Le terme sanskrit Vasubandhu signifie littéralement la bonne parenté, vasu bon ou excellent, et bandhu parenté . D'où est issu son nom traduit en chinois Shiqin (Shìqīn parenté de génération en génération) ou Tianqin (Tiānqīn parenté céleste), son nom chinois de la transcription phonétique Poxiupantou (póxiūpántóu), ou Posoupandou (pósǒupándòu) ou Fasupandu (fásūpándù) n'est quasiment plus utilisé. Son nom en tibétain est dbyig gnyen.
Ses écrits, dont le plus important est le Trésor de l’Abhidharma (Abhidharmakośa), traduits en chinois et en tibétain, ont exercé une influence importante sur les bouddhismes mahāyāna et vajrayāna.
Source du texte : wikipedia
Bibliographie :
- Vijñaptimātratāsiddhi : deux traités de Vasubandhu : viṃśatika et triṃsikā , trad. Sylvain Lévi, Bibliothèque de l'Ecole des Hautes Etudes. Sciences historiques et philologiques fasc. 245, 1925
- Abhidharmakosa, traduit et annoté par Louis de la Vallée Poussin, Paul Geuthner, Paris, 1926.
- Cinq traités sur l'esprit seulement, trad. Philippe Cornu], Fayard, collection "Trésors du bouddhisme", Paris, 2008.
- Jean-Marc Vivenza, Tout est conscience : une voie d'éveil bouddhiste, Albin Michel, col. Spiritualités vivantes, 2010.
1
Toutes choses sont seulement perception,
Elles n'ont pas d'existence, mais sont perçues en tant qu'objets.
Comme l'illustre l'exemple des malades atteints d'ophtalmie qui voient des cheveux ou une lune là où il n'y a rien,
Aucun objet n'a d'existence réelle.
A ces mots on pourrait objecter :
2 (Objection)
Mais si la perception n'a pas d'objet extérieur,
Il ne saurait y avoir de lieux et de moments déterminés,
Il serait de même illogique que plusieurs esprits (perçoivent le même objet),
Et (nul objet) n'assumerait sa fonction !
Expliquons d'abord ces objections :
Quand ce produit par exemple la perception d'une forme sans qu'il y ait d'objet correspondant, si ladite perception ne découle pas de la présence d'un objet externe comme une forme, pourquoi cela se produit-t-il dans un lieu précis et non pas n'importe où ? Et dans ce lieu défini, l'évènement arrive à un moment particulier et non tout le temps. Comment donc expliquer que cette perception surgit dans l'esprit de tous ceux qui se trouvent à cet endroit-là à un moment précis et non dans l'esprit d'un seul d'entre-eux, comme pour l'homme affecté d'ophtalmie qui perçoit des cheveux là ou personne d'autre n'en voit ? Enfin, pourquoi les cheveux ou les mouches volantes que voit cet homme affligé d'ophtalmie n'assument-ils pas la fonction propre aux cheveux, (aux mouches) et ainsi de suite, alors que les mêmes objets perçus par d'autres personnes assument cette fonction ?
La nourriture, la boisson, les vêtements, le poison ou les armes que l'on voit en rêve n'accomplissent nullement leur fonction nourricière, désaltérante, etc., mais il en va tout autrement pour les objets (réels).
Une cité aérienne de mangeurs de parfums, de par son inexistence même, n'accomplit point la fonction d'une cité, mais il n'en va pas de même pour les autres cités. Si donc ces objets sont vraiment inexistants, il est tout simplement impossible de déterminer lieu et temps, mais aussi la pluralité des esprit (qui perçoivent un même phénomène) et l'efficience des phénomènes.
- Non, ce n'est pas absurde, car :
3 (Réponse)
La détermination de l'espace (et du temps)
Est établie comme elle l'est dans les rêves.
"Comme dans les rêves", c'est-à-dire de la même manière qu'en rêve. Comment cela ? Dans un rêve, aucun objet extérieur n'intervient et pourtant il s'y manifeste divers phénomènes tels qu'abeilles, jardins, hommes et femmes, en des endroits précis et non n'importe où. Et dans ces lieux déterminés, ces mêmes phénomènes apparaissent à des moments précis et non pas n'importe quand. Par conséquent, même en l'absence d'objet réellement existants, lieux et temps sont clairement définis.
(...)
Extrait de La Vingtaine et son auto-commentaire dans Cinq traits sur l'esprit seulement, trad. Philippe Cornu, Ed.Fayard.
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L'Abidharmakosabhasya (trad. Louis de la Vallée Poussin) :
Suite : volume 2 / 3 / 4 / 5 / 6
Introduction au Vijñānavāda (Doctrine de la Conscience) » par Stéphane Arguillère
« L’idéalisme bouddhique ou vijñānavāda (« doctrine de la conscience ») est sans doute le système de philosophie le plus ample et le plus consistant que le bouddhisme, et plus généralement la pensée non-occidentale, ait engendré (j’inclus le Proche-Orient et l'Afrique du Nord dans la sphère occidentale, puisque les pensées qui s'y sont développées se sont tout de même inscrites à bien des égards dans une filiation aristotélico-néoplatoncienne).
Ce que cette pensée a de plus curieux, c'est précisément sa problématique intégralement idéaliste, qui, au IIIe-IVe siècle de notre ère où les frères Asanga et Vasubandhu en ont déployé toutes les articulations, la rend à cet égard conceptuellement contemporaine de nos philosophes classiques, de Berkeley ou de Leibniz, plutôt que de Plotin ou de S. Augustin. Mais le plus étonnant, pour nous, est le caractère central de la notion de causalité, ou de production, dans cette forme d'idéalisme. Ce qui peut nous amener à nous poser au moins une question intéressante en termes d'histoire de la philosophie : pourquoi, chez nous, le développement de l'hypothèse idéaliste a-t-elle été de pair avec une évacuation progressivement de plus en plus complète de la notion de production causale, de la cause efficiente, dont on voit le couronnement, peut-être, chez Husserl ? Pourquoi la notion de causalité psychique, pourtant éminemment bien posée par Spinoza, a-t-elle peu à peu été évacuée de l'idéalisme moderne européen ?
Je ne tâcherai pas de répondre à cette question, qui comme telle n'intéresse pas le bouddhisme, mais d'esquisser les grandes lignes du système de l'idéalisme bouddhique en tâchant de le reconstruire (en abrégé) « selon l'ordre des raisons », un peu comme s'il avait été inventé, non pas dans le haut moyen âge indien, mais quelques décennies après Descartes. Ce qui m'amènera aussi m'interroger sur le rapport entre raison et écriture dans le bouddhisme, ou sur le caractère plus ou moins purement philosophique du système dans sa forme originale. »
Stéphane Arguillère.
Source du texte : vimeo
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