jeudi 20 janvier 2011

Kabir




Kabîr (कबीर) est un poète, philosophe et réformateur religieux vishnouite majeur de l'Inde du nord, né à Vârânasî vers 1398 et décédé à Gorakhpur dans les années 1440.
Une légende affirme que Kabîr est le fils abandonné d'un brahmane, retrouvé flottant sur un lotus sur le Lahar Talgo, un étang près de Vârânasî, par un couple de tisserands musulmans, Nîru et son épouse Nîmâ qui l'élèvent en lui enseignant leur art et dans la foi musulmane. Il est supposé avoir vécu la majeure partie de sa vie à Bénarès avant de s'installer à Maghar dans le district de Gorakhpur où il termine sa vie. Kabir n'a rien écrit de lui-même, étant probablement illettré. Mais ses paroles (Kabir-Vani) ont été recueillies et transmises par ses disciples avant d'être compilées plus tard. On lui attribue également un livre intitulé "Anurag sagar" dont on peut trouver une traduction anglaise faite sous la direction de Ajaib Singh. Kabîr est censé avoir étudié sous la direction de Râmânanda, un maître vishnouite fameux de l'époque, fervent adepte de la bhakti mais qui refuse cependant d'instruire les musulmans et les hindous de basse caste. La légende raconte que désirant se faire admettre comme disciple, il se rend sur les ghâts où Râmânanda fait ses ablutions et le persuade de l'accepter parmi ses élèves. À la suite de cela, et comblé par l'intelligence de Kabîr, Râmânanda change d'avis et accepte tous les types de disciples. Cette tendance au syncrétisme semble chose courante à l'époque dans l'Inde du nord. L'enseignement des premiers gourous Sikh, s'inspirant en partie de son enseignement, vise également la transcendance des distinctions entre les courants mystiques de l'hindouisme et de l'islam. De plus, il affirme que toute religion qui n'est pas amour n'est qu'hérésie, que le yoga et la pénitence, le jeûne et l'aumône sans méditation sont vides de sens. Il refuse toute distinction de race, de caste, de religion et enseigne l'égalité absolue de tous les êtres humains. Il mêle dans sa pratique des éléments hindouiste et musulman, déclarant l'unité de dieu, utilisant le nom de Rāma qui pour lui signifie celui qui nous donne la joie et non en tant qu'avatar de Vishnou et le terme islamique « Rahim » signifiant le suprêmement miséricordieux. Il condamne aussi les quelques sacrifices d'animaux encore pratiqués par les brahmanes pour les besoins du culte, suivant en cela l'enseignement bouddhiste qui les avait quasiment fait disparaître d'Inde. Il préconise aussi le végétarisme. Le râja de Vârânasî compte parmi ses élèves ce qui lui vaut de pouvoir enseigner sans craindre de persécution. Vers la fin de sa vie, en contradiction avec l'aspiration hindouiste, il quitte Vârânasî, la ville où il faut mourir, pour s'installer dans la région de Gorakhpur censée être maudite car ceux qui y meurent sont supposés se réincarner en âne. À sa mort, hindous et musulmans réclament son corps pour pratiquer les rites funéraires conformes à leur religion. La légende raconte que sous le linceul, ne se trouve qu'un tas de fleurs qui sont partagées, une partie est enterrée, l'autre brûlée.
Source du texte : Wikipedia


Bibliographie (en français) :
- Cent huit perles, trad. de Yves Moatty, éditions Les Deux Océans
- Au cabaret de l'amour, trad. de C. Vaudeville, éditions Alcan
Etudes :
Yves Moatty, Kabir, le fis de Ram et d'Allah. Ed. Les Deux Océans
Michel Hulin, L'Inde des sages. Ed. Kiron
En ligne :
Cent huit perles : Google books (extraits)
Kabir le fils de Ram et d'Allah : Google books (extraits)
Poème de Kabir : Wikisource


Nul n'a compris le secret de ce tisserand
Du monde entier il a fait son cadre
Et il a tendu sa trame...
Le tisserait a reconnu sa maisn
Il a reconnu Ram dans son coeur...
Dit Kabir : le métier s'est brisé,
Il a tissé son fil avec le fil de Ram

Prétendre qu'Il est Un n'est pas la vérité,
mais dire qu'Il est deux est une offense

Oh, ce mot mystérieux, comment pourrais-je jamais le prononcer ?
Oh, comment puis-je dire : Il n’est pas comme ceci et Il est comme cela ?
Si je dis qu’il est en moi, l’Univers a honte de mes paroles ;
Si je dis qu’il est en dehors de moi, je mens.
Des mondes intérieurs et extérieurs Il fait une indivisible unité ;
Le conscient et l’inconscient sont les tabourets de ses pieds.
Il n’est ni manifesté ni caché ; Il n’est ni révélé ni irrévélé.
Il n’y a pas de mot pour dire ce qu’Il est.

L'Un produit le multiple,
Et le multiple retourne à l'Un,
Lorsque l'Un est connu,
Tout dans l'Un disparait !

Il n'y a plus rien à dire, car j'ai dit
Tout ce qui pouvait l'être !
Il ne reste que l'Un, tout autre a disparu
Et la vague est retournée à l'océan !

D'âge en âge tu égrènes ton chapelet de bois,
Sans pouvoir arrêter la ronde du mental.
Laisse donc un instant se reposer tes doigts,
Et apprends à rouler le rosaire du mental !

Celui qui est modeste et content de son sort; 

celui qui est juste, celui dont l’esprit est rempli de résignation et de paix;
Celui qui L’a vu et qui L’a touché, celui-là est libéré de la crainte et de l’angoisse.

Pour lui la pensée de Dieu est comme une pâte de santal répandue sur son corps.
Pour lui il n’y a aucune autre joie que cette pensée.
Une harmonie accompagne son travail et son repos ; un rayonnement d’amour émane de lui.
Kabir dit : « Touche les pieds de Celui qui est un, indivisible, immuable, paisible, qui remplit de joie à plein bords les vases terrestres et dont la forme est amour". 

Tu as trouvé le vrai trésor, dit Kabir
Si ton coeur bat avec le Non de Ram !

Ram joue d'un instrument criblé de trous,
Il danse sans pieds et sans mains!
Sans mains, Il joue; sans oreilles, Il entend,
Il est lui-même l'oreille et l'auditeur.

Qu’une goutte tombe dans la mer,
Tout le monde peut le comprendre.
Mais que dans une goutte la mer soit contenue,
Qui peut saisir cela ?

Ô mon âme, à force de chercher, Kabir a disparu.
Quand la goutte se perd dans l’océan,
Où trouver cette goutte ?

Je suis en tout, tout est en Moi.
Je suis : nul n'existe hors de Moi.
Je suis partout dans les trois mondes.
Et le cycle des vies n’est que Mon jeu à Moi.
Les six philosophes décrivent Mon Vêtement,
Mais je transcende tout, les symboles et les formes.
Moi-même j’ai pris ce nom de Kabir, Moi-même, de Moi-même, J'ai tout manifesté.

J’ai pris place dans l’harmonieux équilibre de l’Un.
J’ai bu la coupe de l’ineffable.
J’ai trouvé la clef du mystère.
J’ai atteint la racine de l’Union.
Voyageant sans chemin je suis arrivé au pays sans douleur; très doucement la grâce du Grand Seigneur est descendue sur moi.
On chante le Dieu infini comme s’il était inaccessible; mais, moi, dans mes méditations, sans mes yeux, je L’ai vu.
C’est bien le pays sans souffrances et personne ne connaît le chemin qui y mène.
Seul, celui qui est sur ce chemin est allé au delà de la région des douleurs.
Merveilleux est ce pays, dont aucun mérite ne peut être le prix.
C’est le sage qui le voit; c’est le sage qui le chante.
Ceci est l’ultime parole; mais comment exprimer sa merveilleuse saveur ? Celui qui l’a une fois savourée, celui-là sait quelle joie elle peut donner.
Kabir dit : « La connaissant, l’ignorant devient sage et le sage devient muet d’adoration silencieuse. »
L’adorateur est totalement enivré.
Sa sagesse et son détachement sont parfaits.
Il boit à la coupe des inspirations et des aspirations de l’amour.
Là tout le ciel s’emplit de sons et la musique se joue sans cordes et sans doigts.
Là le jeu de la joie et de la douleur ne cesse pas.
Kabir dit : « Si tu te plonges dans l’Océan de Vie, tu vivras dans le Pays de la Suprême Félicité. »

Si Dieu est dans la mosquée, alors à qui ce monde appartient-il ?
Pèlerin, si Rama est dans l’image que tu adores, alors que se passe-t-il là où il n’y a pas d’images ?
Hari est à l’orient ; Allah est à l’occident. Regarde dans ton cœur, tu y trouveras à la fois Karim et Rama.
Tous les hommes et toutes les femmes du monde sont Ses formes vivantes.
Kabir est l’enfant d’Allah et de Rama. Lui est mon Maitre ; Lui est mon directeur spirituel.

Celui-là est vraiment fou qui ne se connait pas Lui-même :
S'il se connaissait, il connaîtrait aussi l'Unique.
Quiconque n'est pas enivré aujourd'hui ne le sera jamais :
Dit Kabir : mon âme est imbibée de l'Amour de Ram.

Tu observes le Ramadan et tu honores Allah,
mais tu massacres les êtres vivants par gourmandise !
Tu n'écoutes que ton égoïsme et ne te soucies pas des autres :
A quoi perds-tu ton temps ?



O Cadi, il n'est qu'un seul Seigneur, qui est en toi et à toi, 

mais tu ne réfléchis pas et tu restes aveuglé...
Insensé, tu ne prêtes pas l'oreille aux malheureux, 
c'est pourquoi ta naissance est vaine ! 

Le Livre dit qu'Allah est Vérité : 
il n'est ni homme ni femme ! 
A quoi bon étudier et ratiociner, insensé, 
si l'on ne l'a point appréhendé au fond de l'âme ?

Allah demeure invisiblement en chaque corps, 
comprends cela en ton coeur : 
Il est le même dans l'Hindou et dans le Turc : 
Kabir le proclame !








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