Après celle de Jiddu Krishnamurti
MAJ de la page : U.G. Krishnamurti (homonyme mais sans lien de parenté avec le premier)
Quand vous dites " je ", quel concept avez-vous de vous-même ? À quoi ce " je " fait-il référence ?
U.G. : Pour moi, le " je " est un pronom singulier à la première personne. J'ai découvert cela étant très jeune. Ceci dit, je ne pense pas qu'il existe quelque " je ", ou Soi, ou n'importe quel autre terme pour désigner ça. Vous ne pouvez en aucune façon vous séparer de cet organisme vivant, sauf au travers des concepts ou des idées qui vous ont été inculquées. Le seul moyen que vous avez de vous séparer de quel que soit ce que vous l'appelez : le " je " ou le Soi ou l'Atman, c'est d'utiliser la connaissance. Sinon, vous n'avez aucun moyen pour vous séparer de ce que vous appelez " vous ", " je ". Bien sur, j'utilise " je ", j'utilise aussi " mon " parfois ; " ma " fille quand je la présente à quelqu'un, ou " ma " sœur. Ma femme est décédée il y a trente-cinq ans, donc il ne m'est plus d'aucune utilité d'en parler comme étant "ma" femme. Mais en réalité, je n'ai aucune relation que ce soit avec " ma " fille ou avec une personne que je présenterais comme " mon " ami. Je ne peux me séparer et me considérer que quand j'utilise la connaissance que j'ai du Soi, du " je ", ou de l'Atman, ou quel que soit ce qu'il est. Donc, cette connaissance a été rentrée là-dedans, dans l'ordinateur, la base de données ou base de mémoire, par la culture ou la société. Ceci dit, je ne pense pas, jamais avoir la moindre idée quant à ce que je pourrais bien être.
Il n'y a ni intérieur, ni extérieur. Je ne peux me distinguer de vous qu'à travers la connaissance que j'ai de vous. Je ne me dis jamais que vous portez des blue-jeans. Je sais que ce sont des blue-jeans. Dès que je dis : " Ce sont des blue-jeans ", la connaissance que j'ai des blue-jeans disparaît. Donc, je ne peux pas dire que je ne sais rien. Quand je dis que : " Je sais que ceci est bleu, et que le ciel est clair ", alors je me retrouve à nouveau dans la même situation qui est celle de ne vraiment pas savoir ce qu'est ce que je regarde. Je ne me dis jamais : " Le temps dehors est clair ". Jamais. Et, si vous me le demandiez, je répondrais : "Le temps est clair et ensoleillé, il fait très bon ". Votre question fait jaillir toutes les informations présentes là, à l'intérieur. Jamais je ne me dis : " Il fait beau " ou je ne me dis jamais : " Il fait nuit " non plus. Mais je ne suis pas du tout en train de dire que : " Je ne sais pas ". Je sais.
Donc, je ne peux absolument pas me séparer de ce qui se passe là dehors, ni de ce qui se passe dedans. S'il n'y a pas de séparation de ce que vous êtes en train de regarder, vous ne pouvez distinguer ce qui se déroule dehors de ce qui se déroule dedans. Il n'y a ni intérieur, ni extérieur ici. L'œil physique ne regarde pas cela comme étant " blanc ", ni jamais il dit " c'est foncé ". Les perceptions sensorielles ne traduisent absolument rien au sujet de ce qui se déroule là dehors ou ici en moi. Donc, je ne peux en aucune façon me séparer de ce que j'observe là dehors ou là dedans, en moi. Je peux dire : " Ceci est moi ", " Cela n'est pas moi " ; " Je suis heureux ", " Je suis malheureux " ; " Je suis avare ", " Je ne suis pas avare " ; " Je suis jaloux ", " Je ne suis pas jaloux ". Ils ne représentent rien pour moi.
Question : Alors, n'avez-vous aucune identification avec ce qui se passe dans votre vie de tous les jours ?
U.G. : Non, je n'aime pas utiliser le mot identification. Je ne traduis jamais ce qui se passe afin de cadrer avec ce que je sais. Le besoin ne se présente que lorsqu'une demande survient du dehors. Les actions ne surviennent jamais d'elles-mêmes. C'est quelque chose d'automatique. Pour une raison ou une autre, dans la relation de cause à effet, l'espace entre les deux n'opère pas tout le temps. Ainsi, lorsqu'une demande se présente, je peux ensuite dire que cela est vraisemblablement la cause de ceci, et que ceci est le résultat de cela, mais en réalité, il n'y a aucun espace entre cause et effet. Donc, l'instrument que nous utilisons, qui est la pensée, ou même différentes pensées, naît de la relation de cause à effet, et il vous est impossible de comprendre quoi que ce soit sans créer l'espace entre la cause et l'effet.
Par exemple, la mort n'est qu'en soi un concept. Le corps ne sait pas qu'il est en vie en ce moment et vous ne serez pas là pour présider votre propre mort. Donc, concrètement parlant, je ne peux en aucune façon me dire que je suis en vie, ni savoir que je suis vivant. Si vous me demandez : " Êtes-vous vivant ou mort ? " Je répondrai certainement par : " Je suis vivant. " Pourquoi dirais-je cela ? Je dis que je suis vivant en raison de ce que les physiologues m'ont appris et de ce que les docteurs nous disent. Comme je suis capable de parler et de réagir, ils en concluent que je suis un être vivant. Cela constitue le savoir commun transmis à chacun de nous, mais en aucune façon je peux faire l'expérience du fait que ceci est un organisme vivant. Impossible. Ainsi, lorsqu'il sera mort, il en sera fini de notre connaissance accumulée.
Nous ne nous intéressons qu'à une seule chose : " Comment ? " Tout le monde demande : " Comment ? ". " Comment " devrait être supprimé de toutes les langues ! " Comment ? " signifie que vous voulez savoir. En sachant de plus en plus de choses, vous maintenez la continuité de ce savoir. Par conséquent, vous refusez qu'il prenne fin, voyez-vous. Nous en savons beaucoup, pourtant nous posons tous constamment cette question " Comment ? "
Source (et suite) du texte : Inner-quest
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