samedi 24 octobre 2015

Poutine fustige le «double jeu» occidental avec les «terroristes»



Poutine au club de Valdai, le 22 octobre 2015


Poutine fustige le «double jeu» occidental avec les «terroristes»
Le 22 oct. 2015 - RT

Le président russe s’est exprimé lors de la réunion annuelle du Club Valdaï à Sotchi. Il a évoqué les problèmes les plus graves de la politique mondiale. Voici sept points clés de son intervention.

Sur les Etats-Unis et l’Iran

«La menace nucléaire de l’Iran n’a jamais existé. Les Etats-Unis ont tenu leurs premiers exercices de défense antimissile en Europe, qu’est-ce que cela signifie ? Nous avions raison lorsque nous nous sommes disputés avec nos partenaires américains. Ils ont tenté de déstabiliser l’équilibre stratégique et de faire évoluer le rapport des forces en leur faveur pour avoir une possibilité de dicter leurs volonté à tous, y compris à leurs concurrents géopolitiques et à leurs alliés».

Sur le double jeux des Etats-Unis avec les terroristes

«Les Etats-Unis possèdent un grand potentiel militaire mais il est toujours difficile de mener un double jeu : lutter contre les terroristes et en même temps en utiliser certains pour poser des pions sur le damier du Moyen-Orient dans leur propre intérêt. Il est impossible de vaincre le terrorisme si on utilise une partie des terroristes comme un bélier pour renverser des régimes que l’on n’aime pas. On ne peut pas ensuite se débarrasser de ces terroristes. C’est une illusion de croire qu’on pourra les chasser du pouvoir. Le meilleur exemple nous est donné par la situation en Libye. On espère que le nouveau gouvernement pourra stabiliser la situation mais ce n’est pas le cas pour l’instant».

Sur le comportement de la coalition menée par les Etats-Unis au Moyen-Orient

«La force militaire reste un instrument de la politique internationale. Mais certains l’utilisent sans aucune raison évidente. Pour montrer qui est le maître à la maison. On ne pense pas à la légitimité de leurs frappes et à leurs conséquences. Cela ne résout pas les problèmes mais les multiplie. Les problèmes, à caractère différent, s’accroissent au Moyen-Orient depuis des années. Mais les tentatives «grossières» de reconstruire le Moyen-Orient se sont transformées en allumette qui a mené à l’explosion».

Sur la définition de l’opposition modérée syrienne

«Il ne faut pas diviser les terroristes entre modérés et non-modérés. On voudrait savoir la différence. Les experts disent que les terroristes «modérés» décapitent les gens de façon modérée ou tendre».

Sur le règlement de la crise syrienne

«Il faut libérer les territoires de la Syrie et de l’Irak qui sont aux mains des terroristes et ne pas les laisser déplacer leurs activités dans les autres régions. Il faut unir toutes les forces : les armées régulières de la Syrie et de l’Irak, des rebelles kurdes et des groupes d’opposition qui sont prêts à apporter leur pierre à la lutte contre le terrorisme. Il faut coordonner les actions des pays de la région et d’autres pays qui combattent le terrorisme. Mais il est évident que les opérations antiterroristes doivent se baser sur le droit international»

Sur la crise migratoire en Europe

«Il faut aider les migrants sans léser les intérêts des citoyens des pays dans lesquels ces migrants veulent s’installer. La collision choquante des traditions de différentes nations ont déjà entraîné une croissance du nationalisme, de l’intolérance, du conflit permanent dans la société»

Sur les sanctions contre la Russie

«Les guerres de sanctions sont devenues des estampes dans les médias. On utilise les sanctions comme un instrument de concurrence déloyale. On constate, par exemple, une épidémie d’amendes pour des motifs imaginaires. On punit sévèrement ceux qui ont violé des sanctions américaines unilatérales. Est-ce qu’on peut se comporter ainsi avec des alliés ? Je pense que non. On se comporte ainsi avec des vassaux qui ont osé agir de leur propre initiative»

Source : RT France



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La Russie fait reculer l’arc du chaos US
Par Andrew Korybko, le 14 octobre 2015

La campagne anti-terroriste de la Russie en Syrie tue directement dans l’œuf la grande stratégie américaine.

Depuis les années 1980, les idées du géostratège américain d’origine polonaise et ancien conseiller à la Sécurité nationale Zbigniew Brzezinski étaient à l’avant-garde de la mise en œuvre de la politique étrangère des États-Unis, partout dans le monde. Que ce soit par la création avouée et par l’armement des Moudjahidines (qui ont ensuite muté en al-Qaïda et en talibans) ou l’obsession de séparer l’Ukraine de la Russie (ce qui a culminé plus tard dans l’Euro-Maïdan), les idées de Brzezinski sont devenues une réalité déstabilisatrice qui s’est propagée au long des continents et des décennies.
L’héritage le plus durable qu’il a créé, toutefois, est la théorie destructrice desBalkans eurasiens, qu’il a dessinée dans son ouvrage de 1997, Le Grand échiquier : l’Amérique et le reste du monde. Il y postulait que le grand arc de terres qui s’étend de l’Afrique du Nord à l’Asie centrale était mûr pour les conflits ethniques et sectaires, ce qui est exactement ce que les États-Unis ont besoin d’exploiter pour maintenir indéfiniment leur emprise unipolaire sur le pouvoir mondial.

Le berceau de ce concept a toujours été le Moyen-Orient, mais avec la Russie qui travaille à résoudre le chaos que les États-Unis ont créé et tente de ramener la stabilité dans la région, il semble que Moscou a finalement commencé à renverser la grande stratégie de Washington. Jetons un regard sur ce que les Balkans eurasiens étaient destinés à devenir, comment les projets pour militariser le chaos étaient supposés agir et de quelle manière la Russie a volé à la rescousse pour faire cesser cette folie.

Construire les Balkans eurasiens

L’idée de Brzezinski pour les Balkans eurasiens n’est pas tombée du ciel. En tant que Polonais résolument nationaliste, il connaissait bien le dirigeant de son pays pendant l’entre-deux guerres, le maréchal Jozef Pilsudski, et la politique étrangère destructrice innovante et prométhéenne qui a accompagné son administration [doctrine du Chaos créateur chez les autres, NdT].
Cette idée postulait que l’Union soviétique multiethnique et multiconfessionnelle pouvait être démembrée en fournissant des armes, de l’entraînement et un soutien politique aux révolutionnaires aux identités périphériques, en Union soviétique, pour les utiliser dans une grande guerre de libération à venir contre le gouvernement central de Moscou. La connotation métaphorique, ici, était que ce serait analogue à la manière dont Prométhée a[volé, NdT] et apporté le feu aux humains pour les aider à devenir indépendants de Zeus, le plus puissant et le plus craint des dieux grecs.
La politique a échoué, et finalement n’a rien représenté, mais cela n’a pas empêché Brzezinski de fantasmer sur son retour deux décennies plus tard. L’influence de l’obsession identitaire de Pilsudski se révèle dans la description par Brzezinski, à la fin des années 1970, d’un Arc de crise, qui «s’étend le long des rives de l’océan Indien, avec des structures sociales et politiques fragiles dans une région d’importance vitale pour nous et menacée de fragmentation. Le chaos politique qui en résulte pourrait bien être rempli d’éléments hostiles à nos valeurs et sympathiques à nos adversaires».
La mention de structures sociales fragiles est un euphémisme pour parler de conflits identitaires, dont Brzezinski, dans sa paranoïa injustifiable, pensait que l’Union soviétique voulait exploiter. Quelques années plus tard, Brzezinski lui-même, ironie du sort, a pris les devants dans l’exploitation de ce concept dans son acception la plus extrême, convainquant le président Jimmy Carter d’armer les pères fondateurs d’al-Qaïda dans leur guerre sainte internationale américaine dirigée contre l’Union soviétique en Afghanistan. La pensée stratégique de Brzezinski était que la dynamique militante gagnée dans le pays pourrait être transférée en Asie centrale par l’orchestration externe de soulèvements islamistes semblables, qui conduiraient alors à un repli soviétique intégral sur Moscou et à l’indépendance de toutes les républiques restées dans son sillage.

Diriger le chaos

Inspiré par ce qu’il pensait être le succès de son concept dans sa contribution à l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, Brzezinski a décidé d’en approfondir la nature fratricide en l’appliquant à d’autres zones de conflit identitaire potentiel, notamment le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Voyant la diversité ethnique et confessionnelle de la région des Balkans et ses guerres intestines comme un précédent thématique (les dernières d’entre elles se déroulaient au début des années 1990 et étaient donc encore fraîches dans sa mémoire), il a nommé sa stratégie, une fois mise au point, les Balkans eurasiatiques.
Pour résumer les idées qu’il a énoncées à ce sujet dans Le Grand échiquier, Brzezinski croyait que l’instigation de conflits chaotiques dans l’espace allant de l’Afrique du Nord à l’Asie centrale pourrait empêcher la consolidation d’une grande alliance eurasiatique entre la Russie, la Chine et l’Iran qui contesterait la primauté américaine contemporaine et réduirait en miettes la doctrine Wolfowitz du statut d’unique superpuissance.
Les États-Unis resteraient épargnés par ce futur trou noir parce que ses principaux points d’appui eurasiatiques se trouvent en Europe et en Asie de l’Est, et si le pire empirait encore et si le supercontinent était pris dans une conflagration massive, alors les deux océans tampons qui les séparent du conflit pan-continental amortiraient tout coup en retour significatif qu’ils pourraient probablement recevoir.

Les États-Unis avaient besoin d’une étincelle pour déclencher les flammes fratricides dont ils espéraient qu’elles finiraient pas engloutir la Russie, la Chine et l’Iran, et ils ont créé le détonateur géopolitique pour y parvenir en déclenchant la guerre de 2003 en Irak. En se plongeant eux-mêmes vigoureusement au beau milieu de l’arc du chaos qu’ils ont visé à créer, les États-Unis ont été dans la meilleure position possible pour exercer une influence déstabilisatrice tout au long de chacune de ses deux extrémités. Ils n’ont pas non plus perdu une seconde en le faisant, puisque l’exposé novateur du journaliste d’investigation Seymour Hersh en 2007 pour The New Yorker, The Redirection [La redirection,NdT] détaillait tous les moyens par lesquels ils cherchaient à le faire. Que ce soit par la promotion de la haine sectaire ou le renversement du gouvernement syrien, Washington avait un gros sac d’embrouilles à sa disposition, dont le temps prouverait finalement qu’ils projetaient de les déployer. Le déclencheur pour entamer le bouleversement des frontières sanglantes du Moyen-Orient et – en filigrane – celles d’Afrique du Nord et d’Asie centrale, a été le dispositif des révolutions de couleur du Printemps arabe ; mais la défense farouche de sa souveraineté par la population syrienne a stoppé en plein élan les projets des États-Unis et les ont mis en veilleuse pour une durée indéterminée.

La Russie à la rescousse

Entre en scène la Russie, qui aujourd’hui s’est engagée non seulement à vaincre le terrorisme au Moyen-Orient, mais vise aussi le résultat logique et plus vaste d’inverser la déstabilisation que les États-Unis ont engendrée et donc de restaurer l’ordre le long du point culminant syro-irakien de l’Arc du chaos.
Pour renverser la théorie de Brzezinski des Balkans eurasiens, à supposer que les pays du Moyen-Orient, précisément visés pour instaurer le désordre domestique, se montrent capables de rester unis et forts face au malheur apporté par l’Amérique, alors cela aura un effet exemplaire pour stabiliser les extrémités de l’arc en Afrique du Nord et en Asie centrale, paralysant ainsi les desseins états-uniens, vieux de plusieurs décennies, de créer un chaos afro-eurasien.
Les aspects géopolitiques de la grande stratégie états-unienne commencent et finissent en Syrie, ce qui est la raison pour laquelle Brzezinski a fini par perdre son sang-froid et a piqué une crise de colère épique contre la Russie. Dans une chronique de libre opinion publiée dans le Financial Times, il a suggéré que «la présence navale et aérienne russe en Syrie est vulnérable, isolée géographiquement de son pays. Elle pourrait être désarmée si elle persiste à provoquer les États-Unis». Le diable lui-même n’aurait pu trouver un moyen plus tentant de détruire toute l’humanité que celui-ci, mais au cas où les décideurs politiques américains auraient eu les idées folles de leur stratège préféré, la frappe des impressionnants missiles de croisière russes à partir de la mer Caspienne les a promptement discrédités et a prouvé que les allusions de Brzezinski à des forces russes vulnérables et géographiquement isolées en Syrie étaient totalement stupides. Pour une fois dans sa vie, l’establishment américain ne semble pas désireux de suivre les conseils de Brzezinski, et cela pourrait signifier que pour une fois dans notre vie, les États-Unis pourraient faire preuve d’une apparence relative de bon sens.
Source: Le Saker francophone

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Qui est à blâmer pour le gâchis syrien ? Poutine ! 
Par Robert Parry, le 13 septembre 2015

Exclusif : Un nouveau “groupe de réflexion” officiel de Washington est en train d’accuser le président de Russie, Poutine, d’être responsable de la crise syrienne, alors que ce sont les néoconservateurs et le président George W. Bush qui ont commencé à mettre le désordre actuel au Moyen-Orient en envahissant l’Irak, les Saoudiens qui ont financé Al-Qaïda, et les Israéliens qui ont comploté pour un « changement de régime », dit Robert Parry.

Le sénateur Lindsey Graham s’est peut-être trompé sur à peu près tout ce qui concerne le Moyen-Orient, mais au moins il a l’honnêteté de dire aux Américains que la direction prise actuellement par la guerre en Syrie et en Irak exigera une ré-invasion de la région par les États-Unis et une occupation militaire pour une durée indéterminée de la Syrie, drainant la richesse américaine, tuant d’innombrables Syriens et Irakiens, et condamnant des milliers, sinon des dizaines de milliers de soldats américains.

La sombre prévision de Graham d’une guerre sans fin influera peut-être sur les intentions de vote pour sa personne que pour moins de un pour cent, signe que même les républicains aux discours violents ne sont pas désireux de revivre la guerre désastreuse en Irak. En ce qui concerne le désordre en Syrie, il y a, bien sûr, d’autres options, telles que la coopération avec la Russie et l’Iran pour résister aux conquêtes de l’État Islamique et de Al-Qaïda et un accord de partage du pouvoir négocié à Damas. Mais ces idées pratiques sont encore exclues.

Le “groupe de réflexion” officiel de Washington maintient toujours que le président syrien Bashar al-Assad “doit partir”, que les diplomates américains devraient simplement poser un ultimatum pour un “changement de régime”, ne pas s’engager dans un compromis sérieux, et que le gouvernement américain doit faire obstruction à l’aide de la Russie et de l’Iran, même au risque de faire s’effondrer le régime laïc d’Assad en ouvrant la porte à une victoire d’Al-Qaïda et de l’État Islamique.

Bien sûr, si cette victoire se produit, beaucoup de doigts accusateurs se lèveront, partageant le blâme entre le président Barack Obama, pour n’avoir pas été assez « dur », et le président russe Vladimir Poutine, qui, pour tout problème géopolitique, est devenu une sorte d’aimant attirant les accusations. Ce vendredi, lors d’un discours à Fort Meade dans le Maryland, Obama a carrément fait une déclaration publique attribuant les torts à Poutine.

Obama a accusé Poutine de ne pas s’être joint au mouvement pour imposer le « changement de régime » en Syrie que désirent les États-Unis. Mais le “Assad doit partir !” d’Obama comporte ses propres risques, comme cela devrait être évident à la suite des expériences américaines en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Ukraine. Evincer un « méchant » désigné ne conduit pas nécessairement à ce que ce soit un « bon gars » qui prenne la suite.

Le plus souvent, ce “changement de régime” produit un chaos sanglant dans le pays cible avec des extrémistes qui comblent le vide. L’idée que ces transitions peuvent être manipulées avec précision est une fiction arrogante qui est peut-être populaire dans les conférences des groupes de réflexion à Washington, mais la manœuvre ne fonctionne pas aussi bien sur le terrain.

Et, dans la construction du procès fait à Assad, il y a eu un élément de « communications stratégiques » – la nouvelle formule du gouvernement américain pour désigner un mélange d’opérations psychologiques, de propagande et de relations publiques. Le truc est d’user et d’abuser de l’information pour contrôler ce que perçoivent les Américains et la population mondiale afin de promouvoir les objectifs stratégiques de Washington.

Donc, même s’il est sûrement vrai que les forces de sécurité syriennes ont parfois riposté violemment dans cette guerre civile brutale, une partie de ce qu’on en a rapporté a été exagérée, comme les accusations à présent discréditées selon lesquelles les forces d’Assad auraient lancé une attaque au gaz sarin dans la banlieue de Damas le 21 août 2013. Les preuves amènent maintenant à la conclusion que ce sont les extrémistes islamistes qui ont mené une opération sous faux drapeau dans le but de leurrer Obama pour qu’il bombarde l’armée syrienne, une tromperie qui a presque fonctionné. [Voir Consortiumnews.com "The Collapsing Syria-Sarin Case."]

Encore bien avant, des observations indépendantes de la façon dont la crise syrienne s’est développée en 2011 révèlent que les extrémistes sunnites faisaient partie de la coalition de l’opposition depuis le début, tuant policiers et soldats syriens. Que cette violence, à son tour, a provoqué des représailles du gouvernement qui ont aggravé les divisions en Syrie en exploitant les ressentiments de la part de la majorité sunnite, qui s’était depuis longtemps sentie marginalisée dans un pays où alaouites, chiites, chrétiens et laïcs sont mieux représentées dans le régime d’Assad. [Voir "Origines cachées de la guerre civile en Syrie." de Consortiumnews.com]

Une solution évidente

La solution manifeste serait un arrangement de partage du pouvoir qui donne aux sunnites plus d’influence, mais ne nécessite pas immédiatement d’exiger d’Assad, qui est considéré comme le protecteur des minorités, de démissionner comme condition préalable. Si Obama optait pour cette approche, de nombreux opposants politiques sunnites d’Assad employés par les États-Unis pourraient être conviés à accepter un tel arrangement ou à perdre leur financement. Beaucoup si ce n’est tous rentreraient dans le rang. Mais cela nécessite qu’Obama abandonne son mantra “Assad doit partir !”.

Ainsi, alors que la voix officielle de Washington continue à tenir des propos durs contre Assad et Poutine, la situation militaire en Syrie continue de se détériorer avec l’État Islamique et la filiale d’Al-Qaïda, le Front al-Nosra, qui gagnent du terrain, aidés par un soutien financier et militaire des “alliés” régionaux des États-Unis, dont la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Qatar et d’autres états du Golfe persique sunnite. Israël a également fourni une aide au Front al-Nosra, prenant soin des soldats blessés le long des hauteurs du Golan et bombardant les forces pro-gouvernementales à l’intérieur de la Syrie.

Le président Obama peut avoir l’impression que ses négociations avec l’Iran pour restreindre son programme nucléaire – alors que les dirigeants israéliens et les néoconservateurs américains sont favorables à une campagne de bombardement-boum-boum – l’ont mis dans l’obligation d’apaiser Israël et l’Arabie Saoudite, y compris dans le soutien qu’apportent ces deux pays au « changement de régime » qu’ils désirent en Syrie, et en tolérant l’invasion menée par l’Arabie au Yémen. [Voir Consortiumnews.com "On Syria, Incoherence Squared."]

On m’a dit en privé qu’Obama a été d’accord avec le soutien accru de Poutine au régime d’Assad – et peut-être même l’a encouragé, réalisant que c’est là le seul véritable espoir d’éviter une victoire sunnite extrémiste. Mais publiquement Obama sent qu’il ne peut pas approuver cette démarche rationnelle. Aussi, Obama, qui est devenu très expérimenté dans l’art de parler de plusieurs voix, a rejoint le camp du dénigrement de la Russie – se partageant la scène avec les suspects habituels, ce qui comprend la page éditoriale du New York Times.

Dans un éditorial en première page samedi, intitulé “Manœuvres militaires risquées de la Russie en Syrie”, le Times écorchait vif la Russie et Poutine, leur reprochant d’essayer de sauver le gouvernement d’Assad. Bien que Assad ait gagné dans une élection multi-parti qui s’est tenue en 2014 dans les régions de la Syrie où un vote était possible, le Times juge qu’il est un “dictateur impitoyable”, et semble se délecter du fait que “son emprise sur le pays aille en s’affaiblissant”.

Puis le Times reprend l’affirmation du “groupe de réflexion” rejetant sur Poutine la responsabilité de la crise syrienne. “La Russie a été depuis longtemps le principal soutien de M. Assad, le protégeant des critiques et des sanctions au Conseil de sécurité des Nations-Unis et fournissant des armes à son armée”, affirme le Times. “Mais la dernière aide apportée peut augmenter l’engagement de la Russie dans le conflit jusqu’à un nouveau et plus dangereux niveau.”

Citant l’arrivée signalée d’une équipe russe de précurseurs, le Times a écrit : “Les Américains disent que les intentions des Russes ne sont pas claires. Mais ils sont si inquiets que le secrétaire d’état John Kerry a appelé le ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov deux fois ce mois-ci pour le prévenir d’une possible “confrontation” avec les États-Unis, si l’accroissement des forces russes conduisaient à des opérations offensives russes en soutien aux forces de M. Assad pouvant atteindre les formateurs américains ou leurs alliés.

“Les États-Unis mènent des frappes aériennes en Syrie contre l’État Islamique, qui cherche à établir un califat en Syrie et en Irak, et cherchent aussi à entraîner et armer des groupes d’opposition modérée pouvant sécuriser le terrain pris aux extrémistes.”

Double standard, au carré

En d’autres termes, dans le monde bizarre de l’opinion de l’élite américaine, la Russie s’engage dans des actions “dangereuses” quand elle porte assistance à un gouvernement reconnu internationalement en lutte contre une menace terroriste, mais il est parfaitement normal que les États-Unis s’engagent dans des actions militaires unilatérales à l’intérieur même du territoire Syrien sans l’accord de son gouvernement.

Dans ce contexte des USA prenant ombrage de l’aide apportée par la Russie au gouvernement syrien, on doit aussi remarquer qu’il est habituel pour le gouvernement étatsunien de fournir une aide militaire à des régimes partout dans le monde, y compris des conseillers militaires au régime assiégé qu’ont créé les États-Unis en Irak et des armes sophistiquées à des pays qui mènent des attaques au-delà de leurs propres frontières, comme Israël et l’Arabie Saoudite.

Clairement le Times croit que ce qui est bon pour les oies américaines n’est pas bon pour les jars russes. Et en effet, si l’aide russe au gouvernement syrien conduit à une “confrontation” avec les forces américaines ou alliées, c’est la Russie qui doit en être blâmée, bien que ses forces soient là avec la permission du gouvernement, et pas celles des États-Unis et de ses alliés.

Le Times défend aussi les bizarres efforts faits la semaine dernière par le Département d’État pour mettre en place un blocus aérien destiné à empêcher les Russes de réapprovisionner l’armée syrienne. Le Times déclare :

“Les Etats-Unis ont demandé aux pays dans le couloir aérien entre la Russie et la Syrie de fermer leur espace aérien aux vols russes, sauf si Moscou peut prouver qu’ils ne sont pas utilisés pour le réapprovisionnement de l’armée du régime d’Assad. La Bulgarie l’a fait, mais la Grèce, autre membre de l’OTAN, et l’Irak, qui dépend des États-Unis s’il veut être sauvé de l’État Islamique, jusqu’à présent ne l’ont pas fait. Les dirigeants du monde doivent profiter de l’Assemblée générale des Nations Unies ce mois-ci pour faire connaître clairement les dangers qu’un engagement croissant des Russes poserait aux efforts visant à mettre fin aux combats.”

Étant donné le bilan tragique du New York Times et d’autres organes de presse ayant promu les plans désastreux de “changement de régime”, dont l’invasion de l’Irak par George W. Bush en 2003 et la campagne de bombardement de la Libye par Obama en 2011, vous penserez peut-être que les rédacteurs devraient comprendre que les plans les mieux conçus par les guerriers d’opérette finissent souvent par mal tourner.

Et, dans le cas qui nous occupe, le calcul fait que destituer Assad pour le remplacer par quelque homme politique agréé-par-les-penseurs-de-Washington résoudrait d’une façon ou d’une autre les problèmes syriens peut très bien finir par la chute du gouvernement largement laïc de Damas et l’arrivée des coupeurs de têtes de l’État Islamique et des bandes de comploteurs terroristes d’Al-Qaïda.

Avec le pavillon noir de l’État Islamique flottant sur l’ancienne cité de Damas, la sinistre prédiction du sénateur Graham, une invasion militaire de la Syrie suivie d’une occupation pour un temps indéterminé, pourrait bien s’avérer prophétique, au moment où les États-Unis entrent dans la phase finale de leur transformation, passant d’une république de citoyens à un État impérial autoritaire.

Source : Consortium News / les Crises (trad)

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MAJ
Assad accepterait une élection présidentielle
Le 25 octobre 2015 - TdG

SyrieSelon un député russe, le président syrien serait prêt à se soumettre à la vox populi. Mais sous conditions.
Le président syrien Bachar al-Assad a effectué mardi une «visite de travail» à Moscou, la première à l'étranger depuis le début de la guerre civile, au cours de laquelle il a rencontré son homologue russe Vladimir Poutine, apprend-on mercredi. (Mercredi 21 octobre 2015) Image: Reuters (38 Images)

Le président syrien Bachar el-Assad s'est dit prêt à organiser une élection présidentielle en Syrie, a déclaré un député russe se trouvant à Damas. Toutefois, il faut que le pays ait auparavant été «libéré» des combattants du groupe Etat islamique (EI).

«Il est prêt à organiser des élections avec la participation de toutes les forces politiques qui veulent que la Syrie prospère», mais seulement une fois que la Syrie aura été «libérée» des djihadistes du groupe Etat islamique (EI), a indiqué Alexandre Iouchtchenko à l'issue de sa rencontre avec le président syrien.

«Assad a dit que si les Syriens jugent que c'est nécessaire, il ne s'opposerait pas à une élection présidentielle», a déclaré Alexander Iouchtchenko, cité par l'agence de presse RIA. Il a l'intention d'y participer «si le peuple n'y est pas opposé». Le député russe avait auparavant participé à une rencontre d'une heure et demie entre le président Assad, plusieurs députés russes et d'autres personnalités.

Samedi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait déclaré qu'il était temps de se préparer à des élections en Syrie. Il estimait que la position occidentale semblait changer et aller «vers une compréhension plus juste» de la situation en Syrie.

Il avait également déclaré que les forces russes en Syrie étaient prêtes à fournir une couverture aérienne aux forces de l'opposition combattant l'EI, une première dans le discours de Moscou.
Source : TdG
 

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