lundi 18 mai 2015

La méditation selon Nadège Amar

Comment définiriez-vous la méditation et ce qu'elle peut apporter dans la vie d'un pratiquant ?
" La méditation est pour l'âme ce que la nourriture est pour le corps." Chandra Swami
La pratique de la méditation, du recueillement, de la contemplation : c'est changer le fonctionnement de notre mental. Nous avons tous un mental plus ou moins agité, dissipé, désordonné, qui vagabonde. Nous avons du mal a l'apaiser pour qu'il puisse se tourner vers l'intérieur. Alors l'orienter vers un objet à contempler qui soit relié d'une manière ou d'une autre spirituellement, donne une intention qui nous accompagne. Cette intention/orientation va nous fortifier intérieurement. Nous permettre plus de présence intérieure, de vigilance et faire grandir le besoin d'une pratique régulière, car pour méditer, il faut se jeter à l'eau, c'est à dire : se mouiller, qui se traduit par s’asseoir et encore s’asseoir. Puis, peu à peu par la régularité de la pratique, on calme, on pacifie son mental, on contrôle le mouvement de ses pensées qui tout naturellement remontent et on arrive à se concentrer, à devenir de plus en plus conscient. C'est un travail de longue haleine, sur des mois, des années et comme aimait le dire Yvan Amar, nous ne pouvons pas faire l'économie de l'effort. Pour ma part cela a été possible grâce à la pratique du Japa que j'ai intégré dans mon quotidien, en plus de mes assises.

Quelle est la spécificité de l'approche que vous partagez ?
La spécificité de mon approche est qu'elle s'appuie sur la prière et la répétition d'un nom Divin, appelé mantra en Inde, cette pratique s'appelle le Japa, je l'ai reçu de mon maître Chandra Swami Udasin. Dans les textes indiens il est dit que pour cette période de Kali Yuga, c'est la méthode la plus adéquate pour atteindre la Vérité, la Réalité, Dieu. Cette pratique du Japa fait un travail souterrain de purification. C'est une récitation mentale que l'on fait au niveau du centre coeur. Dans la tradition chrétienne on peut la comparer à la prière du coeur et lire ce magnifique petit livre : Les récits d'un pèlerin russe.
Les méditations guidées que Chandra Swami Udasin m'a demandé de partager, sont basées sur l'attention à travers la respiration et la présence dans le centre coeur, pour vivifier les qualités de coeur et nous amener vers notre intérieur. Cette pratique est accessible à tous et n'est pas dépendante d'une posture, nous pouvons commencer maintenant là, tels que nous sommes dans cet instant .....
Source du texte : Méditation ? Journée découverte 2015

Nadège Amar participera (avec Francis Lucille, Yolande Duran, Simon Matthey et Paul Grant) à une journée de méditation, le samedi 4 juillet 2015, de 9h à 19h, dans la campagne genevoise (CHF 40.- pour la journée).
Formulaire d'inscription (nb de places limitée)


Nadège Amar a accompagné son mari Yvan, enseignant spirituel, disciple de Chandra Swami, pendant plus de vingt ans. Son propre cheminement s'est effectué dans le sillage de celui d'Yvan, répondant à la même évidence du Divin. Sa première ren­contre avec Chandra Swami a été tout aussi déterminante qu'elle l'avait été, quelques années auparavant, pour son mari et c'est à sa demande qu'elle accepte à présent de témoigner de son parcours, d'animer des sessions de questions-réponses et de méditation avec les chercheurs spirituels qui lui en font la demande. Inspirée par sa propre expérience, par l'enseignement de Chandra Swami comme par celui que transmettait Yvan, Nadège Amar partage son cheminement avec authenticité, animée par le désir de faire saisir que la spiritualité, loin de couper de la vie quotidienne, est au contraire la façon de l'habiter pleinement.
Auteur de « Mourir les yeux ouverts » avec Marie de Henneze, Ed. Pocket 2007, et de « Cheminer avec la méditation », Ed. du Relié, 2008.
Commande sur Amazon : Mourir les yeux ouverts
Extrait : L'essentiel vient du coeur, la paix (PDF)
Site officiel : Nadège Amar



La dynamique du cœur 
rencontre avec Nadège Amar, Interview de Terre du Ciel (extraits)

La perspective de la mort renvoie à l'intensité de l'instant présent. Il n'y a que l'instant présent. Chaque jour était plein parce que nous partions de ce qui était plein à l'intérieur de nous et non du vide ou du manque. J'avais lâché le désir que les choses soient autres que ce qu'elles étaient, c'est ce désir qui crée la souffrance. En lâchant cela, je suis entrée "dans plus de légèreté, je n'étais plus dans la volonté mais j'épousais ce qui était tout comme Yvan le faisait. C'est ce qui a rendu pos­sible de manifester la vie, la joie aussi, malgré tout. Cène ouverture à ce qui est permet de déployer sa créativité, de maintenir des zones de plaisir. D'avoir osé vivre la maladie si pleinement, d'avoir fait que peu de situations n'aient pas été menées à leur terme, ont per­mis que je ne vive pas la mort d'Yvan avec autant de souffrances que si cela n'avait pas été le cas, et qu'il y ait tout de suite ce passage, au moment de sa mort, vers quelque chose de plein, même s'il m'a fallu du temps pour l'intégrer. J'ai compris plus tard qu'il y a une par­tie de l'histoire de l'autre pour laquelle on ne peut rien, que cela n'empêche pas d'accompagner l'autre et de l'aimer pleinement, que cela ne retire rien mais au contraire vous oblige à vivre pleinement votre propre histoire. Ultimement, il n'y a que cela, accompagner ce présent inconnu au fur et à mesure qu'il défile, de tout votre cœur. Je dois aussi dire que nos amis ont été, et sont toujours, d'un soutien extraordinaire et qu'ils ont contribué, par leur présence constante, à un accompagnement du cœur au-delà des mots, qui m'a beaucoup aidée.
(...)

C'est dans ce sens que vous pouvez dire que vous avez vécu la mort d'Yvan comme une grâce ?
Toutes les épreuves, sa maladie, sa mort, que nous avons traversées ensemble, et je dis ensemble parce qu'il y a une partie de moi qui n'est plus la même depuis qu'il est mort, ne m'ont pas éteinte à la vie, elles n'ont pas tari ma soif ni de Dieu ni de vivre. Je ne me suis pas sentie punie, au contraire j'ai eu le sentiment d'avoir été enrichie. A sa mort, j'ai vécu une qualité d'être à l'intérieur de moi qui depuis ne me quitte plus, sur laquelle je peux m'asseoir, être avec quoi qu'il arri­ve. Quand je participe à des entretiens, cela reste à l'in­térieur de moi, tout le temps. C'est de cet endroit que je parle.

Vous dites souvent qu'il nous est nécessaire d'hu­maniser le chemin spirituel. Qu'entendez-vous par là ?
J'ai souffert moi-même de l'inaccessibilité de ce chemin spirituel. C'était souvent un de mes points de discussion avec Yvan : comment faire que ce chemin soit accessible, humain, quotidien. Si j'avais été touchée par la lecture de Ramakrishna ou de Ma Ananda Mayi, dont les enseignements parlaient à mon cœur, lorsque j'étais allée aux séminaires de Jean Klein, je n'avais rien compris à l'Advaïta Vedânta, j'étais noyée. Pour moi, la spiritualité doit être quelque chose de simple. La spiritualité est un don du Divin pour nous faire entrer dans la matière. C'est la science de l'esprit qui nous permet d'accompagner la matière, donc de vivre notre quotidien. J'étais mère de deux enfants, Yvan n'était pas en bonne santé, j'avais à faire avec cela quotidiennement, là devait être la spiritualité. Dès que j'avais lu des textes spirituels j'avais réalisé que je nourrissais mon esprit grâce à eux, mais que cet esprit était sur ce corps et que ce corps reposait sur un autre corps, c'était comme une chaîne à l'intérieur de moi entre esprit et matière.

C'est pour cela que j'ai eu très tôt conscience qu'on ne pouvait pas manger n'importe quoi, je suis devenue végétarienne, j'ai acheté des produits de l'agriculture biologique parce que les gens qui cultivent de cette façon le font en respectant le corps terre. Pour moi, cela fait partie d'un tout. A partir du moment où l'on com­mence à respecter son esprit, on prend conscience de la nécessité de respecter son corps. Humaniser le chemin spirituel pour moi, c'est ne plus se sentir divisé lorsque l'on sent en soi cet appel, le quotidien d'un côté, le spi­rituel de l'autre, les distractions d'un côté, la spirituali­té de l'autre. Nous devrions être capables de vivre cette spiritualité, cette quête intérieure, cette évidence de Dieu, quelle que soit la façon de l'appeler, sans que cela nous divise dans nos vies. Si nous continuons à séparer cette quête de notre quotidien, comment faire qu'elle soit accueillie par un plus grand nombre ? Tant qu'on dira aux gens qu'ils sont spirituels uniquement quand ils font cela et que, quand ils font ceci, ils ne le sont pas, il y aura séparation. La spiritualité n'est pas quelque chose qui sépare du reste mais quelque chose qui réunit au reste. C'est dans cette dynamique que j'ai envie d'être, c'est une dynamique du cœur, une voie du cœur, très exigeante parce qu'elle demande parfois de ne pas parler de ce que je ressens profondément lorsque je suis en présence de personnes qui ne sont pas du tout dans cette démarche. Cependant je me demande de plus en plus s'il ne faudrait pas, au contraire, le dire ouver­tement. Ceux qui aiment la moto s'affichent avec leur moto, ceux qui aiment le rouge s'affichent avec du rouge, alors pourquoi ne pas s'afficher avec son évi­dence de Dieu. Il ne devrait pas y avoir de différence, c'est comme si l'on pensait que la manipulation est inhérente à cette affirmation. Il nous faut sans doute lâcher cela aussi.
Source (interview complète) : Nadège Amar

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