mardi 4 janvier 2011

Hallaj ou Hussein Mansur Al- Hallaj





Mansur al-Hallaj en entier Abû `Abd Allah al-Husayn Mansur al-Hallaj, né vers 857 (ou 244 de l'Hégire), mort le 26 mars 922 (ou 309 de l'Hégire) à Bagdad, est un mystique du soufisme, auteur d'une œuvre abondante prétendant à renouer avec la pure origine du Coran et son essence verbale et lettrique.

Quête de « l'Alphabet Equatorial », sa poésie est considérée encore aujourd'hui comme une hérésie par de nombreux musulmans, tandis que certains pensent qu'il s'agit en fait d'une recherche de l'Absolu et son langage. Son approche du texte coranique est essentiellement liée à l'essence des lettres dont il préconise qu'elles sont l'expression même de la pensée divine. C'est à Louis Massignon que l'on doit la redécouverte, en Islam, des textes oubliés d'al-Hallaj, dont il fut le premier traducteur en langue européenne.

Né vers 857 près de Tur en Iran, son grand-père, selon la tradition, était un zoroastrien et descendait de Abu Ayub, un compagnon de Mahomet. Son père vint travailler dans la ville de Wasit et se lança dans le commerce de la laine. Son nom signifie : le cardeur de laine.

Peu satisfait par l'enseignement traditionnel du Coran, et attiré par une vie ascétique, il fréquenta des maîtres du soufisme comme Sahl at-Tustari, 'Amr ibn 'Uthman al-Makki et Abu al-Qasim al-Junayd alors hautement respectés.
Sahl at-Tustari fut son premier maître qui vivait seul à Tustar dans le Kazakhstan. Il épousa la fille du maître soufi Abu Ya'qub al-Aqta'.
Al-Hallaj devint prédicateur en Iran, puis en Inde et jusqu’aux frontières de la Chine. Rentré à Bagdad, il est suspecté aussi bien par les sunnites que par les chiites pour ses idées mystiques (recherche de l’amour divin et de l’union de l’âme et de Dieu) et son influence sur les foules. Il est faussement accusé d'avoir participé à la révolte des Zanj, mais sa condamnation proprement dite résulte du fait qu'il avait proclamé publiquement "Je suis la Vérité (Dieu)" ("Ana al haqq"), ce qui était vu comme une hérésie, aussi bien dans le Sunnisme que dans le Chiisme.
Cette affirmation, si elle ne doit théoriquement pas être publique, n'est pas incongrue dans le milieu soufi dans lequel le mystique étant "fondu" dans l'"océan de la divinité", ce genre de propos est considéré comme émanant d'un homme qui possède un rang spirituel très élevé. Les traductions de Louis Massignon viennent appuyer cette thèse, la plupart des versets du Diwan de Hallaj traitant de la "science de l'Unité" (Tawhid).
Ne voulant pas renier ses propos publics, Hallaj est condamné à mort et supplicié à Bagdad le 27 mars 922. Il restera un des plus célebres condamnés soufis et son supplice sera mentionné de nombreuses fois dans les écrits de Rûmî, par exemple.
Source du texte : Wikipedia


Bibliographie : 
- Diwan, trad. Louis Massignon. Ed. du Seuil, 1955. 
- Poème mystique, trad. Sami-Ali. Ed. Albin Michel, coll. Spiritualité vivante, 1998.
Etudes : 
Louis Massignon, Akhbar Al-Hallaj, recueil d'oraisons et d'exhortations du martyr mystique de l'Islam, édition J. Vrin, collection Études musulmanes, 1975. Edition bilingue.
Louis Massignon, Essai sur les Origines du Lexique technique de la mystique musulmane, éditions J. Vrin, Paris 1954.
Jacques Keryell, Jardin Donné, Louis Massignon à la recherche de l'Absolu, éd. Saint-Paul, Paris, 1993.
Louis Massignon, La passion de Husayn ibn Mansûr Hallâj, 4 vol, Gallimard, Paris 1975.
Dominique Aubier, "La réaffirmation messianique du Coran", hommage à Mansûr Al-Hallaj, ed. M.L.L., 2002.
En ligne : texte de Pierre Rocalve, Hallaj poète


Tuez-moi donc, mes féaux camarades, c'est dans mon meurtre qu'est ma Vie ! 
Ma mort, c'est de (sur)vivre, et ma Vie, c'est de mourir ! 
Je sens que l'abolition de mon être est le plus noble don à me faire, 
Et ma survie tel que je suis le pire des torts. 
Ma vie a dégoûté mon âme, parmi ces ruines croulantes, 
Tuez-moi donc, et brûlez-moi, dans ces os périssables; 
Ensuite quand vous passerez près de mes restes, parmi les tombes abandonnées, 
Vous trouverez le secret de mon Ami, dans les replis des (âmes) survivantes. 
(...)
Qasida X

Quelle est donc la terre si vide de Toi pour qu'ils se redressent, Te recherchant dans les cieux ? 
Et Tu les vois, qui regardent vers Toi en apparence, mais ils ne T'aperçoivent pas, dans leur aveuglement. 
Muqatta'a 1

C'est trop souffrir, pour moi, que devoir ainsi T'appeler sans cesse, comme si j'étais loin de Toi, ou si Toi, Tu étais absent. 
Aussi je Te demande, à Toi, Ta grâce, sans plus de crainte, car je ne connais pas, avant moi, d'ascète ayant eu désir, et de Toi. 
Muqatta'a 8

J'ai vu mon Seigneur avec l'oeil du coeur, et Lui dis : "Qui es-tu ?" Il me dit : "Toi !"
Mais, pour Toi, le "où" n'a plus de lieu, le "où" n'est plus, quand il s'agit de Toi !
Et il n'y a pas pour l'imagination d'image venant de Toi, qui lui permette d'approcher où Tu es !
Puisque Tu es Celui qui embrasse tout lieu, jusqu'au-delà du lieu, où donc es-Tu, Toi ? 
Muquatta'a 10

C'est Toi, mon ravisseur, ce n'est pas l'oraison qui m'a ravi ! Loin de mon coeur l'idée de tenir à mon oraison !
L'oraison est la perle médiane (d'un gorgerin orfévré) qui Te dérobe à mes yeux, Dès que ma pensée s'en laisse ceindre par mon attention
Muquatta'a 18

Il y a quatre consonnes dont mon coeur est épris éperdument, et où s’abîment mes pensées et ma réflexion : 
Un A, qui "attire" les créatures vers l'acte créateur, un L, qui m'inflige le blâme (que je mérite), 
Un autre L, qui me blâme encore plus, enfin un H qui me fait divaguer, as-tu compris ? 
Muquatta'a 27

Ta place, dans mon coeur, c'est mon esprit tout entier, rien d'autre que Toi n'y a de place, 
Mon esprit Te retient entre ma peau et mes os, regarde, si je Te perdais, comment ferais-je ?
Quand j'essaye de cacher qui j'aime, mon subconscient le manifeste par les larmes que je cachais. 
Muquatta'a 35

Unifie-moi, ô mon Unique (en Toi), en me faisant vraiment confesser que Dieu est Un, par un acte où aucun chemin ne serve de route ! 
Je suis Vérité (Ana al-Haqq) en puissance, et comme la Vérité en acte est son propre potentiel, que notre séparation ne soit plus ! 
Voici que s'illuminent des clartés rayonnantes, scintillant avec les lueurs de la foudre ! 
Muquatta'a 39

Le raccordement de la réalité à Dieu est preuve divine, et le sens de cette expression est ténu à saisir; 
J'ai raccordé l'Existence à mon manque d'existence, mais mon coeur ne sent pas fondre son endurcissement. 
Questionnez-moi, ma réponse sera claire, - la réalité divine détruit les frocs de sûfi, 
Et annihile les natures, en tuant les (cinq) sens, et cela est plus difficile à comprendre. 
Muquatta'a 40

Ton Esprit s'est emmêlé à mon esprit, tout ainsi que s'allie le vin à l'eau pure. 
Aussi qu'une chose Te touche, elle me touche ! Ainsi donc Toi, c'est moi, en tout ! 
Muqqatta'a 47

J'ai réfléchi sur les dénominations confessionnelles, faisant effort pour les comprendre, et je les considère comme un Principe unique à ramifications nombreuses. 
Ne demande donc pas à un homme d'adopter telle dénomination confessionnelle, car cela l'écarterait du Principe fondamental, et certes,
C'est ce Principe lui-même qui doit venir Le chercher, Lui en qui s'élucident toutes les grandeurs et toutes les significations, et l'homme, alors, comprendra. 
Muqatta'a 50

"Ah" : est-ce moi, est-ce Toi ? Cela ferait deux dieux. Loin de moi, loin de moi la pensée d'affirmer "deux" !
Il y a une ipséité tienne, au fond de mon néant pour toujours, et mon tout par dessus toutes choses, s'équivoque d'un double visage. 
Oû donc es Ton essence, hors de moi, pour que j'y voie clair ? Mais déjà mon essence s'élucide, au point qu'elle n'a plus de lieu. 
Et où trouver Ton visage, objet de mon double attrait, au nadir de mon coeur ou au nadir de mon oeil ? 
Entre moi et Toi, il y a "c'est moi" qui me tourmente, ah ! enlève par Ton "c'est Moi", mon "c'est moi" hors d'entre nous deux ! 
Muqatta'a 55

La condition, pour recevoir les dons de sagesse, c'est d'annihiler tout ce qui vient de toi, - vue que le novice a au début un regard sans pénétration. 
Yatima 5

Ne t'attaque pas à Nous, regarde notre doigt, - que Nous avons fardé dans le sang des amants. 
Yatima 7

Poèmes mis en musique par Ghaffar Youcef :




Hommage du calligraphe Kakayi

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