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dimanche 14 mai 2017

Les pensées tibétaines

MAJ de la page : Stéphane Arguillère



Les Nuits de France Culture par Philippe Garbit
Philosophies d'ailleurs : Les pensées tibétaines 14.05.2017 (1ère diffusion : 01/09/2009)
Avec Stéphane Arguillère, philosophe, docteur en histoire des religions et anthropologie religieuse à propos de la philosophie et du bouddhisme tibétain.

vendredi 5 août 2011

Longchenpa ou Longchen Rabjam ou Klong-chen rab'-byams-pa



L'œuvre de Klong chen rab 'byams (alias Klong chen pa) a laissé une profonde empreinte dans la culture tibétaine, non seulement en raison de ses qualités proprement philosophiques, mais encore grâce à sa dimension spirituelle et du fait aussi à son écriture poétique, dont les couleurs la mettent à part de la grande masse de la grisaille scolastique bouddhique. S'inscrivant principalement dans le courant spirituel de la « Grande Complétude » (rDzogs chen) de l'école dite Ancienne (rNying ma), il ne s'en est pas moins appliqué à réaliser une synthèse générale des doctrines et traditions bouddhiques connues au Tibet à son époque. Dans ce livre (Profusion de la vaste sphère), Stéphane Arguillère a reconstitué, à partir de la plupart des sources disponibles, ce que l'on pouvait savoir de la vie de cet auteur ; il s'est essayé à établir un catalogue fiable de ses œuvres authentiques et à proposer une interprétation philosophique générale de sa pensée. Le volume s'achève sur la traduction française de quelques chapitres d'une œuvre majeure de la fin de la vie de Klong chen rab 'byams, illustrant le style très particulier de cet auteur.
Source du texte : Peteers publishers


Bibliographie :
- La liberté naturelle de l'esprit, trad. Philippe Cornu, Ed. Points sagesse, 1994.
- Dans le confort et l'aise, Ed. Le Publieur, 2002.
- Huit chapitres du Trésor de l’Élément réel et quatre chapitres de son auto-commentaire dans :
Stephane Arguillère, Profusion de la vaste sphère, Klong-chen rab-'byams (Tibet, 1308-1364). Savie, son oeuvre, sa doctrine. Ed. Peeters, 2007.
- La précieuse guirlande en quatre thème, Ed. Accarias, 2011.
En ligne :
- Dans le confort et l'aise : storage (PDF)
Etudes :
Stéphane Arguillère, Profusion de la vaste sphère, Klong-chen rab-'byams (Tibet, 1308-1364). Savie, son oeuvre, sa doctrine. Ed. Peeters, 2007.


La vue.
La vue est absolument pure, sans limites ni centre,
Ne se montre pas comme "ceci" : sans étendue ni hauteur,
Au delà de l'éternité et du néant, elle est libre des souillures des quatres extrêmes.
La cherche-t-on, on ne la trouve pas; l'ayant regardée, on ne la voit pas.
Au-delà des opinions et de la partialité, en aucun cas un objet du mental.
Ce n'est pas un système philosophique, elle n'est ni vide ni non vide,
Elle ne dépend ni de la réalisation, ni de l'absence de réalisation,
Ni de calculs ou d'objectifs précis.
Puisque cet Eveil, l'absolue pureté primordiale de tout
Est sans naissance ni cessation, informulable, inconcevable et inexprimable,
C'est la sphère où pur et impur n'ont plus d'existence,
Vastitude où toutes choses sont inconcevables, égales et parfaites,
Sans entraves ni liberté, sans allées ni venues ni résidence.
(...)
Extrait de : La liberté naturelle de l'esprit, trad. Philippe Cornu
Commande sur Amazon : La liberté naturelle de l'esprit
Autre extrait : Eveil impersonnel / Sangharime


3.1.8. La non dualité dans l'esprit d'Eveil
Toutes choses (sont embrassées dans) un seul Élément et, dans la connaissance principielle,
Elles sont non-duelles; (telle est) la situation de leur quiddité.
L'apparence duelle vient au jour en un divertissement à partir de l'expressivité infinie;
La non-dualité des apparences et imputations (mentales), c'est cela que l'on appelle l'esprit d'Eveil non duel.
Dans l'Eveil, Intelligence sans mouvement ni altération,
Viennent au jour samsara et nirvana, existence phénoménale (où il n'y a) rien à bannir ni à obtenir.
Du point de vue de l'adepte pour qui il n'y a ni (sujet) préhensible ni (objet) préhensible,
Ces néants manifestes sont d'une cosmique étrangeté.
Bien qu'il n'y ait (rien) à évacuer, son épanouissement enveloppe limites et centre.
Quoiqu'il n'y ait ni (objet) préhensible ni (sujet) préhensible, chacun s'attache au "je" et au "moi".
Quoiqu'il n'y ait ni fondement ni principe, les vies successives semblent s’enchaîner.
Alors qu'il n'y a (rien à) supprimer ni à produire, on s'applique à obtenir le bien-être et à se départir de la souffrance.
Ayant regardé autour de moi, (je les trouve) bien curieuses, les perceptions des êtres !
Ce qui est irréel, ils le prennent pour réel; et, de ce fait, cela parait (de plus en plus) réel;
L’indéterminé, tenu pour déterminer, prend la tournure du déterminé.
Ce qui n'est point être et que l'on appréhende comme étant à tout l'air d'exister.
on tient pour plausible ce qui ne l'est pas, et cela (prend) un aspect tout à fait plausible.
(...)
Extrait du Trésor de l'Elément réel dans : Stephane Arguillère, Profusion de la vaste sphère.
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jeudi 21 juillet 2011

Vasubandu

Vasubandhu, (IIIe-IVe siècle), moine bouddhiste gandharais, est l’un des fondateurs de l’école yogācāra avec son demi-frère Asanga et Maitreyanātha. Il est également le vingt-et-unième patriarche du Chan ou du zen. Il est souvent considéré comme un bodhisattva.
Le terme sanskrit Vasubandhu signifie littéralement la bonne parenté, vasu bon ou excellent, et bandhu parenté . D'où est issu son nom traduit en chinois Shiqin (Shìqīn parenté de génération en génération) ou Tianqin (Tiānqīn parenté céleste), son nom chinois de la transcription phonétique Poxiupantou (póxiūpántóu), ou Posoupandou (pósǒupándòu) ou Fasupandu (fásūpándù) n'est quasiment plus utilisé. Son nom en tibétain est dbyig gnyen.
Ses écrits, dont le plus important est le Trésor de l’Abhidharma (Abhidharmakośa), traduits en chinois et en tibétain, ont exercé une influence importante sur les bouddhismes mahāyāna et vajrayāna.
Source du texte : wikipedia


Bibliographie :
- Vijñaptimātratāsiddhi : deux traités de Vasubandhu : viṃśatika et triṃsikā , trad. Sylvain Lévi, Bibliothèque de l'Ecole des Hautes Etudes. Sciences historiques et philologiques fasc. 245, 1925
- Abhidharmakosa, traduit et annoté par Louis de la Vallée Poussin, Paul Geuthner, Paris, 1926.
- Cinq traités sur l'esprit seulement, trad. Philippe Cornu], Fayard, collection "Trésors du bouddhisme", Paris, 2008.
- Jean-Marc Vivenza, Tout est conscience : une voie d'éveil bouddhiste, Albin Michel, col. Spiritualités vivantes, 2010.


1
Toutes choses sont seulement perception, 
Elles n'ont pas d'existence, mais sont perçues en tant qu'objets. 
Comme l'illustre l'exemple des malades atteints d'ophtalmie qui voient des cheveux ou une lune là où il n'y a rien, 
Aucun objet n'a d'existence réelle. 

A ces mots on pourrait objecter :
2 (Objection)
Mais si la perception n'a pas d'objet extérieur, 
Il ne saurait y avoir de lieux et de moments déterminés,
Il serait de même illogique que plusieurs esprits (perçoivent le même objet), 
Et (nul objet) n'assumerait sa fonction !

Expliquons d'abord ces objections :
Quand ce produit par exemple la perception d'une forme sans qu'il y ait d'objet correspondant, si ladite perception ne découle pas de la présence d'un objet externe comme une forme, pourquoi cela se produit-t-il dans un lieu précis et non pas n'importe où ? Et dans ce lieu défini, l'évènement arrive à un moment particulier et non tout le temps. Comment donc expliquer que cette perception surgit dans l'esprit de tous ceux qui se trouvent à cet endroit-là à un moment précis et non dans l'esprit d'un seul d'entre-eux, comme pour l'homme affecté d'ophtalmie qui perçoit des cheveux là ou personne d'autre n'en voit ? Enfin, pourquoi les cheveux ou les mouches volantes que voit cet homme affligé d'ophtalmie n'assument-ils pas la fonction propre aux cheveux, (aux mouches) et ainsi de suite, alors que les mêmes objets perçus par d'autres personnes assument cette fonction ?
   La nourriture, la boisson, les vêtements, le poison ou les armes que l'on voit en rêve n'accomplissent nullement leur fonction nourricière, désaltérante, etc., mais il en va tout autrement pour les objets (réels).
   Une cité aérienne de mangeurs de parfums, de par son inexistence même, n'accomplit point la fonction d'une cité, mais il n'en va pas de même pour les autres cités. Si donc ces objets sont vraiment inexistants, il est tout simplement impossible de déterminer lieu et temps, mais aussi la pluralité des esprit (qui perçoivent un même phénomène) et l'efficience des phénomènes.
   - Non, ce n'est pas absurde, car :
3 (Réponse)
La détermination de l'espace (et du temps)
Est établie comme elle l'est dans les rêves. 

"Comme dans les rêves", c'est-à-dire de la même manière qu'en rêve. Comment cela ? Dans un rêve, aucun objet extérieur n'intervient et pourtant il s'y manifeste divers phénomènes tels qu'abeilles, jardins, hommes et femmes, en des endroits précis et non n'importe où. Et dans ces lieux déterminés, ces mêmes phénomènes apparaissent à des moments précis et non pas n'importe quand. Par conséquent, même en l'absence d'objet réellement existants, lieux et temps sont clairement définis.
(...)
Extrait de La Vingtaine et son auto-commentaire dans Cinq traits sur l'esprit seulement, trad. Philippe Cornu, Ed.Fayard.
Commande sur : Amazon


L'Abidharmakosabhasya (trad. Louis de la Vallée Poussin) :



Suite : volume 2 / 3 / 4 / 5 / 6


Introduction au Vijñānavāda (Doctrine de la Conscience) » par Stéphane Arguillère





« L’idéalisme bouddhique ou vijñānavāda (« doctrine de la conscience ») est sans doute le système de philosophie le plus ample et le plus consistant que le bouddhisme, et plus généralement la pensée non-occidentale, ait engendré (j’inclus le Proche-Orient et l'Afrique du Nord dans la sphère occidentale, puisque les pensées qui s'y sont développées se sont tout de même inscrites à bien des égards dans une filiation aristotélico-néoplatoncienne).
Ce que cette pensée a de plus curieux, c'est précisément sa problématique intégralement idéaliste, qui, au IIIe-IVe siècle de notre ère où les frères Asanga et Vasubandhu en ont déployé toutes les articulations, la rend à cet égard conceptuellement contemporaine de nos philosophes classiques, de Berkeley ou de Leibniz, plutôt que de Plotin ou de S. Augustin. Mais le plus étonnant, pour nous, est le caractère central de la notion de causalité, ou de production, dans cette forme d'idéalisme. Ce qui peut nous amener à nous poser au moins une question intéressante en termes d'histoire de la philosophie : pourquoi, chez nous, le développement de l'hypothèse idéaliste a-t-elle été de pair avec une évacuation progressivement de plus en plus complète de la notion de production causale, de la cause efficiente, dont on voit le couronnement, peut-être, chez Husserl ? Pourquoi la notion de causalité psychique, pourtant éminemment bien posée par Spinoza, a-t-elle peu à peu été évacuée de l'idéalisme moderne européen ?
Je ne tâcherai pas de répondre à cette question, qui comme telle n'intéresse pas le bouddhisme, mais d'esquisser les grandes lignes du système de l'idéalisme bouddhique en tâchant de le reconstruire (en abrégé) « selon l'ordre des raisons », un peu comme s'il avait été inventé, non pas dans le haut moyen âge indien, mais quelques décennies après Descartes. Ce qui m'amènera aussi m'interroger sur le rapport entre raison et écriture dans le bouddhisme, ou sur le caractère plus ou moins purement philosophique du système dans sa forme originale. »
Stéphane Arguillère.
Source du texte : vimeo



jeudi 14 avril 2011

Stéphane Arguillère








Stéphane Arguillère est agrégé de philosophie, docteur en histoire des religions et anthropologie religieuse, ancien directeur de programme au Collège international de Philosophie, chargé de conférences à la Section des Sciences religieuses de l’École pratique des hautes Études, chargé de cours en philosophie à Paris-I et à l’INALCO.
Il est aussi traducteur pour des conférences, sur la photo avec Nyoshül Khenpo.
Site internet : arguillere.org
Blogue : arguillere.over-blog



Bibliographie :
1. Le Chant d’illusion, traduction du tibétain de poèmes de Nyoshül Khenpo (1937-1999), accompagnée d’une introduction historique et d’une postface philosophique, dans la collection « Connaissance de l’Orient » de Gallimard, Paris, janvier 2000 (258 pages, dont 80 pages de traduction et 140 pages de présentation, commentaire, bibliographie et index).
2. Matière vivante, regard sur la peinture de Yahne Le Toumelin, Pauvert, Paris, novembre 2001 (144 pages).
3. Le Vocabulaire du Bouddhisme, collection « Vocabulaire de… », Ellipses, Paris, mars 2002 (128 pages).
4. L’Opalescent joyau (Nor-bu ke-ta-ka) de Ju Mipham (1846-1912), traduction du tibétain, avec introduction et notes et un essai philosophique, Fayard, « Trésors du Bouddhisme », Paris, mars 2004 (310 pages).
5. Vaste Sphère de Profusion — La vie, l’œuvre et la pensée de Klong-chen rab-’byams (Tibet, 1308-1364), avec huit chapitres du Chos dbyings rin po che’i mdzod et quatre chapitres de son auto-commentaire, édités et traduits, Peeters, « Orientalia Lovaniensa Analecta », n°167, Louvain, décembre 2007 (726 pages). Table des matières. Extraits sur Google livres.
6. La distinction des vues, rayon de lune des points clefs du Véhicule suprême, traduction commentée du lTa-ba’i shan ‘byed de Gorampa (Go-rams-pa bSod-nams seng-ge, Tibet, 1429-1489), « Trésors du Bouddhisme », Fayard, Paris, novembre 2008 (260 pages).
Source et suite (liste des articles et publications) : arguillere.org / arguillere.over-blog
Commande sur Amazon.



En ligne : 

"Connaissance par corps" et "notions communes" Quelques remarques inspirées de Bourdieu, Spinoza et Deleuze pour éclaircir la fonction du travail de terrain pour comprendre une pensée "savante" étrangère. Dans : Revue Socio-anthropologie, no 20, 2007.
Mélanges de philosophie comparée et de métaphysique (PDF). Les Papiers du Collège International de Philosophie, no 53. Sommaire.
Du lieu de nulle chose au Banquet sans fin et autres textes (PDF). Les Papiers du Collège International de Philosophie, no 46. Sommaire
Trois leçons sur la pensée tibétaine (PDF). Les Papiers du Collège International de Philosophie, no 40. Sommaire.
Trois essais sur la philosophie bouddhique (PDF). Les Papiers du Collèges International de Philosophie, no 33. Sommaire.



Yahne Le Toumelin (1923-), "Amor"
(...)
J’ai fait un autre choix et, sans dédaigner le legs des traditions de pensée occidentales, je me suis plongé dans la pensée tibétaine. Pourquoi ?

Si l’idéal de la philosophie est cette pensée de la pensée, cette transparence parfaite à soi qu’exprime la définition hégélienne de la raison — « certitude de soi-même comme étant toute chose » —, il est à supposer que la voie royale pour y parvenir est l’étude de ce que j’ai appelé, dans mes premiers articles de l’époque du Collège International de Philosophie, l’auto-production circulaire de l’esprit — la manière dont l’esprit s’enfante lui-même. Parce que le bouddhisme, notamment dans ses formes tardives, a poussé plus loin qu’aucune autre forme de pensée une conception de l’esprit comme « l’étant qui se produit radicalement lui-même en son être », il n’est pas ridicule de penser que l’exploration de la littérature philosophique du bouddhisme, comme « point de départ contingent quelconque », promet de beaux fruits spéculatifs. (...)
Est-ce à dire que j’utiliserais, dans mon travail sur les pensées tibétaines, des démarches conformes à ce que M. Kapstein appelle la « critériologie » des Tibétains — leurs théories, inspirées principalement de Dignæga et Dharmakîrti, des « moyens de connaissance droits » ? Non, car je crois que, pour mentionner une fois encore Hegel, ce qu’il dit d’Aristote s’applique très bien aux auteurs que j’ai étudiés le plus attentivement : la logique qu’ils mettent à l’œuvre quand ils pensent effectivement un certain contenu est bien supérieure à la logique des traités de logique indo-tibétaine qu’ils regardaient pourtant comme tout à fait valide. Pour le dire autrement : leur philosophie ne rentrerait pas dans les cadres étroits de leur théorie de la connaissance et de leur logique ; ou encore, pour le dire d’une manière moins négative : leur philosophie inclut implicitement une logique spéculative qui est encore bien plus intéressante que la logique formelle à laquelle ils souscrivent pas ailleurs (la conscience de cela affleure chez Klong-chen-pa ; elle est assez bien articulée chez Mi-pham, qui pourtant a consacré beaucoup plus d’attention au tshad-ma que Klong-chen-pa). (...)

Vouloir penser l’idée non seulement eu égard à sa vérité, mais encore dans le processus de sa production, ce n’est pas seulement s’intéresser à la genèse des idées chez les auteurs que l’on étudie, sans opposer histoire (ou genèse, ou production) et vérité. C’est aussi s’intéresser à la philosophie, pour reprendre l’approche bien connue de Pierre Hadot, comme exercice spirituel. Je ne suis pas bien sûr le premier à avoir saisi cette dimension de la pensée tibétaine : elle a été parfaitement caractérisée par M. Kapstein dans un article paru il y a une dizaine d’années. Mais, et ce sera ma conclusion sur ce point, ce qui caractérise mon approche, c’est d’étendre au côté subjectif — la pensée du chercheur travaillant sur la philosophie tibétaine — ce que M. Kapstein a judicieusement appliqué au côté objectif — le contenu de la philosophie tibétaine, ou la pratique du philosophe tibétain, objet de notre étude.

En somme, j’envisage l’étude universitaire, historienne, de la philosophie tibétaine aussi comme un exercice spirituel, comme une ascèse au travers de laquelle se fait un devenir de l’esprit du chercheur, dans l’horizon d’une vérité qui n’est pas seulement objective — atteindre à une description scientifique, rigoureuse, des contenus de la pensée tibétaine dans leur mouvement historique — mais également subjective — augmentation de la puissance d’agir, de sentir et de penser du chercheur, voire, actualisation de ses puissances intérieures et révélation de son essence. Je ne parle pas là d’une expérience proprement spirituelle — religieuse, mystique —, mais d’une expérience contemplative du genre intellectuel : l’expérience des transformations intérieures qui se font en nous au contact de notre objet d’étude, nous rendant peu à peu aptes à d’autres tâches intellectuelles, mais aussi à d’autres expériences. (...)
Extrait d'un discours (de soutenance d'habilitation à diriger des recherches).
Sources : arguillere.org / 
arguillere.over-blog

Introduction au Vijnanavada (Doctrine de la Conscience) :




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