mercredi 3 mai 2017

L'Etre contre l'Avoir

MAJ de la page : Francis Cousin



Francis Cousin : Critique radicale et définitive du faux omniprésent (TVLibertés, avril 2017)

Macron c'est l'étape terminale qui va aller au bout du grand chaos c'est à-dire que si Macron est élu - Hollande a été usé en trois mois, Macron sera usé en trois semaines - nous allons avoir une gigantesque tempête sociale, crise industrielle, crise commerciale, crise financière et crise de l'euro. Le fait Macron, par delà la gesticulation politicienne de l'immédiateté, c'est effectivement le signe marqueur que nous sommes entré dans une phase absolument décisive de cette crise terminale du capital.
- Est-ce qu'il faut voter samedi prochain ? 
- Personnellement je suis contre toutes les droites et contre toutes les gauches du capital, puisque tout courant politique est une aliénation, (...) j’appelle à l'insurrection de l'Etre, je suis donc contre tous les partis et contre tous les syndicats. 


" N'ayant ni divinité extérieur, ni maîtrise supérieure, ni parti, ni syndicat, ni aucune nationalité de raison marchande, l'auto-organisation révolutionnaire du prolétariat ne pourra être que son auto-abolition, universelle destruction de l'échange, du salariat et de l'Etat pour le ré-enracinement cosmique et charnel de l'espèce tout entière contre toutes les théologies de la monnaie, du travail et du cheffisme. L'humanité ne ré-existera que lorsque son combat pour la vie authentique intégrale en aura, une fois pour toutes, terminé avec tous les commandements du dressage politique et de l'enchainement économique qui sont la négation de l'épanouir en l'essence de toutes les demeure de l'Etre. "
Extrait de : Francis Cousin, L'être contre l'avoir : Pour une critique radicale et définitive du faux omniprésent... , Ed., Le retour aux sources, 2012
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Élection présidentielle 2017 : le naufrage continue (& non, Mélenchon ne diffère pas vraiment des autres)
Le 26 avril 2017 - Le Partage



« Je ne crains pas le suffrage universel : les gens voteront comme on leur dira. »
 Alexis de Tocqueville

En mars (2017), Jean-Claude Michéa écrivait que « C’est donc uniquement la victoire inattendue du thatchérien François Fillon (victoire essentiellement due aux effets pervers de ce nouveau système des « primaires » importé de manière irréfléchie des États-Unis) qui a rapidement conduit cette fraction de l’élite dirigeante – et donc, à sa suite, la grande majorité du personnel médiatique – à reporter, par défaut, tous ses espoirs sur cette candidature d’Emmanuel Macron qui ne devait pourtant être définitivement activée, au départ, que quelques années plus tard et dans des conditions politiques beaucoup plus propices et mieux préparées ».

La victoire d’Emmanuel Macron, candidat de l’élite financière, des banques, et donc des médias, n’est pas une surprise, mais une nouvelle preuve de l’efficacité de la propagande, et de l’ingénierie sociale. Dans un récent entretien pour le plus célèbre des quotidiens de France, dont les propriétaires (Niel, Bergé) soutiennent Macron, Julien Coupat et Mathieu Burnel rappelaient, à propos des élections présidentielles, qu’elles « n’ont jamais eu pour fonction de permettre à chacun de s’exprimer politiquement, mais de renouveler l’adhésion de la population à l’appareil de gouvernement, de la faire consentir à sa propre dépossession. Elles ne sont plus désormais qu’un gigantesque mécanisme de procrastination. Elles nous évitent d’avoir à penser les moyens et les formes d’une révolution depuis ce que nous sommes, depuis là où nous sommes, depuis là où nous avons prise sur le monde. S’ajoute à cela, comme à chaque présidentielle dans ce pays, une sorte de résurgence maladive du mythe national, d’autisme collectif qui se figure une France qui n’a jamais existé ».

Pas la peine de s’attarder sur les Macron, Fillon, Le Pen, qui représentent grossièrement la droite, la fraction sociale des zombifiés, pour lesquels on ne peut plus grand-chose. Attardons-nous sur le cas de Jean-Luc Mélenchon, parce qu’il incarnait, lors de cette élection, le principal candidat de la gauche naïve, celle qui fantasme encore. De la gauche qui espère, qui croit toujours aux institutions établies, qui pense qu’il est possible de perturber les plans de la corporatocratie mondiale à l’aide de ce qu’elle perçoit toujours et encore, à tort, comme un outil de contrôle populaire, tandis qu’en réalité c’est elle que cet outil sert à contrôler. Le vote à l’élection présidentielle, en tant qu’illusion de participation et de décision réelle de ceux qui votent vis-à-vis de la politique du pays où ils vivent, en tant qu’alibi faussement démocratique, garantit encore la paix sociale, et permet aux véritables dirigeants de nos sociétés industrielles de continuer à manœuvrer comme bon leur semble.

Dans leur entretien pour Le Monde, Julien Coupat et Mathieu Burnel ajoutaient, à propos du candidat des « insoumis », que : « Jean-Luc Mélenchon n’est rien, ayant tout été, y compris lambertiste. Il n’est que la surface de projection d’une certaine impuissance de gauche face au cours du monde. Le phénomène Mélenchon relève d’un accès de crédulité désespéré. Nous avons les expériences de Syriza en Grèce ou d’Ada Colau à la mairie de Barcelone pour savoir que la « gauche radicale «, une fois installée au pouvoir, ne peut rien. Il n’y a pas de révolution qui puisse être impulsée depuis le sommet de l’État. Moins encore dans cette époque, où les États sont submergés, que dans aucune autre avant nous. Tous les espoirs placés en Mélenchon ont vocation à être déçus. […] La virulence même des mélenchonistes atteste suffisamment de leur besoin de se convaincre de ce qu’ils savent être un mensonge. On ne cherche tant à convertir qu’à ce à quoi l’on n’est pas sûr de croire ».

Mais la gauche qui vote Mélenchon n’est pas simplement naïve parce qu’elle croit encore au vote. Le fait qu’elle croie au vote n’est que la partie émergée de l’iceberg des fantasmes auxquels elle adhère encore — à l’instar du reste de l’électorat —, implicitement et insidieusement colportés par la culture dominante, qui en pétrit chaque enfant depuis l’école primaire.

Une bonne partie de la gauche qui vote Mélenchon croit, comme lui, encore dur comme fer au « progrès », au bien-fondé du délire technologique et expansionniste de nos sociétés industrielles. Mélenchon, rappelons-le, souhaite que l’industrie du jeu vidéo « devienne une industrie de pointe de la patrie », il soutient cette catastrophe programmée qu’est l’école numérique (« Il faut que nos jeunes à l’école apprennent le vocabulaire de la technique du numérique comme on a appris la grammaire hier, parce que c’est la langue de demain. Il faut qu’ils apprennent les techniques qui permettent au numérique de fonctionner »), il célèbre la conquête spatiale (« si nous voulons continuer à occuper les orbites basses autour de la Terre… ») et son « économie de l’espace », et se félicite du fait que la France possède le deuxième territoire maritime du monde (« Nous avons de l’or bleu entre les mains »), par lequel sera possible « l’expansion des Français », puisque « nous pourrons être les premiers, par notre science, notre technique à la fois » à découvrir, à « mettre au point les machines qui produisent de l’énergie grâce au mouvement de la mer, qui est gratuit et infini aussi longtemps que la lune sera là ». Le plus insensé et le plus ridicule, c’est qu’ainsi Mélenchon se permet, en plus de promouvoir un industrialisme vert oxymorique, et afin de surfer sur la nouvelle vague des préoccupations écologiques désormais officielles, d’associer l’idée de “décroissance” avec des velléités expansionnistes et développementistes.

Les promesses de Mélenchon d’un avenir écologique ET industriel, hautement technologique ET démocratique, sont à rapprocher de celles d’Al Gore, ou encore de la propagande que l’on retrouve dans le dernier film documentaire de Leonardo DiCaprio (« Avant le déluge »). Tous sont les fervents promoteurs d’un concept absurde, celui du « développement durable »  — rebaptisé « règle verte » dans le camp de Mélenchon, par souci d’originalité — dont on sait depuis déjà 40 ans qu’il n’est qu’une mascarade rhétorique permettant à la société industrielle de justifier sa fuite en avant, à l’aide d’une garantie selon laquelle ça ira mieux demain (grâce au progrès technologique, à la science, grâce aux éoliennes, aux hydroliennes, aux panneaux solaires, aux incinérateurs de biomasse — qui sont étonnamment moins mis en avant, bien que constituant la première source d’énergie renouvelable en Europe —, aux voitures électriques, et aux ampoules basse consommation).

Des foutaises, bien évidemment. Il y a plus d’un siècle, des discours similaires étaient déjà tenus, qui promettaient les mêmes stupidités — qui vantaient pareillement les mérites de l’innovation technologique, des machines, et du progrès, présenté comme le salut de l’humanité —, dont on a pu, ou dont on aurait dû, depuis longtemps, constater qu’elles n’étaient que mensonges. Yves Guyot, journaliste, économiste et partisan du libre-échange, en 1867 : « L’invention détruira l’effort et donnera la satisfaction ; les intérêts opposés deviendront harmoniques ; à l’utilité onéreuse succédera l’utilité gratuite. C’est la machine qui a détruit l’esclavage ; ce sera elle qui détruira le prolétariat. Là est la loi du progrès ». 150 ans après, le fantôme de Pepper de Mélenchon (le soi-disant hologramme qui n’en est pas un) profère toujours les mêmes balivernes. Et pourtant, 150 ans après, l’état de la planète, pire que jamais, ne cesse d’empirer, à l’image des inégalités sociales. D’ailleurs, les campagnes électorales virtuelles à coups « d’hologrammes », de vidéos YouTube et de Tweets en masse feraient presque oublier les impacts écologiques désastreux des « nouvelles technologies » et l’exploitation de dizaines de millions de prolétaires chinoises qui pourraient vous en dire un bout sur la soi-disant « nouvelle économie immatérielle ».

Il n’est pas possible de tout avoir. Le « développement durable » détruit la planète aussi sûrement que le développement tout court. Les seuls « progrès » observables sont ceux de l’aliénation du monde naturel et de sa dégradation, toujours plus poussés, ainsi que de la dépendance toujours accrue à la machine industrielle et à ses infrastructures. Non, il n’est pas possible d’allier industrialisme et écologie, pas plus qu’une société qui dépasse une certaine taille, humaine, et donc relativement petite, ne peut être démocratique.

Les élections présidentielles de 2017 nous rappellent simplement ce qu’on savait déjà, à savoir que l’immense majorité des Français — les mélenchonistes, comme les autres — demeure hypnotisée par les illusions progressistes d’une civilisation destructrice (et suicidaire) mondialisée, qui « n’est plus qu’un véhicule gigantesque, lancé sur une voie à sens unique, à une vitesse sans cesse accélérée. Ce véhicule ne possède malheureusement ni volant, ni frein, et le conducteur n’a d’autres ressources que d’appuyer sans cesse sur la pédale d’accélération, tandis que, grisé par la vitesse et fasciné par la machine, il a totalement oublié quel peut être le but du voyage », pour reprendre Lewis Mumford. Et effectivement, depuis la perspective anti-industrielle, anti-civilisation, qui est là nôtre, et pour paraphraser Mumford, nous nous trouvons face à un léviathan-machine en expansion continue depuis des siècles, enserrant désormais la planète entière de ses tentacules corrosives, n’ayant aucunement (ou si peu) conscience de son caractère destructeur, incapable de changer de trajectoire, et même de freiner. Mumford encore : « Assez curieusement on appelle progrès, liberté, victoire de l’homme sur la nature, cette soumission totale et sans espoir de l’humanité aux rouages économiques et techniques dont elle s’est dotée ».

Bien sûr, la réalisation de ce que toutes ces prétentions de progrès et ces promesses d’embellies sont autant de mensonges et d’illusions est particulièrement dérangeante. Ce qu’elle implique requiert infiniment plus que de simples ajustements techniques, que de simples réformes sociales. Elle nous enseigne que la majeure partie de l’humanité fait fausse route depuis un certain temps. Il y a plus de 120 ans, Gustave Le Bon constatait déjà lucidement, dans son livre “La psychologie des foules”, que

« Depuis l’aurore des civilisations les foules ont toujours subi l’influence des illusions. C’est aux créateurs d’illusions qu’elles ont élevé le plus de temples, de statues et d’autels. Illusions religieuses jadis, illusions philosophiques et sociales aujourd’hui, on retrouve toujours ces formidables souveraines à la tête de toutes les civilisations qui ont successivement fleuri sur notre planète. C’est en leur nom que se sont édifiés les temples de la Chaldée et de l’Égypte, les édifices religieux du moyen âge, que l’Europe entière a été bouleversée il y a un siècle, et il n’est pas une seule de nos conceptions artistiques, politiques ou sociales qui ne porte leur puissante empreinte. […] L’illusion sociale règne aujourd’hui sur toutes les ruines amoncelées du passé, et l’avenir lui appartient. Les foules n’ont jamais eu soif de vérités. Devant les évidences qui leur déplaisent, elles se détournent, préférant déifier l’erreur, si l’erreur les séduit. Qui sait les illusionner est aisément leur maître ; qui tente de les désillusionner est toujours leur victime. »

La civilisation (industrielle) est incapable de se corriger. Elle ne changera pas, d’elle-même, de trajectoire. Elle ne cessera de nuire qu’une fois entièrement effondrée. Et cela dépend de nous, et de vous.

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