mardi 5 avril 2011

Soûtra de l'Entrée à Lanka ou Lankâvatâra



Voici la première traduction française du Soutra de l'Entrée à Lankâ (Lankâvatâra) qui, avec le Soûtra des Dix Terres (Dashabhûmika) et le Soûtra du Dévoilement du sens profond (Sandhinirmocana), forme l'assise scripturaire de ce qu'il est commode mais inexact d'appeler l'" idéalisme bouddhiste". Négation pure et simple des Idées - platoniciennes, cartésiennes ou "modernes" -, cet idéalisme singulier n'est pas le contraire du matérialisme car, s'il ramène effectivement l'être au concept et les choses à la pensée, il n'admet pas non plus la réalité ultime de la conscience ni de tout ce qui entre dans les catégories du spirituel : il s'agit plutôt, comme l'ensemble de la philosophie bouddhiste, d'une dénonciation rationnelle des limites et dangers du réalisme naïf qui semble dominer la pensée humaine. Manuel de réalisation intérieure, le Lankâ décrit la vacuité de la matière, où il ne voit que des représentations, et la vacuité du psychique, lequel peut se ramener à autant d'idées fictives, avant de proposer une méthode contemplative radicale, fondée sur la " nature de bouddha" en tant que "claire lumière naturelle de l'esprit", dont le chan/zen et le tantrisme sont les applications les plus abouties. La présente traduction, réalisée sur la version chinoise de Shikshânanda (702), est agrémentée de quelques indispensables notes que devraient compléter les brillantes remarques de Fazang du Huayan, assistant styliste du traducteur, dans ses Mystères essentiels de l'Entrée à Lankâ, à paraître prochainement.
Source du texte :  Fayard

Le Sūtra Lankāvatāra (Soutra de l'entrée à Lanka), tire son nom du fait qu’il serait un recueil des paroles prononcées par le Bouddha lors de son arrivée à Sri Lanka. (...)
C’est un soutra mahâyâna important surtout pour l’école Chan, dont les premiers adeptes sont connus comme "maîtres de Lanka". La tradition en fait le soutra préféré de Bodhidharma qui aurait fondé l’école Chan en Chine ; il contient le passage de la fleur dans lequel l’école voit l’origine de son enseignement. (...)
Source du texte : wikipedia


Bibliographie :
- Soûtra de l'entrée à Lanka, Lankâvatâra, trad. Patrick Carré. Ed. Fayard.
En ligne (d'après une trad. anglaise de D.T. Suzuki, Zen Montpellier) :
Introduction, chap.1, 2 Chap. 3 Chap. 4, 5 / Chap. 6, 7 / Chap. 8, 9 /
Chap. 10, 11 / Chap. 12, 13, 18, 19






Chapitre 7 

L'auto-réalisation.
Alors Mahâmati dit: Je vous en prie, dites-nous, ô Béni du Ciel, quelle est la nature de l'auto-réalisation grâce à laquelle nous pourrons accéder à l'Intelligence transcendantale?

Le Béni du Ciel répondit: L'Intelligence transcendantale s'éveille lorsque l'Esprit intellectuel atteint ses limites, et, si les choses sont ainsi réalisées dans leur nature véritable et essentielle, ses processus mentaux, qui sont basés sur les idées spécifiques, les discriminations et les jugements, doivent être transcendés par un appel à quelque faculté cognitive supérieure, si tant est qu'existe une telle faculté supérieure. Il existe une telle faculté dans l'Esprit intuitif (Manas) dont nous avons vu qu'il est le lien entre l'Esprit intellectuel et l'Esprit universel.

Tout en n'étant pas un organe individualisé comme l'esprit intellectuel, il a ce qui vaut bien mieux: la dépendance directe d'avec l'Esprit universel. Bien que l'Intuition ne donne pas d'information qui puisse être analysée et discriminée, elle apporte ce qui est de loin supérieur: la Réalisation de Soi par l'Identification.

Mahâmati alors demanda au Béni du Ciel, en disant: Je vous en prie, dites-nous, ô Béni du Ciel, quels clairs entendements devrait avoir un disciple sincère s'il doit réussir dans la discipline qui amène à l'auto-réalisation?

Le Béni du Ciel répondit: Il y a quatre choses par l'accomplissement desquelles le disciple sincère peut atteindre la Réalisation de Soi et la Noble Sagesse, et devenir un Bodhisattva-Mahasattva: d'abord; il doit avoir une compréhension claire de ce que toutes choses ne sont que des manifestations de l'esprit lui-même; ensuite, il doit abandonner la notion de naissance, de demeure et de disparition; troisièmement, il doit clairement comprendre le sans-existence-propre autant des choses que des personnes; et quatrièmement, il doit avoir une vraie conception de ce qui constitue l'auto-réalisation de la Noble Sagesse. Pourvu de ces quatre entendements, les disciples sincères peuvent devenir des Bodhisattvas et accéder à l'Intelligence transcendantale.

Pour ce qui est de la première : il doit reconnaître et être pleinement convaincu de ce que ce triple monde n'est autre qu'une complexe manifestation de nos activités mentales; qu'il est dépourvu d'une existence propre et de ses propriétés. Qu'il n'y a ni efforts, ni allées, ni venues. Il doit reconnaître et accepter le fait que ce triple monde est manifesté et n'est imaginé comme étant réel que sous l'influence de l'énergie d'habitude accumulée depuis des temps immémoriaux, à cause de la mémoire, des fausses imaginations, des faux raisonnements et des attachements aux multiplicités d'objets et de réactions, en proche relation et en conformité aux idées de corps-propriété-et-demeure.

Pour la seconde chose; il doit reconnaître et être convaincu que toutes choses doivent être vues en tant que formes vues dans une vision et dans un rêve, vides de substance, non-nées et sans nature propre, que toutes choses n'existent qu'en raison d'un réseau compliqué de causalité qui doit son apparition à la discrimination et à l'attachement et qui finit par l'apparition du système mental ainsi que ses possessions et évolutions.

Pour ce qui est de la troisième; il doit reconnaître et accepter patiemment le fait que son propre esprit et sa personnalité sont aussi des constructions de l'esprit, qu'ils sont vides de substance, non-nés et sans existence propre. Avec ces trois choses clairement à l'esprit, le Bodhisattva pourra pénétrer dans la vérité de l'absence d'image. Pour ce qui est de la quatrième, il doit avoir une vraie conception de ce qui constitue l'auto-réalisation de la Noble Sagesse. Premièrement, il n'est pas comparable aux perceptions atteintes par les mentations sensorielles, et pas non plus comparable à la cognition de l'esprit discriminant et intellectuel. Les deux présupposent une différence entre soi et non-soi et la connaissance ainsi atteinte est caractérisée par l'individualité et la généralité. L'auto-réalisation se fonde sur l'identité et l'unité; il n'y a rien à discriminer ni à prédiquer à son sujet. Mais pour entrer dedans, le Bodhisattva doit être libre de tous présupposés et attachements aux choses, aux idées et au soi.
Source du texte : zen montpellier (d'après la trad. anglaise de D.T. Suzuki)



Emission Sagesse bouddhiste avec Jean-Paul Ribes et Eric Rommelière sur les Soûtras. 





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