mercredi 8 juin 2011

Vatulanatha

Les sûtra de Vatunalatha restent isolé dans la littérature Sivaite du Kashmir. On ne saurait en effet les rattacher à la philosophie Trika puisque les textes de cette école n'y font jamais la moindre allusion et que ses adeptes contemporains les repoussent comme hérétiques - à juste titre d'ailleurs - car si Vatunlanatha et son commentateur empruntent aux philosophes Trika un grand nombre de termes techniques, c'est trop souvent pour en fausser subtilement le sens.
La question de l'époque où vivait notre auteur ne peut être correctement tranchée. (...)
Le système de Vatunalatha est un absolutisme moniste, une mystique et un subjectivisme :
Un absolutisme, car il répète sans se lasser que l'absolu est libre de toute détermination, de toute dualité et, comme les Madhyamika, il se refuse à le caractériser, mais, tandis que la non-dualité de Nagarjuna, l'advaya, est d'ordre épistémologique et porte sur une connaissance libre de dualité, il s'apparente davantage à l'ontologie advaita propre au Vijnanavadin et aux Vedantin pour lesqueles la connaissance mystique atteint une entité indifférenciée et indicible.
En second lieu et contrairement aux Madyamika, il n'utilise pas la dialectique pour démolir la différenciation et, ce faisant, établir indirectement la Réalité de l'Etre pur. Vatulanatha est d'abord un mystique : il sacrifice tout à l'essentiel et répudie aussi bien la logique que la dialectique servant à détruire la logique; pour lui l'absolu est réalisé en une intuition immédiate et soudaine sous la seule influence de la grâce.
Ce système se présente enfin comme un subjectivisme, car il appartient au grand courant qui, sous l'influence de la dialectique de Nagarjuna, insiste sur le travail créateur de la pensée qui impose à la réalité - non sans la trahir - ses construction dualisantes. (...).
Liliane Silburn, extrait de l'introduction au Vatulanatha Sutra (voir ci-dessous).

Bibiliographie :
- Vatulanatha-sutra, avec le commentaire d'Anantasaktipada, trad. Liliane Silburn, Ed. Institut de Civilisation Indienne (Fascicule 8), De Boccard, 1959-1995.
Commande : Ed. De Boccard





Stances d'introduction.
1
Je salue cette excellente inopinée qu'on réalise de la bouche du Maître et qui resplendit de toutes parts grâce au discernement de celui qui se meut dans l'éther de la Conscience. L'Inopinée - élément essentiel de l'Illumination inaltérable qui constitue l'état de Vide transcendant - est libre de toute modalité et procède de la vigueur des frictions unifiantes.

2
Victoire à l'Ineffable non Né dont le ciel de la Conscience absolue forme l'Essence, Lui qui est aussi bien pourvu que dépourvu de gradation, étant exempt de marque distinctive, et dont l'activité ici-bas outrepasse tout ce qui est !

3
Je m'incline devant ce qui émane de l'océan du coeur du Vénérable Vatulanatha et qui exclut les distinctions d'adoration, d'adorable et d'adorateur.

4
M'étant enseveli en ce grand ciel (de la Conscience), c'est là que je demeure, ineffleuré par l'impureté, bien que je me trouve ici-bas perpétuellement au plein milieu de toutes sortes d'activités.

5
Je salue cet absolu Incomparable et Impénétrable qui déborde tout signe tangible; libre de marque distinctive, Il est l'unification des (facultés) analytiques et synthétiques de la Conscience.

6
Quelqu'un a entrepris une glose excellente des sutra qui émanèrent de la bouche des Yogini, glose qui tire son importance de la facon exhaustive don telle traite de la Réalité suprême.
Extrait de : Vatulanatha sutra
Commande : Ed. De Boccard


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...