lundi 21 mars 2016

Arpenter la terre sacrée d'Egypte



Les Racines du ciel par Leili Anvar
Arpenter la terre sacrée d'Egypte (20 mars 2016)
Avec Florence Quentin : Egyptologue

L'Égypte pharaonique fait rêver et suscite d'innombrables ouvrages dont certains véhiculent une fausse image de cette prodigieuse civilisation qui a brillé pendant plus de trois mille ans. Florence Quentin fait revivre le rayonnement spirituel des différents sites visités avec une passion nourrie par sa compétence. Elle entraîne le lecteur dans des lieux connus, parfois plus secrets où elle révèle les sens cachés et les rituels autour de l'amour, de la mort ou de la résurrection.
On se rend alors compte combien cette civilisation retrouvée sous les sables nous est proche. Combien son art, sa morale et sa sagesse peuvent éclairer nos vies. C'est ainsi que l'Égypte ancienne devient vivante.
Source : FC
Son dernier livre : Le livre des Egyptes, Ed. Bouquins, 2015
Commande sur Amazon : Le livre des Égyptes
Site officiel : Florence Quentin




Née à Saint Étienne dans une famille de journalistes, Florence Quentin a eu la révélation de sa « vocation égyptienne » à 12 ans, lors d’un voyage dans la Vallée du Nil. C’est ainsi qu’après un bac littéraire classique, elle s’inscrit dans une des rares chaires d’égyptologie française, à Montpellier (Université Montpellier III) où elle suit les cours de François Daumas, ancien directeur de l’Institut Français d’archéologie orientale du Caire (IFAO).Elle complète son enseignement à ParisIV-Sorbonne puis écrit plusieurs essais sur l’Égypte ancienne et collabore à des ouvrages collectifs. Elle analyse à plusieurs reprises les raisons de la fascination qu’exerce cette civilisation sur l’imaginaire occidental. C’est dans cet esprit qu’elle a publié en 2012, chez Albin Michel, Isis l’éternelle, biographie d’un mythe féminin et qu’elle a dirigé un ouvrage collectif dans la collection « Bouquins » (Robert Laffont) sur le thème : Le Livre des Égyptes (1024 pages, 50 contributeurs), paru en janvier 2015. Depuis 20 ans, elle est aussi journaliste professionnelle (carte de presse 72 996) et a collaboré aux hors séries du Nouvel Observateur, du Monde des Religions et du Point.De 2005 à 2013, elle a été collaboratrice régulière pour Le Monde des Religions dont elle a assuré la rédaction en chef en 2012. Depuis janvier 2014, elle est rédactrice en chef de la revue-livre (mook) Ultreïa!, qui traite de voyages, spirituels ou réels, de philosophie, d'écologie, d'ethnologie et d'art. Mélomane, pratiquant le chant lyrique, Florence Quentin a dirigé un livret accompagnant un coffret consacré à la musique espagnole (Albeniz, Granados, Falla, Mompou. Pianiste : Jean-François Heisser) et a collaboré à la revue Symphonia. Elle a aussi enseigné l’histoire des religions à l’Ecole supérieure de commerce de Montpellier et fait régulièrement des conférences.
Source : Florence Quentin




Les Racines du Ciel par Férdéric Lenoir, La mythique déesse égyptienne « Isis » avec Florence Quentin. (01.07.2012)
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Les Vivants et les Dieux par Michel Cazenave, Isis avec Florence Quentin (27-11-2012)


LES CHEMINS DE LA GUÉRISON
Cultes à mystères, l’âme purifiée
Par Florence Quentin, le 22/06/2012 - Le Monde des Religions

Accessibles indépendamment du statut social, du sexe et de l’âge, les cultes à mystères antiques, tels ceux d’éleusis, d’Isis ou de Cybèle, visaient un changement intérieur. À l’issue d’un enseignement complexe, l’initié accédait à une renaissance symbolique.

«L’âme au moment de la mort éprouve la même impression que ceux qui sont initiés aux grands mystères. Le mot et la chose se ressemblent ; on dit téleutân et téleisthai. Ce sont d’abord des courses au hasard, des pénibles détours, des marches inquiétantes et sans terme à travers les ténèbres. Puis, avant la fin, la frayeur est au comble ; le frisson, le tremblement, la sueur froide, l’épouvante. Mais ensuite une lumière merveilleuse s’offre aux yeux, on passe dans des lieux purs et des prairies où retentissent les voix et les danses ; des paroles sacrées, des apparitions divines inspirent un respect religieux. Alors l’homme, dès lors parfait et initié, devenu libre et se promenant sans contrainte, célèbre les mystères, une couronne sur la tête ; il vit avec les hommes purs et saints ; il voit sur la terre la foule de ceux qui ne sont pas initiés et purifiés s’écraser et se presser dans le bourbier et les ténèbres et, par crainte de la mort, s’attarder dans les maux, faute de croire au bonheur de là-bas » : ce texte du philosophe grec Plutarque évoque sans rien révéler (la loi du silence et la discipline de l’arcane régnaient dans ces cérémonies) ce que dût être la « réalité » de l’initiation aux mystères d’éleusis.

L’accès à une métanoïa

Cette description, bien qu’allusive, nous donne une idée du déroulement d’autres cultes à mystères, que ce soit ceux d’Isis, la déesse égyptienne du salut (après son initiation, le héros de L’âne d’or d’Apulée dit : « J’ai approché les limites de la mort, j’ai foulé le seuil de Proserpine »), tout autant que ceux de Cybèle où, lors du rite du taurobolium, l’initié, plongé au fond d’une fosse, était inondé d’une cinquantaine de litres de sang qui s’échappaient du corps d’un taureau agonisant au-dessus de lui. Quel était donc le but recherché dans de telles pratiques qui évoquent certains rites chamaniques ? Il faut bien distinguer l’initiation aux mystères des autres formes d’initiations, comme les rites de puberté qui se déroulent sur un plan tribal. Les cultes à mystères antiques étaient accessibles indépendamment du statut social, du sexe et de l’âge de l’aspirant et visaient un changement intérieur, une transformation de l’âme. Peut-on parler alors de « guérison » ? Oui, si l’on entend par là l’accès à un nouvel état d’être, à une métanoïa souvent décrite comme une mort suivie d’une nouvelle naissance. D’autant plus que ce retournement de l’être s’accomplissait non pas sous le seul chef d’un enseignement – ce qui ne veut pas dire que le savoir y était nié, puisque ces rites symboliques, initiatiques et d’instructions visaient à l’acquisition d’une sagesse –, mais aussi à la suite d’une authentique expérience intérieure. C’est ainsi que le philosophe Aristote disait, à propos des initiés aux mystères, qu’ils n’étaient pas obligés d’apprendre mais qu’ils étaient « touchés », qu’ils « subissaient » ou « éprouvaient ». Rites initiatiques car opératifs donc.

Liturgie, jeûne et abstinence

Tous ces cultes avaient aussi en commun de reposer sur un mythe fondateur qui était voie d’accès théorique, mais aussi pratique, à l’invisible. Les mystes d’Isis imitaient le deuil de la veuve d’Osiris en se frappant la poitrine et en se lamentant sur la mort du dieu, puis elles manifestaient haut et fort leur joie, lorsqu’Isis retrouvait enfin le corps de son époux. Car les souffrances vécues par la déesse, comme les rites qui les représentaient, se devaient d’être avant tout une leçon de piété et une consolation pour les néophytes affrontés aux mêmes épreuves durant leur vie – ce que confirme Plutarque à propos de certaines cérémonies isiaques qui devenaient « un modèle de piété et un encouragement pour les hommes et les femmes soumis à de semblables infortunes ».
Ce que nous savons du déroulement de ces cultes, nous le devons surtout au livre XI des Métamorphoses d’Apulée (IIe siècle), qui constitue le texte le plus long sur les mystères qui nous soit parvenu de l’Antiquité. Ce récit dépeint les aventures du jeune et léger Lucius qui, épris d’aventures, avale une potion magique qui le transforme en âne. Il ne retrouve forme humaine qu’après maintes tribulations, avant d’être initié aux mystères d’Isis, s’engageant à mener une vie pieuse. Selon ce récit, l’initiation isiaque nécessitait une préparation lors d’un séjour dans l’enceinte du temple, où étaient pratiquées des liturgies quotidiennes. Le néophyte bénéficiait d’un enseignement puis était purifié par un bain et par des lustrations d’eau pure. Il entrait ensuite dans une période de dix jours de jeûne et d’abstinence. Ces pratiques, communes à d’autres mystères, marquaient un changement d’état : ainsi, lors des mystères dyonisiaques, l’initié était enduit de glaise, et après avoir été confronté au visage terrifiant de la divinité incarnée par une prêtresse, il était nettoyé et criait : « J’ai échappé au mal, j’ai trouvé le bien. »

« En pleine nuit, j’ai vu le soleil »

Le myste isiaque, lui, vêtu d’un habit de lin blanc, qui annonçait sa naissance à une nouvelle vie consacrée, était ensuite conduit par le prêtre vers le lieu le plus secret du temple, afin d’y subir la redoutable épreuve de l’initiation. Apulée nous livre une description tout à fait extraordinaire de cette progression vers les mystères d’Isis : « J’ai approché les limites de la mort… Et j’en suis revenu porté à travers tous les éléments ; en pleine nuit, j’ai vu le soleil briller d’une lumière étincelante… » Cet extrait évoque un autre texte, celui du Phèdre, où Platon fait allusion, lui, aux mystères d’éleusis : « Intégrité, simplicité, immobilité, félicité éclataient dans les apparitions que nous étions admis, en initiés, à contempler au sein d’une pure lumière, purs nous-mêmes et exempts de la marque imprimée par ce tombeau que, sous le nom du corps, nous portons avec nous, attachés à lui comme l’huître à sa coquille… »

Traverser les éléments – feu, air, eau et terre – revenait à une véritable purification du corps et de l’âme. Il ne nous reste à imaginer comment le néophyte parvenait au « seuil de Proserpine », celui qui le confrontait à sa propre mort, les cultes à mystères devant surtout être compris comme « une mort volontaire et un salut obtenu par la grâce ».

Florence Quentin
Diplômée d’égyptologie, elle est l’auteure d’Isis l’éternelle, biographie d’un mythe féminin (Albin Michel, 2012).

Lire aussi : LA DÉESSE ISIS, Un mystere flottant à travers les âges (PDF)


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