mercredi 14 janvier 2015

Première dérive sécuritaire ? Ou liberté d'expression sélective ?

Tout n'est pas pardonné... 
Je poursuis Dieudo

Dieudonné arrêté pour «apologie du terrorisme» [sic]
Le polémiste Dieudonné qui doit se produire au Théâtre de Beaulieu à Lausanne du 24 au 26 janvier, a été placé mercredi 14 janvier en garde à vue à Paris dans le cadre d'une enquête pour «apologie du terrorisme», a-t-on appris de source judiciaire, confirmant une information de iTÉLÉ.
Dans sa déclaration sur Facebook, qui a ensuite été supprimée, Dieudonné avait assuré avoir participé à la manifestation historique dimanche en hommage aux victimes du terrorisme, tout en la tournant en dérision, la qualifiant d'«instant magique comparable au big-bang», «comparable au couronnement de Vercingétorix».
«Sachez que ce soir, en ce qui me concerne, je me sens Charlie Coulibaly», avait-il ajouté, détournant le slogan de soutien à Charlie Hebdo, «Je suis Charlie», en l'associant au nom du djihadiste, Amédy Coulibaly.
Source (et suite) du texte : TdG

Est-ce bien sérieux ? Voici quelques éléments de réponse.

Pour ne pas faire comme les fondamentalistes religieux ou laïques (qui se contente de lire sans interpréter en restant sur une réaction émotionnelle) essayons de voir ce qu'à voulu dire le polémiste en associant le prénom du journal et le nom d'un des terroristes.
Sur sa page Facebook on apprend qu'il y a actuellement 80 (!) procédures judiciaires à son encontre, ce dont il se plaint. En disant (non pas Je suis mais) Je me sens Charlie Coulibaly, on peut supposer qu'il a simplement voulu exprimer sa solidarité avec Charlie Hebdo en tant qu'humoriste (et être humain) et son sentiment face à l'acharnement dont il se sent victime. (1)

Et de fait, on peut ne pas lui donner tort en se rappelant l'épisode de l'interdiction de son spectacle, il y a tout juste un an, au battage médiatique reprenant sans distance les propos de Manuels Valls dénonçant "la haine" de l'humoriste, et jusqu'au président de la République. On pouvait effectivement croire que le bouffon avait été désigné comme l'ennemi public no un. L'émotion ne l'avait-elle pas déjà emporté sur la raison ?

Que l'association entre ce prénom et ce nom ne soit pas drôle, choquant pour les familles des victimes, et relevant d'une provocation gratuite, outrancière, est une chose, en faire une "apologie du terrorisme" en est une autre, il y a un gouffre de déraison entre les deux. La distance en devient humoristique. D'autant plus que le pavé des rues de Paris est encore chaud des pas de ceux qui le condamne. Car avant lui Charlie Hebdo aussi a commis ce genre d'impair, des dessins peu drôles, et dans un même contexte, par exemple :

Mohamed Mera, Reviens !
Ils sont devenus fous

Les crimes étaient pourtant pires, ayant ôté la vie à quatre enfants. (Alors que les terroristes de Charlie Hebdo ont dit ne pas vouloir tuer des femme et des enfants). A l'époque les habitants de Toulouse avaient été choqué eux aussi (voir l'article de : France 3 région).

Ou est la cohérence dans tout cela ?

Elle serait dans le fait de distinguer entre antisémitisme et blasphème, l'un étant puni par la loi l'autre pas, et d'accuser l'humoriste du premier. La question ne porte pas sur la distinction mais sur l'antisémitisme supposé. Dieudonné est-il antisémite ?
Lui-même se revendique comme antisioniste mais non comme antisémite, comme la précédente, cette distinction est essentielle. La critique de la politique israélienne relève de l'antisionisme non de l'antisémitisme. Pour preuve (le bon sens mais aussi) le fait qu'il existe des juifs antisionistes (que ce soit contre la politique d'expansion des colonies ou contre l'existence même d’Israël) et des non juifs sionistes. (Notamment Stephane HesselNorman Finkelstein, Michèle Sibony). Mais la question demeure, si Dieudonné ne se revendique pas antisémite, son antisionisme affiché (voir parfois obsédant) cache-t-il un fond antisémite ? On avance pour cela un geste, un fruit et un trophée (les quelques phrases ne sont pas pertinentes étant sorties de leur contexte).

Le geste de la quenelle (datant de 2005) est pour ses défenseurs un geste anti-système (une sorte de bras d'honneur), et effectivement sa qualification de geste antisémite est tardive (2013), plusieurs années après son apparition, et signée Roger Cukierman, président du CRIF, ce serait alors "un salut nazi inversé signifiant la sodomisation des victimes de la Shoah ".

Problème, ce même CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) a une fâcheuse tendance à faire l'amalgame entre antisionisme et antisémitisme, comme en témoigne la colère de Jean-Luc Mélenchon qui en fût aussi la victime.



Jean-Luc Mélanchon accuse et Israël et le CRIF (Université d'été du Parti de gauche, 24.08.2014)

"Je voudrais dire au CRIF que cela commence à bien faire ! Le balayage avec le rayon paralysant qui consiste à traiter tout le monde d'antisémite dès qu'on a l'audace de critiquer l'action d'un gouvernement [celui d'Israël] ..."
Jean-Luc Mélanchon (vidéo ci-dessus, à partir de 3'50'')

Mais surtout l'accusation tombe à plat lorsque, suite à la condamnation de Nicolas Anelka pour avoir fait une "quenelle" lors d'un match, ce même Roger Cukierman revient sur ses propos :



Roger Cukierman, La quenelle n'est pas un geste antisémite en soi (Le Figaro, 2014)

"Ce geste a une connotation antisémite, qui, elle, serait répréhensible, seulement dans l'hypothèse où ce geste est fait devant une synagogue ou un lieu de mémoire concernant la Shoah. Quand il est fait sur un lieu quelconque, qui n’a pas de spécificité juive, il me semble que c’est un geste de révolte un peu anarchique contre l’establishment qui ne mérite pas de sanctions sévères".
Roger Cukierman (vidéo ci-dessus)

Bonne nouvelle pour l'humoriste. Les quenelles de Dieudonné étant faites sur scène n'ont donc pas, ou plus (sic), de connotations antisémites ! (Mais est-ce au CRIF de jouer au Petit Robert).

Reste alors le fruit et le trophée.

L'ananas provient de la chanson Shohananas ("Sho Sho Sho Ananas..." parodiant Annie Cordy "Chaud chaud chaud Cacao...") mais quel est le propos ? Là aussi les interprétations divergent, pour les uns c'est une critique de l'exploitation de la Shoah (voir Defamation de Yoav Shamir) faite par les représentants de la communauté juive, pour demander des compensations financières ou faire taire toute reproche envers la politique israélienne, pour les autres c'est une remise en cause de l'existence même du génocide, un acte négationniste condamné par la loi Gayssot.



Les limites de la liberté d'expression par Dieudonné (2014)

Le trophée est celui remis sur scène par Dieudonné à Robert Faurisson, révisionniste de la Shoah, négationniste de l'existence de camps d'extermination (mais non de concentration) et de chambres à gaz homicides. Idem plusieurs point de vue sont possibles : soutien à un négationniste ou critique de la loi Gayssot ?  De nombreuses personnes, non soupçonnables d'antisémitisme (par exemple Noam Chomsky), remettent en cause le bien fondé de cette loi ou de l'interdiction faites aux historiens, ou à qui le souhaite, de travailler sur le sujet de la Shoah. Ce qui semble de bon sens, la politique n'a pas à valider ou infirmer des faits historiques, c'est le travail des historiens. L'intention est peut-être bonne, prévenir l'antisémitisme, mais peu intelligente et au final contre-productive.

"L’histoire n’est pas un objet juridique. Dans un Etat libre, il n’appartient ni au Parlement ni à l’autorité judiciaire de définir la vérité historique. La politique de l’Etat, même animée des meilleures intentions, n’est pas la politique de l’histoire." Appel des 19 historiens "Pour la liberté de l'histoire" (dont Pierre Vidal-Naquet, 2006) demandant l’abrogation de cette loi (LDH).

Deux poids, deux mesures ?

Conclusion l'antisémitisme de Dieudonné me semble avant tout affaire d'interprétation. Après s'être immiscé dans le domaine historique le politique doit-il entrer dans les salles de spectacles pour nous dire quand et où il faut rire, pour nous apprendre à discerner si tel propos est du second degré et tel autre du premier ? Et que faire lorsque les politiciens d'un pays contredisent ceux d'un autre (le Canada et la Suisse n'avaient rien vu de condamnable dans le spectacle interdit par la France) ?

Pour terminer voici une opinion différente (de celle qu'on entend habituellement), le témoignage de Jacob Cohen (écrivain juif marocain, militant antisioniste, qui fut enseignant à la faculté de droit de Casablanca et) ami de Dieudonné :



Entretien de Jacob Cohen avec Silvia Cattori (Arrêt sur Info, 2014)

"Pour vous Dieudonné et Soral ce sont des gens fréquentables ?
- Tout à fait je les ai suffisamment côtoyé, étudié, pour savoir que les accusations que l'on porte contre eux sont fallacieuses. Ils ne sont pas du tout antisémites, certes il y a, parfois, dans leur propos, des exagérations ou des dérapages, mais qui ne sont, pour moi, que le résultat du pouvoir du système qui est ultra violent vis-à-vis d'eux..."
Jacob Cohen (vidéo ci-dessus à partir de 3').


MAJ (19 mars 2015) : Condamnation de Dieudonné à de la prison ferme 
Voir aussi les pages : Pour la liberté d'expression / La liberté d'expression a-t-elle des limites ? / La République des censeurs (Jean Bricmont) / Nous sommes tous [...] (Noam Chomsky)
Résistons à l'esprit de guerre (Dominique de Villepin) / Va-t-en guerre (Benjamin Natanyahou) / Terrorisme : que peut le droit ? (Mireille Delmas-Marty) / Le renforcement des lois antiterroristes en Europe
Egalement : Est-ce trahir le Coran que de l'interpréter ? (Souleymane Bachir Diagne) / Le Coran n'interdit pas l'image du Prophète (Silvia Naef) / Faut-il interdire les bonhommes de neige ? 

(1)
Effectivement l'hypothèse était la bonne (Mise à jour de la page) :



Charlie Hebdo : Dieudonné s'explique par la voix de son avocat Sanjay Mirabeau (15.01.2015)

Voir aussi les articles : Liberté d’expression, le grand malaise né de la tuerie de «Charlie Hebdo» : Le Temps (15.01.2015) /  Dieudonné «est traqué comme un terroriste» , Tribune de Genève (15.01.2015) / Vers une dictature anti-terroriste ?, Arrêt sur Info (16.01.2015) / Un jeune de 16 ans vient d’être déféré au palais de justice de Nantes pour … un dessin, News306x (22.01.2015)

Le journaliste Glenn Greenwald (qui a publié les révélations de Snowden) prend la défense de l'humoriste après avoir twitté  # JesuisDieudo : The Intercept (15.01.2015)
Ainsi que Kevin Barret : Veterans Today (15.10.2015) trad.

"Au moins 69 arrestations en France cette semaine sur l'accusation vague "'apologie du terrorisme ", au risque de violer la liberté d'expression". Amnesty International (16.01.2015)




Dérapage raciste chez Morandini : heureusement, Porte était là ! (Arrêt sur Images, 16.01.2015)



Eric Zemmour, A chacun son sacré (RTL, 20.01.2015)

"Dieudonné a été inculpé pour apologie du terrorisme, sa plaisanterie "Je suis Charlie Coulibaly" était d'un goût douteux à la fois bête et méchant comme un esprit Charlie mais retourné. Car chacun à son humour, chacun sa dérision (...) Mais nous avons aussi notre sacré. Depuis la loi Gayssot nous avons prohibé toute contestation de l'extermination des juifs pendant la seconde guerre mondiale, moquer la shoah est devenu blasphématoire".
Eric Zemmour (vidéo ci-dessus à partir de 0'40'')

Propos de François Hollande (en 2009) sur les risques de dérives sécuritaires : Youtube

* * *

Dieudonné répond à Bernard Cazeneuve (12.01.2015) :

Hier, nous étions tous Charlie, à marcher, à se tenir debout, pour les libertés. Pour que l’on continue à rire de tout.
Tous les représentants du gouvernement, vous compris, marchaient ensemble dans cette direction.
Au retour de cette marche, je me suis senti bien seul.
Depuis un an, l’État m’a dans le viseur et cherche à m’éliminer par tous moyens. Lynchage médiatique, interdiction de mes spectacles, contrôles fiscaux, huissiers de justice, perquisitions, mise en examen… plus de quatre-vingt procédures judiciaires se sont abattues sur moi et mes proches.
Et l’État continue de me pourrir la vie. Quatre-vingt procédures.
Depuis un an, je suis traité comme l’ennemi public numéro 1, alors que je ne cherche qu’à faire rire, et à faire rire de la mort, puisque la mort, elle, se rit bien de nous, comme Charlie le sait, hélas.
Alors que je propose la paix sous votre autorité depuis plusieurs semaines, je reste sans réponse de votre part.
Mais dès que je m’exprime, on ne cherche pas à me comprendre, on ne veut pas m’écouter. On cherche un prétexte pour m’interdire. On me considère comme un Amedy Coulibaly alors que je ne suis pas différent de Charlie.
À croire que mes propos ne vous intéressent que lorsque vous pouvez les détourner pour mieux vous indigner.

Monsieur le ministre, je vous le rappelle, puisque vous semblez maintenant m’écouter.
Je propose la paix.

Dieudonné M’bala M’bala
Source (et image de la lettre) : Quenelle+

 

8 commentaires:

  1. D'accord à 200% avec vous. Dommage que je ne voie ce billet que trop tard.

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  2. Selon moi, lorsqu'on s'associe à Alain Soral, qui est clairement antisémite, pour fonder un parti politique où la limite entre antisionisme et antisémitisme est plus que floue, il ne s'agit plus là de dérapage, mais d'incitation à la haine "raciale". Et puis oser chanter sho- sho- shoananas et puis se poser en victime persécutée par le système, faut le faire quand-même. Je dis cela non par colère, mais par soucis des dégâts qu'ils peuvent causer...

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  3. Exemple d'antisémitisme soralien : https://youtu.be/ocHSdWXcOek

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  4. Comme Noam Chomsky je pense que la liberté d'expression ne doit pas se limiter à ce que l'on considère comme convenable. Je ne crois pas à la censure ni à son efficacité (surtout à l'heure d'internet).
    La meilleure manière de lutter contre une opinion fausse n'est-elle pas d'en démontrer la fausseté ?

    "L'incitation à la haine" est un concept à manier avec prudence pour ne pas risquer la Police de la pensée. Car on quitte le domaine des faits pour celui de l'intention, susceptible des interprétations les plus diverses. Tant que le discours n'est pas un appel à un passage à l'acte il ne tombe pas sous le coup de la loi.

    J'avais eu connaissance de cet extrait vidéo via la polémique Etienne Chouard (on lui reprochait d'avoir mis un lien vers le site de Soral). Tout en condamnant fermement ces propos il s'était refusé de faire l'amalgame avec l'ensemble des analyses de Soral (dont certaines lui paraissent juste) et avec sa personne - pour ne pas l'enfermer dans son antisémitisme.

    « ...les chiffons rouges (Soral, Le Pen, etc.) qu’on agite frénétiquement devant nous dans toutes nos discussions servent de LEURRES, qui nous distraient de l’essentiel et qui nous empêchent — littéralement — de penser et de progresser ».
    http://chouard.org/blog/2014/11/29/pour-que-les-choses-soient-claires-suite/

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  5. Selon moi, la meilleure façon de voir la fausseté d'une idée (et ultimement toute idée est fausse, y compris ce que j'écris ici!!) n'est ni de la condamner ni de l'accepter ni de l'ignorer. Au-delà de l'aversion, de l'attachement et de l'ignorance d'un esprit agité ou amorphe, seule une "vision pénétrante" d'un esprit silencieux, paisible et alerte peut voir la fausseté de toutes idées. Mais, relativement parlant, certaines idées sont plus dangereuses que d'autres, alors là effectivement, il me semble urgent de débattre de manière équitable et "civilisée" afin de démontrer point par point le caractère fallacieux d'un raisonnement ou d'une idéologie. Il serait donc peut-être judicieux d'organiser un débat serein avec Dieudo et Soral face à qui l'on opposerait quelqu'un de sage et d'éclairé qui ne chercherait pas à faire sa propre promotion et la propagande des ses propres idées, mais qui pourrait démonter leurs thèses dangereuses (et même fascistes, d'après moi).
    Bonne continuation à vous et à votre site extrêmement intéressant.

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  6. Nous sommes d'accord. Le problème est que ce débat est refusé par les médias mainstream. Pourquoi ?

    Peut-être faut-il distinguer deux choses : (i) ce qui est dénoncé et (ii) l'explication donnée. Certains sujets sont quasi absent des médias, le caractère illégitime de la dette publique, la création monétaire par les banques privées, etc. et pourraient s'expliquer par le fait d'une collusion relative entre pouvoir financier, politique et médiatique. Et c'est pourquoi d'autres personnes, ayant un discours plus cohérent et approfondi sur le sujet, ne sont pas non plus invité ou rarement. Voir par exemple :
    http://consciencesansobjet.blogspot.ch/2015/05/extractivisme-et-dette.html

    L'autre aspect est celui des causes. Les situations les plus aberrantes présupposent parfois des complots, mais certains internautes franchissent un pas supplémentaire en parlant d'un complot mondial (une sorte de méta-complot). Sauf erreur c'est aussi le cas de Dieudo et de Soral qui parlent d'un complot "américano-sioniste". La fantaisie de cette hypothèse (car ni Israël ni l'Amérique ne sont des blocs monolithiques et leurs intérêts divergent parfois) est peut-être l'autre mauvaise explication de leur bannissement des médias.

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  7. Nous sommes d'accord. Mais il me semblait utile de préciser que ces deux personnages sont clairement antisémites lorsqu'ils font l'amalgame entre judaïsme, Juifs et sionisme, même si par ailleurs certains éléments de leur discours peuvent contenir quelques demi vérités. Bien à vous

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  8. Non seulement ils font un amalgame avec le sionisme, mais aussi avec la crise économique, les guerres, les tensions communautaires, etc. Bref! Ils pensent avoir trouvé le principal responsable qui serait coupable de la plupart des problèmes du monde. Mais rien de plus normal, c'est ce que fait le mental ego centré : projeter ses propres défauts sur les autres en désignant et stigmatisant des boucs émissaires.

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