Kevin Slavin affirme que nous vivons dans un monde conçu pour (et de plus en plus contrôlé par) les algorithmes. Dans cette conférence fascinante qu'il a donnée à TEDGlobal, il montre comment ces programmes complexes déterminent les tactiques d'espionnage, le prix des actions, les scénarios de films et l'architecture.. Et il nous met en garde contre le fait que nous écrivons du code que nous ne comprenons pas, avec des implications que nous ne pouvons pas contrôler.
Source : TED
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Alexandre Laumonier est éditeur. Il a repris des recherches en anthropologie et c’est dans ce cadre qu’il s’est intéressé au trading haute fréquence. Il s’intéresse aux rapports entre les humains et ces algorithmes, ces robots qui sont derrière plus de 70% des transactions dans les marchés américains. Des intelligences artificielles capables de réagir à la milliseconde près, pour acheter ou vendre et même ruser pour tromper les machines des concurrents. Dans son ouvrage à paraitre le 14 février : « 6 » aux éditions Zones Sensibles, il explique en se glissant dans le code d’un algorithme baptisé Sniper, comment et pourquoi l’homme a créé des machines qui aujourd’hui le dépassent.
Pouvez-vous nous parler de votre démarche : approcher le trading haute fréquence par l’anthropologie.
J’ai repris des études d’anthropologies il y a quelques années, pour m’intéresser aux tables de connaissances, c'est-à-dire à la manière dont, tout au long de l’histoire et dans leur quotidien, les hommes organisent leurs connaissances en tables (comptables, mathématiques, etc.). Et de fil en aiguille je suis arrivé aux data center et aux transactions à haute fréquence. C’est un point de rencontre fascinant entre l’humain et le non-humain : comment met-on de l’intelligence dans un algorithme et comment celui-ci nous échappe ? Et puis je me suis aperçu qu’il n’y avait aucun livre qui expliquait de manière assez simple ce qu’était un marché financier au 21ème siècle. Qui sait que les marchés sont privés ? Que la bourse de Paris, désormais intégrée dans Euronext, est dans un hangar dans la banlieue de Londres ? Qu’à Wall Street il n’y a que des bureaux et que les échanges boursiers se font en fait dans le New Jersey ? Je me suis alors plongé dans cet univers intellectuellement fascinant.
Ce qui est intéressant, c’est qu’à l’origine l’homme a voulu utiliser la machine pour rendre les échanges sur les marchés plus transparents. Eviter les secrets entre les humains. Et que rapidement, la technique a rendu les échanges encore plus opaques. Et avec les plateformes d’échanges privées (dark pools) et l’opacité des produits financiers (CDO ou CDS), vraiment personne ne peut plus rien maîtriser. L’homme a été dépassé par la machine, et il ne reviendra pas en arrière. Ou alors ce serait une première dans l’histoire de l’humanité.
Vous évoquez dans votre livre le « flash Krash » de Knight Capital. Un évènement emblématique du trading haute fréquence. Pouvez-vous nous expliquer ce qui s’est passé ?
Ce qui est intéressant, c’est qu’à l’origine l’homme a voulu utiliser la machine pour rendre les échanges sur les marchés plus transparents. Eviter les secrets entre les humains. Et que rapidement, la technique a rendu les échanges encore plus opaques. Et avec les plateformes d’échanges privées (dark pools) et l’opacité des produits financiers (CDO ou CDS), vraiment personne ne peut plus rien maîtriser. L’homme a été dépassé par la machine, et il ne reviendra pas en arrière. Ou alors ce serait une première dans l’histoire de l’humanité.
Vous évoquez dans votre livre le « flash Krash » de Knight Capital. Un évènement emblématique du trading haute fréquence. Pouvez-vous nous expliquer ce qui s’est passé ?
Ce jour là, j’ai suivi en direct, dès l’ouverture des marchés américains, ce qui s’est passé. L’inquiétude est née tout de suite. Dès les 5 premières minutes après l’ouverture de WallStreet, les cotations étaient « bizarres », Twitter commençait à s’affoler. Un algorithme s’était mis à acheter à prix très hauts et à revendre à prix très bas. L’inverse exact de ce qu’il faudrait faire selon toute logique, et la machine perd très vite de l’argent. Mais pendant plusieurs minutes, les observateurs hésitent. Est-ce une stratégie ? Une autre intelligence artificielle passe-t-elle derrière pour ramasser des profits ? Knight Capital a mis 40 minutes à se rendre compte que cet algorithme était le sien, et jouait avec des vrais dollars au New York Stock Exchange [ndlr : la perte estimée est de 440 millions de dollars minimum] alors qu'à l'origine, c’était un simple algorithme de test, sur son propre système. Le krash serait donc le fait d’un robot qui s’est échappé, problème reconnu à demi-mot par ses auteurs. Résultat Knight Capital a coulé et s’est fait vite renflouer par… Goldman Sachs. Mais les régulateurs n’ont pris aucune mesure depuis, on fait juste du « management de crise ».
Source (et suite) du texte : humanite
Commande sur Amazon : 6 (Marchés financiers, le soulèvement des machines)
Source (et suite) du texte : humanite
Commande sur Amazon : 6 (Marchés financiers, le soulèvement des machines)
Voir aussi : Quand la bourse a perdu "1000 milliards de dollars en 20 minutes" / Ces ordinateurs qui rendent fous les marchés financiers
Wikipedia : flash crash / trading haute fréquence
France 2, Cash investigation, Finance folle : l'attaque des robots traders (2012)
Le monde de la finance est dominé par des machines hors de contrôle, qui pilotent des algorithmes élaborés par des mathématiciens dans le but de faire le plus de profit possible en l'espace de quelques secondes. Mais il arrive parfois que les logiciels s'emballent et provoquent ce que les experts appellent un «flash crack» : un effondrement de la bourse en quelques instants. «Cash Investigation» a enquêté dans le milieu des «speed traders» et a découvert leurs méthodes souvent choquantes. Les journalistes dénoncent un monde de la finance qui, quatre ans après la première crise de 2008, semble ne pas avoir tiré les enseignements.
Source : F2
Wikipedia : flash crash / trading haute fréquence
France 2, Cash investigation, Finance folle : l'attaque des robots traders (2012)
Le monde de la finance est dominé par des machines hors de contrôle, qui pilotent des algorithmes élaborés par des mathématiciens dans le but de faire le plus de profit possible en l'espace de quelques secondes. Mais il arrive parfois que les logiciels s'emballent et provoquent ce que les experts appellent un «flash crack» : un effondrement de la bourse en quelques instants. «Cash Investigation» a enquêté dans le milieu des «speed traders» et a découvert leurs méthodes souvent choquantes. Les journalistes dénoncent un monde de la finance qui, quatre ans après la première crise de 2008, semble ne pas avoir tiré les enseignements.
Source : F2
très intéressant,
RépondreSupprimerje me permet de vous partager un très bon reportage que j'ai trouvé sur un forum dont je suis membre, en rapport avec le sujet du trading à haute fréquence :)
http://www.forexagone.com/forum/videos-forex/le-trading-haute-frequence-tres-bon-reportage-13712
Merci pour l'info ! j'ai intégré la vidéo.
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