je suis un mécréant si cela te cause la moindre perte.
Si tu fais fondre ton âme au creuset de l'amour,
tu découvriras que l'amour est pour l'âme la pierre philosophale.
(...)

5.
Partout se trouve l'Ami dévoilé,
présent dans la manifestation, o toi doué de vision !
Tu recherches une chandelle en plein soleil
le jour est si brillant, et tu restes dans les ténèbres de la nuit !
Si tu échappes à cette obscurité, tu apercevras
l'univers tout entier orienté de lumière.
(...)
O Hatef ! Ceux qui ont la connaissance
et qui, parfois, sont appelés ivres et, parfois, lucides,
pour eux, le vin, la fête, l'échanson et le ménestrel, les mages, le monastère, le shahed et le zonnar,
toutes ces choses ne désignent que des secrets cachés qui s'expriment au moyen de tels symboles.
Si tu comprends leur secret, tu sauras quelle est l'essence de ces mystères :
Il est Un, nul n'existe que Lui,
Il est Unique, il n'est d'autre Dieu que Lui.
Extrait de Cinq odes mystique
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