E.I., naissance d'un état terroriste (Suisse, 2015)
"On estime que l'Etat islamique contrôle 24 banques en Irak et e n Syrie et ce qui est tout à fait étonnant c'est que ces banques fonctionnent toujours à l'heure ou on parle et ces banques effectuent des transactions internationales (sic). Ultime provocation, la création d'une nouvelle monnaie indexée sur l'or."
On n’avait jamais entendu parler de ce mouvement il y a encore un an. Aujourd’hui, le groupe Etat islamique règne sur un territoire grand comme 8 fois la Suisse, où vivent 10 millions d’habitants. Doté d’une fortune comparable à celle d’un Etat africain, il attire des combattants du monde entier, notamment des Suisses. Comment s’explique l’ascension fulgurante de cette «multinationale» devenue numéro 1 de la terreur ? D’où vient l’argent ? Le groupe Etat islamique peut-il encore étendre son territoire ? Enquête sur la naissance et le modèle économique de cette organisation.
Pour Temps Présent, les journalistes Jérôme Fritel et Stéphane Villeneuve ont passé un mois en Irak et en Turquie, aux frontières du territoire contrôlé par le groupe Etat islamique (EI). Leur objectif : enquêter sur le modèle économique et la naissance d’une organisation, dont la fulgurante ascension bouleverse tous les enjeux géopolitiques de la région.
Pour la première fois, des journalistes occidentaux se sont rendus à 60 km au sud de Bagdad, dans une région nommée Jurf al-Sakhr, reprise à l’organisation EI en automne dernier après de féroces combats. L’équipe y découvre des campagnes défigurées, et des populations fuyant une guerre de religion provoquant un nettoyage ethnique à grande échelle.
L’équipe a également tourné à Zoumar, au nord de l’Irak, une ville contrôlée plusieurs mois par le groupe EI, avant d’être reprise par les Peshmergas. On y voit un autre visage de la guerre : une cité dévastée, des maisons piégées....
Grâce aux témoignages de ceux qui l’on vécue, ce reportage raconte aussi la prise de Mossoul. Comment la 2ème ville d’Irak a-t-elle pu tomber aussi vite ? De quelles complicités les djihadistes ont-ils bénéficié pour effectuer ce véritable "casse du siècle" ? Le groupe EI a mis la main sur plus de 600 millions de francs de cash qui dormaient dans les banques. Il s’est emparé des puits de pétrole, des réserves de gaz naturel, de phosphate, de blé et d’orge, s’offrant une assise quasi étatique.
Au "poste frontière" de Maktab Khalid, non loin de Kirkouk, l’équipe rencontre des travailleurs qui franchissent chaque jour la ligne qui sépare le territoire des djihadistes du monde. Tous y travaillent, de gré ou de force, et ils racontent comment fonctionne de l’intérieur cet état auto-proclamé.
Les responsables actuels et passé du gouvernement irakien, ministre de l’agriculture, gouverneur de la banque centrale, gouverneur de Mossoul, expliquent comment les djihadistes de l’EI privent l’Irak d’une partie de ses recettes. Par l’intermédiaire des banques situées sur son territoire, l’organisation accède également aux réseaux bancaires internationaux, et pose un problème inédit en matière de lutte contre l’argent du terrorisme.
Cette enquête montre que derrière ses succès militaires et sa puissance de feu, l’EI s’apparente à une vaste entreprise commerciale. Fonctionnant comme un cartel du crime, il se nourrit du racket des populations et de contrebande, notamment de pétrole.
Dernière étape du reportage: Gaziantep, en Turquie, à la frontière avec la Syrie, où se sont établis recruteurs de djihadistes et contrebandiers. Achat d’armes, de faux papiers et de véhicules ont fait de cette frontière le royaume des trafics. Un trafiquant d’armes raconte le fonctionnement de "ce business de guerre" et comment la Turquie ferme les yeux.
Enfin, plusieurs experts, dont Hubert Védrine, ancien ministre français des affaires étrangères, analysent les conséquences du développement de cette nouvelle entité terroriste et expliquent comment la lutte contre cette organisation s’annonce extrêmement difficile.
À l’image d’un portrait non autorisé, cette enquête révèle, pour la première fois, le visage complet de l’ "EI": plus qu’une simple organisation djihadiste, pas encore celui d’un état. Question de temps ?
Source : RTS
Voir aussi la page : Qui finance le terrorisme ?
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Un site officiel contre le cyberdjihadisme 29.01.2015
Pour le gouvernement, agir contre le terrorisme, c'est aussi agir sur la Toile. Le ministère de l'Intérieur a présenté hier son site internet entièrement consacré à la lutte contre le djihad : stop-djihadisme.gouv.fr. Une plateforme qui se veut informative et préventive, et qui a pour but de "démystifier des démarches d'endoctrinement sectaire", selon le ministre Bernard Cazeneuve.
Dès l'ouverture du site, une vidéo qui reprend tous les codes de propagande de l'organisation Etat islamique s'affiche. Le grain des images, le montage des plans, la musique et l'atmosphère anxiogène sont similaires.
Cette vidéo, constituée d'images chocs de l'organisation Etat islamique, est un spot publicitaire voulu le gouvernement.
Une publicité qui est censée dissuader d'éventuels jeunes candidats au djihad.
Le but recherché par le Service d'information du gouvernement (SIG) et le ministère de l'Intérieur ? Répondre à un jeune public qui n'aurait pas accroché à un spot publicitaire plus traditionnel et institutionnel. Seule une diffusion sur internet est prévue, pas question de diffuser ce message à la télévision.
"Cela ne servirait à rien, il faut aller chercher les jeunes qui pourraient se faire embrigader là où ils sont : sur internet et les réseaux sociaux. Sinon, nous ne toucherons pas notre cible...", explique un collaborateur de Matignon.
Les arguments des recruteurs, très présents sur les réseaux sociaux, sont démontés un à un.
Source (et suite) du texte : FC
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