mercredi 31 août 2011

Maitripa ou Maitrigupta ou Advayavajra



L'un des quatre-vingt-quatre mahasiddha de l'Inde, Maitripa naquit en 1007 dans une famille de brahmanes. Il fut d'abord étudiant de Naropa à Nalanda et reçut de lui les transmissions de pouvoir d'Hevajra et de Cakrasamvara, mais il préféra dans un premier temps étudier la philosophie. Ordonné par Santipa, un moine de Vikramasila, il fut appelé Maitri pour marquer son lien avec Maitreya.
A Vikramasila, où il pratiquait Vajrayogini, il attira la suspicion des moines par l'usage de l'alcool en guise de substance sacrée. Atisa, qui était alors en charge de la discipline, dut se résigner à l'expulser de la communauté.
   Devenu siddha errant, Maitripa se rendit auprès de Sabara, un autre mahasiddha, (...).
Maitripa fut aussi disciple de Sahara, dont il détenait la transmission des doha. Par ailleurs, il devint le dépositaire de la longue transmission du Mahamudra issue de Nagarjuna et de Saraha. Par trois fois, sur les conseils de Naropa, Marpa Lotsava alla auprès de Maitripa recevoir ses enseignements et le considéra comme son second maitre. Parmi ses autres disciples, citons l'érudit Anandakirti du Cachemire à qui il transmit l'Uttaratantrasastra et le maître indien Vajrapani.
Extrait de l'entrée Maitripa dans le Dictionnaire Encyclopédique du Bouddhisme de Philippe Cornu, Ed. du Seuil.
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Autre biographie : Dans le sillage d'Advayavajra




(...)
Sur le chemin [de retour], il était fatigué et s'endormit. En se réveillant, il tentait de se rappeler de toutes les instructions qu'il avait reçues de l'Aborigène, mais il avait tout oublié. "Si je rentre maintenant, je vais avoir honte devant les autres. Est-ce que je me suicide ?". Il retourna voir l'Aborigène [qui lui demanda] 

- Qu'est-ce qui te chagrine ? 
- Comme j'ai oublié toutes les instructions, j'ai l'intention de me tuer.

"Advayavajra Avadhūtipa, 
Avec des faits non produits 
Que pourrait-on bien "oublier" ? 
Avec des faits non détruits 
Que pourrait-on bien "oublier" ? 
Les trois univers sont libres depuis l'origine 
Mais recouverts par l'ignorance 
Cakrasaṁvara est la félicité suprême 
Il est la nature même de la non-production"

Maitrīgupta eut alors une réalisation et vit la gnose (S. jñāna) du premier niveau spirituel (S. bhūmi) dévoilée. Il comprit alors que les trois sommets de montagne, le maître, les mudrā et toutes leurs actions étaient des symboles qui pointaient vers la réalité intime (S. hṛdayārtha). Il offrit cette compréhension au guru : 

 "Tous les faits sont vides [d'être propre]
La vacuité et la compassion sont deux,
Leur union indifférenciée est le Guide.
Si on analyse [les faits] du point de vue de l'état naturel (T. rnal ma'i don la)
On est libre quoi que l'on fasse.
[L'état naturel] est au-delà de l'observation, de l'artifice et de la moindre remémoration.
Voilà ma compréhension.
Je n'ai plus besoin de le demander à personne."

Il prit le nom "Advayavajra" et partit à Magadha. Tout le monde disait que Maitrīgupta avait vu la face de Śavaripa et il acquit une grande renommée.
Extrait d'une hagiographie :  Hridayartha


Bibliographie :
- Un bref exposé du Grand Sceau dans : La Simplicité de la Grande Perfection, Ed. du Rocher, 1995.
Biographie (voir aussi sous bibliographie) : 
Philippe Cornu, Dictionnaire encyclopédique du Bouddhisme, Ed. du Seuil, 2001.
Sur le net :
- Version bilingue des Vingt versets sur le mahayana, sur le site Hridayartha : PDF
- Version bilingue du Tattvadasaka (les dix versets sur le réel), sur le site Hridayartha : PDF

Un site et un blog dédié à Advayavajra par un professeur de tibétain habitant Marseille (avec des traductions inédites touchant au Mahamudra) :
Dans le sillage d'Advayavajra  / Hridayartha


Demeurez détendus dans votre nature non entravée. C'est le mode naturel libre de pensée. Cette méditation demeure en elle-même sans chercher quoi que ce soit d'autre. Le type de médiation qui consiste à chercher quelque chose n'est que l'activité de l'intellect confus. Tout comme le ciel ou une illusion magique, en l'absence de médiation aussi bien que de non-méditation, comment peut-on parler de séparation ou de non-séparation ?
   Pour le yogi qui a cette compréhension, toutes les actions vertueuses et erronées sont libérées par la connaissance de cette réalité. Toutes les afflictions mentales deviennent la grande cognition primordiale et agissent comme les amies du yogi, semblables à un feu embrasant la forêt. Comment alors pourrions-nous parler d'aller ou de rester ?
(...)
Extrait de : Un bref exposé du Grand Sceau, trad. James Low.
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Le Chant du Mahamoudra Spontanément :
Hommage à la Grande Félicité !

Mahamoudra c'est savoir que
toutes les choses sont notre propre esprit.
Voir les choses comme extérieures est seulement une projection poétique.
La totalité des "apparitions" est aussi vide qu'un rêve.

L'esprit en tant que tel est simplement un flot de conscience,
sans nature propre, se déplaçant où il sera comme le vent.
Vide d'une identité, c'est comme l'espace.
Tous les phénomènes, comme l'espace, sont les mêmes.

Ce qui est appelé Mahamoudra,
n'est pas une "chose" que l'on peut montrer du doigt.
C'est la propre nature de l'esprit
qui est Mahamoudra, l'état absolu.

Ce n'est pas quelque chose à parfaire ou transformer.
Ainsi, réaliser cela, c'est réaliser
que tout le monde des apparitions est Mahamoudra.
C'est le Dharmakaya absolu, comprenant tout, l'ultime incarnation de la Bouddhéité.

Inné et juste comme c'est,
Le Dharmakaya inconcevable,
est lui-même la méditation sans effort.
Essayer d'atteindre quelque chose n'est pas la méditation.

Voir toutes choses comme l'espace, comme une illusion magique,
ni méditant ni ne méditant pas,
ni séparé ni pas séparé :
Telle est la réalisation du yogi.

Toutes les actions vertueuses et diaboliques
Deviennent libérées grâce à ce savoir.
Les projections immorales deviennent la Gnose Absolue elle-même,
devenant l'ami du yogi, c'est un feu consumant la forêt boisée.

Où se trouve alors aller et rester ?
Qui alors a besoin d'aller dans un monastère méditer ?
Si on ne comprend pas ce point,
la libération ne sera qu'un évènement temporaire.

Lorsque la véritable nature est réalisée,
on réside dans l'état inchangé.
Que l'on soit ou pas dans l'état d'Intégration ou denon Intégration,
Il n'y a rien à corriger par un antidote ou la méditation.

Quoi qu'il apparaisse est dépourvu de nature propre.
Les apparitions sont auto-libérées dans la Sphère de la Réalité (Dharmadhatu).
La création conceptuelle est auto-libérée dans la Gnose Absolue (Mahajnana).
La non dualité de ces deux est le Dharmakaya.

Comme le flux d'un grande rivière,
Quoi qu'il se passe est sensé et vrai.
C'est l'état éternel de Bouddha,
La Grande Félicité, transcendant le Cycle Mondain.

Tous les phénomènes sont vides d'identité propre,
Dans lequel même le concept de vacuité est éliminé.
Dépourvu de concepts, non attachés aux projections mentales,
se trouve la voie de tous les Illuminés.

Pour les fortunés reliés à ces enseignements,
j'ai exprimé ces mots d'instructions du cœur.
Ainsi, puissent tous les êtres
Être établis en Mahamoudra.
Source du texte : Sangha Forum
Autre texte inédit sur :
Linkofshangpa



Les dix versets sur le Réel :

1. Ce qui est à l'abri de l'être ou du non-être
Qui [reste] immaculé (S. nirmala) en toute circonstance
Qui a pour être propre (S. svabhāva) l'accès à l'éveil (S. saṃbodhi)
Devant le Réel (S. tattva) je m'incline.

2. Ceux qui souhaitent connaître le Réel
N'y arriveront ni avec ni sans les formes mentales/représentations (S. ākāra)
La voie du Milieu qui n'est pas ornée[2] des instructions du Guide
N'est que la voie du Milieu intermédiaire

3. Ce qui est présent (S. bhāva) est l'éveil (S. saṃbodhi)
Et a pour être propre l'absence d'attachement
C'est à partir de l'attachement qu'il y a méprise (S. bhrānti)
Cette méprise n'a donc pas de fondement.

4. Qu'est-ce le Réel ? L'être propre de ce qui est présent (S. bhāva)
Ce qui est présent est non-existent (S. abhāva)
Mais même sans exister il est présent (S. bhāva)
En tant que (S svabhāva) causalité.

5. Ainsi les faits (S. dharmā) ont une saveur/sève identique (S. eka-rasa)
Ils sont libres (S. asaṅga) et ne durent pas
Quoiqu'il arrive pendant la méditation (S. samādhi)
Tous [les faits] sont les reflets de la Luminosité (S. ābhās-vara).

6. Quoiqu'il arrive pendant la méditation (S. samādhi)
Celle-ci est soutenue par un fort engagement (S. prasthānacitta) [d'éveil]
En faisant l'expérience (T. rig pa) de cet état (T. gnas)
Le Réel se produira sans cesse.

7. En absence de toute connaissance et de connaissable
La destinée (S. durgati) est dite non-duelle (S. advaya)
Même l'identification (S. mananā) de l'absence de dualité
Est dite n'être autre que la Luminosité et son rayonnement (S. ābhās-vara)

8. Ayant définitivement accès au Réel de cette façon
Quoiqu'il en soit et quoi qu'il fasse
Le contemplatif (yogi) aux yeux grands ouverts
Se comportera en toutes circonstances comme un lion[3].

9. En se détournant des [huit] arguments mondains[4]
Et en suivant le style de vie (S. vrata) d'un insensé (S. unmattaka)
Tout est fait sans appui/de façon insaisissable (S. ālambana)
Les formes mentales étant ornées de leur propre grâce (S. adhiṣṭhāna)

10. Ce qui est enseigné comme le principe immaculé[5]
Et tout ce à quoi adhèrent les adeptes de la non-dualité[6]
Est libre de notions d'égalité ou d'inégalité
Et convient (T. rigs) comme un objet de connaissance pour les philosophes.
Source du texte (et notes) : Hridayartha
Autre traduction de Hridayarhta : Les vingt versets sur le Mahayana


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