Emmanuel Todd, Les Etats-Unis, un empire en décomposition (2002)
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Interview de Michel Floquet, grand reporter, correspondant de TF1 et LCI à Washington de 2011 à 2016, (Le Figaro, On ne parle que de ça, 2016)
A propos de son dernier livre : Triste Amérique : Le vrai visage des Etats-Unis, Ed. Les Arènes, 2016
Il y a deux Amérique. Celle du mythe, de la liberté, de la musique, de la chance offerte à chacun. De la Silicon Valley, de Manhattan, de Google, de Facebook, de Wall Street et d’Hollywood. Et l’autre Amérique... Un pays qui consacre la moitié de son budget à l’armée, en perdant toutes ses guerres. Où un enfant sur quatre mange à la soupe populaire. Où l’on compte, proportionnellement, plus de prisonniers qu’en Chine ou en Corée du Nord. Où des vieillards paralytiques purgent des peines de 150 ans. Où, chaque jour, plus de 30 personnes sont abattues par arme à feu. Où les études coûtent 40 000 dollars par an, induisant une reproduction sociale sans égale. Où l’impôt taxe les plus riches de 15 % et les plus modestes de 25 ou 30 %. Une démocratie dominée par deux partis qui dépenseront 7 milliards de dollars lors de l’élection de 2016 pour continuer à se partager le pouvoir. C’est cette triste Amérique que dépeint Michel Floquet. Un pays qu’il a parcouru pendant cinq ans, saisi par son éloignement de l’Europe, son continent d’origine. Et l’on réalise qu’au XXIe siècle, les Etats-Unis ont dévoré l’Amérique tant admirée.
Quatrième de couverture
Commande sur Amazon : TRISTE AMERIQUE
Portrait d'une bien «triste Amérique»: interview du journaliste Michel Floquet
Par Laurent Ribadeau Dumas, le 21/06/2016 - Géopolis
Drapeaux américains en berne à Washington
le 13 juin 2016 après la tuerie d'Orlando.
L’Amérique n’est pas forcément celle de l’American Dream, celle de tous les possibles… Elle ne s’est jamais autant intéressée aux armes et à la religion. Et ne s’est jamais autant désintéressée du sort des démunis. Dans son livre, «Triste Amérique», Michel Floquet, correspondant de TF1 aux Etats-Unis de 2011 à 2016, en dresse un portrait documenté, passionnant, mais assez terrifiant. Interview.
Pourquoi ce titre «Triste Amérique» ? S’agit-il d’un pays que nous, Français, ne voudrions pas voir?
Il y a un peu de provocation dans ce titre ! Pour autant, c’est vrai qu’aujourd’hui, l’American Dream n’existe plus. C’est une imposture, un mensonge. Si l’on y croit, on pense que quelles que soient ses origines, si l’on travaille, l’on vivra mieux que ses parents. Mais c’est l’inverse qui se passe. Dans le même temps, les Etats-Unis ont le taux de reproduction sociale le plus élevé des pays développés.
Comment l’expliquez-vous ?
Notamment par le système d’études. Celui-ci est extrêmement coûteux. A tel point que si l’on n’a pas des parents fortunés ou si l’on n’est pas un élève d’exception à qui l’on accorde facilement une bourse, on a toutes les peines du monde à accéder à l’Université. Et on risque d’en sortir très endetté. Regardez Obama : il a fini de payer ses études quand il est arrivé à la Maison Blanche ! La situation est telle qu’au 1er janvier 2015, l’encours de la dette étudiante s’élevait à plus de 1160 milliards de dollars. Plus que celui des subprimes.
Ce problème est une catastrophe pour le pays. Dans ce contexte, les jeunes se dirigent vers les secteurs les plus rémunérateurs comme médecins ou avocats. Et ils désertent les professions d’ingénieurs. Résultat : les firmes américaines doivent délocaliser ces fonctions, notamment en Inde. Et importer massivement des ingénieurs : pour la seule Californie, il en vient ainsi 80.000 par an, dont de nombreux Français.
Principale cause de cette situation : l’augmentation des frais de scolarité qui ont bondi de 440% en 25 ans. Les bonnes universités ont réalisé de nombreux investissements pour attirer les étudiants les plus riches, et dont les parents peuvent devenir des donateurs. Elles doivent recruter à prix d’or leurs présidents et les enseignants. Existe ainsi désormais un marché du prof comme il existe celui du football américain ! A côté subsistent des universités d’Etat sinistrées, à l’enseignement souvent médiocre. Les premières coûtent en moyenne 40.000 dollars de frais d’inscription annuels, les secondes 15.000. A cela, il faut ajouter environ 10.000 euros pour financer son logement, sa nourriture, ses fournitures…
Des hommes en armes près du lieu d'un meeting de campagne de Donal Trum à Dallas (Texas) le 16 juin 2016.
Vous expliquez aussi que «ce qui frappe avant tout» aux Etats-Unis, «c’est le degré de violence»…
Quand je suis arrivé là-bas en 2011, le niveau de violence est ce qui m’a le plus sidéré. La violence est partout et à tous les niveaux. Elle est sociale, entre riches et pauvres. Elle sévit entre les communautés raciales. On la trouve dans la police. Mais aussi dans les rapports humains au quotidien.
Justement, vous expliquez que dans les relations humaines, «le maître mot semble l’indifférence». Comment l’expliquez-vous?
Aux Etats-Unis, c’est malheur aux faibles, aux pauvres. Du jour au lendemain, on peut perdre son travail et sa maison, et se retrouver à vivre dans sa voiture. Les gens sont indifférents au sort des autres : le matérialisme et l’individualisme sont une réalité palpable.
Les Américains croient à la force et au succès. Si l’on est pauvre et faible, c’est qu’on l’a bien voulu, qu’on ne travaille pas. Les dispositifs d’indemnisation et d’assurance chômage, tels qu’on les connaît en Europe, leur paraissent délirants. Ils s’arrangent avec leur conscience grâce à la charité. Conséquence : le système caritatif est très développé. Au moment de payer dans un supermarché, la caissière pourra vous proposer un jour de donner à une fondation de santé, le lendemain à une institution sociale…
On est donc très loin du mythe américain. Vous décrivez un pays qui s’est bâti, dites-vous, «sur trois piliers : «l’exploitation minière du continent, le génocide des autochtones (les Amérindiens, NDLR) et l’esclavage»…
En 1830, quand a commencé la conquête vers l’Ouest, le continent était vierge et très riche. On comptait environ 10 millions d’Indiens et 20 millions de bisons, qui représentaient le cœur de la civilisation des grandes plaines. Les colons se sont arrogé tous les droits. Résultat : en 1890, au moment de la bataille de Wounded Knee, il ne restait plus qu’un million d’Indiens et quelques centaines de bisons. En 60 ans, les immigrants ont saccagé tout le continent avec une violence et une cupidité invraisemblables.
Le candidat républicain Donald Trump à Las Vegas le 18 juin 2016.
A certains moments, vous semblez décrire un pays devenu fou…
Non, ce n’est pas mon propos. Les Etats-Unis ne sont pas devenus fous.
J’évoque un pays qui s’est bâti sur la violence et qui a du mal à évoluer. Où le système judiciaire repose sur l’argent : vous pouvez être acquitté comme le footballeur O.J. Simpson parce que vous êtes riche alors que tout le monde sait que vous êtes coupable. Un pays, aussi, où l’on constate une perte du sens humain le plus élémentaire. Dans le livre, je raconte l’histoire de ce maître-nageur qui a été licencié parce qu’il avait sauvé la vie d’un homme en dehors de son périmètre de surveillance. Dans la logique américaine, c’est normal ! Ce n’est pas un scandale absolu comme cela aurait été le cas ailleurs.
Ne reconnaissez-vous quand même pas quelques points positifs aux Etats-Unis ?
Ce pays a mille qualités ! Et j’y ai rencontré des gens formidables. Ainsi, j’ai toujours été frappé de voir à quel point les gens comptent d’abord sur eux-mêmes. Ils n’attendent pas qu’on les assiste. En cas de catastrophe, un ouragan par exemple, la première chose qu’ils disent, c’est : «On va reconstruire». Ils ne commencent pas par chercher un responsable et expliquer qu’ils vont porter plainte.
Dans le même temps, les Etats-Unis sont un pays où la vitalité, la créativité, l’énergie sont extraordinaires. Les Américains n’hésitent pas à prendre des risques : si vous avez une idée jugée originale, on croit en vous et on vous aidera à la réaliser.
Pour autant, j’ai fait ce livre pour raconter ce que j’avais découvert : un pays en panne, qui est au bout de son modèle.
Trump en est-il le révélateur ?
Il symbolise une Amérique de classes moyennes blanches et un peu paumées, qui ont beaucoup souffert de la crise de 2007 et qui en sont sorties plus pauvres qu’avant. Une Amérique que le terrorisme inquiète et qui s’angoisse pour l’avenir. Trump, lui, étale sa richesse devant son public. En expliquant : «Si vous croyez en moi, on va tous redevenir riches, forts et puissants !» Trump, c’est le rêve américain ressuscité. Du moins veut-il le faire croire.
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Les 10 pays à déstabiliser par les Etats-Unis dans les quatre prochaines années
Le 25 octobre 2016 - Réseau international
Les 10 pays à déstabiliser par les Etats-Unis dans les quatre prochaines années
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Curieuses machines que les Think Tanks washingtoniens. Ils sont à la fois inspirateurs et baromètres des évènements à venir. Pour ces boites à idées, au sein desquelles sont élaborées les grandes lignes de la politique extérieure américaine, la Libye, la Syrie, le Yémen, la mer de Chine du Sud, et l’Ukraine sont déjà du passé. En dehors de quelques ajustements à apporter ici ou là, ils sont passés à autre chose. Ils élaborent déjà des plans pour la politique que devra mener le futur président américain.
Dans une note d’analyse intitulée « Ten countries whose stability can’t be taken for granted », l’un de ces Think tanks, l’American Entreprise Institute (AEI), a défini les dix prochains pays qui représenteront des défis majeurs pour la Maison Blanche dans les quatre prochaines années. Le Think tank considère ces pays comme instables, on sait donc ce que cela implique aux yeux de Washington. En clair, ce sont les pays dans lesquels se dérouleront les futurs chaos. En réalité, ces pays ne sont pas plus instables qu’un autre. Ils n’ont pas eu plus de manifestations de mécontentement populaire que la France, l’Allemagne ou les Etats-Unis. Même plutôt moins que plus pour certains d’entre eux. De même, si l’on excepte la Turquie, les arrestations, lors des manifestations, sont du même ordre, et même plutôt moindres si l’on tient compte du fait que les violences de la part des manifestants dans ces pays, sont souvent téléguidées pour occasionner un conflit ouvert avec les autorités. Il existe cependant une grosse différence entre les manifestants violents. S’ils sont condamnés à Paris, Berlin ou Phoenix, ce sont des voyous, mais deviennent des prisonniers politiques s’ils sont condamnés dans l’un quelconque des pays à déstabiliser.
Voici les dix pays qui préoccupent l’AEI :
1. Les Maldives. Quand on parle des Maldives, les seules images qui nous viennent sont des images de vacances, d’iles paradisiaques. Seulement, les Maldives ont deux particularités. D’une part l’archipel est situé entre la pointe sud de l’Inde et la base américaine Diego Garcia, et d’autre part c’est une république islamique, donc un endroit idéal pour y implanter un embryon d’Etat Islamique. Pour l’instant ces supposés terroristes ne font rien, mais le Think tank prévoit qu’ils feront des enlèvements de touristes. Puisqu’il le dit, nous pouvons être sûrs que ces enlèvements auront lieu.
2. Mauritanie. Une autre République Islamique, comme par hasard. Arrivé au pouvoir grâce à un coup d’état, le président actuel a dû, pour se construire une certaine légitimité, se prêter à des élections validant son coup d’état en préservant les formes. En échange sans doute de cette reconnaissance, il s’est engagé à mener la lutte contre le terrorisme, un terrorisme qui n’existait pas alors en Mauritanie. Le premier acte « terroriste » surviendra peu après. En effet, quand on s’engage à lutter contre le terrorisme, ce ne sont pas seulement les moyens de lutte qui sont fournis, mais les terroristes aussi. Maintenant l’Etat Islamique est bien installé, à cheval entre la Mauritanie, le Mali et l’Algérie. Le Think Tank américain nous dit déjà d’où viendra le chaos. C’est l’esclavage qui sera l’étincelle. Bien que légalement l’esclavage ait été aboli dans ce pays, l’état semble impuissant à faire appliquer les lois, en partie à cause des mentalités, mais également par manque de moyens économiques pour accompagner ces lois. Si l’ONU l’avait vraiment voulu, il y a longtemps que l’esclavage aurait disparu en Mauritanie. Les trois pays limitrophes au nord, le Maroc, l’Algérie et le Mali, habités par les mêmes tribus esclavagistes, n’ont jamais eu à subir ces accusations. Considéré comme refuge du terrorisme (artificiellement implanté), pays pratiquant l’esclavage (c’est un problème aigu socio-économique et sociétal, et non du point de vue du droit), et enfin, rajoute l’AEI, pays de contrebandiers (ils ne disent pas la nature de la contrebande). Selon le Think Tank, la Mauritanie est devenue Afghanistan pré-11.09. Ça risque de chauffer
3. Algérie. C’est l’un des plus gros morceaux. L’un des plus convoités aussi. L’AEI le dit lui-même : l’un des plus riches. Que reproche-t-on à l’Algérie ? Comme pour les deux premiers, le terrorisme. La présence de l’AQMI dans le sud du pays est le prétexte de base. En plus de ce prétexte bateau classique, ils surveillent de près la mort d’Abdelaziz Bouteflika et apparemment, n’ont pas l’intention de laisser la succession se faire sans eux. Selon eux, « l’homme fort de longue date de l’Algérie, partira probablement avant la fin de ces quatre prochaines années ». Ils prédisent dont que le successeur aura à affronter les islamistes radicaux qui pourraient chercher à se venger d’avoir été écartés du pouvoir si longtemps. Là encore, s’ils prédisent qu’il y aura affrontement, il y en aura. Nous avons vu qu’après la guerre de la Libye il y a eu un redéploiement d’Al Qaïda au Nord du Mali et de la Mauritanie et dans le sud algérien. Pour l’instant, les terroristes ne s’aventurent pas trop à l’intérieur du pays, attendant sans doute le coup de sifflet du début des hostilités. Ils ne manqueront pas d’armes puisqu’ils ont puisé tout ce qu’il leur fallait dans l’arsenal libyen. L’AEI annonce déjà une catastrophe pour l’Europe (sous-entendu, il faudra que les Etats-Unis interviennent pour sauver l’Europe une nouvelle fois).
4. Ethiopie. Cette fois, il ne s’agit pas d’Etat Islamique ni d’Al Qaida. L’AEI nous présente l’Ethiopie comme le pays le plus fragile du monde gouverné par un pouvoir autocratique et répressif. Le 9 Octobre, nous publiions un article que nous avions intitulé Alerte ! Nouvelle déstabilisation en cours en Ethiopie. Le Think Tank américain vient confirmer ce que nous disions. Ce pays fait bien partie des pays à déstabiliser. Comme toujours, quand ils ne peuvent invoquer les raisons terroristes, les divisions ethniques et religieuses viennent à la rescousse. Il n’y a pas une seule région au monde en dehors de l’Europe où les ethnies ou les religions n’ont pas été utilisées pour pousser les populations les unes contre les autres. En Ethiopie, pays multiethnique dans lequel l’Islam a toujours côtoyé le Christianisme, ils n’ont pas fait exception. Ils ont déjà calculé que le pays comporte 30% de musulmans dont la croissance démographique est plus rapide que celle des chrétiens, et que cela provoquera, à terme, des conflits inter-religieux. Les troubles ont déjà commencé, et le fond du problème, on le connait : la Chine est là, et bien implantée.
5. Nigeria. Pour ce pays, le plus peuplé d’Afrique, il n’y a rien de nouveau. Ce ne sera que la continuation d’un processus de déstabilisation qui a commencé depuis longtemps. Et là, tous les outils habituels sont activés ; c’est la totale. Terroristes (Boko Haram), pirates transférés de Somalie vers le Golfe de Guinée, problèmes inter-ethniques (il y a 250 ethnies), rebelles armés contre le pouvoir central, et bien sûr, frictions inter-religieuses. En 2014 nous avons assisté au lancement mondial de Boko Haram, avec l’aide de Michelle Obama, avec l’enlèvement spectaculaire de centaines d’écolières. En Aout 2015 nous avions publié un article avec une photo montrant les filles enlevées brandissant une bannière du groupe avec la profession de foi écrite en arabe, mais avec une calligraphie hébraïque, ce qui nous donne des indices sur les origines de ces groupes terroristes. Pour compléter le tableau, l’AEI mentionne dans son étude l’un des problèmes majeurs du Nigeria, la corruption. Selon le Think Tank, le pays aurait perdu 400 milliards $ dus aux malversations et à la corruption depuis 1960, plus que l’aide internationale totale à l’Afrique au cours de la même période. Ce que ne dit pas l’entreprise américaine, c’est que pour 1 dollar qui descend vers le Sud, il y en a au moins 10 qui vont dans les poches des partenaires du nord. Mais, pour les Etats-Unis, un tel pays chargé de tant de tares ne peut qu’appeler à un sauvetage rapide de sa démocratie si fragile, sinon c’est l’Afrique toute entière qui se consumerait.
6. Turquie. La Turquie aussi a un pédigrée chargé. Le problème, c’est qu’avec ce pays membre de l’OTAN, la chose est délicate. Comment se débarrasser du président Recep Tayyip Erdoğan sans démembrer le pays ? L’AEI revient sur le coup d’état avorté de Juillet suivi de sa purge massive et de l’état d’urgence encore en cours. Beaucoup de choses ont déjà été tentées contre Erdogan, mais le fait que l’on veuille éviter le chaos en Turquie semble lui avoir porté chance. Le président turc n’est cependant pas à l’abri d’autres tentatives d’élimination. L’AEI laisse entendre qu’il pourrait y avoir plus de violence à l’horizon. Quoi qu’il en soit l’AEI prévoit un chaos après le départ mort ou vif d’Erdogan, un chaos qu’il convient de prévenir à tout prix.
7. Russie. Pour la Russie, le problème de l’AEI est à la fois simple et compliqué. Il est simple parce qu’il peut se résumer en un nom : Poutine. Une fois Poutine disparu, tout est réglé. Ils pourraient alors reprendre là où ils s’étaient arrêtés avant son arrivée. Mais voilà, Poutine est bien là et ne semble pas disposé à leur faire le plaisir de disparaître. Il reste alors les solutions complexes et elles s’appuient sur les mêmes recettes classiques : terrorisme et religion. Ils comptent sur l’augmentation plus rapide de la population musulmane russe par rapport à la population chrétienne pour attiser les conflits inter-religieux. La Tchétchénie et le Daghestan restent pour eux deux terreaux pour le radicalisme à cultiver et à entretenir. Accessoirement, ils comptent également jouer avec les problèmes ethniques avec la carte des Tatars0. L’AEI pose alors une question : étant donné que les musulmans représentent une proportion croissante de la population des jeunes conscrits, la Russie pourra-t-elle compter sur sa propre armée dans un conflit sectaire ?
8. Arabie Saoudite. L’Arabie Saoudite pourrait devenir un problème très grave pour les Etats-Unis, principalement par leur propre faute. D’une part les Etats-Unis ont renforcé l’Iran face à l’Arabie Saoudite en levant l’embargo, avec, en parallèle, une baisse du prix du pétrole poussant l’économie saoudienne au bord du précipice. D’autre part, la guerre au Yémen se révèle être un bourbier pour le royaume et, pour couronner le tout, le roi saoudien est peut-être atteint de la maladie d’Alzheimer, selon l’AEI. La question pour les Etats-Unis est de savoir si l’Arabie Saoudite sera en mesure de tenir son rôle dans la stabilisation du Moyen-Orient et de l’économie mondiale, en vertu des accords qui les lient. Sinon, des solutions s’imposent.
9. Jordanie. La Jordanie est plus qu’un allié des Etats-Unis, c’est un Israël bis, du moins en ce qui concerne son gouvernement et sa monarchie. Le problème c’est que les Jordaniens sont des arabes qui voient bien ce qui se passe autour d’eux. Selon l’AEI, malgré les dénis du gouvernement jordanien, la Jordanie est en crise aujourd’hui. Les vagues successives de réfugiés ont soumis une énorme pression à l’économie jordanienne. Le roi Abdallah et la reine Rania ne sont pas populaires dans leur pays, même s’ils sont adulés à l’extérieur. Encore une fois, pour reprendre les choses en main, le terrorisme vient au secours des Américains. La grande crainte, c’est qu’après avoir été battus en Irak et en Syrie, les combattants de Daesh affluent vers la Jordanie. Cela nous donne des indications sur la future destination de certains des Daechiens après leur future débâcle.
10. Chine. Le gros morceau pour la fin. L’AEI esquisse quelques vagues traits pour se donner quelques motifs d’espérance, mais la seule solution qu’ils préconisent c’est… d’attendre. Attendre que la Chine s’effondre d’elle-même, comme l’Union Soviétique. Pour cela, ils comptent sur l’inégalité des revenus entre les villes et la campagne qui, pensent-ils, fera bouger la population, et les conséquences futures de la politique de l’enfant unique. Avec ce type de solutions pour l’abattre, la Chine a le temps de voir venir.
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Quel président pour l’Amérique ? Clinton contre Trump (USA, 2016)
Hillary Clinton face à Donald Trump : la présidentielle américaine voit s'affronter deux personnalités que tout oppose. D’un côté, une femme politique affirmée, sénatrice démocrate d’expérience et diplomate aguerrie. De l’autre, un milliardaire sanguin, sans expérience en politique, dont la carrière de businessman controversé a longtemps défrayé la chronique. Portraits croisés.
Après une course à l’investiture qui a tenu le monde entier en haleine, le duel final pour la présidence des États-Unis s’annonce explosif, avec deux candidats aux personnalités profondément antinomiques. D’un côté, une femme politique affirmée, sénatrice démocrate d’expérience et diplomate aguerrie (elle fut secrétaire d'État dans le gouvernement de Barack Obama, de 2008 à 2013). De l’autre, un milliardaire sanguin, sans expérience en politique, dont la carrière de businessman controversé a longtemps défrayé la chronique. À la surprise générale, Donald Trump, célèbre pour son émission de téléréalité (The apprentice), a remporté la primaire républicaine. Sa méconnaissance des dossiers, ses incohérences et ses volte-face en avaient fait la risée des commentateurs… avant qu'il ne prenne tout le monde de court et ne distance ses onze concurrents. Du côté des démocrates, Hillary Clinton n’en est pas à son coup d’essai : en 2008, elle avait perdu la primaire face à Barack Obama. Malgré sa revanche huit ans après, de trop nombreux scandales assombrissent son parcours, notamment la très sensible "affaire des e-mails", ainsi que les attaques répétées du camp républicain sur sa supposée négligence dans l'attaque de l'ambassade de Benghazi en Lybie, qui avait causé la mort de quatre Américains en 2012, dont l'ambassadeur J. Christopher Stevens.
Désamour et passion
Revenant sur les biographies respectives des deux candidats et retraçant leur campagne marathon, ce documentaire se veut bien plus qu’un double portrait. On y découvre des images d’archives inédites ainsi que de nombreuses interviews qui éclairent les enjeux d'un duel hors norme qui, malgré le désamour du peuple américain pour chacun des candidats, suscite un intérêt monumental.
Source : Arte
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Hillary Clinton «dévorée vivante par ses ambitions» : Julian Assange s’exprime en exclusivité sur RT
Le 3 nov. 2016 - RTFrance
Julian Assange s’exprime en exclusivité sur RT
Le fondateur de l’organisation lanceuse d’alerte WikiLeaks a accordé un entretien exclusif au journaliste australien John Pilger, revenant sur les fuites d’emails d’Hillary Clinton qui s’invitent dans la campagne de la présidentielle américaine.
Au cours de l'interview, Julian Assange aborde sans détour les attaques de la candidate américaine contre la Russie, qu’elle accuse d’être derrière les fuites répétées de courriels publiés par WikiLeaks.
Entretien exclusif de Julian Assange avec le journaliste australien John Pilger
«Le camp d’Hillary Clinton a pu projeter une sorte d’hystérie néo-maccarthiste en disant que la Russie était responsable de tout. Hillary Clinton a plusieurs fois déclaré de façon erronée que 17 agences de renseignement américaines avaient confirmé que la Russie était la source de nos publications. C’est faux», répond le fondateur de l’organisation.
La Russie est-elle derrière la fuite des emails de Clinton ? Non, assure Julian Assange
La personnalité de la candidate démocrate américaine est également au menu de la discussion. Et Julian Assange ne se montre pas tendre. «J’éprouve de la pitié envers la personne d’Hillary Clinton parce que je la vois comme quelqu’un qui est dévorée vivante par ses ambitions. Littéralement tourmentée au point d’en devenir malade, de s’évanouir à force d’assouvir ses ambitions», dit-il.
Retrouvez l’intégralité de l’interview de Julian Assange le 6 novembre en exclusivité sur RT.
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