Le cueilleur d'arbres (RTS, Passe-moi les jumelles, 2010)
Lorenzo Pellegrini, cueilleur d’arbres
Cela fait plus de 70 ans que la forêt est son domaine, c’est toute sa vie. Dès sa plus tendre enfance, il a vécu de et par la forêt, en utilisant ses richesses : fabrication de sabots, d’outils, de bois de chauffage. Plus tard, dans les Abruses, il fait la saison : 8 mois loin de tout, loin de tous, à 5 heures de marche du premier village. En arrivant, on construit un abri, puis on exploite la forêt, tout à la main, tout à la sueur d’homme. Pas de tronçonneuse, pas de cheval, trop cher !
C’est il y a 50 ans qu’il est venu s’établir à la Vallée de Joux. Et Lorenzo travaille, travaille, travaille, seul, presque toujours. Il refait les chemins du Risoud, il jardine le sous-bois, il abat des arbres et les débite. Lorsque les plantes sont trop serrées, il grimpe sur celle qu’il veut abattre. Puis il l’ébranche afin qu’en tombant, elle ne blesse pas ses jeunes voisines avec ses branches. Lorenzo a 80 ans, et il grimpe encore aux arbres comme un écureuil.
Il reste un des seuls aujourd’hui à construire aussi des meules à charbons. Son existence dans le Risoud le nourrit. Non seulement il y gagne de quoi vivre, mais il s’imprègne de choses capitales pour lui, insignifiantes ou méconnues de la plupart d’entre nous. Lorsqu’il regarde un arbre, bien sûr il le voit, comme vous et moi ; mais il l’écoute aussi, car l’arbre lui parle, lui communique des informations si subtiles que Lorenzo est un des rares humains à pouvoir les entendre. Le moindre détail compte : l’écorce, l’allure, les branches, le sol … Lorenzo regarde, et il comprend ! Il est en communion avec la nature et il sait. Il connaît le potentiel de chaque arbre, il est capable de trouver l’arbre parfait.
Source : JMC Lutherie
Le «cueilleur d’arbres» de La Vallée s'en est allé
le 24 juillet 2014
Figure emblématique du Brassus, Lorenzo Pellegrini est décédé dimanche à l’âge de 84 ans. L’homme voûté au regard de magicien savait dénicher les fameux «bois de résonance».
La vallée de Joux perd une figure et un bûcheron hors pair, tandis que les bois du Risoud sont orphelins. Lorenzo Pellegrini, rendu célèbre par plusieurs documentaires et reportages, était un «cueilleur d’arbres» au don et au regard uniques. Le retraité savait comment parler aux arbres, il les enlaçait et leur parlait presque avec les yeux. Ses journées étaient consacrées à dénicher les «bois de résonance», ces épicéas rouges aux propriétés si recherchées par les luthiers et fabricants de guitares. Les arbres devaient être droits, répondre au toucher: il n’y en aurait qu’un sur dix mille. L’homme du Brassus s’en est finalement allé dans sa 85e année, sans doute pour vérifier si les épicéas du paradis étaient bien entretenus.
Il devait sa silhouette voûtée et ses incroyables mains à toute une vie passée dans les bois. Lorenzo Pellegrini est né dans une famille pauvre de Lombardie, au milieu de onze frères et sœurs. Il est placé dans une famille à l’âge de sept ans, et envoyé faire la saison dans les bois des Abruzzes. Le travail se fait à la hache, les mulets sont rares et le premier village à cinq heures de marche. Mais ses racines, il les prendra en arrivant à La Vallée dans les années 50, découvrant les épicéas quatre fois centenaires du Risoux qu’il entend jardiner et transmettre aux générations futures. «Il parlait peu, mais il a transmis beaucoup à ceux qui ont eu la chance de l’accompagner dans les bois, raconte le luthier Jeanmichel Capt. Il nous laisse ses coins à épicéas, mais nous a surtout appris à ne pas regarder seulement la réalité, aussi les informations non objectives de cette forêt.»
Source : Le Matin
Inventer demain, le Haut-parleur en bois d'harmonie (Soundboard) (RTS,
Site officiel : JMC Lutherie
Soundboard
Voir aussi la page : violon et champignons / Pourquoi le violon dispose d’une paire d’ouïes en forme de f ?
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