jeudi 14 avril 2011

Stéphane Arguillère








Stéphane Arguillère est agrégé de philosophie, docteur en histoire des religions et anthropologie religieuse, ancien directeur de programme au Collège international de Philosophie, chargé de conférences à la Section des Sciences religieuses de l’École pratique des hautes Études, chargé de cours en philosophie à Paris-I et à l’INALCO.
Il est aussi traducteur pour des conférences, sur la photo avec Nyoshül Khenpo.
Site internet : arguillere.org
Blogue : arguillere.over-blog



Bibliographie :
1. Le Chant d’illusion, traduction du tibétain de poèmes de Nyoshül Khenpo (1937-1999), accompagnée d’une introduction historique et d’une postface philosophique, dans la collection « Connaissance de l’Orient » de Gallimard, Paris, janvier 2000 (258 pages, dont 80 pages de traduction et 140 pages de présentation, commentaire, bibliographie et index).
2. Matière vivante, regard sur la peinture de Yahne Le Toumelin, Pauvert, Paris, novembre 2001 (144 pages).
3. Le Vocabulaire du Bouddhisme, collection « Vocabulaire de… », Ellipses, Paris, mars 2002 (128 pages).
4. L’Opalescent joyau (Nor-bu ke-ta-ka) de Ju Mipham (1846-1912), traduction du tibétain, avec introduction et notes et un essai philosophique, Fayard, « Trésors du Bouddhisme », Paris, mars 2004 (310 pages).
5. Vaste Sphère de Profusion — La vie, l’œuvre et la pensée de Klong-chen rab-’byams (Tibet, 1308-1364), avec huit chapitres du Chos dbyings rin po che’i mdzod et quatre chapitres de son auto-commentaire, édités et traduits, Peeters, « Orientalia Lovaniensa Analecta », n°167, Louvain, décembre 2007 (726 pages). Table des matières. Extraits sur Google livres.
6. La distinction des vues, rayon de lune des points clefs du Véhicule suprême, traduction commentée du lTa-ba’i shan ‘byed de Gorampa (Go-rams-pa bSod-nams seng-ge, Tibet, 1429-1489), « Trésors du Bouddhisme », Fayard, Paris, novembre 2008 (260 pages).
Source et suite (liste des articles et publications) : arguillere.org / arguillere.over-blog
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En ligne : 

"Connaissance par corps" et "notions communes" Quelques remarques inspirées de Bourdieu, Spinoza et Deleuze pour éclaircir la fonction du travail de terrain pour comprendre une pensée "savante" étrangère. Dans : Revue Socio-anthropologie, no 20, 2007.
Mélanges de philosophie comparée et de métaphysique (PDF). Les Papiers du Collège International de Philosophie, no 53. Sommaire.
Du lieu de nulle chose au Banquet sans fin et autres textes (PDF). Les Papiers du Collège International de Philosophie, no 46. Sommaire
Trois leçons sur la pensée tibétaine (PDF). Les Papiers du Collège International de Philosophie, no 40. Sommaire.
Trois essais sur la philosophie bouddhique (PDF). Les Papiers du Collèges International de Philosophie, no 33. Sommaire.



Yahne Le Toumelin (1923-), "Amor"
(...)
J’ai fait un autre choix et, sans dédaigner le legs des traditions de pensée occidentales, je me suis plongé dans la pensée tibétaine. Pourquoi ?

Si l’idéal de la philosophie est cette pensée de la pensée, cette transparence parfaite à soi qu’exprime la définition hégélienne de la raison — « certitude de soi-même comme étant toute chose » —, il est à supposer que la voie royale pour y parvenir est l’étude de ce que j’ai appelé, dans mes premiers articles de l’époque du Collège International de Philosophie, l’auto-production circulaire de l’esprit — la manière dont l’esprit s’enfante lui-même. Parce que le bouddhisme, notamment dans ses formes tardives, a poussé plus loin qu’aucune autre forme de pensée une conception de l’esprit comme « l’étant qui se produit radicalement lui-même en son être », il n’est pas ridicule de penser que l’exploration de la littérature philosophique du bouddhisme, comme « point de départ contingent quelconque », promet de beaux fruits spéculatifs. (...)
Est-ce à dire que j’utiliserais, dans mon travail sur les pensées tibétaines, des démarches conformes à ce que M. Kapstein appelle la « critériologie » des Tibétains — leurs théories, inspirées principalement de Dignæga et Dharmakîrti, des « moyens de connaissance droits » ? Non, car je crois que, pour mentionner une fois encore Hegel, ce qu’il dit d’Aristote s’applique très bien aux auteurs que j’ai étudiés le plus attentivement : la logique qu’ils mettent à l’œuvre quand ils pensent effectivement un certain contenu est bien supérieure à la logique des traités de logique indo-tibétaine qu’ils regardaient pourtant comme tout à fait valide. Pour le dire autrement : leur philosophie ne rentrerait pas dans les cadres étroits de leur théorie de la connaissance et de leur logique ; ou encore, pour le dire d’une manière moins négative : leur philosophie inclut implicitement une logique spéculative qui est encore bien plus intéressante que la logique formelle à laquelle ils souscrivent pas ailleurs (la conscience de cela affleure chez Klong-chen-pa ; elle est assez bien articulée chez Mi-pham, qui pourtant a consacré beaucoup plus d’attention au tshad-ma que Klong-chen-pa). (...)

Vouloir penser l’idée non seulement eu égard à sa vérité, mais encore dans le processus de sa production, ce n’est pas seulement s’intéresser à la genèse des idées chez les auteurs que l’on étudie, sans opposer histoire (ou genèse, ou production) et vérité. C’est aussi s’intéresser à la philosophie, pour reprendre l’approche bien connue de Pierre Hadot, comme exercice spirituel. Je ne suis pas bien sûr le premier à avoir saisi cette dimension de la pensée tibétaine : elle a été parfaitement caractérisée par M. Kapstein dans un article paru il y a une dizaine d’années. Mais, et ce sera ma conclusion sur ce point, ce qui caractérise mon approche, c’est d’étendre au côté subjectif — la pensée du chercheur travaillant sur la philosophie tibétaine — ce que M. Kapstein a judicieusement appliqué au côté objectif — le contenu de la philosophie tibétaine, ou la pratique du philosophe tibétain, objet de notre étude.

En somme, j’envisage l’étude universitaire, historienne, de la philosophie tibétaine aussi comme un exercice spirituel, comme une ascèse au travers de laquelle se fait un devenir de l’esprit du chercheur, dans l’horizon d’une vérité qui n’est pas seulement objective — atteindre à une description scientifique, rigoureuse, des contenus de la pensée tibétaine dans leur mouvement historique — mais également subjective — augmentation de la puissance d’agir, de sentir et de penser du chercheur, voire, actualisation de ses puissances intérieures et révélation de son essence. Je ne parle pas là d’une expérience proprement spirituelle — religieuse, mystique —, mais d’une expérience contemplative du genre intellectuel : l’expérience des transformations intérieures qui se font en nous au contact de notre objet d’étude, nous rendant peu à peu aptes à d’autres tâches intellectuelles, mais aussi à d’autres expériences. (...)
Extrait d'un discours (de soutenance d'habilitation à diriger des recherches).
Sources : arguillere.org / 
arguillere.over-blog

Introduction au Vijnanavada (Doctrine de la Conscience) :




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