dimanche 30 septembre 2018

Bullshit job ou Job à la con

MAJ de la page : David Graeber



LA GRANDE TABLE IDÉES  par Olivia Gesbert
Les « jobs à la con » sont partout (et c’est à ça qu’on les reconnait…) 10/09/2018
avec David Graeber, Anthropologue, économiste
Auteur de : Bullshit Jobs, Ed. Les liens qui Libèrent, 2018



David Graeber, C'est quoi un "bullshit job" ?

Bullshit jobs - wikipedia
« Bullshit jobs » est une expression d'anglais américain signifiant littéralement « emplois à la con ». Elle désigne des tâches inutiles, superficielles et vides de sens effectuées parfois dans le monde du travail. Le terme est apparu sous la plume de l'anthropologue américain David Graeber qui postule que la société moderne repose sur l'aliénation de la vaste majorité des travailleurs de bureau, amenés à dédier leur vie à des tâches inutiles et sans réel intérêt pour la société, mais qui permettent malgré tout de maintenir de l'emploi. Sa théorie, publiée en 2013 et largement médiatisée suscite de nombreuses controverses sur sa pertinence. Les psychologues du travail ont repris le concept pour décrire la pathologie du travailleur affecté par cette « démission intérieure » encore appelée « brown-out ».

La théorie de David Graeber
Keynes, en 1930, prédisait que les avancées technologiques permettraient d’ici la fin du xxe siècle de réduire le temps de travail hebdomadaire à 15 heures par semaine. Pourtant, si la robotisation du travail a bien eu lieu, la réduction du temps de travail n'est pas survenue dans les proportions attendues.

Selon David Graeber, anthropologue à la London School of Economics, « la technologie a été manipulée pour trouver des moyens de nous faire travailler plus. Pour y arriver, des emplois ont dû être créés et qui sont par définition, inutiles ». D'après lui, la société moderne repose sur l'aliénation de la vaste majorité des travailleurs de bureau, amenés à dédier leur vie à des tâches inutiles et vides de sens, tout en ayant pleinement conscience de la superficialité de leur contribution à la société. Graeber précise: « C’est comme si quelqu’un inventait tout un tas d’emplois inutiles pour continuer à nous faire travailler. »

Graeber propose la méthode empirique suivante pour définir un bullshit job ou emploi inutile : on imagine la disparition de l'activité et on évalue l'impact sur la société. Si les infirmières, éboueurs ou mécaniciens venaient à disparaître, les conséquences seraient immédiates et catastrophiques, écrit-il. Un monde sans profs ou dockers serait bien vite en difficulté, et même un monde sans auteur de science-fiction ou musicien de ska serait clairement un monde moins intéressant. Mais qu'en est-il des marketeurs, financiers ou juristes, qui avouent eux-mêmes la vacuité de leur travail. Dans ces cas on peut parler de bullshit jobs.

Finalement, Graeber soutient que les bullshit jobs font partie d’un système qui maintient au pouvoir le capital financier : « La classe dirigeante s’est rendu compte qu’une population heureuse et productive avec du temps libre était un danger mortel ».

L’anthropologue remarque par ailleurs l’existence d’un corollaire paradoxal : plus un travail est utile à la société et moins il est payé. Et bien souvent déconsidéré, même si Graeber reconnaît quelques exceptions, comme les médecins. L’auteur conclut que le néolibéralisme en est paradoxalement arrivé au même point que les systèmes soviétiques de la deuxième moitié du xxe siècle, c’est-à-dire à employer un très grand nombre de personnes à ne rien faire. Une aberration à l’encontre des principes du capitalisme

Il divise les « bullshit jobs » en cinq catégories :
Les « faire-valoir », servant à mettre en valeur les supérieurs hiérarchiques ou les clients
Les « timbres-poste », recrutés par effet de mode
Les « sparadraps », employés pour résoudre des problèmes inexistants
Les « contremaîtres », surveillant des personnes travaillant déjà de façon autonome
Les « sbires », recrutés car les concurrents emploient déjà quelqu'un à ce poste
Source (et suite) du texte : wikipedia

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