mardi 14 juin 2011

Amrtavogbhava

Balajināth Pandit fût un maître original dans la tradition du shivaïsme cachemirien. Il a notamment composé un Miroir de la Liberté absolue dans lequel il essaie de tirer les implications pratiques et politiques de la non dualité. Son maître, Amṛtavāgbhava est presque inconnu en dehors du cercle de ses disciples. Il a pourtant laissé des œuvres dignes d'intérêt, comme le Grand Arcane des Parfaits (Siddhamahārahasyam), qui fut loué en son temps par le très respecté Gopināth Kavirāj.
Source du texte : Le Sivaisme du Cachemire

Quand j’eus atteint ma seizième année
Ce sage dont la compassion est pareille à un océan
M’apparut soudain, car son cœur avait été agréé
Par la lecture d’un hymne que j’avais composé.
M’octroyant alors la grâce,
Il m’instruisit du grand cœur de la pratique spirituelle,
Le yoga intégral
Extrait de Śrīsiddhamahārahasyam.

Bibliographie (en français) :
- Śrīsiddhamahārahasyam, Le Grand Arcane des Parfaits, trad, David Dubois sur son site Le Sivaisme du Cachemire, téléchargement : PDF

Site de David Dubois : Le Sivaisme du Cachemire  / Publications et traductions
Son blog : La Vache Cosmique






Chapitre premier

La perfection accomplie, illimitée, repose en mon cœur.
Elle fut obtenue grâce à une dévotion sans faille
envers la Mère qui est Puissance, Désir et Parole.
Bien qu'il soit interdit de révéler ce Secret, je vais l'expliquer,
car j'en ai reçu l'ordre des yoginîs.

Ainsi, puissent les maîtres excellents
- vénérés à chaque instant dans le mandala de la déesse
selon l'ordre rituel prescrit -,
établir dans le cœur des disciples sincères
l'intégralité de cet enseignement,
exactement comme ils l'ont compris.

Ici-bas, en vérité, en cet univers débordant de réalités innombrables et variées, en ce mandala en forme d'univers, tout ce qui est engendré par la Puissance créatrice, naturelle et innée, tout cela repose entièrement et sans différenciation dans la Grande Sphère du suprême Shiva. Bien que tout cela soit engendré, cela n'est absolument rien d'autre que le suprême Shiva.

Toute apparence de la dualité, en effet, est imaginaire. Voilà pourquoi on doit comprendre que l'état de non-dualité, définit par opposition à la dualité, est aussi imaginaire. Ainsi, en effet, le suprême Shiva, le grand maître est la Cause ultime de tous les phénomènes. Ils sont une prolifération inconstante sous la quintuple forme de l'émission, de la subsistance, de la résorption, du voilement et de la grâce.

Par conséquent, qui pourrait aspirer à un tel état intégral - ce grand Être, cette Présence qui embrasse toutes les autres, en forme de maître ultime -, au moyen du rejet et de l'acceptation ?
Ou bien même, qui donc peut s'empêcher de le désirer au moyen du rejet et de l'acceptation ?
Dès lors, qui pourrait réaliser cet état intégral, qu'il soit connaissable ou non à travers rejet et acceptation ? Et pourtant, il relève aussi du domaine du rituel !

Cette prolifération de phénomènes est le comble de la félicité : voilà ce que l'on doit imaginer [à travers le rituel tantrique]. De fait, même si [tout n'est qu'imagination], la doctrine parfaite des Parfaits, c'est que [l'on doit réaliser que tout est félicité parfaite]. Comme [je l'ai déclaré] dans le second chapitre de [mon poème] Le jeu du Soi (Ātmavilāsa) :

La conviction finale de ceux qui méditent l'expérience du Soi est que la finalité du bonheur et de la souffrance - qui sont interdépendants - est la [parfaite] félicité.

Ainsi, la finalité vers laquelle tend spontanément [toute vie] est le repos intime dans la contemplation du Soi qui est toujours et partout pleinement manifeste. Voilà qui est parfaitement établi. De plus, nous avons défini le Soi de façon exhaustive dans notre composition Le jeu du Soi. Dès lors, on doit s'y exercer avec habileté. Aussi le propos du présent ouvrage, intitulé Le Grand Arcane des Parfaits conformément à son contenu, est-il d'exposer en particulier l'ensemble des méthodes les plus secrètes pour réaliser la doctrine [de
la non dualité intégrale] qui avait été exposée dans Le jeu du Soi. Mais il ne faut jamais perdre de vue que toutes ces méthodes sont forgées par notre propre imagination, c'est-à-dire par notre propre félicité !
Tout, sans exception, existe seulement dans le Seigneur suprême parfait à tous égards, le Bienheureux qui constitue le fondement de la dualité comme de la non dualité, enseigné par sa propre nature qui se manifeste spontanément, démontré sans contradiction aucune.
(...)
Extrait de  Le Grand Arcane des Parfaits (Śrīsiddhamahārahasyam)
Source (et suite) du texte : Le Sivaisme du Cachemire







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