vendredi 4 juin 2021

Hommage à Jacques Bouveresse, défenseur du concept de vérité.

MAJ de la page : Jacques Bouveresse


Jacques Bouveresse (20 août 1940 - 9 mai 2021) 

(Ré)écouter : 


Source : Nietzsche contre Foucault par Jacques Bouveresse (France Culture, 1 avril 2016)

On a pu dire à propos de Michel Foucault que son principal mérite était de nous avoir enfin débarrassés de l’idée même de vérité. En s’appuyant sur la lecture des premiers écrits de Nietzsche, il a établi qu’elle ne reposerait que sur une distinction entre le vrai et le faux toujours à déconstruire — d’autant plus que cette opposition serait au service de l’ordre en place. La vérité serait-elle donc une variable culturelle ?
(Re)lire : Jacques Bouveresse. Nietzsche contre Foucault. La vérité en question (Le Monde diplomatique, mars 2016)

J’ai toujours considéré la presse comme un pouvoir inquiétant et facilement abusif, pour lequel il n’est pas certain que puissent exister des contre-pouvoirs appropriés. Pour des raisons évidentes, je me suis intéressé un peu plus particulièrement à l’emprise que la presse et les médias exercent sur les mondes de la culture et de la philosophie.
  

L’ancien professeur au Collège de France, titulaire de la chaire Philosophie du langage et de la connaissance, était âgé de 80 ans. Il contribua notamment à faire connaître l’œuvre de Wittgenstein. 
On pourrait croire, à considérer sa carrière universitaire, de l’Ecole normale supérieure au Collège de France en passant par la Sorbonne et Genève, et toute une vie d’enseignement et d’écriture, que la voie de Jacques Bouveresse, mort le 9 mai à Paris, à 80 ans, a été celle, toute tracée, d’un cacique. Rien n’est plus faux. Né le 20 août 1940, à Epenoy (Doubs), fils de paysans, il n’était pas du type des héritiers qu’il eut à fréquenter en arrivant à Paris.
Etudiant, il fut tout de suite attiré par les sujets que ses contemporains dédaignaient et ignoraient : la philosophie autrichienne, la logique et la philosophie analytique de langue anglaise. Il lui fallut bien des combats, non pour imposer ces sujets, car cette conception militante de la vie intellectuelle était aux antipodes de la sienne, mais pour leur donner simplement droit de cité. Son combat fut politique, non pas – surtout pas – comme celui de ses contemporains qui entendaient subordonner la vie de l’esprit aux luttes partisanes de l’époque, mais parce qu’il estimait que le premier devoir d’un philosophe est de se mettre au service, non pas d’une cause politique, aussi juste soit-elle, mais, d’abord, de la vérité.
Extrait de : La mort de Jacques Bouveresse, défenseur de la raison et des Lumières (Le Monde, 12 mai 2021)

La philosophie d’aujourd’hui ressemble un peu à nos métropoles. Elles sont de plus en plus encombrées de zones commerciales, de rocades et de promenades touristiques, d’immeubles prétentieux, moches et sans vie. On trouve certes encore, dans certains centres-villes, des bâtiments qui ont du caractère. Mais pour se sentir bien, il faut surtout inventer soi-même son itinéraire. Peu y réussissent. Jacques Bouveresse était un de ceux-là. Contrairement à nombre de ses contemporains, il n’a jamais prétendu tout réinventer parce qu’il tenait la philosophie pour une discipline humaniste. Il savait plutôt repérer, dans la tradition, les vraies percées.
Extrait de : Pascal Engel, Bouveresse et ce qu'on peut (et ne pas) faire de la philosophie (Agone, 19 mai 2021)



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