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dimanche 22 novembre 2020

"Nous, les enfants, avons hérité d’une ancienne culture qui comprend que tout est lié, sans division ni exclusion".

Discours d’investiture du vice président de Bolivie M David Choquehuanca. (8 novembre 2020)

Discours d’investiture du vice-président de l´État plurinational de Bolivie
Monsieur David Choquehuanca,

Avec la permission de nos dieux, de nos frères aînés et de notre Pachamama, de nos ancêtres, de nos achachilas, avec la permission de notre Patujú, de notre arc-en-ciel, notre feuille de coca sacrée.
Avec la permission de nos peuples, avec la permission de tous ceux qui sont présents et absents dans cet hémicycle.
Aujourd’hui, permettez-moi de prendre quelques minutes afin de partager notre vision avec vous.
La communication, le dialogue est une obligation, c’est un principe du vivre bien.
Les peuples des cultures millénaires, ceux de la culture de la vie, avons conservé nos origines depuis la nuit des temps.
Nous, les enfants, avons hérité d’une ancienne culture qui comprend que tout est lié, sans division ni exclusion.
C’est la raison pour laquelle on nous a dit de nous unir, d’aller ensemble, sans laisser tomber personne, pour que tout le monde ait tout et que personne ne manque de rien.
Le bien-être collectif est le bien-être individuel; aider nous aide à grandir et à être heureux; renoncer à quelque chose au profit de son prochain nous renforce. S’unir et se reconnaître dans le “tout” est la voie du passé, du présent, de demain et de toujours, cette voie de laquelle nous ne nous sommes jamais éloignés. (...)

Aujourd’hui, la Bolivie et le monde vivons une transition qui se répète chaque 2’000 ans, le cycle des temps, nous passons de l’intemporel au temporel, amorçant une ère nouvelle, un autre Pachakuti dans notre histoire.
Un soleil nouveau et une nouvelle expression dans le langage de la vie, où l’empathie pour l’autre ou le bien collectif remplace l’individualisme égoïste, avec des boliviens qui se considèrent tous égaux et conscients, et qui savons qu’unis nous valons plus.
Le temps est venu de retourner au Jiwasa, il ne s’agit pas du ‘soi’ mais du ‘nous’. Jiwasa représente la fin de l’égocentrisme, Jiwasa est la mort de l'anthropocentrisme et la fin de l’eurocentrisme.
Il est temps de redevenir Jisambae, ce code qui a protégé nos frères et soeurs guaranis et également Jambae, un être qui n’a pas de maître, personne dans ce monde doit se sentir maître ou propriétaire de quiconque ou quoi que ce soit.

Source (et suite) : Transcription du discours en trad. fr 
 


Condor
 

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Rendez-vous à 6962 m | Bolivie, des femmes à l'assaut de leurs rêves | ARTE (30 octobre 2020)

En Bolivie, des femmes indigènes de condition modeste réalisent un exploit réservé aux meilleurs alpinistes : la conquête du plus haut sommet des Andes, l’Aconcagua, qui culmine à 6 962 mètres d’altitude.
Cuisinière, femme au foyer, institutrice ou femmes de ménage, Cecilia, Elena, Dora, Lidia et Liita appartiennent à l'ethnie aymara, en Bolivie. Ces "cholitas", comme on les appelle, sont reconnaissables à leur tenue : chapeau melon posé de travers sur la tête, tresses noires dans le dos, jupe aux couleurs vives sur des jupons blancs. Longtemps discriminées en tant que femmes, indigènes et pauvres, mais poussées par le même désir d’émancipation, elles ont décidé d’unir leurs forces pour partir à l’assaut de l’Aconcagua, le "colosse de l'Amérique", point culminant des Andes à 6 962 mètres d’altitude. Le documentaire retrace leur exploit et fait partager leur sentiment de fierté retrouvée.
Documentaire de Pablo Iraburu et Jaime Murciego (Espagne, 2019, 53mn)
  

vendredi 1 novembre 2019

Spiritualité, es-tu là ?






Les chemins de la philosophie par Adèle Van Reeth
Spiritualité, es-tu là ? (28-31 octobre 2019)

(1/4) Bergson, quand l'esprit rencontre la matière
avec Paul-Antoine Miquel, professeur de philosophie contemporaine à l’Université de Toulouse 2- Le Mirail
(2/4) Philosophie de l'Inde, une pensée venue du ciel ?
avec Marc Ballanfat, professeur de philosophie en classes préparatoires aux grandes écoles, traducteur depuis le sanskrit et spécialiste des philosophes de l’Inde ancienne
(3/4) Le chamanisme, une expérience de l'invisible
Charles Stépanoff, ethnologue, spécialiste de la Sibérie, maître de conférences à l’Ecole pratique des hautes études (chaire « Religions de l’Asie septentrionale et de l’Arctique ») et membre du Laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France
(4/4) Le soufisme, la danse de l’âme
avec Leili Anvar, maître de conférences à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales, et chroniqueuse au Monde des Religions



Paul-Antoine Miquel, Vie et relation, pour son dernier livre Vénus et Prométhée. Essai sur la relation entre l’humain et la biosphère, Ed. Kimé, 2019



Mark Ballanfant, Liliane Silburn (Fondation Ostad Elahi, 2017)
Voir aussi les pages : Liliane Silburn



Charles Stépanoff, L'animal est-il l'avenir de l'homme ? (mai 2018)



Leili Anvar et Joanna Goodale, L'envol : femme mystiques d'Orient et d'Occident (juin 2018)
 

mercredi 23 novembre 2016

Luis Ansa



De la pampa au faubourg (Ina, 5 janvier 1969)
Luis Ansa, peintre argentin est devenu maître laqueur "à la chinoise" dans le faubourg Saint-Antoine. Il nous explique son parcours et sa manière de travailler la laque.


Luis Ansa (1922-2011) est né à Córdoba, en Argentine, d'une mère indienne quechua et d'un père espagnol. A la mort de sa mère, il quitte son père et vit de petits métiers. Puis, durant son adolescence, sur les bords du lac Titicaca, il est initié à l'art de vivre des chamans.
Par la suite, Luis Ansa a eu onze maîtres, des hommes et des femmes issus de différentes traditions (chamanisme, hermétisme chrétien, zen, hindouisme, bouddhisme, soufisme).
Il s'est éveillé auprès du maître Omar Ali Shah et a été reconnu "nagual" (maître de chamanes) dans la tradition toltèque.
Dans le début des années 90, Luis Ansa crée « la voie du Sentir », offrant aux femmes et aux hommes d'aujourd’hui, une voie adaptée à notre époque et aux caractéristiques de notre société occidentale.
Luis Ansa ne s’est jamais laissé enfermer dans l’image d’un maître spirituel, refusant toute étiquette ou classification.
Il a également toujours œuvré dans le don, offrant sans cesse son temps, sa disponibilité et son amour, et cherchant constamment à rendre libres et responsables tous ceux qui l’approchaient.
Source (et site dédié) : Luis Ansa, La voie du sentir

Bibliographie :
L’Homme, Mémoire de l’Univers, Luis Ansa, Ed. Dervish International, 1984
Le Quatrième Royaume, Luis Ansa, Ed. du Relié, 2011
Le Secret de l’Aigle, avec Henri Gougaud, Ed. Albin Michel, 2000
La Nuit des Chamans, Luis Ansa, Ed. du Relié, 2005
Le Mystère du Nagual, Luis Ansa, Ed. du Relié, 2010
Sur la jeunesse de Luis Ansa :
Henri Gougeaud, Les Sept Plumes de l'Aigle, 1995, Ed. du Seuil, 1995
Sur l'enseignement de Luis Ansa :
Robert Eymeri, Luis Ansa, la voie du Sentir, Ed. du Relié, 2015
Commande sur Amazon : La Voie du sentir : Transcription de l'enseignement oral de Luis Ansa




Luis Ansa interview de Madeleine Caboche (RTS, Rien est joué, 14 novembre 2008)



Jean-Jacques Roudière,  Luis Ansa - Instant de Fête (2011 - bande annonce)
Commande sur Amazon : Instants de Fete - Luis Ansa


On vous manipule dès que l'on vous propose d'être autre chose que vous-même

Quand on veut vous manipuler, dit Luis Ansa, on va vous promettre le ciel et la terre à travers un enseignement, à travers une thérapie, à travers un pouvoir que l’on attribue à un gourou ou à un chef de secte. Et des tas de gens vont y croire, des tas de gens seront même prêts à payer pour y avoir accès.
Mais qui sont ces gens qui vont y croire ? Vous allez tout de suite me dire : « Ah non, certainement pas moi ! » Et pourquoi les autres tomberaient dans le panneau et pas vous ? Qu’est-ce qui vous fait croire que vous seriez moins naïfs ? Qu’est-ce qui vous fait croire, surtout, que vous ne pourriez pas devenir vous-mêmes fanatiques et intolérants ? Qu’est-ce qui vous empêche de basculer dans un sectarisme ? Qu’est-ce qui vous empêche de transformer la voie du sentir en une secte ?
Posez-vous la question. Et vous allez voir si, en vous, il n’y a pas ce désir sectaire d’accéder à un pouvoir.
Pouvoir, pouvoir, pouvoir ! Tout le monde, ici, est susceptible de tomber dans la recherche du pouvoir.

vendredi 19 juin 2015

Les médecins volants du Rio Pastaza


LES MÉDECINS VOLANTS DU RIO PASTAZA (Allemagne, 2013)
Au coeur du bassin amazonien, des médecins itinérants partent soigner les indiens Achuar, de plus en plus victimes de nouvelles maladies liées à la pollution des eaux et aux changements de leurs régimes alimentaires.
Les indiens Achuar vivent dans le sud-est de l’Équateur, le long du fleuve Rio Pastaza, loin de toute civilisation. Pourtant, s’ils veulent sauver leurs traditions, ils sont obligés de s’ouvrir au monde : en effet, ils sont victimes de nouvelles maladies liées à la pollution des eaux et aux changements de leurs régimes alimentaires. Dans le village de Kapawi, le gouvernement équatorien a ouvert un cabinet médical. Régulièrement, les médecins partent en tournée dans les villages les plus reculés, afin de soigner infections, caries ou morsures. Grâce à cette action, la mortalité a considérablement baissé. Mais les populations continuent de faire confiance aux pratiques traditionnelles des chamanes.
Source : Arte

jeudi 10 avril 2014

Sikkim, le chercheur et le chaman


360° - GÉO Sikkim, le chercheur et le chaman (Allemagne, 2010)
Au Sikkim, petit État du nord de l’Inde perché dans les hauteurs de l’Himalaya, vivent les Lepcha. Il y a près d’un demi-siècle, le roi du Sikkim leur offrait un territoire de soixante-dix-huit kilomètres carrés pour qu’ils puissent y préserver leur langue et leur culture – notamment une connaissance unique des plantes médicinales et de la phytothérapie.
Source : Arte

vendredi 27 décembre 2013

Chamanisme et neurosciences

MAJ de la page : Corine Sombrun

  
Enkhetuya et Corine Sombrun

Ecrivain voyageuse et chamane, Corine Sombrun
 donnera une conférence intitulée :
« Chamanisme et neurosciences »
Vendredi 10 janvier 2014 à 20h00
Salle Centrale de la Madeleine, Genève
Organisation ISSNOE (Institut Suisse des Sciences Noétiques).

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Partir avec... par Marie-Pierre Planchon
Corine Sombrun, histoire d'une métamorphose (17.12.2012)
Corine Sombrun, l'aventure d'une psychonaute (24.12.2012)
Dans la première partie de l’émission, Corine Sombrun nous racontait avoir changé de vie après la mort d’un être cher. Elle part s’installer à Londres et se retrouve au début des années 2000, reporter pour la BBC dans la jungle amazonienne, et enregistre son expérience auprès d’un chamane péruvien…Un voyage initiatique qui lui permet de découvrir un autre monde, une autre réalité et va changer à tout jamais, sa vision de la vie !
L’aventure ne s’arrêtera pas là… Après un rêve étrange, cette exploratrice d’un genre nouveau, décide de poursuivre sa quête et part sur les traces des derniers chamanes tsaatanes, peuple des rennes vivant au nord de la Mongolie. Une nouvelle incroyable l’attend…
Dans cette deuxième partie, elle nous présente Enkhetuya la chamane mogole qui l’a formée une dizaine d’années durant et évoque son travail avec des chercheurs en neurosciences sur les états non ordinaires de conscience.
Source : FI

dimanche 10 février 2013

mercredi 16 janvier 2013

Hélène Grimaud




Née à Aix-en-Provence, Hélène Grimaud (née en 1969) vit aujourd'hui aux Etats-unis. Musicienne de renommée internationale, elle a été reçue première à l'unanimité au Conservatoire de Paris à l'âge de treize ans, puis a obtenu le grand prix de l'Académie du disque deux ans plus tard pour son premier CD dédié à Rachmaninov. Hélène Grimaud partage son temps entre ses deux passions, la musique et les tournées qui l'entraînent partout à travers le monde et le centre qu'elle a fondé dans l'Etat de New York, le Wolf Conservation Center, consacré à la sauvegarde des loups.
Autre biographie : Hélène Grimaud / piano bleuwikipedia 


Bibliographie :
- Variations sauvages (2003), Ed. Pocket, 2004.
- Leçon particulières (2005), Ed. Pocket, 2007.
Discographie voir : Hélène Grimaud
Sites officiels : Hélène Grimaud / Universal music
Site dédié : Hélène Grimaud free


En concert à Genève (Victoria Hall), le 5 mars (Beethoven : Piano Concerto No. 4 in G Major, Op. 58).


Je me suis réveillée affamée.
Pour n'avoir plus mangé depuis des lustres, j'avais faim de terre, de continents, d'orages, de tumultes. Un appétit dévorateur de parfums me tenaillait le ventre - sel sur la peau, résine des grands sapins noirs, herbe en tendresse fauchée au printemps. J'avais envie de mordre la chair crue d'un poisson, de déployer mon ouïe dans la symphonie du monde, de regarder pour voir vraiment et m'éblouir de lumière, de plonger mes mains dans la terre chaude et la gueule humide des loups.
Retourner au monde qui roule et qui mugit.
La faim m'avait prise dans la nuit. Elle m'avait chassée de mon lit. Dans le carré de ma fenêtre, le ciel était en fleurs et pétillait d'étoiles. Nulle lune mais il semblait qu'une lueur pâle émanait des rochers, des arbres, montait du sol avec l'été et sourdait des ruisseaux. Je me suis souvenue qu'enfant j'avais tailladé le tronc d'un chêne pour mêler à sa sève le sang de mon poignet - j'avais inventé, alors, mon pacte fraternel.
Quel jour, quel mois, quelle année avais-je trahi ce serment ? Quelle heure même ? Le temps m'échappait, me passait au travers. Je n'en disposais plus suffisamment  ni pour les loups bien que le Centre eût reçu l'agrément pour le programme de réinsertion des espèces menacées à la vie sauvage, ni pour l'amour, ni pour la solitude. Et la musique ? La question m'a effleurée au moment de me rendormir. La musique ? - toute ma vie puisqu'elle donnait le la au reste.
Extrait de : Leçon particulière (quatrième de couverture)
Commande sur Amazon : Leçons particulières




Souvent, à la fin d'un concert, je suis comme chauffée à blanc. Je ressens tout avec une sensibilité exacerbée, magnifiée, à tel point que c'en est presque aveuglant. J'ai envie de retenir les spectateurs et de jouer pendant des heures. C'est simple, je ne peux plus quitter la scène ? Et pourtant ! Régulièrement, dans le passé, j'ai voulu abandonner ma carrière de concertiste, vivre une vie plus sédentaire, ne plus courir de chambres d'hôtel en halls d'aéroport. Et puis j'ai compris que je ne pouvais me passer du public, que j'avais un besoin primordial du contact avec la scène et que jouer la musique hors du monde, comme avait pu le faire un Glenn Gould, qui a arrêté sa carrière publique à 32 ans, était une erreur. Pendant un récital, il y a la promesse d'un monde nouveau, que nous accomplissons ensemble. C'est toujours un moment magique.

Vous avez eu une enfance et une adolescence tumultueuses. Dans votre premier récit autobiographique, Variations sauvages, on perçoit une souffrance, une difficulté à vivre votre carrière de musicienne et de femme, qui se sont estompées avec le temps. Comment avez-vous résolu vos problèmes?
Apprend-on à vivre autrement que dans la douleur de l'expérience? La vie est le fruit d'un long processus d'apprentissage. Pour moi, elle a longtemps été le choc de grandes plaques tectoniques - vous ne pouvez même pas imaginer les secousses que cela a représenté ! J'étais suractive, très agitée. Aujourd'hui, je suis en paix avec moi-même et le monde. J'ai trouvé un équilibre entre la musique et mes autres vies, consacrées à la nature, à l'écriture, à la solitude. Chaque élément m'est nécessaire et l'ensemble forme un tout. Dans la pratique, cela se mérite, jour après jour. En fait, on risque facilement de tout perdre lorsqu'on a atteint un équilibre. Il ne faut jamais rien prendre pour acquis, surtout pas le bonheur.

Vous êtes devenue raisonnable, c'est ça ?
Oui, tout à fait, dans le sens où l'entendent les bouddhistes : faire un avec le monde, dans un souffle harmonieux. Pour réaliser cet idéal, il faut pouvoir vivre dans l'instant. Car être enrichi par la vie correspond à vivre pleinement ce que l'on fait au moment où on le fait, si insignifiante que puisse paraître la tâche. Je suis devenue non pas raisonnable, me semble-t-il, mais plus ouverte.

Est-ce aussi grâce à vos loups ?
Oui. Les loups, c'est la nature à l'état pur. Et c'est ce qui me retient le plus aux Etats-Unis, où j'habite et où j'ai créé ma fondation pour la préservation de l'espèce. Une de nos louves va être relâchée dans la nature cette année; une grande victoire pour nous.

N'êtes-vous jamais lassée, même en jouant le même concerto dix fois de suite ?
Sincèrement, non. Le pire pour un musicien est cette perte d'acuité sensorielle due à la fatigue ou à la routine. La musique n'a de sens que si elle donne l'impression d'être créée dans l'instant. Il faut être prêt à marcher le long du précipice, quitte à négliger certains aspects techniques - un concert n'est pas un disque! C'est comme dans la vie: sur scène, il faut savoir jusqu'où aller trop loin. (...)
Source : l'express



Hélène Grimaud, cet amour de la musique (2012)


Que représente Bach pour vous ?
Bach est la Bible - je le sais depuis l'enfance, quand j'ai commencé à le jouer chaque jour, comme tant de pianistes. Nul artiste - Shakespeare excepté - n'a su comme lui transmettre chaque éclat du monde en une émotion aussi profonde et intime. Bach nous donne à entendre quelque chose qui s'apparente à la révélation de la vie, comme si sa musique était la conscience de la musique elle-même, son assurance, sa promesse.

Quelles qualités faut-il pour bien jouer Bach au piano ?
Un pianiste n'est libre que s'il respecte à la lettre toutes les indications des partitions : cela donne la clef qui permet de passer au-delà. L'unique tradition, la seule démarche qui compte est donc celle de la probité intellectuelle et émotionnelle. Le reste n'est qu'anecdotique, car tout marche avec Bach, le staccato comme le rubato, les forte et les piano...

Comment procédez-vous ?
J'expérimente. Et je me souviens que Bach n'était sans doute pas vraiment le bon bourgeois discipliné décrit par le cliché. C'était une forte personnalité, un original, qui possédait un sens de l'exploration hors du commun. Il était sans cesse en prise avec la matière, retournait ses idées dans tous les sens : c'est cette démarche-là que les interprètes doivent retrouver.

La grandeur de Bach vous a-t-elle intimidée ?
Bach, ou le Grand Castrateur ! La seule idée de Bach a émasculé de nombreux musiciens. Le respect qu'il impose est tel qu'on ose à peine toucher sa musique... Bach est un compositeur messianique, il résume toute la musique, celle du passé et celle à venir. Comment l'évoquer sans sentir nos propres limites, sans percevoir d'abîme ?

Sa dimension spirituelle, si prégnante, peut-elle également être un frein ?
Non, au contraire, elle doit libérer. Bach suggère toujours plus qu'il n'affirme. Avec pudeur. On parle souvent de sa " joie " à nulle autre pareille. Il s'agit de la célébration, constante, toujours renouvelée, des traces de l'invisible. Il glorifie le sacré et s'en réjouit. Son art révèle une démarche profondément spirituelle ; il est l'un des derniers compositeurs à exprimer dans ses oeuvres une ferveur religieuse, qui allait être balayée par les Lumières.

Comment situer Bach dans l'histoire de la musique ?
On se trompe à vouloir ne faire de Bach qu'un homme de son temps témoignant uniquement pour celui-ci, car Bach est toujours à venir. C'est comme une île au milieu du fleuve, insubmersible au milieu des courants et contre-courants.
Source du texte : l'express




dimanche 13 janvier 2013

Corine Sombrun



Corine Sombrun passe son enfance en Afrique à Ouagadougou (Burkina Faso). Sa mère est rédactrice et présentatrice des journaux d’information de la radio nationale; son père dirige l’installation du réseau téléphonique en brousse. De retour en France elle se consacre à des études de Musicologie, piano et composition. Lauréate de concours nationaux et internationaux, elle obtient une bourse de l’Office Franco Québécois pour la Jeunesse et part à Montréal, étudier auprès de performers multimédia et de compositeurs. Elle dirige ensuite une école de musique.

En 1999, après le décès de la personne dont elle partageait la vie, elle part s’installer à Londres où elle travaille comme pianiste et compositrice : Sacred Voice Festival of London (Création d’une pièce pour piano préparé et percussions iraniennes avec Bijan Chemirani) , Drome London Bridge theater («The Warp», pièce-performance de 24h mise en scène par Ken Campbell), BBC World Service, Turner Price, October Gallery, 291 Gallery, Price Water House Cooper Atrium Gallery… Puis fait des reportages pour BBC World Service, dans le cadre d’un programme sur les religions.

En 2001, au cours d’un reportage en Mongolie (Mongolian Mysteries, diffusé sur BBC Wolrd Service en 2002), le chamane Balgir lui annonce qu’elle est chamane. Pourquoi? Dans cette région du monde, les chamanes accèdent à la transe grâce au son d’un tambour spécifique. Un son auquel, lors de cette première expérience, elle réagit violemment, jusqu’à perdre le contrôle de ses mouvements. Pour Balgir, elle a donc bien les capacités chamaniques et « sa voie » dit-il, sera de suivre leur enseignement pour les développer.
Elle va ainsi passer plusieurs mois par an à la frontière de la Sibérie, auprès de Enkhetuya, chamane de l’ethnie des Tsaatans, chargée de lui transmettre cette connaissance. Après huit années d’apprentissage – au cours desquelles elle sera un sujet d’étude pour les anthropologues L.Merli (EHESS, Paris) puis J.Hangartner (Université de Berne) – elle devient la première occidentale à accéder au statut de Udgan, terme mongol désignant les femmes ayant reçu le « don » puis la formation aux traditions chamaniques.
Source (et suite) du texte : Corine Sombrun 
Site officiel : Corine Sombrun


Bibliographie :
- Les esprits de la steppe, Ed. Albin Michel, 2012
- Sur les pas de Géronimo, Ed. Albin Michel, 2008
- Les tribulations d’une chamane à Paris, Ed. Albin Michel, 2007.
- Mon initiation chez les chamanes, Ed. Albin Michel, 2004.
- Journal d’une apprentie chamane, Ed. Albin Michel, 2002.
En ligne :
Articles, vidéos, radios : Corine Sombrun
Interview : RTS (2008) / RTS (2012)
Commande sur Amazon : 
Les esprits de la steppe : Avec les derniers chamanes de mongolie
Voir aussi la page : Chamanisme et neuroscience


Que se passe-t-il lors de vos transes ?
La transe me permet d’avoir plus de force que dans un état normal. Je ne ressens pratiquement plus la douleur, la perception du « moi » se transforme. Je perds aussi la notion d’espace, de temps, et mes sens semblent accéder à un deuxième niveau de fonctionnement. Je peux « voir » les yeux fermés; des animaux, des visages, des représentations géométriques. Plus étonnant encore, la matière disparaît. Un corps humain, par exemple, n’est plus enfermé dans sa peau. Il devient une sorte d’espace dont le contour s’étend bien au-delà de sa surface habituelle. J’y ressens des zones fluides ou bloquées, j’y vois des formes, des univers plus ou moins harmonieux, sur lesquels je ressens le besoin incontrôlable d’agir. Mon nez se met à renifler. Non pas des odeurs, mais des zones disharmonieuses. Mes mains y répondent par des signes, des danses. Ma bouche souffle, prononce des langages inconnus, des chants ou des sons que je suis incapable de reproduire dans un état de conscience ordinaire. (...)

Pensez-vous avoir répondu à vos interrogations initiales ? 
Sur le plan personnel, oui. Les études sur les EMC sont en route. Ma voie est tracée et évidente. Ce parcours m’a permis de réaliser que j’avais un cerveau. Et que je n’avais aucune idée d’un grand nombre de ses capacités. Je me dis qu’il est temps de les révéler. De prendre conscience que l’avenir de l’humain ne se jouera pas seulement dans l’hypertechnologie, mais aussi dans sa détermination à mieux connaître et utiliser le potentiel perceptif de son cerveau. L’homme du futur, la version « 2,0″, semble déjà en nous. Et ces techniques de transe, ce trésor laissé par nos ancêtres au travers des traditions chamaniques, pourraient bien être l’un des moyens d’en révéler les incroyables capacités. Mais aussi de retrouver une façon plus perceptive et intuitive d’envisager notre rapport à notre corps, aux autres et à notre environnement.
Extrait : Monde des religions janvier-février 2012 (Propos recueillis par Louiza Dahoun)
Source : Corine Sombrun 


Le chamanisme avec Corine Sombrun
Les racines du ciel par Frédéric Lenoir, 13.01.2013.


Corine Sombrun, La transe chamanique, capacité du cerveaux ?
TED Paris, 27.11.2012.



Corine Sombrun, Les esprits de la steppe, avec les derniers chamanes de Mongolie

Librairie Mollat, 20.11.2012.





Interview de Corine Sombrun par ISSNOE (2014)
 

jeudi 10 janvier 2013

Ayahuasca ou "Liane des morts" et Chacruna


Chamane avec une liane d'Ayahuasca

L’ayahuasca ou yagé est un breuvage à base de lianes consommé traditionnellement par les chamanes des tribus indiennes d'Amazonie, utilisé pour sa capacité curative associée aux croyances et pratiques locales.
Par extension, ayahuasca est le nom donné aux lianes du genre Banisteriopsis dont l'écorce sert principalement à la composition de cette boisson.
Le terme Ayahuasca vient du Quechua et est formé de l'agglutination de aya et huaska. Il est traduit ordinairement par liane des esprits, liane des morts ou liane des âmes (aya : mort, défunt et par extension âme, esprit ; huasca : corde, et par extension liane ; d'après le médecin équatorien Plutarco Naranjo, 19831). En fait aya ne signifie pas l'âme de la personne morte, mais plutôt le cadavre, ce qui implique qu'ayahuasca se traduit plutôt par « corde des cadavres ». (...)





La théorie en vigueur aujourd'hui a été avancée par Dennis McKenna en 1984 : les β-carbolines (harmine, THH, harmaline) apportées par l'ayahuasca-liane (Banisteriopsis caapi) permettent, par leur action d'inhibition de la monoamine oxydase (IMAO), enzyme présente à l'état naturel chez l'être humain, d'éviter la dégradation viscérale de la DMT apportée par les feuilles de la chacruna (Psychotria viridis). (...)


L'ingestion d'ayahuasca qui est purgatif et hallucinogène entraîne une sorte d'ébriété (mareacion), avec des nausées et vomissements. En raison de son amertume, l'écorce fraîche est parfois chiquée ou réduite en poudre pour être prisée comme c'est le cas dans certaines parties de l'Orénoque. La prise de la plante se fait dans un cadre rituel, de préférence dirigé et contrôlé par un chaman. Lorsque l’ayahuasca est consommé en groupe dans un rituel, les vomissements sont considérés comme faisant partie de l’expérience.
Les effets apparaissent rapidement après ingestion (à partir de 30 minutes) et se poursuivent pendant plusieurs heures. On distingue deux types d'effets : les effets psychotropes centraux et les effets périphériques. (...)
Source (et suite) du texte : wikipedia


Bibliographie : 
Richard Evans Schultes et Albert Hofmann, Les plantes des Dieux. Les plantes hallucinogènes, botaniques et ethnologiques, éd. du Lézard, 1993.
William Burroughs, Les Lettres du Yage, éd. de L'Herne, 1963.
Jeremy Narby :
- Le Serpent cosmique : l'ADN et les origines du savoir, Ed. Georg, 1995.
- Plantes et chamanisme, Conversations autour de l’ayahuasca et de l'iboga, avec Jean Kounen et Vincent Ravalec, Ed. Mama, 2008.
Jan Kounen : 
- Plantes et chamanisme, Conversations autour de l’ayahuasca et de l'iboga, avec Jeremy Narby et Vincent Ravalec, Ed. Mama, 2008.
- Carnets de voyages intérieurs. Ayahuasca médicina, un manuel (2011)
Romuald Leterrier :
- Les plantes psychotropes de la conscience, l'enseignement de l'ayahusca, Ed. Alphée, 2008.
- La Danse du Serpent, 2010.
Pascal Lacombe, Le breuvage sacré des chamans d'Amazonie, Ed. L'Harmattan, 2000.
Olivier Chambon, La médecine psychédélique, Ed. Les Arènes, 2009.
Sébastien Baud :
- La conscience dans tous ses états, Ed. Elsevier, 2009.
- Des plantes psychotropes, Ed. Imago, 2010.
Mélanie Gaudillière, La pharmacopée amazonienne, à travers l'exemple de l'Ayahuasca, Ed. universitaire européenne, 2011.
Damien Lacroix, L'ayahuasca, un breuvage chamanique amazonien, Ed. universitaire européenne, 2011.
Géraldine Correia, Ayahuasca, le chemin de l'âme, Ed. Chamaneditionumeric, 2011
En ligne :
Etudes universitaires :
Clara Novaes, L'expérience de l'ayahuasca et ses « états modifiés de conscience » Une étude transculturelle des récits des usagers urbains de l'ayahuasca, master en recherche développement, psychopathologie et psychanalyse option clinique transculturelle, 2005-2006. (PDF)
David Dupuis, Soigner la toxicomanie avec l'aide des non humains. Une ethnographie de la clinique Takiwasi, Master de recherche Mention Ethnologie et Anthropologie sociale, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 2009. (PDF)

Articles : 
Michael Harner, Ce que les "plantes sorcières" d'Amazonie m'ont fait voir, 1982.
Sébastien Baud, Ingestion d'Ayahuasca, 2008. (PDF)
Frédérick Bois-Mariage, Ayahuasca : une synthèse interdisciplinaire
Jean-Patrick Costa, La transe chamanique et les origines du savoir autochtone, 2002.
Témoignages sur : karmapolis
Interview avec Guillermo Arevalo (Rimsave) 
Quelques sites : 
Takiwasi / Arutam Ayahuasca-info / Panhuasca / ...

Voir aussi la page : Jeremy Narby


L'Ayahuasca, Le Serpent et moi, documentaire de Armand Bernardi (2004) :







Destination le Pérou et la petite ville de Tarapoto, à la lisière de la forêt amazonienne. C’est là que se trouve un centre de désintoxication aux méthodes inhabituelles : Takiwasi « la maison qui chante », créée en 1992. Intégrée au paysage culturel de la région, cette maison suit les préceptes de  la médecine traditionnelle amazonienne.
Source (et suite) du texte : France culture
Site : Takiwasi


D'autres mondes, documentaire de Jan Kounen (2004) :



Je t'ouvrirai, j'ouvrirai tes pensées
En les ouvrant
Je te remplirai de joie

Te remplissant de joie
je redresserai tes pensées, en les redressant
Je te le ferai joliment
Je redresserai ton corps

Maintenant, je vais te soigner
Jusqu'au fond de ton coeur
En ouvrant ton coeur
Je te donnerai un immense sentiment de joie
Ainsi, je te rendrai la vie
Je rendrai la vie à ton corps
Je rendrai la vie à tes pensées

Je guéris ton être, je guéris ton corps
Avec le parfum puissant de l'arbre
Et avec l'impeccable parfum de l'univers
En pensant 
Pour que tu sois joyeux

Souviens-toi de mes mots
Pour que tu te les rappelles
Je te les chante

Bien que je ne sois pas important
Je l'ai fait briller
J'ai fait briller ses pensées

L'univers s'harmonise
La parole s'accomplit
En cela, jusqu'à l'infini
Icaros de Kestenbetsa 
(Paroles de chant chamanique de Guillermo Arevalo)


Envoyé spécial, Voyage chamanique (2008) :






Ayahuasqueros de Stephan Crasneanscki (2012) :












Source des peintures : Shamanism
Site de Pablo Amaringo : Ayahusca vision


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