mardi 28 juillet 2015

Grèce, Plan B et implications

MAJ de la page : Grèce : Varoufakis s'explique sur son incroyable plan B 




Grèce, Plan B et implications
Par Jacques Sapir, le 27 juillet 2015

La presse internationale a publiée plusieurs articles détaillant les propositions formulées par Yannis Varoufakis à Alexis Tsipras, propositions qui furent rejetées par le Premier ministre Grec. Elles nous éclairent sur le contenu du « plan B » qui existait en Grèce. Ces propositions montrent que, contrairement à ce que continuent à prétendre certains, dont Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF (voir son entretien à Marianne[1]), l’alternative n’était pas entre la « banqueroute » et la capitulation. Il y a eu ici un mensonge conscient quant aux raisons de la capitulation de Tsipras. Il existait bien, en effet, une autre voie et cette dernière n’était pas “rocambolesque”. Mais, celle-ci impliquait, à relativement court terme, une sortie de la Grèce de l’Euro, une position qui semble être acceptée par des collaborateurs de Varoufakis[2]. Il faut en tirer toutes les conséquences.

Le contenu de ce plan « B »

Ce plan a été en partie révélé par un quotidien grec[3], à partir de fuites provenant de l’appareil gouvernemental. Ce quotidien étant très opposé à Syriza, il convient de faire attention à des formulations qui sont employées, et qui ne correspondent nullement à la réalité. Néanmoins, on y apprend que Varoufakis et Tsipras, dès le mois de décembre 2014, soit avant l’élection de janvier 2015, s’attendaient à se heurter à une opposition résolue de la BCE et à un blocage des activités bancaires en Grèce. Le journaliste Britannique Ambrose Evans-Pritchard, dans The Telegraph, donne la version de Varoufakis[4]. Cette source peut-être considérée comme plus fiable, et en tous les cas plus honnête, que celle du journal grec. Romaric Godin, de La Tribune, dont on salue ici le couverture des événements en Grèce, a publié un article plus court sur le sujet[5].

Le plan de Varoufakis consistait à créer un système parallèle au système officiel pour les paiements entre le gouvernement et les entreprises[6]. Mais, l’administration fiscale étant de fait sous le contrôle d’experts appointés par la « Troïka », il fut obligé de le faire en secret. Ce système de paiements parallèles aurait permis au gouvernement grec de contourner le blocage des banques organisé par la BCE. Il aurait aussi pu permettre un glissement très rapide de l’Euro vers la Drachme, mais Varoufakis, selon les propos rapporté par The Telegraph, n’envisageait cela qu’en toute dernière extrémité[7]. Toujours d’après les déclarations faites à Ambrose Evans-Pritchard dans The Telegraph, Varoufakis affirme que c’est dans la nuits du 5 au 6 juillet, alors que le « Non » l’avait largement emporté au référendum, que Tsipras s’est refusé à mettre ce système en œuvre, ce qui provoqua la démission de Varoufakis.

Je sais, pour avoir été en contact avec des membres du cabinet de Varoufakis, que ce système de paiements parallèle n’était que l’un des éléments du « plan B ». La réquisition des banques et de la Banque Centrale, dans le cadre des pouvoirs d’urgence qu’auraient dû réclamer Tsipras, en faisait partie. Dans les conversations que j’ai eu avec des membres du cabinet, j’ai expliqué qu’il fallait être conscient que ces mesures de réquisitions constituaient une rupture des traités, et qu’il fallait les présenter comme une réponse aux actions illégales de la BCE envers la Grèce.

Sur le fond, il est clair que le refus de Tsipras de mettre en œuvre ce « plan B » est lié à son refus, quel qu’en soit les motifs, de rompre avec le cadre de l’Euro et de l’Europe. Les explications sur la crainte de provoquer la « banqueroute » des banques ne tiennent pas, car, justement, ce plan visait à porter remède à la situation des banques. La décision d’Alexis Tsipras est politique. Placé devant le choix entre le programme de Syriza et l’UE, il a choisi l’UE et l’austérité. C’est ce qui explique sa capitulation la semaine suivante et l’acceptation du Diktat européen du 13 juillet.

Les conséquences de la réquisition de la Banque Centrale de Grèce

Un point important ici, car il a été évoqué à de nombreuses reprises dans le débat français, et en particulier dans des discussions publiques que j’ai eues avec Jacques Généreux et Jean-Luc Mélenchon[8], porte sur la réquisition de la Banque Centrale. Cette réquisition avait fondamentalement pour but de récupérer la souveraineté monétaire et de débloquer les réserves détenues à la BofG et dans les banques commerciales, mais sous « clef » de la BofG. Ces réserves se montaient à 12 milliards d’euros, et auraient permis à la circulation monétaire de reprendre pour quelques semaines.

Une source de la BCE, relayée par un article du Financial Times, indique que face à une telle mesure la BCE aurait dénoncé les réserves réquisitionnées comme de la « fausse monnaie »[9]. Cet article contient plusieurs inexactitudes par ailleurs. Mais, ce qui nous intéresse ici est bien la réaction de la BCE face à la réquisition d’une des Banques Centrales de la zone Euro. En fait, la BCE ne peut pas discriminer entre l’argent en circulation avant la réquisition et la fraction saisie du fait de la réquisition. La seule chose qu’elle puisse techniquement faire c’est d’isoler le pays ayant fait cette réquisition et d’obliger les banques des autres pays de la zone Euro de ne pas reconnaître comme valable en tant qu’euro la monnaie circulant dans le pays ayant fait cette réquisition. Notons que c’est déjà en partie ce que la BCE avait imposé à la Grèce. Mais, dans le cas d’une réquisition il est donc possible que la BCE isole totalement le pays ayant réalisé cette réquisition, l’obligeant alors soit à ne plus du tout commercer avec les autres pays de la zone Euro, soit à changer de monnaie et de fait à sortir de la zone Euro.

Autrement dit, la réquisition pourrait conduire très rapidement à une sortie de l’Euro. Dans le cas de la Grèce, le gouvernement grec pouvait légitimement dire que les mesures de réquisition, qui auraient été nécessaires pour éviter la destruction du système bancaire grecque, n’étaient que la réponse à l’action illégale de la BCE qui avait mis en péril le système bancaire alors que l’une de ses missions, inscrites dans sa charte, est justement d’assurer le bon fonctionnement de ce système bancaire. Mais, dans les faits, il apparaît clairement que les actions de la BCE ne sont plus contraintes par une quelconque légalité. Cette dernière est devenue un monstre, ou plus précisément un tyran qui s’est dégagé de toute règle.

Implications

Les implications d’une telle évolution de la BCE sont claires pour tout gouvernement qui entrerait en conflit avec les institutions de la zone Euro. Il lui faudrait recourir très vite à l’état d’exception. Concrètement, cela signifie que dans le cas de la France, si un gouvernement, par exemple à la suite d’une élection présidentielle ou dans d’autres circonstances, engageait un bras de fer avec les institutions de la zone Euro, il li faudrait très rapidement recourir à l’article 16 afin de pouvoir, durant le temps de la crise, gouverner par décret. Rappelons en les termes :

« Lorsque les institutions de la République, l’indépendance de la Nation, l’intégrité de son territoire ou l’exécution de ses engagements internationaux sont menacés d’une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu, le Président de la République prend les mesures exigées par ces circonstances, après consultation officielle du Premier ministre, des Présidents des Assemblées ainsi que du Conseil constitutionnel.

Il en informe la Nation par un message.

Ces mesures doivent être inspirées par la volonté d’assurer aux pouvoirs publics constitutionnels, dans les moindres délais, les moyens d’accomplir leur mission. Le Conseil constitutionnel est consulté à leur sujet.

Le Parlement se réunit de plein droit.

L’Assemblée nationale ne peut être dissoute pendant l’exercice des pouvoirs exceptionnels.

Après trente jours d’exercice des pouvoirs exceptionnels, le Conseil constitutionnel peut être saisi par le Président de l’Assemblée nationale, le Président du Sénat, soixante députés ou soixante sénateurs, aux fins d’examiner si les conditions énoncées au premier alinéa demeurent réunies. Il se prononce dans les délais les plus brefs par un avis public. Il procède de plein droit à cet examen et se prononce dans les mêmes conditions au terme de soixante jours d’exercice des pouvoirs exceptionnels et à tout moment au-delà de cette durée. [10]»

Il est clair que les « institutions de la République » ainsi que « le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels » seraient ici clairement mises en cause par le risque de chaos bancaire. Il convient de signaler que l’article 16 confère les pleins pouvoirs au Président de la République, les avis du Premier ministre, des Présidents des Chambres ou du Conseil Constitutionnel étant seulement indicatifs. De même, il faut signaler que dans son arrêt Rubin de Servens, datant du 2 mars 1962, le Conseil d’Etat précise que la décision de mettre en œuvre les pouvoirs exceptionnels est « un acte de gouvernement dont il n’appartient pas au Conseil d’État d’apprécier la légalité ni de contrôler la durée d’application ». Autrement dit le Conseil d’Etat s’est mis de lui-même hors-jeu quant à un possible contrôle, a priori ou a posteriori des dispositions de l’article 16.

Tout « plan B » doit donc inclure clairement le recours le plus rapidement possible à l’article 16.

Notes

[1] Pierre Laurent : “Une sortie de la zone euro n’empêche pas la pression des marchés”, entretien avec Bruno Rieth, Marianne, 25 juillet 2015, http://www.marianne.net/pierre-laurent-sortie-zone-euro-n-empeche-pas-pression-marches-100235637.html
[2] Munevar D., « Why I’ve Changed My Mind About Grexit », in SocialEurope, 23 juillet 2015, http://www.socialeurope.eu/2015/07/why-ive-changed-my-mind-about-grexit/
[3] http://www.ekathimerini.com/199945/article/ekathimerini/news/varoufakis-claims-had-approval-to-plan-parallel-banking-system
[4] http://www.telegraph.co.uk/finance/economics/11764018/Varoufakis-reveals-cloak-and-dagger-Plan-B-for-Greece-awaits-treason-charges.html
[5] http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/pirater-l-administration-fiscale-grecque-l-incroyable-plan-b-de-varoufakis-494507.html
[6] http://www.telegraph.co.uk/finance/economics/11764018/Varoufakis-reveals-cloak-and-dagger-Plan-B-for-Greece-awaits-treason-charges.html
[7] http://www.telegraph.co.uk/finance/economics/11764018/Varoufakis-reveals-cloak-and-dagger-Plan-B-for-Greece-awaits-treason-charges.html
[8] Le débat avec Jean-Luc Mélenchon date de juillet 2013, et il fut réalisé par l’équipe d’arrêt sur image. Mélenchon fait référence à cette réquisition à partir de discussions que j’avais eues depuis le printemps 2011 avec Jacques Généreux qui, à l’époque, était le responsable « économie » du Parti de Gauche.
[9] Kerin Hope et Tony Barber, « Syriza’s covert plot during crisis talks to return to drachma », Financial Times, 24 juillet 2015, http://www.ft.com/intl/cms/s/0/2a0a1d94-3201-11e5-8873-775ba7c2ea3d.html#axzz3gx22HCKc
[10] Rédaction de 2008.

Source : RussEurope

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Quand Varoufakis projetait secrètement de pirater son propre ministère
Par Donald Hebert, le 27-07-2015 - Nouvel Obs

Il y avait bien un plan B à Athènes. Et pas n’importe lequel. Alors qu’il était ministre des Finances du gouvernement Tsipras, en plein bras de fer avec les Européens, Yanis Varoufakis a créé un cabinet secret, qui avait notamment pour mission de réfléchir aux alternatives, au cas où il faudrait passer de l’euro à la drachme. Varoufakis voulait aussi développer un système bancaire alternatif. Et cela supposait de… pirater sa propre administration fiscale !

L’affaire, pour le moins explosive à Athènes, a été révélée dimanche 26 juillet par “Ekathimerini“. Ce journal grec a retranscrit une conférence téléphonique entre Yanis Varoufakis, l’ancien ministre des Finances britannique Norman Lamont, et des financiers. Elle a eu lieu le 16 juillet, soit une semaine après le départ de Varoufakis du gouvernement.

Depuis, le contenu de cette conversation a été confirmé par Varoufakis et par deux responsables de fonds spéculatifs qui y ont participé, révèle le “Télégraph” (en anglais). A Athènes, les principaux partis d’opposition (Nouvelle Démocratie, To Potami et le Pasok) se sont réunis en urgence pour évoquer l’affaire. “Ils veulent me faire passer pour un escroc, répond Varoufakis, et me faire tomber pour trahison.”

Un système bancaire parallèle

L’histoire racontée par l’ancien ministre aux financiers dépasse la fiction.

Le Premier ministre, avant qu’il ne devienne Premier ministre, avant que nous ne gagnions l’élection en janvier, m’avait donné son feu vert pour mettre au point un plan B, débute Varoufakis. J’ai réuni une équipe très compétente, restreinte vu qu’il fallait garder ce projet secret pour des raisons évidentes. Nous avions travaillé depuis décembre ou début janvier.”

L’économiste affirme que le plan était “presque achevé”, mais que pour le mener à bien, il avait besoin d’agrandir son équipe de 5 à 1.000 personnes. Là n’est pas la seule difficulté :

Notre plan se déroulait sur plusieurs fronts, poursuit l’ex-ministre, je ne vous en présenterai qu’un seul. Prenez le cas des premiers instants où les banques sont fermées. Les distributeurs de billet ne fonctionnent plus et il faut mettre en œuvre un système de paiement parallèle pour continuer à faire tourner l’économie pendant un temps, et donner le sentiment à la population que l’Etat a le contrôle, qu’il y a un plan. Nous avions prévu cela.”

Le plan de Varoufakis consistait à créer des comptes bancaires de réserve pour chaque contribuable, en fonction de son numéro fiscal. Il suffirait d’envoyer à chaque contribuable un mot de passe pour qu’il se connecte sur le site des impôts et passe des virements.

Cela aurait créé un système bancaire parallèle lors de la fermeture des banques résultant de l’action agressive de la BCE de nous priver d’oxygène. C’était très avancé et je pense que cela aurait fait la différence, parce que rapidement, nous aurions pu l’étendre, utiliser des applications sur smartphone, et cela aurait pu devenir un système parallèle qui fonctionne, bien sûr avec une dénomination en euro, mais qui pourrait être converti en drachme en un clin d’œil.”

Un obstacle : la troïka

Seulement, pour faire cela, le gouvernement grec aurait dû surmonter de sérieux obstacles institutionnels.

C’est assez fascinant, poursuit Varoufakis aux financiers. La direction générale des finances publiques, au sein de mon ministère, était contrôlée entièrement et directement par la troïka. Elle n’était pas contrôlée par mon ministère, par moi, ministre, elle était contrôlée par Bruxelles. Le directeur général est désigné via une procédure sous le contrôle de la troïka. Imaginez, c’est comme si les finances étaient contrôlées par Bruxelles au Royaume-Uni. Je suis sûr que ca vous hérisse le poil d’entendre cela.”

Le ministre fait alors appel à un “ami d’enfance”, professeur d’informatique à l’Université de Columbia, qu’il nomme directeur général des systèmes d’information.

Au bout d’une semaine, il m’appelle et me dit : ‘Tu sais quoi ? Je contrôle les machines, le matériel, mais je ne contrôle pas les logiciels. Ils appartiennent à la Troïka. Qu’est-ce que je fais ?’”

Les deux amis se voient discrètement. Pas question de demander officiellement à la direction des finances publiques l’autorisation d’accéder au système, cela pourrait susciter des soupçons.

Nous avons décidé de pirater le programme informatique de mon propre ministère afin de pouvoir copier, juste copier, le code du site internet des impôts sur un gros ordinateur de son bureau, pour pouvoir travailler sur la conception et le développement d’un système parallèle de paiement. Et nous étions prêts à obtenir le feu vert du Premier ministre, lorsque les banques fermeraient, pour nous rendre à la direction générale des finances publiques qui est contrôlée par Bruxelles et à y brancher son ordinateur portable pour activer le système.”

Voilà qui en dit long sur l’ampleur des enjeux auxquels doivent faire face le gouvernement grec et sur la complexité de la relation entre Athènes et Bruxelles.

Ce que j’essaie de vous décrire, c’est le genre de problèmes institutionnels que nous avons rencontré, les obstacles institutionnels qui nous empêchaient de mener une politique indépendante pour contrer effets de la fermeture de nos banques par la BCE.”

Varoufakis savait que la conversation était enregistrée. “Il y a surement d’autres personnes qui écoutent, mais ils ne diront rien à leurs amis”, avait mis en garde Normal Lamont alors que Varoufakis commençait à entrer dans les détails. “Je sais. Même s’ils le faisaient, je nierais avoir dit cela”, avait répondu le grec sur le coup. Depuis la publication de la conversation, il se défend :

C’est une tentative d’annuler les cinq premiers mois de ce gouvernement et de les mettre dans la poubelle de l’Histoire”, a-t-il déclaré au ‘Télégraph’. J’ai toujours été totalement contre un démantèlement de l’euro, car on ne sait jamais quelles forces maléfiques peuvent se réveiller en Europe.”

L’ancien ministre a aussi publié un communiqué officiel. Il s’en prend au journal grec :

L’article fait référence au projet du ministre comme l’a décrit le ministre le 6 juillet dans son discours de départ pendant la passation des pouvoirs. Dans ce discours, Varoufakis déclare clairement : ‘Le secrétariat général à l’informatique a commencé à étudier les moyens de faire de Taxisnet quelque chose de plus important, un système de paiement pour tiers, un système qui augmente l’efficacité et minimise les arriérés de l’Etat aux citoyens et vice-versa.’ Ce projet ne faisait pas partie du programme du groupe de travail, a été présenté entièrement par le ministre Varoufakis au cabinet et devrait, selon le ministre Varoufakis, être mis à exécution indépendamment des négociations avec les créanciers de la Grèce, car cela contribuera à améliorer considérablement l’efficacité des transactions entre l’Etat et les contribuables et entre les contribuables.”

Le projet de Schaüble

Le journal “Ekathimerini” cite aussi un extrait où Varoufakis évoque le ministre des Finances allemand :

Schaüble a un plan. Ce qu’il m’en a décrit est très simple. Il croît que l’eurozone n’est pas viable. Il pense qu’il faut des transferts budgétaires, et un certain degré d’union politique. Il croit que pour que cette union politique fonctionne sans fédération, sans la légitimité qu’un parlement fédéral, élu en bonne et due forme, peut assurer, notamment face à un exécutif, la seule solution est la discipline. Et il m’a dit explicitement qu’un Grexit sera l’élément qui lui permettra de négocier, qui lui donnera suffisamment de puissance, de quoi faire peur, afin d’imposer aux Français ce contre quoi Paris a résisté. Et de quoi s’agit-il ? Un degré de transfert budgétaire qui fait passer le pouvoir de Paris à Bruxelles.“

Dans le “Telegraph”, Varoufakis va plus loin, affirmant que Schaüble a fini par penser que la Grèce devait être expulsée de l’euro, qu’elle ne faisait qu’attendre son heure, sachant que le dernier plan de renflouement était voué à l’échec.

Tout le monde sait que le Fonds monétaire international ne veut pas participer au nouveau programme mais Schaüble insiste pour en faire la condition de nouveaux prêts. J’ai le fort pressentiment qu’il n’y aura pas d’accord de financement le 20 août.”

Selon Varoufakis, les indicateurs économiques se révéleront mauvais à la fin de l’année en Grèce.

Schaüble dira alors qu’il s’agit d’un nouvel échec. Il nous enfume. Il n’a pas renoncé à pousser la Grèce hors de l’euro.”

“Des enjeux opérationnels”

James K. Galbraith, économiste britannique de renom et proche de Varoufakis, a révélé lundi qu’il faisait partie de son équipe secrète. Et il précise son rôle, sous la forme de six déclarations :

1 “A aucun moment le groupe de travail ne s’est engagé pour un Grexit ou tout autre choix de politique. Le travail était uniquement d’étudier les enjeux opérationnels qui se poseraient si la Grèce était forcée d’émettre de nouveaux papiers ou si elle était forcée à quitter l’euro.
2 Le groupe a opéré en supposant que le gouvernement était entièrement décidé à négocier dans le cadre de l’euro, et a pris des précautions extrêmes pour ne pas mettre en jeu cette engagement en laissant filtrer au monde extérieur des indices de notre travail. Il n’y a eu aucune fuite, jusqu’à la révélation de l’existence du groupe, révélée par l’ancien ministre lui-même, en réponse aux critiques selon lesquelles son ministère n’avait pas préparé de plan de sortie alors qu’il savait que la sortie forcée de l’euro était une option.
3 L’existence de plans n’auraient pas pu jouer de rôle dans la position grecque dans les négociations, puisque leur circulation (avant qu’il n’y ait eu besoin de les mettre en exécution) aurait destabilisé la politique du gouvernement.
4 En dehors d’une conversation téléphonique tardive et non-concluante entre le député Costas Lapavitsas et moi, il n’y a eu aucune coordination avec la “plateforme de gauche” et les idées de notre groupe de travail avaient très peu en commun avec les leurs.
5 Notre travail s’est terminé pour des raisons pratiques début mai, par un long memo exposant les questions principales et les scénarios que nous avons étudiés.
6 Mon travail n’a été ni rémunéré ni officiel, fondé sur mon amitié pour Yanis Varoufakis et mon respect pour la cause du peuple grec.”

Source : Nouvel obs

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Lettre ouverte à Yanis Varoufakis : Le plan B, c’est la démocratie
Par Thomas Coutrot, le 26 juillet 2015 - Mediapart

Cher Yanis Varoufakis,

Pendant cinq mois, vous avez incarné l’espoir de beaucoup de citoyens européens. Vous avez fait souffler un vent de rigueur intellectuelle et de franchise dans le cercle des hommes gris de l’Eurogroupe. Vous avez tenté avec ténacité de respecter le mandat des électeurs grecs : interrompre les politiques d’austérité tout en restant dans la zone euro. Mais fin juin, renforcés par l'isolement de la Grèce et la faiblesse des mouvements de solidarité en Europe, les morts-vivants de l’Eurogroupe puis le Conseil vous ont adressé un ultimatum : vous soumettre ou sortir de l’euro.La victoire du « non » au référendum du 5 juillet renforçait votre légitimité pour refuser le véritable diktat des créanciers. Vous avez indiqué le 13 juillet 1 avoir proposé au soir du référendum à Alexis Tsipras « un triptyque d'actions » pour éviter la soumission : « émettre des IOUs » (des reconnaissances de dettes en euros, c’est-à-dire une monnaie fiscale complémentaire), « appliquer une décote sur les obligations grecques » détenues par la BCE depuis 2012, pour réduire d'autant la dette, et « prendre le contrôle de la Banque de Grèce des mains de la BCE ». Mais Alexis Tsipras a refusé ce plan et accepté votre démission.Le 20 juillet, au Parlement grec, vous avez voté contre « l’accord » du 13 juillet en indiquant le point décisif : « quand la société commencera à ressentir dans ses tripes l’étau des résultats de la nouvelle austérité désastreuse, quand les jeunes et les moins jeunes prendront les rues ou resteront, désespérés, chez eux, confrontés à ces effets - ces gens dont jusqu’à présent nous portions la voix, qui les représentera dorénavant dans l’arène politique ? ». L’unité de Syriza, cet outil patiemment forgé par la gauche grecque, est précieuse. Il semble que c'est la raison pour laquelle vous n'avez pas mené publiquement le débat sur vos propositions alternatives : « « y avait-il une alternative ? », nous a demandé le Premier ministre mercredi dernier. J’estime que, oui, il y en avait. Mais je n’en dirai pas plus. Ce n’est pas le moment d'y revenir. L’important est qu’au soir du référendum, le Premier ministre a estimé qu’il n’existait pas d’alternative ».

Pourtant ce choix d’Alexis Tsiprasde capituler,et plus encore, de mettre en œuvre lui-même les exigences des créanciers, est tragique. Comme vous, on ne peut qu’être effrayé par les conséquences politiques du 13 juillet : la gauche radicale, portée au pouvoir pour et confirmée par référendum dans sa légitimité à rompre avec l'austérité, est apparue non seulement comme incapable de refuser un plan d'austérité et de destruction de la démocratie, mais disposée à le réaliser elle-même. À supposer même qu’aucune alternative ne soit disponible à court terme, le retour à l’opposition, que vous avez souhaité, aurait permis de préserver l’avenir.

 Mais s’il y avait la possibilité d’un plan B, comme vous le pensez, alors l’erreur est encore plus tragique. Ce débat décisif monte aujourd’hui dans la gauche européenne. La Plate-forme de gauche de Syriza a proposé le 24 mai un projet prévoyant la suspension du paiement de la dette et la nationalisation des banques. Éric Toussaint a suggéré le 13 juillet un ensemble plus complet de mesures2, prenant acte du fait désormais avéré aux yeux de tous que rompre avec l’austérité implique une politique unilatérale de nécessité et urgence qui sera évidemment assimilée à de la désobéissance par les dirigeants européens actuels, bien qu'elle n'enfreigne pas nécessairement les traités existants3.

 Contrairement à ce qu’affirment des figures aussi respectables qu’Étienne Balibar, Sandro Mezzadra et Frieder Otto Wolf4, de telles propositions alternatives ne sauraient être qualifiées de "conceptions autoritaires et inapplicables du 'contrôle' de la politique monétaire et de la circulation des capitaux)". De même, quand le grand sociologue altermondialiste Boaventura de Sousa Santos affirme que “si un pays se montrait désobéissant, il serait expulsé et le chaos l’engloutira inévitablement”5, on peut lui opposer qu’au vu du contenu de l’accord du 13 juillet, le chaos est assuré si le pays s’y conforme. Pablo Iglesias, leader de Podemos, ne voit pas non plus d'alternative, l’accord du 13 juillet « est la seule chose que l’on puisse faire », « c’est la vérité du pouvoir »6.

 Mais s’il n’y a pas d’alternative, si un pays européen ne peut rompre avec l’austérité sans sombrer dans le chaos – et il ne fait guère de doute que l’Espagne, l’Italie ou la France se heurteraient à des obstacles aussi considérables que la Grèce7 -, le piège néolibéral est sans faille. Si aucun pays pris isolément ne peut faire un pas de côté et prendre une autre voie pour montrer la route, la seule possibilité est d’entretenir par le verbe l’espoir d’une « autre Europe » en attendant une crise politique pan-européenne et/ou un effondrement systémique de la zone euro qui mettrait tous les pays à la même enseigne.

 Depuis des années, avec d’autres, nous nous opposons tout comme vous à ceux qui prônent la sortie de l’euro comme préalable à toute politique alternative. Sortir de l’euro présente des coûts économiques et politiques importants pour le pays concerné. Surtout, présenter « l’Allemagne » comme la principale fautive, et le retour au périmètre national comme le préalable à toute solution, est une lourde erreur qui néglige l’écrasante responsabilité de nos élites dans la situation de nos pays tout en alimentant l’ethos nationaliste.

 En revanche nous croyons tout comme vous qu’il existe des politiques économiques et monétaires alternatives crédibles, susceptibles d’être menées de façon unilatérale, politiques sans doute audacieuses mais parfaitement raisonnables, et qui, dans certaines circonstances comme le 13 juillet, valent mieux que la certitude du désastre économique et politique. Nous croyons tout comme vous que la Grèce, dans la situation de nécessité et urgence dans laquelle elle se trouve, aurait pu - et peut encore - décréter unilatéralement un moratoire sur sa dette, créer une monnaie complémentaire, réquisitionner sa Banque centrale et nationaliser ses banques, instaurer une fiscalité enfin effective sur les catégories aisées (rappelons que les salariés et les retraités grecs, soumis à la TVA sur leurs consommations et au prélèvement à la source de leur impôt sur le revenu, ne peuvent frauder).

 Certes, ces mesures comportent des risques, surtout si elles sont improvisées à la hâte : panique bancaire, fuite devant la monnaie complémentaire, exode accru des capitaux... Mais ces risques seront d’autant plus faibles que l’adhésion populaire sera forte. Le succès du référendum de juin et l’impopularité de l’accord du 13 juillet montrent qu’une base sociale large existe potentiellement en Grèce pour soutenir une politique fondée sur la dignité et la justice, des valeurs que les créanciers ont foulées aux pieds. Cette politique pourrait redonner de l’espoir aux peuples européens et renforcer leurs solidarités jusqu'ici insuffisantes.

 De telles mesures unilatérales amèneront probablement les créanciers à vouloir expulser la Grèce de la zone euro, encore que cela réduirait beaucoup leurs chances d’être remboursés in fine. De plus ils manquent d’une base juridique pour le faire, et une telle sanction aggraverait leurs contradictions internes au plan géopolitique. Surtout la mise au pilori d’un pays qui tente courageusement de sortir du gouffre et de résoudre sa crise humanitaire pourrait avoir un coût politique important pour les hommes gris. Le débat ainsi suscité renforcera la construction de cet espace public européen sans lequel l’indispensable refondation restera un vœu pieux. Car une chose est de tourner le dos à l’Europe en la décrétant responsable de tous les problèmes ; une autre est de démontrer par l’action qu’on ne peut respecter la volonté des électeurs et préserver les intérêts des classes populaires qu’en rompant avec les diktats des hommes gris qui ont pris possession de l’Union européenne.

Par votre pédagogie et votre ténacité durant ces mois de négociation, vous et Alexis Tsipras étiez très proches de réussir cette démonstration. Cher Yanis Varoufakis, vous rendriez un éminent service à la Grèce et à l’Europe en reprenant, de façon ouverte et publique, le combat pour le plan B, le combat pour la démocratie en Grèce et dans l’Union européenne.

1 www.newstatesman.com/world-affairs/2015/07/exclusive-yanis-varoufakis-opens-about-his-five-month-battle-save-greece, publié le 13 juillet
2 « Une alternative est possible au plan négocié entre Alexis Tsipras et les créanciers à Bruxelles », cadtm.org/Une-alternative-est-possible-au
3 Attac et Fondation Copernic, Que faire de l’Europe. Désobéir pour reconstruire, Les Liens qui Libèrent, 2014
4 Etienne Balibar, Sandro Mezzadra, Frieder Otto Wolf: « Le Diktat de Bruxelles et le dilemme de Syriza »,http://blogs.mediapart.fr/blog/ebalibar/190715/etienne-balibar-sandro-mezzadra-frieder-otto-wolf-le-diktat-de-bruxelles-et-le-dilemme-de-syriza
5 Boaventura de Sousa Santos, « Fatal tests », 23/07/2015
6 www.europapress.es/nacional/noticia-pablo-iglesias-resignado-ocurrido-grecia-verdad-poder-20150716153300.html
7 A la différence de La Grèce, l'Espagne finance sa dette et son considérable déficit public sur les marchés financiers, mais se heurterait à une flambée des taux d'intérêt en cas de politique alternative.

Source : Mediapart

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Déclaration du bureau de Yanis Varoufakis [à propos du plan B], ancien Ministre des Finances, Membre du Parlement, République Grecque 
Le 28 juillet 2015

Pendant les négociations du gouvernement grec avec l’Eurogroupe, le Ministre Varoufakis supervisa un Groupe de Travail ayant pour attribution de préparer des plans d’urgence contre les efforts des créanciers de saper le gouvernement grec et au vu des forces engagées au sein de la zone Euro pour expulser la Grèce hors de l’Euro. Le groupe de travail était convoqué par le Ministre à la demande du Premier Ministre et a été coordonné par le Professeur John K. Galbraith (cliquez ici pour une déclaration du professeur Galbraith à ce sujet).

Il est utile de noter que, avant la confirmation publique par M. Varoufakis de l’existence de ce groupe, le Ministre était largement critiqué pour avoir négligé de préparer de tels plans d’urgence. La  Banque de Grèce, la BCE, les Trésors Publics des Etats membres de l’UE, des banques, des organisations internationales, etc,  avaient tous dessinés de tels plans depuis 2012. Le Ministre des Finances de Grèce aurait été négligeant s’il avait omis de préparer de tels plans.

Depuis que M. Varoufakis a annoncé l’existence du Groupe de Travail, les médias se sont permis, dans des articles tirés par les cheveux, de nuire à la qualité du débat public. Le Groupe de Travail du Ministère des Finances a travaillé exclusivement dans le cadre de la politique du gouvernement et ses recommandations avaient toujours pour but de servir l’intérêt public, dans le respect des lois du pays et afin de conserver le pays dans la zone euro.

Concernant l’article récent de « Kathimerini » intitulé « Un plan B prévoyant piratage et détournement« , ce journal a omis de contacter M. Varoufakis pour qu’il le commente. Les références erronées du rédacteur au sujet du « détournement des numéros fiscaux de tous les contribuables » ont semé la confusion et contribué à la désinformation médiatique. Cet article se réfère au projet du Ministère tel que décrit par Yanis Varoufakis dans son discours de départ du 6 juillet, lors de la cérémonie de passation de pouvoirs au Ministère des Finances. Dans ce discours,  M. Varoufakis expose clairement :

“Le secrétariat général des Systèmes d’Information a commencé à rechercher les moyens par lesquels Taxisnet (l’interface web du Ministère) pourrait devenir quelque chose de plus que ce qu’il est actuellement, devenir un système de paiement pour tiers, un système qui améliore l’efficacité et minimise les arriérés entre l’Etat et les citoyens et vice-versa« .

Ce projet n’était pas dans les attributions du Groupe de Travail; il fut présenté dans son exhaustivité au Cabinet et devait, dans l’esprit de M. Varoufakis, être mis en place indépendamment des négociations avec les créanciers, dans la mesure où il contribuerait à des gains d’efficacité considérables dans les transactions entre l’Etat et les contribuables, tout autant qu’entre les contribuables eux-mêmes.

En conclusion, durant les cinq mois de négociations qui ont captivé l’Europe, le Ministère des Finances a fait tout ce qui était possible pour servir l’intérêt public face à beaucoup d’obstacles. La campagne en cours pour entacher ces efforts échouera à entamer l’héritage d’une lutte cruciale de cinq mois pour la démocratie et le bon sens.
Par le bureau de Yanis Varoufakis - 27 juillet 2015

Source : Franck Marsal

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Le plan B aux allures de polar de l’apprenti sorcier Varoufakis
Par Olivier Perrin, le 28 juillet 2015 - Le Temps

L’ex-ministre grec des Finances vient de dévoiler un sidérant plan d’action qui aurait selon lui permis la mise en place d’un système bancaire parallèle en cas de Grexit: il comptait pirater le système fiscal du pays, au sein de son propre ministère.

Le néologisme – et le hashtag qui en est issu – n’a pas tardé à s’imposer dès ce lundi. On parle désormais de «varoufhacking». et de #VaroufHacker. Mais de quoi s’agit-il? De piratage de données, de petit groupe d’initiés, d’opération surprise. Qui échafaudent le plan d’introduction d’une monnaie parallèle en Grèce en cas de Grexit. Ce dernier, qui a fait spéculer les analystes durant des semaines, a bien été au cœur de sidérants préparatifs de l’ex-ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis. «Un «plan B» rocambolesque», dit Le Parisien. «Un système bancaire parallèle», analyse plus sobrement Le Monde. Imaginé par celui qui pense qu’«il y a quelque chose de pourri au royaume des hideuses restrictions de souveraineté au sein de l’Eurozone», selon le Financial Times.

Le scénario, selon l’Agence France-Presse, est «digne d’un polar», conçu pour échapper à la tutelle fiscale de Bruxelles. Mais «chez cet économiste iconoclaste, éphémère ministre du gouvernement de gauche radicale d’Alexis Tsipras durant cinq mois, la candeur du propos est souvent inversement proportionnelle à la dynamite qu’il recèle». Avec le plus grand naturel, il a donc «dévoilé le 16 juillet, six jours après sa démission, lors d’une téléconférence avec des fonds spéculatifs, qu’il a travaillé durant des semaines, dans le plus grand secret mais avec le feu vert du premier ministre, à la mise en place» de ce système bancaire.

«Il avait tout prévu»

Celui-ci impliquait rien de moins que le piratage du logiciel de l’administration fiscale. «Il avait tout prévu», en déduit le site Atlantico. Ce plan, Le Huffington Post le qualifie de «fou», après que des extraits en ont été publiés ce dimanche par le quotidien Kathimerini. Lequel assure que Yanis Varoufakis a raconté avoir été chargé par Alexis Tsipras en décembre 2014 déjà, avant même l’arrivée de Syriza au pouvoir, «de se pencher sur un plan de secours en cas d’échec des négociations avec l’UE».

«Après Varoufakis ministre et économiste, Varoufakis hacker?» questionne le site Arrêt sur images. Le tout a été mis en ligne lundi par le Forum officiel des institutions financières et monétaires (OMFIF), qui organisait cette conférence «pour le moins explosive», dit L’Obs. Où cette espèce d’«électron libre» de Varoufakis ne semble pas peu fier de sa trouvaille, puisqu’il en conte même l’ingéniosité.

Alors, dans une interview donnée au Daily Telegraph, point chez l’ex-ministre le regret de n’avoir pu mener à son terme cette expérimentation «bien conçue» pour laquelle il imaginait même «des applis sur smartphone». D’autant qu’un des responsables du quotidien britannique, indique La Tribune. fr, avait, ce dimanche déjà, contacté le principal intéressé et écrit sur Twitter: «Je viens de discuter avec Varoufakis de ces allégations. Kathim ne lui a jamais parlé. Il s’expliquera dans le Telegraph». Joli coup médiatique…

Le sujet semble pris «au sérieux dans la classe politique grecque», d’autant «qu’un autre programme de secours aurait été préparé, cette fois par l’ancien ministre de l’Energie, Panagiotis Lafazanis. Dans une interview à l’édition dominicale de RealNews Daily, ce dernier déclare avoir proposé de réquisitionner les fonds de la Banque centrale grecque en cas de Grexit. Il a toutefois nié une affirmation du Financial Times selon laquelle il envisageait même d’arrêter le gouverneur de cette institution, Yannis Stournaras, en cas de résistance de sa part.»

Dans un communiqué sur son site internet – sobrement intitulé «Thoughts for the post-2008 world» – le trublion a tenté d’éteindre l’incendie, notamment au sein de l’opposition au parti Syriza, qui réclame une enquête judiciaire. «L’équipe secrète élaborant un scénario de polar est présentée comme un «groupe de travail doté d’un mandat, ayant préparé un plan de contingentement contre les efforts des créanciers en vue d’affaiblir le gouvernement grec» et coordonné par l’économiste américain James Galbraith, un de ses proches qui appuie ses dires.»

De plus, Yanis Varoufakis, explique Le Soir de Bruxelles, dénonce «la façon dont les médias grecs ont manipulé ses propos, notamment sur la question du retour à la drachme. «Ces accusations déforment totalement le but du système bancaire parallèle comme je l’avais imaginé. J’ai toujours été opposé la sortie de l’euro. Nous ne savons pas les forces obscures que cela pourrait faire déferler sur l’Europe».» La presse hellénique veut «me faire passer pour un escroc et me faire tomber pour trahison»:

Mais «à terme», analyse Le Figaro, le ministre déchu explique bel et bien que quoique «calibré en euros», le système secret mis en place «aurait pu être changé» en nouvelles drachmes «en un instant». Alors, sur Mediapart, Thomas Coutrot et Bruno Théret s’adressent en conclusion à l’ex-ministre des Finances grec en lui écrivant quelques mots roboratifs :

«Cher Yanis Varoufakis,

»Pendant cinq mois, vous avez incarné l’espoir de beaucoup de citoyens européens. Vous avez fait souffler un vent de rigueur intellectuelle et de franchise dans le cercle des hommes gris de l’Eurogroupe. Vous avez tenté avec ténacité de respecter le mandat des électeurs grecs: interrompre les politiques d’austérité tout en restant dans la zone euro. Mais fin juin, renforcés par l’isolement de la Grèce et la faiblesse des mouvements de solidarité en Europe, les morts-vivants de l’Eurogroupe puis le Conseil vous ont adressé un ultimatum: vous soumettre ou sortir de l’euro.

«Le vrai combat, le vrai plan B»

»La victoire du «non» au référendum du 5 juillet renforçait votre légitimité pour refuser le véritable diktat des créanciers. […] Par votre pédagogie et votre ténacité durant ces mois de négociation, vous et Alexis Tsipras étiez très proches de réussir cette démonstration. Cher Yanis Varoufakis, vous rendriez un éminent service à la Grèce et à l’Europe en reprenant, de façon ouverte et publique», le vrai combat. Autrement dit, pour le vrai plan B: le combat pour la démocratie en Grèce et dans l’Union européenne.

Source : Le Temps


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L'UE nie l'existence du plan B secret de la Grèce
AFP/Newsnet, le 28 juillet 2015 - TdG

Polémique La Commission européenne accuse l'ex-ministre grec des Finances Yanis Varoufakis de mentir sur le contrôle exercé par les créanciers sur les comptes du pays.
Bruxelles réagit avec fermeté suite aux propos de l'ex-ministre des Finances grec qui affirme avoir préparé, en parallèle aux négociations sur la dette grecque, un plan de secours en cas de sortie du pays de la zone euro.
Vive réaction de Bruxelles suite aux révélations de l'ex-ministre grec des Finances sur un plan B de sortie de crise.
Le Secrétariat général aux recettes publiques, qui a la main sur les numéros fiscaux des contribuables grecs, «est une entité indépendante, qui fait partie du ministère des Finances», a affirmé mardi Mina Andreeva, une porte-parole de la Commission européenne.

Piratage de logiciel

«Les allégations selon lesquelles la troïka contrôlait le Secrétariat général aux recettes publiques sont fausses et sans fondement», a-t-elle déclaré. «Ce n'est tout simplement pas vrai», a-t-elle insisté.
Yanis Varoufakis a dévoilé mi-juillet qu'il avait travaillé durant des semaines, dans le plus grand secret mais avec le feu vert du Premier ministre, à la mise en place d'«un système bancaire parallèle» impliquant un piratage du logiciel de l'administration fiscale grecque.

Théories du complot

Il a justifié ce piratage par le fait que selon lui, le Secrétariat général aux recettes publiques était sous contrôle des créanciers du pays, ce qui aurait rendu impossible de tester le système parallèle sans les alerter.
La Commission ne veut pas «s'aventurer» à commenter ces «théories du complot», et préfère se concentrer sur l'avenir plutôt que le passé, a souligné Mme Andreeva.
Source : TdG


Remarque (sur ce dernier article) :
Qui croire la Troika ou Yannis Varoufakis ?
Encore une fois le pseudo concept "théorie du complot" sert à terminer la discussion. Et pourtant les complots dans la crise grecque ne manquent pas. La fermeture des banques une semaine avant la tenue du référendum n'en est-elle pas un bon exemple ? Celle-ci ne doit rien au hasard, elle a été organisée, secrètement (ou non publiquement), par l'Eurogroup, quelques heures après l'annonce du référendum par le premier ministre grec Alexis Tsipras, afin de faire peur aux épargnants et influencer les résultats des votes.

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