jeudi 13 août 2015

Michel Rocard : la spéculation, menace pour l'humanité



L'Invité des Matins d'été par Nicolas Martin
Michel Rocard : la spéculation, menace pour l'humanité 12.08.2015

"On a interdit aux banques centrales de financer les états. Il fallait que les états aillent financer leurs fins de mois, et leurs besoins d'investissements sur le marché privé. Donc on a exigé que les états ne puissent plus investir sans payer une rente aux banques, un taux d'intérêt. VOILA COMMENT EST NE L'ENDETTEMENT. Avant cela n'existait pas." 


Grèce : « Nous avons tous envie d’être solidaires mais pas envie de payer »
Par Michel Rocard, Philippe Maystadt, Miguel Angel Moratinos et Pierre Larrouturou, le 20 juillet 2015 - Le Monde

D’abord, un lâche soulagement : l’Europe était passée si près de la catastrophe que nous ne voulions pas regarder le détail de l’accord. Le pire avait été évité : la Grèce n’était pas expulsée et la zone euro n’avait pas explosé. L’essentiel était sauf. En apparence en tout cas. Mais à quel prix ? Comment ne pas partager les inquiétudes du Spiegel qui voit dans cet accord « un catalogue de cruautés » imposées à la Grèce et« un recul pour l’Europe » ? Comment ne pas comprendre la colère de ces milliers de Grecs qui ont l’impression que leur vote a été bafoué ?
Alors que les deux premiers plans d’aide à la Grèce ont provoqué la chute de 25 % de l’activité du pays et fait flamber chômage et pauvreté sans jamais diminuer le ratio dette-PIB, qui peut croire que ce troisième plan va sortir la Grèce de la crise ?


Un accord de comptables

Comment fermer les yeux sur les souffrances du peuple grec quand on voit ces retraités dont les revenus ont baissé de 30 % ou 40 % et qui tentent d’aider enfants et petits-enfants ? Comment applaudir un accord de comptables quand on voit ces milliers d’hommes et de femmes qui « souffrent dans leur peau » car ils n’ont plus un accès normal aux soins ? Après des années de sacrifice qui ont permis de passer d’un déficit budgétaire de 12 % à un léger excédent, comment ne pas compatir aux souffrances et à la colère du peuple grec ?

Mais comment ne pas comprendre aussi les Allemands qui n’ont pas « envie de payer » ? Car les Allemands ont déjà beaucoup payé. Ils ont payé la réunification : quand le mur de Berlin est tombé, tous les dirigeants européens ont manifesté leur joie immense et leur soutien sans faille… mais l’Allemagne s’est retrouvée seule pour payer les conséquences d’une division imposée par les vainqueurs de 1945. Au milieu des années 2000, les Allemands ont payé aussi les réformes Hartz 4 qui visaient à relancer leur croissance dans une Europe paralysée par une gouvernance d’un autre âge. Et ce sont les Allemands qui ont payé plus du quart de l’aide déjà apportée à la Grèce…
Les Allemands ont donc déjà payé deux fois le défaut d’Europe. Et sommes-nous certains que Français, Espagnols et Belges sont beaucoup plus pressés de passer de nouveau à la caisse ?

Nous sommes tous des Grecs allemands. Nous avons tous envie d’être solidaires mais pas envie de payer. Comment sortir de cette schizophrénie ? En expliquant aux citoyens que la comptabilité des Etats n’est pas la comptabilité d’une famille et en construisant très vite une nouvelle Europe.
En 1953, quand la dette de l’Allemagne a été rééchelonnée, l’ensemble des créanciers ont accepté d’effacer 62 % des sommes dues. L’Allemagne a aussi bénéficié d’un moratoire de cinq ans sur le paiement des intérêts et d’une période de trente ans pour le remboursement, étant entendu que les remboursements pouvaient être interrompus s’ils représentaient plus de 5 % des recettes d’exportations. Et personne n’a demandé à l’Allemagne de quitter l’Europe naissante. Et aucun contribuable français ou italien n’a vu ses impôts augmenter pour cette raison ! Pourquoi ce qui était possible en 1953 pour l’Allemagne ne serait-il pas possible en 2015 pour la Grèce ?

La France a un déficit de 3,8 % du PIB et la Commission européenne a décidé de suspendre la procédure de sanction contre Paris. Certes, compte tenu de sa dette, la Grèce doit tendre vers un solde primaire positif mais pourquoi lui imposer d’arriver à un excédent de plus de 3 % ?
On voit bien que le problème n’est pas seulement financier mais surtout politique : est-il encore possible qu’un peuple d’Europe choisisse une politique qui rompe avec les politiques néolibérales ?
Certes, la Grèce doit mettre en œuvre de vraies réformes. Nul ne le conteste. Il est urgent de moderniser l’Etat, lutter contre le clientélisme et la corruption, rendre le régime des retraites plus soutenable et mettre en place une vraie fiscalité. A priori, c’est ce que veut faire le nouveau gouvernement grec. Au lieu de provoquer le chaos politique et social dans son pays, laissons-lui un an ou deux pour le faire et voyons comment nous pouvons l’aider.

L’Europe est à la croisée des chemins. Depuis 2008, on a donné énormément aux banques et les peuples continuent à se serrer la ceinture. La vieille Europe est moribonde. Au-delà de quelques mesures d’urgence pour éviter le chaos en Grèce, il est urgent de construire une nouvelle Europe en redémarrant avec un nombre plus restreint de pays, ceux qui partagent la même ambition sociale et démocratique. Une Europe qui lutte contre les paradis fiscaux et contre le dumping fiscal (le taux moyen d’impôt sur les bénéfices est tombé à 25 % en Europe contre 40 % aux Etats-Unis ).

Une Europe qui cesse de monter les peuples les uns contre les autres et alimente une caisse de solidarité par le fruit d’une taxe Tobin (une coopération renforcée a été lancée par onze pays en 2013 pour mettre en œuvre cette taxe sur les transactions financières ; si elle n’était pas bloquée par les lobbies bancaires, elle rapporterait chaque année entre 50 et 80 milliards). Une Europe qui lutte contre les délocalisations avec un traité de convergence sociale. Une Europe où les 1 200 milliards que la Banque centrale européenne a prévu de créer dans les prochains mois, sont utilisés pour financer l’économie réelle, et en particulier la transition énergétique, ce qui permettrait de relancer l’activité en France, en Allemagne comme en Grèce…

Une Europe aux compétences élaguées mais dotée d’une diplomatie et d’une défense, qui se donne les moyens d’être une puissance de paix. Une Europe démocratique où le pouvoir n’est plus aux lobbies et à la technocratie mais où le vote des citoyens détermine, tous les cinq ans, les politiques mises en œuvre par un gouvernement responsable devant le Parlement…
Plus de temps à perdre

Depuis 1989, les dirigeants allemands – droite et gauche confondues – affirment régulièrement qu’il faut changer radicalement nos institutions et construire une Europe politique. Mais, chaque fois, les dirigeants français ont botté en touche. En mai 2012, François Hollande avait dit qu’il allait se battre pour changer l’Europe. Dans son allocution du 14-Juillet, il a dit qu’il fallait, « à terme », un gouvernement économique de la zone euro. Vu la gravité de la situation, il n’y a plus de temps à perdre.

Si l’Europe est une famille, il faut comme dans une famille être capable de se réconcilier et de reprendre le dialogue quand la fatigue et l’énervement ont conduit à la confrontation. Tous ceux qui ont suivi les négociations depuis six ans et depuis six mois peuvent dresser la liste des erreurs commises de part et d’autre. Des milliers de Grecs se sentent aujourd’hui humiliés mais des milliers d’Allemands ont été humiliés aussi quand certains ont parlé des dettes nazies… Au lieu de ruminer ces humiliations, au lieu de les graver dans le marbre de traités, il est urgent de compléter l’accord passé avec la Grèce par une restructuration de sa dette et de lancer une nouvelle négociation pour refonder l’Europe. Avec les citoyens.

Pierre Larrouturou est porte-parole du parti politique Nouvelle Donne.
Philippe Maystadt, ancien ministre des finances belge, est président honoraire de la Banque européenne d’investissement.
Miguel Angel Moratinos est ancien ministre des affaires étrangères espagnol.
Michel Rocard est ancien premier ministre.

Source : Le Monde

* * *

Contre-feux
Par Jacques Sapir, le 11 aout 2015

L’accord auquel la Grèce et ses créanciers semblent être arrivé aujourd’hui, mardi 11 août, après de longues négociations est un mauvais accord. Les 85 milliards qui sont prévus dans cet accord sont, aujourd’hui, largement insuffisant. Il ne pouvait en être autrement. Car ce texte est la conclusion logique du diktat imposé le 13 juillet 2015 par les créanciers à la Grèce. Et, ce diktat n’a pas été conçu dans l’objectif d’apporter un réel secours à la Grèce, même au prix d’énormes sacrifices, mais uniquement pour humilier et déconsidérer politiquement son gouvernement. Ce diktat est le produit d’une vengeance politique et n’a aucune rationalité économique.

Les doutes sont d’ores et déjà présent sur cet accord qui doit être ratifié d’ici le 20 août. Il a été longuement dénoncé dans diverses colonnes[1]. Il va accroître l’austérité dans un pays dont l’économie est en chute libre depuis les manœuvres de la Banque Centrale Européenne à partir du 26 juin dernier. L’accroissement des prélèvements fiscaux est un non-sens dans une économie en récession. Il faudrait, au contraire, injecter massivement de l’argent dans l’économie pour faire repartir la production. Tout le monde le sait[2], que ce soit le gouvernement grec ou ses créanciers. Pourtant ces derniers persévèrent dans l’erreur. Pourquoi ?

La responsabilité de l’Allemagne

On pointe souvent la responsabilité de l’Allemagne. De fait, ce pays entend lier cet accord à une stricte conditionnalité et ceci alors que les conditions mises aux précédents plans d’aides qui ont été signés depuis 2010 ont abouti à une chute de 25% du PIB et à une explosion du chômage. De même, l’Allemagne entend imposer une importante réforme des retraites à Athènes, alors que ces mêmes retraites jouent le rôle d’amortisseur à la crise dans un pays où les transferts intergénérationnels remplacent des allocations chômage désormais très faibles. Cela reviendra à appauvrir un peu plus la population, et à provoquer plus de récession. Enfin, l’Allemagne veut encore imposer de larges privatisations. Il est clair que ces dernières permettraient aux entreprises allemandes, qui sont loin d’être blanc-bleu sur la Grèce (la filiale grec de Siemens est au cœur d’un immense scandale fiscal) de continuer une liste d’achat à bon marché. On le voit, l’incompétence semble donner la main au cynisme.

La responsabilité de l’Allemagne est évidente. En fait, le seul espoir – si la Grèce doit rester dans la zone Euro – serait d’annuler une large part, de 33% à 50%, de la dette grecque. Mais, de cela, le gouvernement allemand ne veut rien savoir et ceci au moment où il apparaît qu’il a tiré de larges profits de la crise grecque comme le reconnaît un institut d’expertise allemand[3]. Il y a cependant dans l’obstination meurtrière du gouvernement allemand envers le peuple grec quelque chose qui va bien au-delà d’un attachement aux « règles » d’une gestion très conservatrice ou des intérêts particuliers. En fait, le gouvernement allemand entend punir le peuple grec pour avoir porté au pouvoir un parti de gauche radicale. Il y a ici une volonté clairement politique et non économique. Mais, le gouvernement allemand veut aussi faire de la Grèce un exemple afin de montrer, en regardant en direction de l’Italie et de la France comme le note l’ex-Ministre des finance Yanis Varoufakis[4], qui est le chef dans l’Union européenne. Et cela est des plus inquiétant.

Les déclarations de Romano Prodi

Dans ce contexte, les déclarations de M. Romano Prodi dénonçant dans un journal conservateur de la Vénétie, Il Messagero, ce qu’il appelle le « blitz allemand » doivent être regardées avec attention[5], mais aussi avec une certaine méfiance. Quant Romano Prodi, dont il faut rappeler qu’il fut président de la Commission européenne et Premier-ministre de l’Italie, dénonce le comportement du gouvernement allemand en considérant que ce dernier met en cause le fonctionnement même de la zone Euro, il y a peu à redire. Mais, ce comportement critiquable n’est nullement analysé dans ce qu’il révèle. Certes, le gouvernement allemand, dans la forme comme dans le fond, est en train de détruire la zone Euro. Mais, s’il le fait c’est qu’il n’a guère le choix. En effet, agir différemment reviendrait à accepter ce que propose implicitement Romano Prodi, soit une organisation fédérale de la zone Euro. Or ceci n’est pas possible pour l’Allemagne. Si l’on veut que la zone Euro ne soit pas ce carcan qu’elle est aujourd’hui qui allie la dépression économique à des règles austéritaires, il faudrait en effet que les pays du Nord de la zone Euro transfèrent entre 280 et 320 milliards d’euros par an, et cela sur une période d’au moins dix ans, vers les pays d’Europe du Sud. L’Allemagne contribuerait à cette somme sans doute à hauteur d’au-moins 80%. Cela veut dire qu’elle devrait transférer de 8% à 12% de son PIB, selon les hypothèses et les estimations, tous les ans. Il faut dire ici que ceci n’est pas possible. Tous ceux qui entonnent le grand lamento du fédéralisme dans la zone Euro avec des sanglots dans la voix ou avec des poses martiales n’ont pas fait leurs comptes ou bien ne savent pas compter. On peut, et on doit, critiquer la position allemande vis-à-vis de la Grèce parce qu’elle participe d’une vendetta politique contre un gouvernement légalement et légitimement élu. Mais exiger d’un pays qu’il transfère volontairement une telle proportion de sa richesse produite tous les ans n’est pas réaliste.

Romano Prodi n’est pas un imbécile

Or, Romano Prodi n’est certainement pas un imbécile, et ceux qui se souviennent de son intervention en Russie, au Club Valdaï de 2013 savent qu’il est d’une rare intelligence, et de plus il sait compter. Pourquoi, alors, s’obstine-t-il dans cette voie, et pourquoi appelle-t-il à un axe entre Rome et Paris pour rééquilibrer le rapport de force ? Pourtant, Romano Prodi sait très bien que ce n’est pas dans le gouvernement français que l’on peut trouver un partenaire résolu pour affronter Berlin[6]. Depuis septembre 2012, et le vote sur le TSCG, il est clair que François Hollande n’a aucune envie et aucune intention d’aller au conflit avec Madame Merkel. Son inaction, ou plus précisément son inaction, en témoigne tous les jours.

Alors, il nous faut bien admettre que Romano Prodi fait en réalité de la politique, et qui plus est de la politique intérieure italienne. Il sait que la question de l’Euro est aujourd’hui directement et ouvertement posée en Italie, que ce soit objectivement dans les résultats économiques qui se dégradent ou que ce soit subjectivement dans la multiplication des prises de position Euro-critiques de la gauche (avec l’appel de Stefano Fassina) à la droite et à la Ligue du Nord. Il faut comprendre sa position comme un contre-feu face à un changement, lent mais profond, de l’opinion publique et de l’opinion des politiques sur la question de l’Euro. Mais, pour que ce contre-feu soit efficace, il lui faut bien dire des vérités. D’où, l’analyse, qui n’est pas fausse, sur les conséquences de l’attitude allemande sur la Grèce. Mais, en même temps, on voit que cette analyse n’est volontairement pas poussée à ses conclusions logiques.

Contre-feux

On voit donc le jeu de Romano Prodi. Mais, celui de Wolfgang Schäuble n’est pas différent. Le Ministre des finances allemand a compris le risque pour son pays qu’à partir de la crise grecque se mette en place un puissant mouvement vers le fédéralisme au sein de la zone Euro, avec toutes ses implications. Et, de cela, il ne veut, et sur ce point il est en accord parfait tant avec la Chancelière qu’avec le dirigeant du SPD, Sygmar Gabriel, sous aucun prétexte. Ainsi, qu’il s’agisse de Romano Prodi ou de Wolfgang Schäuble, les deux hommes, les deux dirigeants politiques, en sont réduits à allumer des contre-feux. Mais, ce qui est aujourd’hui nouveau, c’est que leurs actions ne peuvent plus être coordonnées. Elles vont se heurter l’une l’autre, et de cette désarticulation stratégique découle une désarticulation politique du projet de l’Euro.

Romano Prodi cherche à éviter ou à ralentir la constitution de ce front des forces anti-euro, front qui monte dans l’opinion comme dans les milieux politiques tant en Italie qu’en Europe. Wolfgang Schäuble, lui, tient à éviter que l’on entre dans une logique d’union de transfert qui serait mortelle pour l’Allemagne. Ainsi, l’un et l’autre affectent de parler de l’Euro et de l’Europe mais, en réalité, pensent dans le cadre national. Quelle meilleur preuve faut-il de la mort de l’Euro, mais aussi de l’échec d’une certaine idée de l’Union européenne ?

[1] Voir Godin R., « Grèce : pourquoi le nouveau plan d’aide est déjà un échec » in La Tribune, 4 août 2015, http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-pourquoi-le-nouveau-plan-d-aide-est-deja-un-echec-496415.html ou Robin J-P, « Pourquoi le Grexit est plus que jamais d’actualité » in FigaroVox, 4 août 2015, http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2015/08/04/31001-20150804ARTFIG00200-pourquoi-le-grexit-est-plus-que-jamais-d-actualite.php
[2] Même un journal qui nous a habitué à des propos très conservateurs sur ce point l’admet. Voir : http://www.lesechos.fr/monde/europe/021256452465-le-3e-plan-grec-pas-meilleur-que-les-precedents-1143735.php#xtor=RSS-52
[3] « Greek Debt Disaster: Even If Greece Defaults, German Taxpayers Will Come Out Forward, Says German Assume Tank » in Observer, http://www.observerchronicle.com/politics/greek-debt-crisis-even-if-Greece-defauts-German-taxpayers-will-come-out-ahead-says-german-think-tank/58504/
[4] Voir la transcription de sa téléconférence à l’OMFIF ou Official Monetary and Financial Institutions Forum http://www.omfif.org/media/1122791/omfif-telephone-conversation-between-yanis-varoufakis-norman-lamont-and-david-marsh-16-july-2015.pdf
[5] Prodi R., « L’Europa fermi l’inaccettabile blitz tedesco », Il Mesaggero, 8 août 2015, http://www.ilmessaggero.it/PRIMOPIANO/ESTERI/europa_fermi_inaccettabile_blitz_tedesco/notizie/1507018.shtml
[6] Godin R., « Grèce : y a-t-il un vrai désaccord entre Paris et Berlin ? », in La Tribune, 3 août 2015, http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-y-a-t-il-un-vrai-desaccord-entre-paris-et-berlin-496193.html

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