mercredi 10 août 2016

Terrorisme : mensonges politiques et stratégies fatales de l'Occident



Jacques Baud : le terrorisme comme stratégie militaire (TV5 Monde, )
Pour son dernier livre : Terrorisme : mensonges politiques et stratégies fatales de l'Occident, Ed. Le Rocher, 2016.
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Jacques Baud: «Le djihad est un mouvement de résistance»
Par Etienne Dubuis, le 4 mai 2016 - Le Temps

Les attentats récents ont stupéfié l’opinion européenne. Ils ne sont pourtant guère étonnants, affirme Jacques Baud, un ancien analyste des services de renseignement stratégique suisses

«Je monte sur mon bureau pour ne pas oublier qu’on doit s’obliger sans cesse à tout regarder sous un angle différent.» C’est par ce fameux conseil du professeur de lettres interprété par Robin Williams dans Le Cercle des poètes disparus que commence «Terrorisme – Mensonges politiques et stratégies fatales de l’Occident», un livre tout juste paru qui s’impose comme l’un des plus décapants jamais publiés sur le phénomène djihadiste.

Un ouvrage si iconoclaste qu’il prêterait au scepticisme s’il n’était solidement documenté et rédigé par un spécialiste confirmé du sujet, Jacques Baud, ancien analyste des services de renseignement stratégique suisses et cofondateur du Service de renseignement opérationnel de l’ONU, organisme dont il a dirigé la première unité, au Soudan, au milieu des années 2000.

- Le Temps: Quinze ans après le début de la «Guerre au terrorisme», lancée par les Etats-Unis dans la foulée des attentats du 11 septembre, les djihadistes n’ont jamais été aussi nombreux et aussi puissants. Comment expliquer ce paradoxe?

- Jacques Baud: La vague djihadiste actuelle représente essentiellement un mouvement de résistance aux attaques illégitimes perpétrées par l’Occident au Moyen-Orient. Or, l’Occident y a répondu en aggravant son cas, soit en intervenant toujours plus dans la région sur la base de mensonges et sans mandat des Nations unies. Son comportement a eu pour effet de nourrir davantage encore la réaction de rejet.

- Quand cet engrenage s’est-il mis en place?

- Il remonte à la première Guerre du Golfe, qui s’est traduite par l’installation d’une force américaine en Arabie saoudite malgré l’opposition du gouvernement et de la population. La situation a commencé à mal tourner lorsque les Etats-Unis ont décidé de maintenir leur présence dans le royaume au-delà des délais fixés. De premiers attentats ont eu lieu sur place en 1995 pour convaincre Washington de retirer ses troupes… mais sans succès. Les djihadistes ont alors multiplié leurs opérations dans un rayon toujours plus large.

- Que représentent dans ce contexte les attentats du 11 septembre?

- Ils ont souvent été présentés comme le début d’une guerre. Mais c’est faux. Ils s’inscrivent dans le conflit engagé au milieu des années 1990 autour de la présence américaine en Arabie saoudite. Ils ont représenté des réponses aux bombardements menés en 1998 par les Etats-Unis au Soudan et en Afghanistan. Des bombardements qui avaient paru contre-productifs à beaucoup.

- En raison des centaines de victimes qu’ils ont causées?

- Pas seulement. Ces frappes avaient été présentées comme des ripostes aux attentats sanglants perpétrés deux semaines plus tôt contre les ambassades américaines de Nairobi et de Dar es Salam. Mais elles ont été conduites avant que l’identité des coupables n’ait été découverte – elle ne l’a toujours pas été, d’ailleurs – et contre des cibles qui n’avaient rien à voir avec ces événements. Soit une usine de médicaments et des camps d’entraînement destinés au djihad dans le Cachemire indien. Les avions utilisés le 11 septembre se voulaient une réplique des missiles employés trois ans plus tôt.

- Quel rôle a joué dans cette guerre Oussama ben Laden?

- Il a représenté avec d’autres une référence intellectuelle sur la scène djihadiste. Mais rien ne prouve qu’il a joué le moindre rôle dans l’organisation d’attentats. Le vice-président des Etats-Unis Dick Cheney l’a avoué lui-même en 2006, en confiant que l’administration américaine n’avait jamais considéré qu’Oussama ben Laden était directement mêlé au 11 septembre. Si le Saoudien (devenu apatride) a été présenté comme le grand instigateur de ces événements, c’est principalement parce qu’il était connu des services occidentaux.

- Dans ce cas, pourquoi Barack Obama a-t-il tenu à le neutraliser une décennie plus tard en lançant une opération risquée à son encontre sur territoire pakistanais?

- De nombreuses opérations militaires ont des raisons de politique intérieure. Cela a été le cas des bombardements de 1998, à l’origine du 11 septembre, des opérations lancées par Bill Clinton suite à l’affaire Lewinski qui avait soulevé contre lui une bonne partie de la classe politique américaine. Pareille motivation explique l’activisme français en Lybie: Nicolas Sarkozy cherchait une occasion de rebondir alors qu’il était en baisse dans les sondages à une année de l’élection présidentielle.

L’élimination d’Oussama ben Laden s’est inscrite dans ce genre de logique. Elle a été utile à la réélection de Barack Obama mais elle n’a eu aucun impact sur la lutte contre le djihadisme. L’homme avait été arrêté par les Pakistanais en 2006, année au cours de laquelle la CIA a fermé la cellule qui le pourchassait. Et comme l’ont confirmé les documents saisis dans sa résidence d’Abbottabad, il n’était plus dans le circuit.

- Quelle a été l’importance d’Al-Qaida durant toutes ces années?

- Al-Qaida n’a jamais existé comme organisation. Ce terme, qui signifie «la base», a été utilisé dans les années 1980 pour nommer un camp où étaient accueillis et triés les volontaires étrangers décidés à s’engager dans la résistance afghane. Utilisé plus tard par les autorités américaines pour désigner la mouvance djihadiste, il a acquis une telle notoriété qu’il s’est converti en label. Un label que toutes sortes d’organisations ont repris ces dernières années pour des raisons plus publicitaires que structurelles. Le principal dénominateur commun de ces groupes est la volonté de combattre les armes à la main, au moyen du terrorisme si nécessaire, la présence occidentale au Moyen-Orient.

- Quelles erreurs ont commis les Etats-Unis et leurs alliés au cours de leur guerre au djihadisme?

- La principale erreur est d’avoir dédaigné les reproches d’interférence qui leur étaient faits, en accroissant leur présence au Moyen-Orient au lieu de la réduire. Les Occidentaux n’avaient rien à faire en Afghanistan au lendemain du 11 septembre. Les pirates de l’air étaient pour la plupart des Saoudiens, qui avaient préparé leur coup en Allemagne. Et Oussama ben Laden, qui s’y trouvait, n’était pas mêlé aux attentats.

Les Etats-Unis ont même été beaucoup plus loin puisqu’ils ont préparé dans la foulée l’invasion de l’Irak et, de manière plus discrète, le renversement de cinq gouvernements de la région, de la Libye au Soudan en passant par la Syrie. Un vaste programme révélé il y a quelques années par l’un des officiers les plus prestigieux de l’histoire américaine récente, le général Wesley Clark.

- Afghanistan, Irak, Libye, Syrie: tous ces pays sont aujourd’hui à feu et à sang…

- Les Occidentaux sont intervenus avec une grande maladresse sur ces théâtres d’opération. Les Etats-Unis bombardent l’Etat islamique en Irak et en Syrie mais ils n’ont pas de plan pour le cas où ils remporteraient la partie. Et ils ont commis la même erreur partout où ils ont renversé un régime ces dernières années. De l’Afghanistan à la Libye en passant par l’Irak, ils ont causé des dizaines de milliers de morts pour aboutir à un chaos général.

- Comment les attentats de Paris et de Bruxelles s’inscrivent-ils dans cette guerre?

- Les djihadistes pratiquent en Occident la stratégie que les Alliés ont conduite en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils frappent les populations civiles pour les pousser à exiger de leurs gouvernements la fin des hostilités. Entre les deux existe principalement une différence de moyens: des bombardiers d’un côté, des kamikazes de l’autre. Des organisations comme l’Etat islamique et Al-Qaida dans la Péninsule arabique décrivent clairement leurs intentions, en assumant pleinement l’usage du terrorisme.

- S’agit-il aussi pour ces organisations d’imposer peu à peu leur loi en Occident?

- C’est là une idée courante. Les responsables occidentaux ont tendance à interpréter les événements actuels à l’aune de leur expérience, soit du terrorisme d’extrême-gauche des années 1960-1970, des Brigades rouges et autres Fraction armée rouge qui avaient pour but de transformer la société. Mais les terroristes djihadistes n’ont pas du tout cette ambition. Contrairement à leurs devanciers, ils ne disposent d’ailleurs d’aucun relais susceptible de transformer leurs opérations militaires en succès politique.

Si leurs attentats ont un effet politique, c’est celui de détourner les populations occidentales des migrants musulmans d’où pourrait venir à long terme une certaine islamisation de l’Europe. Donc un impact contraire à celui qui serait recherché.

- Comment se fait-il que la puissance de feu occidentale, bien supérieure à celle des djihadistes, ne l’emporte pas?

- Les Occidentaux mènent cette guerre avec les mêmes principes qu’en 1914-1918, en liant la victoire à la puissance de feu. Mais la guerre d’aujourd’hui est asymétrique: les succès de l’un entraînent la victoire de l’autre. Comment dissuader en menaçant de mort quelqu’un prêt à mourir? Elle s’assortit d’une interprétation différente de la notion de victoire en Occident et en Orient.

La culture occidentale est plus attentive au résultat du rapport de forces, aux pertes reçues et infligées. La notion de «djihad» privilégie la volonté de résister. Les Egyptiens célèbrent comme une victoire leur guerre de 1973 contre Israël alors que leur armée a subi à nos yeux une défaite cuisante. Ce qu’ils célèbrent n’est pas le résultat matériel mais leur détermination dans une lutte contre un adversaire technologiquement supérieur.

- Quelle issue voyez-vous à la guerre qui oppose aujourd’hui djihadistes et Occidentaux?

- Nous sommes entrés dans un cercle vicieux. Plus le temps passe et plus il est difficile d’en sortir. Des pays comme la France et la Belgique n’avaient aucune raison impérative de se mêler au conflit irako-syrien, qui ne les concerne en rien. D’autant que leur contribution ne pèse guère: le premier compte pour 5% des frappes et le second pour 1%. Paris a réagi de manière particulièrement absurde à l’attentat de l’an dernier contre Charlie Hebdo en bombardant la Syrie, alors que le méfait avait été revendiqué par Al-Qaida dans la Péninsule arabique.

La seule issue raisonnable serait un retrait occidental du Moyen-Orient. Mais les capitales concernées auront à cœur de l’opérer sans perdre la face. Ce qui supposerait l’exploitation d’un bon prétexte à la faveur, par exemple, d’une élection présidentielle.

* * *

Quand Jean-Pierre Chevènement et le FBI jouent aux « conspirationnistes »…
Par Carlo Revelli, le le 08 août 2016 - Arrêt sur Info

A propos du livre de Jürgen Elsässer, préfacé par Jean-Pierre Chevènement, Comment le Djihad est arrivé en Europe, Ed. Xénia, 2006
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Que faut-il penser quand un journaliste d’investigation respecté écrit un livre pour nous expliquer que la CIA a recruté en Bosnie les terroristes qui ont contribué aux attentats du 11 septembre ? Que faut-il penser quand un ancien ministre de la défense et de l’intérieur, Jean-Pierre Chevènement, décide d’écrire la préface d’un tel ouvrage en déclarant qu’il « constitue une mine de révélations pour quiconque cherche à comprendre les enjeux géostratégiques mondiaux » ? Que faut-il penser quand le FBI déclare qu’il n’existe aucune preuve à ce jour qui permette d’associer Ben Laden aux attentats du 11 septembre ? Que faut-il penser quand aucun média français ne traite de ces sujets ?

Le 1er avril 2006, Jürgen Elsässer sort la version française d’un ouvrage dont on n’a pas beaucoup entendu parler en France :Comment le Djihad est arrivé en Europe.

Ce petit livre s’est vendu uniquement à 6000 exemplaires en Allemagne, et la version française, publiée en Suisse par un tout jeune éditeur (Xenia), n’est pas bien distribuée en France (quasiment introuvable en librairie, trois semaines de livraison sur le site de la FNAC, distribution indirecte sur Amazon…). Or, tant le profil de l’auteur du livre (un journaliste d’investigation respecté) que celui de l’auteur de la préface (un ancien ministre de l’intérieur français) devraient permettre d’établir un minimum d’intérêt et de confiance…

Très succinctement, nous pouvons dire que dans son long travail d’investigation, l’auteur a essayé de prouver le lien existant entre les guerres dans les Balkans et les attentats du 11 septembre 2001. Ainsi, en remontant la piste des kamikazes du 11 septembre, il est arrivé directement en Bosnie où les moudjahidin sont recrutés et entraînés par les services secrets occidentaux, la CIA en tête….
Une synthèse du livre est disponible sur le site de l’auteur et ceux qui souhaitent aller plus loin peuvent également écouter le podcast audio de la conférence qui s’est déroulée avec l’auteur le 6 mai 2006, au prestigieux Club suisse de la presse (qui comprend parmi ses membres des prix Nobel et des prix Pulitzer) et qui était intitulée : « Comment le Djihad est arrivé en Europe : Islamisme et services secrets« .

Une journaliste suisse, Silvia Cattori, a également interviewé Jürgen Elsässer et a publié son entretien sur plusieurs médias « alternatifs » ou militants (Voltaire, Bellacio. Oulala, Le Grand Soir…). Certains extraits de l’interview sont intéressants et montrent bien le très fort scepticisme de l’auteur allemand face à la thèse officielle de l’administration américaine :

« C’est le seul ouvrage qui établisse le lien entre les guerres dans les Balkans des années 1990 et les attentats du 11 septembre 2001. Tous les grands attentats, à New York, à Londres, à Madrid, n’auraient jamais eu lieu sans le recrutement par les services secrets américains et britanniques de ces djihadistes à qui l’on attribue les attentats. […] Les informations que j’ai collectées à de multiples sources démontrent que ces djihadistes sont des marionnettes entre les mains de l’Occident et non pas, comme on le prétend, des ennemis. »

« Les néoconservateurs, groupés autour de Richard Perle, avaient rédigé un document, un an avant le 11 septembre, selon lequel l’Amérique avait besoin d’un évènement catalyseur comme l’attaque de Pearl Harbour. Le 11 septembre fut cet évènement catalyseur. Je crois que les gens autour de Perle ont souhaité les attentats du 11 septembre. »

« Immédiatement après le 11 septembre, un certain nombre d’agents israéliens ont été arrêtés aux États-Unis. Ils étaient présents sur les lieux où se préparaient les attentats. Il y a des analystes qui disent que c’est là une preuve qu’Israël était directement impliqué dans ces attentats. Mais cela pourrait également signifier autre chose. Il se pourrait que ces agents observaient ce qui se passait, qu’ils étaient au courant que les services secrets américains soutenaient ces ‘terroristes’ dans la préparation de ces attentats, mais qu’ils garderaient leur savoir pour s’en servir au moment opportun, et pouvoir exercer un chantage le moment venu : ‘Si vous ne soutenez pas davantage Israël, nous allons livrer ces informations aux médias’. Il y a même une troisième possibilité, à savoir que ces espions israéliens voulaient prévenir les attaques mais ont échoué. En ce moment, nous savons seulement que ces types étaient sur place et qu’ils ont été arrêtés. Des investigations supplémentaires sont nécessaires. »

« Bush est stupide. Il n’est qu’un instrument entre les mains d’autres personnes. »

« Oui, il y a un double gouvernement qui échappe au contrôle de Bush. Ce sont des néoconservateurs, comme Cheney, Rumsfeld, Wolfowitz, Perle, des gens liés au pétrole et aux industries militaires. Le chaos global est dans l’intérêt de l’industrie militaire : quand il y a le chaos dans le monde entier, on peut vendre des armes et le pétrole plus cher. »

Le but de cet article n’est pas d’entrer dans le détail du contenu de ce livre ni d’apporter un quelconque jugement. Je n’ai ni les compétences, ni les connaissances nécessaires pour vérifier avec certitude les thèses de l’auteur. Ce qui m’intéresse ici, c’est de mettre en évidence le soutien que Jean-Pierre Chevènement apporte à cet ouvrage, notamment via la préface qu’il a rédigé, dont voici quelques extraits :

« La traduction française du livre de Jürgen Elsässer Comment le Djihad est arrivé en Europe constitue une mine de révélations pour quiconque cherche à comprendre les enjeux géostratégiques mondiaux. »

« Ce que montre, en revanche, avec un grand luxe de détails Jürgen Elsässer, c’est le véritable chaudron du terrorisme islamiste qu’ont constitué les guerres yougoslaves tout au long des années quatre-vingt-dix. Les attentats du 11 septembre 2001 à New-York, de Madrid le 11 mars 2003, et du 7 juillet 2005 à Londres, font tous émerger des personnages qui, à des titres divers, ont été des vétérans des guerres de Bosnie. Il semble qu’il s’agisse là de connexions si gênantes qu’il faille absolument les taire ou les dissimuler. »

« Le livre de Jürgen Elsässer est fort instructif sur le rôle des services spéciaux dans la manipulation des conflits (et des opinions publiques droguées aux idéologies identitaires). Il est vrai que les services se prennent souvent les pieds dans leurs propres intrigues. Dans la société hypermédiatique où nous vivons, leurs manigances finissent toujours par être éventées. »

« Même si Jürgen Elsässer nous étourdit parfois sous la multiplicité de ses sources et l’abondance de ses références, rendons hommage à son érudition : son livre contribuera utilement à un sain pluralisme et à l’éclosion de vérités pas toujours bonnes à dire. Saluons son immense travail et la contribution salubre que son livre apporte à un débat démocratique débarrassé des a priori trompeurs qui obscurcissent la compréhension des enjeux et retardent l’heure d’une paix juste dans les Balkans et ailleurs. »

Comment est-il possible que l’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement exalte à un tel point l’œuvre et les théories d’un journaliste que beaucoup définiraient comme conspirationniste ? Comment se fait-il qu’aucune maison d’édition française n’ait accepté de publier cet ouvrage ? Comment se fait-il qu’aucun média français n’ait annoncé la sortie du livre, malgré la prestigieuse « sponsorship » de Chevènement ?

De deux choses l’une. Soit ce journaliste est réellement un fanatique conspirationniste (Chevènement aussi, du coup) et il faut donc dénoncer ses idées et les combattre. Soit ce qu’il dit est cohérent et vraisemblable, et il faut en débattre. Mais la solution de l’omerta médiatique demeure pour moi un mystère.

Par ailleurs, Jürgen Elsässer n’y va pas par quatre chemins, même au sujet de Ben Laden et de son organisation. Selon lui, en effet, Al Qaida n’existe pas réellement, et est avant tout un concept marketing de propagande de la politique extérieure américaine… Cela ne vous fait pas drôle, que Chevènement cautionne ces propos ?

A ce sujet, le FBI aurait récemment déclaré qu’à ce jour, il n’y aurait aucune preuve de l’implication de Ben Laden dans les attentats du 11 septembre. J’utilise le conditionnel car cela me semble tellement énorme que je crains le canular Internet bien ficelé. Pourtant, sur son site Web, le FBI consacre une fiche à Ben Laden en indiquant bien qu’il est recherché pour les attentats de 1998 contre les ambassades américaines, mais aucune mention n’est faite pour sa prétendue participation aux attentats du 11 septembre !
Sur le site du Muckrarer Report on trouve la news suivante :

« Le 5 juin 2006, l’équipe de l’association Muckraker Report a appelé le FBI pour savoir pourquoi l’avis de recherche de Ben Laden n’indique pas sa participation aux attentats du 11 septembre. Nous avons parlé avec Rex Tomb, Chief of Investigative Publicity au FBI (etresponsable, selon l’AFP, de l’unité du FBI chargée de dresser la liste des dix criminels les plus recherchés des Etats-Unis) qui nous a dit : « La raison pour laquelle le 11 septembre n’est pas mentionné dans l’avis de recherche de Ousama Ben Laden est que, à ce jour, le FBI n’a pas de preuves tangibles de son implication dans ces attentats. Formellement, Ben Laden n’est accusé de rien par rapport au 11 Septembre. Le travail du FBI est de réunir des informations et des preuves. C’est le Département de la Justice qui décide s’il y a assez de preuves pour inculper quelqu’un et pour le présenter devant un jury fédéral. Dans le cas des attentats de 1998, Ben Laden a été formellement inculpé et son cas présenté devant des jurés. Dans le cas du 11 septembre, il n’a été accusé de rien car le FBI n’a pas de preuves attestant son implication dans les attentats de 9/11. »

Je ne vous cache pas que je n’ai pas été forcément rassuré par le site de cette association. J’ai fait quelques recherches et j’ai vu que la news est reprise à l’infini sur pas mal de médias dits « alternatifs », mais malheureusement, je n’ai trouvé aucun média traditionnel qui ait commenté cette information. Un député et journaliste italien, Giulietto Chiesa, en parle surson site web. Mais ce qui m’a finalement conforté dans ma recherche, c’est de trouver un article de la célèbre revue américaine Wired, daté du 29 septembre 2001 ( !), qui interroge le même Rex Tomb, lequel fournit exactement la même réponse ! Après cinq ans d’enquêtes, la position du FBI n’a pas changé d’un iota au sujet du lien de Ben Laden avec les attentats du 11 septembre…

Ainsi, après avoir constaté que les attentats de Londres n’étaient absolument pas liés à Al-Qaida, le FBI déclare qu’il n’a jamais possédé de preuves contre Ben Laden, qui pourtant a été dénoncé comme le coupable certain par l’ensemble des télévisions de la planète environ douze minutes après les attentats… Par ailleurs, les USA n’ont-ils pas attaqué l’Afghanistan justement pour capturer Ben Laden, à la suite des déclarations faites par ce dernier sur une mystérieuse cassette vidéo qui avait été « oubliée » chez un de ses amis et que les Américains ont retrouvée grâce à un heureux hasard… ? Cette vidéo diffusée à l’infini par les télé de la terre entière serait-elle vraiment un faux, comme le prétendentcertains « conspirationnistes » ?

A chacun d’en débattre et de se forger sa propre opinion. Mais le problème, c’est qu’à ce jour, on ne peut pas discuter sereinement du 11 septembre dans les médias, du moins en France. Paradoxalement, ailleurs, en Suisse, en Italie, en Allemagne et même aux Etats-Unis, les discussions sont beaucoup plus libres et ouvertes.

Ainsi, même une chaîne proche du pouvoir en place comme Fox News n’a pas de réticence à faire dialoguer le célèbre colonel Oliver North avec le professeur James Fetzer de l’Université du Minnesota, co-fondateur du mouvement « Scholars for 911 truth » (en regardant son site, on remarquera le nombre important d’interviews que leur accordent la TV, la radio ou la presse américaine). Dans cette interview à ne pas rater, James Fetzer en profite pour rappeler l’histoire du FBI et de Ben Laden au colonel North, qui lui-même ne semble pas être réellement au courant !

En Italie, un des journalistes et écrivains les plus prestigieux et appréciés du pays, Corrado Augias vient de consacrer une émission entière sur la chaîne publique RAI3 aux invraisemblances de l’attentat du Pentagone avec un parti pris « conspirationniste » assez étonnant (Enigma, « L’aereo sul Pentagono  », 13 juillet 2006, extrait vidéo accessible qu’avec IE). Augias est d’ailleurs fort apprécié même en France puisqu’il vient de recevoir la médaille de Chevalier de l’ordre des Arts et Lettres. Comme le dit l’ambassadeur de France en Italie, « cette haute distinction témoigne de l’estime et de la reconnaissance de la France pour la contribution active de Corrado Augias à l’enrichissement des relations culturelles entre la France et l’Italie ». Ironies du calendrier, l’Etat français a décoré un dangereux conspirationniste à quelques jours de la diffusion de son émission sur le Pentagone… Quelques jours auparavant, le 17 juin, un autre journaliste italien (Corradino Mineo) consacre une autre émission choc sur le 11 septembre, toujours sur la chaîne publique RAI… En France, on aime bien caricaturer depuis des années la « dictature médiatique » d’un Berlusconi. Et je peux le comprendre. Cela dit, le vrai danger ne vient pas des pays, comme l’Italie, où les abus médiatiques sont manifestes et donc faciles à identifier, mais au contraire des pays qui montrent une respectabilité de façade qui réussit encore à duper beaucoup de personnes.

Pour revenir au Pentagone, que penser de cette farce internationale, pour le coup très bien médiatisée en France, du ministère de la défense des Etats-Unis, qui a décidé en mai 2006 de rendre publiques des vidéos sur le Pentagone qui circulaient presque identiques sur Internet depuis cinq ans et qui ne montrent rien du tout ? Autre hasard du calendrier, ce week-end, grâce à une webcam achetée pour vingt euros à la FNAC et placée en bordure de fenêtre, j’ai réussi à identifier le chien qui s’amuse à uriner devant la porte de chez moi (ainsi que son patron). Pensez-vous que par esprit citoyen, je devrais communiquer le nom de mon fournisseur de webcam au Pentagone ?

Blagues à part (quoique…), ce qui est sûr, c’est que la question du 11 septembre intéresse beaucoup les lecteurs d’AgoraVox. Mon article qui annonçait la sortie du film Loose Changea obtenu le plus important nombre de visites depuis la création d’AgoraVox : presque 100 000 visites (sans compter la reprise sur Yahoo Actualités), plus de 400 discussions toujours en cours quatre mois plus tard et un taux d’appréciation d’environ 87%. Ces données en soi ne veulent rien dire de particulier, sinon que la plupart d’entre nous ne comprenons pas pourquoi aucun média français n’ose remettre en cause le moindre élément de la version officielle. Comme je l’ai déjà évoqué dans un autre article c’est justement cette ‘omerta médiatique’ qui nourrit les théories conspirationnistes les plus farfelues.

Mes deux articles sur le 11 septembre, dans lesquels je ne prends pourtant pas position, m’ont valu des critiques acerbes de la part d’un nombre restreint de « maîtres censeurs » de l’espace médiatique français, ainsi qu’une tentative avortée de remise en cause du journalisme citoyen. Maîtres censeurs qui sont là pour nous indiquer ce sur quoi nous avons ou n’avons pas le droit de réfléchir, de discuter ou de douter. Grâce à eux, le 11 septembre est devenu en France un sujet tabou sur lequel il est impossible de dialoguer sereinement. Heureusement que Chevènement, Augias et le FBI sont là…
Enfin, je viens d’apprendre que pour commémorer le 5e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, les Éditions Demi-Lune annoncent la création de la collection « Résistances » avec la sortie en simultanée de cinq livres traduits de l’anglais qui demandent tous la réouverture du dossier 9/11. Les ouvrages, portés par des universitaires, des scientifiques et des journalistes étrangers, seront en librairie dès la rentrée avec un site Web donnant accès à une chronologie complète des faits. Voilà peut-être une bonne occasion d’ouvrir sereinement le débat en France. Quel grand média annoncera ces publications ?

Comme le disait Albert Einstein : « Le monde est dangereux à vivre : non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. » A méditer.

Mises à jour :
[27 juillet] – Comme celle a été déjà le cas avec l’article de Versac en mars 2006, AgoraVox laisse la parole à tout rédacteur qui n’a pas la même vision sur le 11 septembre. Cette fois, c’est Chem Assayag qui a souhaité réagir à mon article.
[29 juillet] – Un autre rédacteur d’AgoraVox, le journaliste indépendant Olivier Bonnet, vient de publier sur son blog un long article en réaction au mien dans lequel il constate que presque cinq ans après le 11 septembre il règne dans les médias un véritable « terrorisme intellectuel« ….
[29 juillet] – Je suis agréablement surpris par la qualité de certains commentaires et l’envie d’approfondir de beaucoup de lecteurs. Comme certains d’entre vous le savent, on va bientôt lancer sur AgoraVox des dossiers d’enquêtes sur plusieurs sujets qui seront menés de manière collective par différents rédacteurs qui vont collaborer ensemble. La liste des sujets n’est pas encore arrêtée. S’il y a suffisamment de volontaires avec une approche objective et une envie d’approfondir sereinement les choses, pourquoi ne pas faire aussi un dossier sur le 11 septembre ? Tous ceux qui sont potentiellement intéressés à participer peuvent me mettre un mail sur revelli(at)agoravox.fr Le (at) étant bien sûr un @.

Jürgen Elsässer est un historien et journaliste allemand spécialiste des Balkans. Il a écrit une douzaine de livres de géopolitique au cours des dix dernières années ; ancien rédacteur en chef du quotidien berlinoisJunge Welt, il a également été rédacteur de nombreux quotidiens et hebdomadaires allemands. Quelques approfondissements biographiques sont disponibles sur son site, sur celui de son éditeur ou sur la Wikipedia allemande.
*http://silviacattori.net/article35.html
Source: http://www.revelli.com/

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