mardi 15 mars 2011

Daisetz Teitaro Suzuki / Sengai Gibon


Daisetz Teitaro Suzuki (18 octobre 1870, Kanazawa, Japon – 22 juillet 1966) est un auteur reconnu de livres et d'essais sur le bouddhisme et sur le zen qui jouèrent un rôle important dans l'intérêt porté au zen en Occident, (...). Il fut un ami du philosophe Kitarō Nishida.
Suzuki est aussi un traducteur prolifique du chinois, japonais et de la littérature sanskrite. Suzuki a passé plusieurs longs tronc d'enseignement ou des conférences dans des universités occidentales, et il s'est consacré de nombreuses années à un poste de professeur dans une université bouddhiste japonaise, Otani.
Source du texte : wikipedia


Bibliographie :

- Le Non mental selon la pensée zen. Ed. Le Courrier du livre, 1992. 
- Les Chemins du Zen. Ed. Albin Michel, 1995
- Essais sur le bouddhisme Zen. Trois tomes. Ed. Albin Michel, 2003
- Derniers écrits au bord du vide. Ed. Albin Michel, 2010.
- Manuel de bouddhisme zen. Ed. Dervy.
- Sengai (*), le rire, l'humour et le silence du zen. Ed. Courrier du Livre

(*) Sengai Gibon (1750-1832) était un prêtre zen (école Rinsai) de la période Edo (1600-1868), responsable du temple Shufoku-ji, le plus ancien temple zen connu au Japon, dans la région d'Hakata (Fukuoka). Il était réputé pour son enseignement et ses écrits polémiques, ainsi que pour ses Sumi-e (dessin japonais monochrome à l'encre).
"Chaque trait de mon pinceau est l'aboutissement de l'énergie la plus profonde de mon coeur".



Sengai - Monde

La soudaineté signifie, en termes d'espace, faire un saut au-dessus du vide.
Nous devons sauter du fini à l'infini et alors nous saurons qui nous sommes.
Vous pouvez comprendre cela, mais si vous y pensez, vous tombez dans la confusion. Nous passons tous par là. Tous les maîtres aussi. (...)

Mais les êtres humains se divisent entre "je suis ici et le monde est là", et pas seulement "là" mais "contre moi". Je n’ai aucune expérience d’être un chien ou un chat et je ne sais pas ce qu’ils ressentent. Mais ce qu’on peut voir de leur comportement montre qu’ils sont tenaillés par la faim et les besoins physiques. Nous connaissons quelque chose de plus que les exigences impérieuses de la nature physique. Nous ne dormons pas. Nous faisons des rêves et nous tourmentons, ce qui faisait dire à un maître de la dynastie Tang : "Les gens ne mangent ni ne dorment." Nous pensons au lendemain, nous pensons au passé, nous entretenons nos rêves et nous nous faisons du souci. Imagination, mémoire et projection dominent nos vies et provoquent de la souffrance. Je ne suis pas en train de suggérer que nous devrions vivre sans elles, comme un chien, mais avec toute notre histoire, nos souvenirs, avec toute nos prévisions eschatologiques, nous devons apprendre à vivre comme s’il n’y avait rien dans le passé et le futur. C’est vivre dans le monde spirituel et cela doit être expérimenté en passant par l’illumination.
Extrait de : Derniers écrits au bord du vide.
Source du texte : Buddhachannel



Sengai - Hotei


Le satori est donc tout le Zen. Le Zen commence avec lui et finit avec lui. Quand il n'y a pas de satori, il n'y a pas de Zen. "Le satori est la mesure du Zen", comme l'a déclaré un maître. Le satori est n'est pas un état de simple quiétude, ce n'est pas la tranquillisation, c'est une expérience intérieur qui a un caractère noétique; il doit comporter un certain éveil hors du domaine de la conscience relative, un certain abandon de la forme ordinaire d'expérience qui caractérise notre vie de tous les jours. Le terme qui le désigne dans le Mahayana est paravritti, "volte-face" ou "conversion" effectuée aux fondements même de la conscience. Ce retournement fait subir un changement complet à la totalité de l'édifice mental.
Extrait de : Essai sur le bouddhisme zen (tome 2, La signification du satori dans le zen).


Sengai - Chiot


Sengai - Grenouille

"Que signifie la venue de Bodhidharma de l'Occident ?".
C'est une question fréquemment posée par les maîtres Zen, et elle forme un des thèmes les plus importants dans l'étude du Zen. La question, cependant, ne concerne nullement l’évènement historique de l'arrivée de Bodhidharma en Chine, c'est-à-dire la signification historique de Bodhidharma dans le Bouddhisme chinois. On rapporte que le premier patriarche débarqua sur la côte méridionale de Chine dans la première année de P'ou-t'oung (520 de notre ère), mais la question n'a rien à faire avec ces faits. (...)
La question : "Que signifie la venue de Bodhidharma de l'Occident ?" signale donc directement la présence de quelque vérité profonde et mystique cachée dans le système du Bouddhisme. Elle revient à ceci : "Quelle est l'essence du Bouddhisme, telle que l'a comprise le premier patriarche du Zen ?"
Y-a-t'il quelque chose qui ne peut être exprimé ni expliqué dans les écrits canoniques classées dans les "Trois corbeilles" (Tripitaka) et arrangés selon les "Neuf" ou "Douze divisions" ? Bref, quelle est la vérité du Zen ? Toutes les réponses données à cette question importante entre toutes sont donc autant de manières différentes de montrer la voie vers la vérité ultime.
Extrait de : Essai sur le Bouddhisme zen (tome 2).



Sengai - Mont Fuji

Si un sumiye s'efforce de copier une réalité objective, c'est un échec complet; il ne le fait jamais, il est plutôt une création. Un point sur un croquis sumiye ne représente pas un faucon, une ligne courbe ne symbolise pas le Mont Fuji. Le point est l'oiseau et la ligne est la montagne. (...)
Extrait de : Essai sur le Bouddhisme zen (tome 3, Zen et sumiye).



Sengai - Poisson


"Les mains vides, je vais, et pourtant la bêche est dans mes mains;
Je vais à pied, et cependant je suis monté sur le  dos d'un boeuf;
Lorsque je passe sur le pont,
Voyez ! L'eau ne coule pas, mais c'est le pont qui coule !"
(Fou-ta-chih)
Cela a l'air complètement dénué de raison, mais en fait le Zen abonde en irrationalisme verbaux de cet ordre.
Extrait de : Essai sur le Bouddhisme zen (tome 1, Paradoxes).



Sengai - Tigre

"Sous l'épée haut levée
L'enfer vous fait trembler;
Mais allez de l'avant,
Et vous trouverez le pays de félicité".
(Myamoto Musashi 1582-1645)
C'est non seulement l'insouciance, mais l'abandon de soi que l'on connait dans le Bouddhisme comme un état de non-égo. Telle est la signification religieuse de l'art de l'escrime.
Extrait de : Essais sur le Bouddhisme zen (Tome 3, Solitude éternelle).



Sengai - Le moine assoiffé

Sengai - Enso

En conclusion, l'esprit de solitude éternelle (Viviktadharma), qui est l'esprit de Zen, s'exprime sous le nom de sabi dans les divers secteurs artistique de la vie, tels que le travail d'architecte, paysagiste, la cérémonie du thé, le salon de thé, la peinture, l'art de disposer les fleurs, l'habillement, l’ameublement, la manière de vivre, la danse du nô, la poésie, etc. Cet esprit comprend des éléments tels que la simplicité, le naturel, le non-conformisme, le raffinement, la liberté, la familiarité étrangement mitigée de désintéressement, la banalité quotidienne exquisément voilée d'intériorité transcendantale.
A titre d'exemple, le décrirai un salon de thé dans l'un des temples attachés à Daitokuji, le temple Zen qui est le quartier général de la cérémonie de thé. (...)
Maintenant nous écoutons l'eau bouillir dans la bouilloire posée sur un trépied, au-dessus d'un feu entretenu dans un trou carré creusé dans le sol. Le son n'est pas réellement celui de l'eau qui bout, mais il vient de la lourde bouilloire de fer, et le connaisseur le compare très justement à la brise qui passe à travers la pinède. Cela ajoute considérablement à la sérénité de la pièce car l’homme a l'impression qu'il est assis seul dans une hutte de montagne avec pour seuls compagnons réconfortants un nuage blanc et la musique des pins. (...)
Extrait de : Essais sur le Bouddhisme zen (tome 3, Le salon de thé).




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