jeudi 8 juillet 2010

Fabrice Midal

Fabrice Midal est éditeur (Evolution, Pocket et L'esprit d'ouverture, Belfond).
Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages dont Risquer la liberté (Seuil), Et si de l'amour, on ne savait rien (Albin Michel), Auschwitz ou l'impossible regard (Seuil), Pourquoi la poésie ? (Pocket), Frappe le ciel, écoute le bruit (Les Arènes).
A vingt ans, il rencontre l’enseignement de Chögyam Trungpa et s’engage dans la pratique de la méditation telle que ce maître l’a présentée pour l’Occident. Il est l'auteur de la biographie de C. Trungpa (Seuil, traduite dans de nombreuses langues).
Il a été, en grande partie, introduit à la méditation par le neurobiologiste Francisco Varéla dont il évoque l'influence et l'importance dans Risquer la liberté (Seuil).
Il a été également formé par François Fédier qui est son maître en philosophie et qui est venu plusieurs fois enseigner dans L'Ecole Occidentale de Méditation. Il témoigne ainsi que la méditation est une aide précieuse pour aider chacun dans son existence — sans avoir pour cela besoin de devenir "religieux" ou "oriental".
Source (et suite) du texte :  Ecole Occidentale de Méditation
Autre biographie : wikipedia / Fabrice Midal


Bibliographie :
- Frappe le ciel, écoute le bruit. Ce que vingt-cinq ans de méditation m'ont appris, Ed. Les Arènes, 2014
- La méditation, Ed. Que sais-je, 2014
- La tendresse du monde, l'art d'être vulnérable, Ed. Flammarion, 2013
- Auschwitz, l'impossible regard, Ed. du Seuil, 2012
- Conférences de Tokyo. Martin Heidegger et la pensée bouddhique, Ed. du Cerf, 2012
- Pratique de la méditation. Un regard plus clair sur votre vie et sur le monde (livre accompagné d'un CD), Ed. Le Livre de poche, 2012
- Pourquoi la poésie, L'héritage d'Orphée, Ed. Pocket, Agora, 2010
- Mandalas, retrouver l'unité du monde, Ed. du Seuil, 2010
- Rainer Marie Rilke, L’amour inexaucé, Éd. du Seuil, 2009
- L'amour à découvert, retrouvez une manière authentique d'aimer (2009), rééd. Livre de poche, 2012
- La voie du chevalier, Dépassement de soi, spiritualité et action (2009), rééd. Albin Michel, 2012
- A l'écoute du ciel : Ce qui rapproche les religions... et ce qui les sépare, Ed. Pygmalion, 2009
- Risquer la liberté. Vivre dans un monde sans repère. Ed. du Seuil, 2009.
- Pourquoi n'y a-t-il pas de chemin spirituel possible sans un maître ? Ed. du Grand Est, 2009.
- Comment être bouddhiste ? (2008), rééd. Pocket, 2014
- Hommage à l'amitié, Ed. Le pré aux clercs, 2008
- Jackson Pollock ou l’invention de l’Amérique, Ed. du Grand Est, 2008
- Introduction au tantra bouddhique, L’incandescence de l’Amour, Ed. Fayard, 2008
- Chögyam Trungpa, une révolution bouddhiste, Éd. du Grand-Est, 2007
- Le bouddhisme à travers 100 chefs-d’œuvres, Éd. des Presses de la Renaissance, 2007
- Comprendre l'art moderne, Éd. Pocket, Agora, 2007, 2010
- Au service du sacré, Sauter à l'angle moderne, Paul Celan, Martin Heidegger, Barnett Newman, Éd. du Grand Est, 2007
- La photographie, Éd. du Grand Est, 2007
- Petit traité de la modernité dans l'art, Ed. Pocket, 2007
- Quel bouddhisme pour l’Occident ? Éd. du Seuil, 2006
- Bouddha, Jésus, quelle rencontre possible ? avec Denis Gira, Éd. Bayard Centurion, 2006
- Chögyam Trungpa, L'homme qui a introduit le bouddhisme en Occident (2002), rééd. Seuil, 2013
- Mythes et dieux tibétains, Éd. du Seuil, 2000
- La pratique de l’éveil, de Tilopa à Trungpa, Éd. du Seuil, 1997
CDs :
- Méditations sur l'amour bienveillant, Coffret de 3 CD, Éd. Audiolib, 2013
- Méditation, 12 méditations guidées pour s'ouvrir à soi et aux autres, Coffret de 2 CD, Éd. Audiolib, 2011
- Pratique de la méditation. Un regard plus clair sur votre vie et sur le monde (livre accompagné d'un CD), Ed. Le Livre de poche, 2012
En ligne :
Sites officiels : Fabrice Midal / Ecole Occidentale de Méditation
Groupe de méditation à Genève / à Paris / Chaine YouTube / Revue de presse


La méditation, aussi répandue soit-elle, suscite chez beaucoup méfiance et moquerie. Or, vous vous élevez contre une vision spiritualiste et zen de la méditation. Pourquoi ? 

Tout mon engagement consiste à dénoncer ces stéréotypes, cette méditation bête et lyophilisée qui effacerait notre stress en un coup de baguette magique. En réalité, la méditation consiste à faire attention de manière délibérée dans le moment présent, à s’ouvrir à ce qui est, tel que c’est, sans chercher à le transformer, à l’analyser, mais en cherchant à en faire l’expérience la plus directe et la plus entière – et ce pour agir de façon plus juste dans chaque situation. Cela n’a rien à voir avec une forme de relaxation, puisqu’il ne s’agit pas de se détendre, mais de développer une forme de clarté et d’intelligence de la situation.

D'où vient la méditation ? 

Même si elle est aujourd’hui laïcisée, par exemple sous les noms de “pleine présence” ou “pleine conscience”, elle vient de la tradition bouddhique. Or dans cette tradition, la méditation est toujours comprise comme l’union de deux choses : le fait de se poser, afin d’apprendre à être plus disponible au monde, et la vue claire, le discernement. Méditer, c’est se poser pour voir clairement. Le problème qu’il y a à présenter la méditation comme un outil de gestion du stress, est qu’elle participe de la barbarie de notre temps.
En effet, vouloir être toujours plus efficace, plus performant nous conduit à tout instrumentaliser. Et cela devient monstrueux : on réduit l’être humain à une ressource, à un pur moyen. Il me semble que si la méditation doit jouer un rôle majeur aujourd’hui, c’est parce qu’elle nous invite à une révolution, à faire confiance dans l’expérience que nous avons des choses. Faire de la méditation un outil de contrôle encore plus efficace de tout ce qui est, est un produit du nihilisme. La méditation dont je parle, à l’inverse, vise à nous délivrer du nihilisme.

Comment expliquer son succès croissant ?

Le succès de la méditation vient d’abord de la manière dont la science a mesuré concrètement son impact. Les Occidentaux assez rétifs à toutes ces questions, inquiets de son côté un peu brumeux, exotique, ont été surpris par ses effets réels sur l’esprit humain. La méditation aide les gens en grande douleur, elle a un effet sur la rechute de dépression.
Plus fondamentalement, la méditation répond à un désir profond de l’Occident. Les grands penseurs, depuis la fin du XIXe siècle, se sont rendu compte que l’un des problèmes majeurs de l’homme occidental, c’était le fait d’être coupé de son corps et de son expérience, que tout soit médiatisé et rendu abstrait, mécanique. C’est ce que disent chacun à leur manière Bergson, Husserl, ou encore Walter Benjamin dans son très beau texte Pauvreté et Expérience. Je crois que la méditation nous aide à interroger l’expérience telle qu’elle est, avant de la figer dans des catégories. Méditer, c’est habiter la possibilité d’un questionnement infini sur l’énigme qu’est pour tout être humain le fait de vivre.

En quoi la méditation peut-elle former, selon vous, une réponse à la crise de notre époque ?

Si on prend le nihilisme au sens de Nietzsche, du manque de dignité que les Occidentaux ont pour eux-mêmes, il nous manque quelque chose qui redonne confiance dans l’ampleur de la vie et dans un dessin collectif. La méditation peut redonner cela parce qu’elle nous renvoie à ce qui, en nous, est vivant. Elle est ainsi profondément démocratique en aidant chacun à revenir au cœur de sa propre existence, en n’étant pas seulement un consommateur-producteur prisonnier des diktats publicitaires et idéologiques. La grande question qu’il faut sans cesse reposer : quelle est l’idéologie qui, en moi, pense à ma place ! Méditer en ce sens, c’est regagner une liberté aujourd’hui menacée.

Pourquoi dans vos deux livres, insistez-vous sur la manière dont la méditation vous semble particulièrement éclairante pour apprécier une œuvre d’art ?

Ecouter un morceau de musique, voir un tableau, nous plonge dans un état de présence qu’on ne pourra jamais comprendre comme un problème technique mais qui a pourtant un sens très profond. Comment apprendre à s’accorder à ce que nous montre l’œuvre d’art ? Le piège est de croire qu’il faut en passer par l’explication — et au lieu de regarder une exposition on écoute des commentaires sur les œuvres. C’est en raison de cette cécité que l’on fait de l’art une sorte de produit culturel accessoire. Or l’art nous parle du plus essentiel : comment vivre ici et maintenant ? Et la méditation nous apprend à vivre en poète dans l’instant présent, dans le souci de ce qui est.
Source (et suite) de l'interview. Fabrice Midal : "La méditation vise à nous délivrer du nihilisme" (06.02.2014) : Les Inrocks




Les Racines du ciel par Frédéric Lenoir, Leili Anvar
La méditation et la vie avec Fabrice Midal (09.02.2014)



Qu'est-ce que la méditation (suite de la playlist : Youtube)



La philosophie occidentale et la méditation (2013)



Méditation et poésie (2013)



La tendresse du monde, l'art d'être vulnérable (2013)

Autres vidéos : Noms de dieux, RTBF (2013) / ChaineYouTube (Ecole Occidentale de Méditation) / PhilosophieTV

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