Arthur Schopenhauer écouter est un philosophe allemand, né le 22 février 1788 à Dantzig en Prusse, mort le 21 septembre 1860 à Francfort-sur-le-Main. (...)
Selon ses propres dires, la philosophie de Schopenhauer s'inspire principalement de celles de Platon, d'Emmanuel Kant et des textes sacrés indiens (dont le védanta) que l'Europe venait de découvrir grâce aux traductions d'Anquetil-Duperron.
« Les écrits de Kant, tout autant que les livres sacrés des Hindous et de Platon, ont été, après le spectacle vivant de la nature, mes plus précieux inspirateurs. »
Sa philosophie a également une très forte convergence de points de vue avec la philosophie bouddhiste si bien qu'on l'a considéré, parfois, au dix-neuvième siècle comme un « philosophe bouddhiste », bien que le bouddhisme ne fût pas encore véritablement connu en Europe avant les ouvrages et les traductions d’Eugène Burnouf en 1844 et donc seulement bien après l'apparition de l'œuvre maîtresse de Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation. (...)
Source du texte : wikipedia
Bibliographie :
- Journal de voyage, 1803-1804, Ed. Mercure de France, collection Le temps retrouvé.
- De la quadruple racine du principe de raison suffisante, 1813, Ed. Vrin
- Sur la vue et les couleurs, 1816, Ed. Vrin,
- Le monde comme volonté et comme représentation, 1818/1819, vol.2 1844, trad. A. Burdeau, PUF, 1966, trad. de Ch. Sommer, Ed. Folio-Gallimard, 2009.
- L'Art d'avoir toujours raison (1830-1831), Ed. Circé
- De la volonté dans la nature, 1836, Ed. PUF,
- Les Deux Problèmes fondamentaux de l'éthique : La liberté de la volonté ; Le fondement de la morale (1840/1861), trad. Ch, Sommer, Ed. Folio-Gallimard, 2009,
- Parerga et Paralipomena, (1851).
- Correspondance complète, éditions Alive,
En ligne :
(Presque) tous les ouvrages : wikisource
Le monde comme volonté et représentation, trad. A. Burdeau (en téléchargement PDF) : Gallica tome 1 (Livre 1-4.) / tome 2 (Appendice) / tome 3 (Suppléments)
Le Monde comme Volonté et comme Représentation - Extraits
Le monde est ma représentation. - Cette proposition est une vérité pour tout être vivant et pensant, bien que, chez l'homme seul, elle arrive à se transformer en connaissance abstraite et réfléchie. Dès qu'il est capable de l'amener à cet état, on peut dire que l'esprit philosophique est né en lui. Il possède alors l'entière certitude de ne connaître ni un soleil, ni une terre, mais seulement un oeil qui voit ce soleil, une main qui touche cette terre; il sait, en un mot, que le monde doit il est entouré n'existe que comme représentation dans son rapport avec un être percevant, qui est l'homme lui-même. (...)
Livre 1, § 1. - wikisource
Ce qui connaît tout le reste, sans être soi-même connu, c'est le sujet. Le sujet est, par suite, le substratum du monde, la condition invariable, toujours sous-entendue, de tout phénomène, de tout objet ; car tout ce qui existe, existe seulement pour le sujet. Ce sujet, chacun le trouve en soi, en tant du moins qu'il connaît, non en tant qu'il est objet de connaissance. (...)
Livre 1, § 2. - wikisource
La volonté, comme chose en soi, est absolument différente de son phénomène et indépendante de toutes les formes phénoménales dans lesquelles elle pénètre pour se manifester, et qui, par conséquent, ne concernent que son objectivité et lui sont étrangères à elle-même. (...)
Livre II, § 23 - wikisource
Ce passage de la connaissance commune des choses particulières à celle des Idées est possible (...)
Lorsque, s’élevant par la force de l’intelligence, on renonce à considérer les choses de façon vulgaire ; lorsqu’on cesse de rechercher à la lumière des différentes expressions du principe de raison les seules relations des objets entre eux, relations qui se réduisent toujours, en dernière analyse, à la relation des objets avec notre volonté propre, c’est-à-dire lorsqu’on ne considère plus ni le lieu, ni le temps, ni le pourquoi, ni l’à-quoi-bon des choses, mais purement et simplement leur nature ; lorsqu’en outre on ne permet plus ni à la pensée abstraite, ni aux principes de la raison, d’occuper la conscience, mais qu’au lieu de tout cela, on tourne toute la puissance de son esprit vers l’intuition ; lorsqu’on s’y engloutit tout entier et que l’on remplit toute sa conscience de la contemplation paisible d’un objet naturel actuellement présent, paysage, arbre, rocher, édifice, ou tout autre; du moment qu’on se perd dans cet objet, comme disent avec profondeur les Allemands, c’est-à-dire du moment qu’on oublie son individu, sa volonté et qu’on ne subsiste que comme sujet pur, comme clair miroir de l’objet, de telle façon que tout se passe comme si l’objet existait seul, sans personne qui le perçoive, qu’il soit impossible de distinguer le sujet de l’intuition elle-même et que celle-ci comme celui-là se confondent en un seul être, en une seule conscience entièrement occupée et remplie par une vision unique et intuitive; lorsqu’enfin l’objet s’affranchit de toute relation avec ce qui n’est pas lui et le sujet, de toute relation avec la volonté : alors, ce qui est ainsi connu, ce n’est plus la chose particulière, en tant que particulière, c’est l’Idée, la forme éternelle, l’objectivité immédiate de la volonté ; à ce degré par suite, celui qui est ravi dans cette contemplation n’est plus un individu (car l’individu s’est anéanti dans cette contemplation même), c’est le sujet connaissant pur, affranchi de la volonté, de la douleur et du temps. (...)
Livre III, § 34 - wikisource
Le tonneau des Danaïdes
Livre III, § 38. - wikisource
Le temps peut se comparer à un cercle sans fin qui tourne sur lui-même; le demi-cercle qui va descendant serait le passé; la moitié qui remonte, l'avenir. En haut est un point indivisible, le point de contact avec la tangente; c'est là le présent inétendu. De même que la tangente, le présent n'avance pas, le présent, ce point de contact entre l'objet qui a le temps pour forme et le sujet qui est sans forme, parce qu'il sort du domaine de ce qui peut être connu, étant la condition seulement de toute connaissance. (...)
Livre IV, § 54 - wikisource
On se rappelle que, dans le troisième livre, nous avons fait consister, en grande partie, le plaisir esthétique, en ce que, — dans la contemplation pure, — nous nous dérobons pour un instant au vouloir, c’est-à-dire à tout désir, à tout souci ; nous nous dépouillons de nous-mêmes, nous ne sommes plus cet individu qui connaît uniquement pour vouloir, le sujet corrélatif à l’objet particulier et pour qui tous les objets deviennent des motifs de volitions, mais le sujet sans volonté et éternel de la connaissance pure, le corrélatif de l’Idée ; nous savons aussi que les instants où, délivrés de la tyrannie douloureuse du désir, nous nous élevons en quelque sorte au-dessus de la lourde atmosphère terrestre, sont les plus heureux que nous connaissions. Par là, nous pouvons nous imaginer combien doit être heureuse la vie de l’homme, dont la volonté n’est pas seulement apaisée pour un instant, comme dans la jouissance esthétique, mais complètement anéantie, sauf la dernière étincelle, indispensable pour soutenir le corps, et qui doit périr avec lui. L’homme qui, après maints combats violents contre sa propre nature, est arrivé à une telle victoire, n’est plus que le sujet pur de la connaissance, le miroir calme du monde. Rien ne peut plus le torturer, rien ne peut plus l’émouvoir ; car toutes ces mille chaînes de la Volonté qui nous attachent au monde, la convoitise, la crainte, la jalousie, la colère, toutes ces passions douloureuses qui nous bouleversent, n’ont aucune prise sur lui. Il a rompu tous ces liens. Le sourire aux lèvres, il contemple paisiblement la farce du monde, qui jadis a pu l’émouvoir ou l’affliger, mais qui, à cette heure, le laisse indifférent ; il voit tout cela, comme les pièces d’un échiquier, quand la partie est finie, ou comme il contemple, le matin, les travestissements épars, dont les formes l’ont intrigué et agité toute une nuit de carnaval. La vie et ses figures flottent autour de lui comme une apparence fugitive ; c’est, pour lui, le songe léger d’un homme à demi éveillé, qui voit au travers de la réalité, et qui ne se laisse pas prendre à l’illusion ; comme ce rêve encore, sa vie s’évanouit sans transition violente. Tout cela nous fera comprendre dans quel sens Mme Guyon répète si souvent a la fin de son autobiographie : « Tout m’est indifférent : je ne puis plus rien vouloir ; il m’est impossible de savoir si j’existe, ni si je n’existe pas. »
Livre IV, § 68 - wikisource
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Ainsi le Vouloir, qui gouverne tout, n’a en lui-même ni fin, ni origine, ni raison de son propre pouvoir contraignant, et ne fait qu'éternellement se répéter. Il ne procède de rien, et ne mène nulle part. La conclusion qui s’impose est que le Vouloir est privé de tous les caractères du Vouloir : l’absurdité dernière de la volonté schopenhauerienne consiste en ceci qu’elle est incapable de vouloir. C’est à la faveur de l’illusion inspirée par le désir vital qu’on attribue de la volonté à un ensemble d’impulsions absurdes. Rien dans le Vouloir qui puisse s’interpréter comme ‘voulant’ : et toutes les tendances qui en procèdent participent de la même absence de volonté. La volonté, qui ne veut jamais, engendre des impulsions fictives. Comme il n’y a pas de volonté dans le Vouloir, il n’y a pas non plus d’émotion, de désir, de haine dans les sentiments des hommes. L’absurde des passions n’est pas dans leur force contraignante et inassouvissable, mais dans l’absence qui se cache sans leur présence fictive. Les passions jouent le rôle théâtral du «comme si» : comme si l’amour,
comme si la haine, comme si l’émotion, à l’instar du Vouloir qui agit comme s’il voulait.
Schopenhauer fait sienne la fameuse définition shakespearienne : ‘Le monde est une histoire racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien’ (Macbeth, acte V, scène 5). Si le théâtre reflète la vie des hommes, ceux-ci constituent à leur tour un autre théâtre également fictif, et bien davantage, car il ne reflète plus rien. L’homme est un personnage sans acteur pour le supporter, au sein d’un envers dont il n’est nul endroit. Les actes qu’il joue attendent en vain un niveau quelconque de ‘réalité’ à partir duquel les interpréter. La philosophie schopenhauerienne est non interprétative, et répudie comme bavard tout effort pour se substituer au silence absurde. Il ne faut pas compter sur le philosophe pour trouver des raisons de vivre.
Extrait de : Clément Rosset, Schopenhauer, Philosophe de l'absurde
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Schopenhauer et Nietzsche (avec Clément Rosset comme invité) :
De la couleur : Goethe et Schopenhauer
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