lundi 20 juin 2011

Rameshvar Jha


Rameshvar Jha naquit en 1895 dans un village du Mithila, région du Bihar située non loin de la frontière népalaise. Ses parents étaient de pieux brahmanes śivaïtes. Il fut instruit dans les sciences traditionnelles (grammaire du sanscrit, logique) auprès de nombreux maîtres de sa communauté. Elève exceptionnellement brillant, il fut très tôt encouragé par ses professeurs à enseigner et a composer ses propres œuvres. En 1933, il obtint des postes dans plusieurs collèges de sanscrit. Sévère avec ses élèves, il était particulièrement indisposé par le mensonge. Il s’exerça au yoga et au chant durant 14 ans auprès de son père, puis d’Akṣaya Jha. Vers cette époque lui advint son premier disciple, Rameshvar Joshi, grâce à qui les œuvres du maître sont aujourd’hui publiées. Joshi invita son maître à venir s’installer chez lui à Varanasi.
C’est alors que Rameshvar Jha rencontra, au Cachemire, le swâmi Lakshman Joo. Par son seul regard, il reçut la Grâce et attint la parfaite reconnaissance de son identité au Seigneur (pūrṇatāpratyabhijñā, titre de l’une de ses œuvres) à laquelle il aspirait depuis toujours. Dès lors, il se plongea dans les Ecritures śivaïtes. Après 35 années de pratique et d’étude il fonda en 1940  - incité par le grand savant Gopinâth Kavirâj - une maison d’édition qui publia son œuvre majeur La reconnaissance de la plénitude (Pūrṇatāpratyabhijñā), tout en continuant sa pratique et son étude des textes.

Puis il se mit à voyager au Cachemire et au Bihar pour y enseigner la logique (nyāya), le Vedānta, la grammaire et le śivaïsme du Cachemire. Il permit ainsi à de nombreux élèves, savants ou débutants, de parvenir à la plénitude de la Reconnaissance. Par sa générosité sans bornes, son extraordinaire créativité et sa familiarité innée avec les arcanes des textes, il permit au plus grand nombre d’accéder aux points vitaux de la connaissance et à leur identité avec Śiva.

Un disciple l’incita à écrire un manuel des philosophies traditionnelles, ainsi qu’une élucidation (ṭīkā) du Vākyapadīya de Bhatṛhari, l’un des plus grands penseurs de l’Inde. Mais il avait surtout un talent inné pour composer chaque jour, sans le moindre effort,  des vers capables de faire reconnaître le Soi plein de félicité. Nous possédons aujourd’hui environs 10 000 stances composées par le maître, ainsi qu’un Hymne au maître (Gurustuti). En 1980 et 81, il reçut les titres les plus prestigieux de l’Université Hindoue de Bénares et du gouvernement indien. Il eut de nombreux disciples qu’il mena à l’état de  Śiva et qui le considéraient comme un « nouvel Abhinavagupta ». Mais comme il avait coutume de le dire : « Je ne fais pas de disciples ; personne n’est (mon) disciple. Ceux qui veulent être disciples, en un instant je leur confère le statut de maître ! ». « Je demeure dans l’Essence (svarūpa) » furent ses dernières paroles, au milieu de la nuit du 12 décembre 1981.
Source du texte : Le Shivaisme du Cachemire


Bibliographie (en français) :
 
- Saṃvitsvātantryam, La liberté de la conscience, extraits traduit par David Dubois sur son site : Le Shivaisme du Cachemire. Téléchargement : PDF

Site de David Dubois : Le Sivaisme du Cachemire  / Publications et traductions

Son blog : La Vache Cosmique




L’unique conscience, la Bienheureuse, éternelle,
Brille les yeux grands ouverts.
Elle fait don de toutes les béatitudes.
Limpide, elle dissout et crée.

Apparence spontanée,
L’unique conscience brille.
A la fois distinctes et identiques,
Les choses apparaissent en elle.

Car elle est la condition ultime,
L’Apparence qui fait apparaître le reste.
Génitrice de Śiva, de Brahmā et des autres (êtres),
Elle a pour forme propre une éternelle béatitude.

Ô Seigneur, mon amour pour Toi -
Surabondance de l’ultime béatitude - puisse t-il exister toujours !
Amour du non-manifesté pour le Non-manifesté,
De l’éternel pour l’Eternel,
De celui qui possède une forme propre délimitée
Pour Celui qui possède une forme propre délimitée.
Puisse aussi l’amour de celui qui a un corps exister de façon limitée
Pour celui qui prend appui sur le corps.

En se remémorant ses pieds, il ne reste plus rien à accomplir :
Hommage à lui ! Hommage à mon maître orné d’amour (pour Śiva) !

Je célèbre le Seigneur, l’Un, le Soi, l’Indivis,
le Non-manifesté, manifesté à travers de nombreuses formes
telles que Rāma, Śiva, Brahmā, Gaṇeśa, Sītā, Satī
la Parole, la Puissance infinie.

Sans second, dépourvu de corps, Śiva
m’accompagne éternellement grâce à la Puissance de souveraine liberté.
Bien qu’il soit apparent parce qu’il est Apparence évidente,
il s’incarne par compassion dans une forme de béatitude.

Je suis la racine de l’univers, spontanément accompli,
Apparence ininterrompue, sans connaissance.
Doué d’une Puissance de souveraine liberté, je suis manifestation multiple.
Dans le monde des hommes, je brille ici-bas (tel) un soleil incarné.
Avant l’expérience du bonheur, après celle du malheur, et aussi lorsque que ces expériences
ont cessé, j’apparais. Je suis toujours présent sous forme d’Apparence
Extrait de : 
Saṃvitsvātantryam, La liberté de la conscience, trad. David Dubois
Source du texte :  Le Shivaisme du Cachemire












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