lundi 28 février 2011

Ikkyu Sojun


Ikkyū Sōjun (1394 1481) fut un moine et poète japonais. Célèbre dès son vivant, il connaît une postérité par l'influence qu'il a eue sur la culture dite de Higashiyama et surtout parce qu'il devient, à partir de l'époque d'Edo, le héros d'une littérature populaire le mettant en scène soit enfant soit adulte, les Ikkyûbanashi.

Ikkyū naît pendant la période Muromachi sous le nom de Senguikumaru; il serait le fils de l'empereur Go-Komatsu. Les spécialistes ne s'accordent pas sur ce point. Il entre au monastère à cinq ans et se montre très doué pour la poésie.
Il choisit à une période de sa vie de suivre le moine Ken-ô pendant 5 ans. À la mort de ce dernier, Ikkyū, qui s'appelle alors Shūken, décide de suivre l'enseignement de la branche du Daitoku-ji en entrant sous la direction de Kasō Sōdon. Alors qu'il médite sur une barque, Ikkyū entend le cri d'une corneille ou d'un corbeau et atteint le satori, il en parle à son maître Kasō qui décide d'en faire son successeur mais Ikkyū refuse. Il quitte alors le monastère de Katata pour vagabonder et retrouver sa mère, qui décédera peu après. Sa personnalité et son personnage sont toujours liés aux femmes et aux plaisirs, en totale contradiction envers les engagements bouddhiques traditionnels (mais il ne répudiait ni le Bouddha ni ses maîtres, bien au contraire). Son premier disciple est Sôgen, il ouvre un temple en 1433 à Sakai. Il part ensuite vivre en ermite près de Kyōto.
En 1480, il publie Nuages fous, un recueil de poésies en chinois classique.
Vers la fin de sa vie, il est pris d'amitié (ou d'amour ?) pour Shinmé, une aveugle, qui ne le quittera plus jusqu'à son dernier souffle. Il meurt à 88 ans d'une phase aiguë de malaria.

Ikkyū fut écœuré par la déchéance de l'école rinzai. Il composa de nombreux poèmes drôles et érotiques. Il devint très populaire pour ses satires, et reste l'une des figures marquantes du Japon, mais n'eut pas de successeur.
Ikkyū est également reconnu pour ses calligraphies zen.
Source du texte : wikipedia
Autre biographie : Arts livres / Nerial


Ikkyu a aussi été un propagateur du
Chanoyu ou cérémonie du thé et de la conception des jardins. 


Bibliographie :
- Nuages fous, trad. Maryse et Masumi Shibata. Ed. Albin Michel, Spiritualité vivante.
- La saveur du Zen, poèmes et sermons d'Ikkyu et de ses disciples, trad. Maryse et Masumi Shibata. Ed. Albin Michel, Spiritualité vivante.
Mangas :
Hisashi Sakaguchi, Ikkyu, 6 volumes. Ed. Glénat 1996.





Plusieurs chemin s'offrent à l'ascension,
Mais du sommet s'offre à nous la même vue de la lune.

N'ayant jamais fixé ma demeure au bout de ma route
Je n'ai donc aucun chemin sur lequel je pourrais m'égarer.

Bien qu'il y ait distinction entre pluie, grêle, neige et glace, 
Une fois fondues, il n'y a qu'une seule et même eau dans le vallon.

Dans la terre au sud du Mont Sumeru, 
Qui pourrait comprendre mon Zen ? 
Hiu-t'ang viendrait-il jusqu'ici, 
Sa présence ne vaudrait pas un sou !
Extrait de : Ikkyu dans Les maîtres du zen au Japon de Masumi Shibata. Ed. Maisonneuve et Larose. 

Nous sommes seuls.
Les portes sont fermées.
Ignorons les directions.
Dans ce milieu,
Qui est le Roi de la Loi (Vérité) ?
Si vous me demandiez
Une phrase concernant l'arrivée de l'hiver,
Je répondrais : «A partir de ce matin
La journée est plus longue d'une ligne.»
Extrait de Nuages fous
Source du texte : Shunkin




Enseigner la Loi et le Zen
par recherche d'une réputation
prononcer des mots rabaissant l'autre
tout cela me suffoque
Si dialogue, raison et générosité manquent 
il n'y a que combat démoniaque
et l'inscience augmente.

Devant mes yeux
la nature est maigre, comme moi
La terre est vieillie, le ciel dévasté
et toutes les herbes sont mortes
En mars, le vent printanier
ne nous apporte pas un cœur de printemps
Les nuages froids enferment profondément
ma hutte de roseaux.

Transmission authentique ou ligne collatérale
on a tort d'en disputer
Ce n'est qu'inscience perpétuelle
et sectarisme égocentrique
On est fatigué du fardeau
de l'égocentrisme et du sectarisme
On envie le papillon
qui vole légèrement.

Ici, hors du monde
pins et cryptomères se mêlent dans les nuages
Les temples dans les villes mobilisent la masse
et rassemblent la foule
Je ne comprends pas la pensée de Lin-Tsi
sur sujet et objet
Je suis ivre et de bonne humeur
grâce à quelques verres de piquette.

Autour de moi, ils ont médité longtemps sur des kôans
et ils ont l'air de bien les comprendre
Mais en examinant plus profondément leur compréhension
je constate qu'ils sont d'obscures ignorants
Ils conservent ressentiment et haine
Ils ne les oublient pas jusqu'à leur mort
Mes conseils, en tant que compagnon de la Voie
résonnent désagréablement à leurs oreilles.

Au crépuscule, il neigeait autour du fleuve
mais cela a pris fin
Les rives sont couvertes par la neige épaisse
et le désert blanc s'étend tout plat
Je ne reçois aucun courrier
Je suis comme un canard sauvage isolé
Je regrette d'avoir vagabondé pendant de longues années
dans d'autres provinces que la mienne.

Les belles se transforment en nuages et en pluie
Le fleuve de la passion d'amour est profond
Une femme publique et moi, vieil adepte du Zen
chantons au sommet d'une tour
Je m'amuse à la serrer dans mes bras
et à lui donner des baisers
Loin de moi l'idée d'abandonner ma vie charnelle
masse de feu violent.

Certains écarquillent les yeux
D'autres baissent la tête
Ce sont tous des comparses des démons
Des années ils ont vécu sous le vent et la lune
et maintenant ils sont sous le sabre
La terre, les montagnes et les rivières
ont tant de chagrin.

J'ai laissé l'écriture
elle n'est que signes dans le rêve
lorsqu'on s'éveille
personne ne pose de questions.
Extraits de : Nuages fous
Source du texte : Aiguilar

Chez Ikkyu raconté par Carlota Ikeda (danseuse et chorégraphe de buto) : 


Générique du manga Ikkyu :



 

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