jeudi 24 janvier 2019

Mettre fin à l’anonymat sur internet, c’est attaquer la liberté d’expression

MAJ de la page : Gilets jaunes


En marche vers... une dérive totalitaire ?

Violences policières : les armes du déni
Par Ismaël Halissat,  le 17 janvier 2019
Malgré l’ampleur historique des blessures infligées par des armes dites «intermédiaires» contre des gilets jaunes, le gouvernement persiste à nier l’évidence. Du côté des forces de l’ordre, la multiplication des dérives commence à inquiéter.
Un déni d’Etat. Depuis deux mois, il est difficile d’échapper aux images de blessures graves causées par les armes du maintien de l’ordre dans le cadre du mouvement des gilets jaunes. Pourtant, aucune réaction politique de l’exécutif. Aucune remise en cause. Le volume des tirs d’armes dites «intermédiaires» ou «à létalité réduite» et ses conséquences ont atteint un niveau historique ces dernières semaines. Jamais dans l’histoire récente, l’utilisation de la force par la police dans le cadre d’une mobilisation sociale n’avait produit de tels effets. Le recensement effectué par Libération a permis d’identifier près d’une centaine de blessures graves, pour nombre d’entre elles irréversibles. Difficile pour l’Intérieur de faire abstraction de ces chairs lacérées, d’ignorer les gueules cassées et les yeux crevés par les tirs de balles en caoutchouc semi-rigide et d’occulter les membres criblés et arrachés par le souffle des grenades explosives composées de TNT. C’est pourtant le cas.
Source (et suite) du texte :  Libération



Alexandre Langlois, secrétaire générale du syndicat de police VGI : Violences policières et Gilets jaunes (Thinkerviews, 22 janv. 2019)



Gilets jaunes : un ex de la DGSE dénonce la répression, Gilles Sacaze (Le Média, 24 janv. 2019)

Lire aussi : Une première: un groupe d’enquête spécifiquement dédié aux Gilets jaunes créé à Toulouse, Sputniknews, 23 janv. 2019

* * *


René Revol, maire, Retour sur la Grande mascarade du "Grand Débat" (18 janv. 2019)
"C'est un moyen pour M. Macron de faire campagne au frais du contribuable"
Lire aussi : Grand débat : Le « Macron tour » est illégal, par Regis de Castelnau, 22 janv. 2019 / Grand débat : Chantal Jouanno flingue une "opération de communication" du gouvernement, par Louis Nadau, Marianne, 25 janv. 2019



"Grand débat" : pourquoi une arnaque ? (Le fil d'actu, 25 janv. 2019)



Bonjour Tristesse, Le Grand Des Barres (23 janv. 2019)



Denis Robert : Evasion fiscale, Gilets jaunes, Médias (Le Media, 22 janv. 2019)
Kisskissbankbank : La (très) grande évasion
Lire aussi : Une liste Gilets jaunes fort douteuse pour les européennes, Le Yeti, 24 janv. 2019


Mettre fin à l’anonymat sur internet, c’est attaquer la liberté d’expression
Par Yannick Chatelain, le 18 janv. 2019 - Contrepoints

La fin de l’anonymat ne servirait nullement la démocratie, elle se mettrait au mieux au service d’une autocensure infligée.

Vendredi 18 janvier 2018, à Souillac, dans le cadre du grand débat national, le Président de la République française Emmanuel Macron s’est à nouveau attaqué aux fake news. À cela rien de nouveau, au regard de la loi n° 2018-1202 et de la loi organique n° 2018-1201 relatives à la lutte contre la manipulation de l’information promulguée le samedi 22 décembre 2018, et de la loi qui se profile au niveau européen. Pour autant, les propos et les mots utilisés lors de son allocution sont pour le moins inquiétants.

Selon le président il faut « aller vers une levée progressive de toute forme d’anonymat » en particulier sur les réseaux sociaux, pour lutter contre ce phénomène. Pour ce faire, il s’agirait donc selon lui que l’État mette en place « une forme d’hygiène démocratique du statut de l’information ». Le mot est assez glaçant : « Une hygiène démocratique du statut de l’information », et la suite ?  Serait-ce une « hygiène de la pensée ? » Notons que la fin de l’anonymat en particulier sur les réseaux sociaux reviendrait ni plus ni moins à placer la liberté de s’exprimer sous conditions.

Le Président français va-t-il ensuite proposer à l’ONU de réviser l’Article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme ? « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. » à condition ne pas le faire sous couvert d’anonymat !

LE LIEN SIMPLISTE ENTRE ANONYMAT ET FAKE NEWS ? DES MOTS INQUIÉTANTS
Monsieur Macron fait un lien direct entre anonymat et fake news. N’est-ce pas là un raccourci simpliste ?  Un problème, les infox. Une solution, supprimer l’anonymat. Et tout serait alors pour le mieux dans la meilleure des démocraties ? Voilà qui est bien simple pour prétendre résoudre un problème complexe et vieux comme le monde.

Pourquoi n’y a-t-on pas songé avant ? Plus avant, les journalistes disposant de sources anonymes qui leur permettent de faire émerger des affaires qui sont — n’en déplaise — loin d’être des fake news doivent-ils s’attendre au pire ? Faut-il donc faire disparaître, dans la même dynamique « hygiénique » la possibilité d’anonymat des sources journalistiques pour booster encore un peu plus la démocratie, la liberté d’expression et d’information ?

UNE POSITION À L’EXACT OPPOSÉ DE LA POSITION DES NATIONS UNIES
Rappelons à toutes fins utiles que l’anonymat ne signifie pas pour autant impunité ! La liberté d’expression est encadrée par la loi, nul ne peut dire tout et n’importe quoi, « anonyme » ou pas, la plupart du temps s’il y a constat d’un délit, dans le cadre d’investigations menées, suite à un dépôt de plainte1.

Nous noterons de plus que cette assertion va totalement à l’encontre de la position des Nations Unies en 2015. « Le nouveau Rapporteur spécial sur la liberté d’opinion et d’expression, M. David Kaye, a indiqué que son premier rapport portait sur l’utilisation du chiffrement et de l’anonymat dans les communications numériques.  Il arrive à la conclusion que le cryptage et l’anonymat permettent aux individus d’exercer leurs droits à la liberté d’opinion et d’expression à l’ère numérique et méritent de ce fait d’être fortement protégés. »

Enfin comment voir dans cette volonté une quelconque avancée pour la démocratie ? Sauf à considérer que se mettre au diapason de gouvernements bannissant l’anonymat : comme la Russie,  la Chine… – des pays qui, et c’est un euphémisme, n’encouragent pas du tout la liberté d’expression – est constitutif d’ une avancée démocratique majeure.

L’ANONYMAT UNE PROTECTION INDISPENSABLE CONTRE LE DOXXING !
Enfin et pour conclure, Monsieur Emmanuel Macron devrait intégrer dans sa réflexion le phénomène du Doxxing pour mesurer la dangerosité de ce qui n’est à ce stade qu’une fausse bonne idée qu’il pourra alors revisiter.   « Le doxxing, ou doxing est une pratique consistant à rechercher et à révéler sur l’Internet des informations sur l’identité et la vie privée d’un individu dans le dessein de lui nuire. »

Ainsi si un tel drame, la suppression de l’anonymat, devait se produire en France, comme dans d’autres pays qui se prétendent démocratiques, il pourrait apparaître difficile d’exprimer une opinion contraire à la pensée dominante du moment sans s’exposer à un lynchage virtuel et/ou réel.
La fin de l’anonymat ne servirait nullement la démocratie, elle se mettrait au mieux au service d’une autocensure infligée. Pour conclure, de la fake news (infox) déjà bien mal définie, au délit d’opinion il n’y a qu’un pas qu’il ne s’agirait pas de franchir. Si l’enfer pour nos démocraties et les usages d’Internet sont pavés de « bonnes intentions » de nos politiques, il n’en demeure pas moins que le droit à l’opacité d’un citoyen et la transparence des pouvoirs publics définit une démocratie, l’inverse est un chemin annonciateur de toutes les dérives, allant de l’autoritarisme, au totalitarisme, jusqu’à la dictature.
Il est utile de rappeler que sans une maîtrise poussée de l’anonymisation qui est vitale aux opposants sous certains régimes, leur vie est en jeu. Le contrevenant « usuel »  sans ce savoir, finira majoritairement par être tracé et identifié par des services comme le C3N entre autres. 
  

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