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samedi 1 septembre 2018

Fernando Pessoa, celui qui était personne

MAJ de la page : Fernando Pessoa



Une vie, une œuvre par Hubert Juin et Jean-Claude Loiseau.
Fernando Pessoa, celui qui était personne.02/04/1987
avec : Teresa Rita Lopes, Jose Blanco, Philippe Albaizar, Michel Deguy et Ana de Carvalho.
Textes lus par Fred Personne et Anna de Carvalho.




Une vie, une oeuvre par Dani Legras
Fernando Pessoa, écrivain pluriel (1888-1935) 01/09/2018
avec
Béatrice Guéna, Maître de conférences en littérature à l'Université de Versailles/ St-Quentin-en-Yvelines
Michel Chandeigne, éditeur, traducteur et conférencier, spécialiste des pays lusophones
Patrick Quillier, Poète et essayiste, compositeur, traducteur
Claude Arnaud, Ecrivain et essayiste

Fernando Pessoa Heteronimia, du peintre Bottelho (2012)

« Combien suis-je ? Qui est moi ? Quel est cet intervalle qui se glisse entre moi et moi ?" Poète aux multiples visages, Fernando Pessoa est un témoin de l'Histoire du Portugal, grande figure de l'avant-garde littéraire de son pays, auteur d'une œuvre multiple, complexe et intranquille.
Source (et suite) du texte : France culture

Site internet : Archive PessoaAssociation française des amis de Fernando Pessoa




LA COMPAGNIE DES AUTEURS  par Matthieu Garrigou-Lagrange
Fernando Pessoa (2/4)
Work in progress 05/06/2018
avec Pascal Dethurens
Marin de Viry, Écrivain et critique littéraire


mercredi 13 juillet 2016

L'intranquilité de Pessoa

MAJ de la page : Fernando Pessoa



Les Nouveaux Chemins de la connaissance par Raphael Enthoven
Cycle Mélancolie - Pessoa (17 février 2009)
avec Robert Bréchon (poète, essayiste et littérateur français) et Patrick Quillier (poète et essayiste français).
A propos de : Le livre de l'intranquillité, Ed. Christian Bourgeois, 2011
Commande sur Amazon : Le livre de l'intranquillité


« 84. La grammaire, qui définit l'usage, établit des divisions légitimes mais erronées. Elle distingue, par exemple, les verbes transitifs et intransitifs; cependant, l'homme sachant dire devra, bien souvent, transformer un verbe transitif en verbe intransitif pour photographier ce qu'il ressent, et non, comme le commun des animaux-hommes, pour se contenter de le voir dans le noir. Si je veux dire que j'existe, je dirai «je suis». Si je veux exprimer que j'existe en tant qu'âme individualisée, je dirai «je suis moi». Mais si je veux dire que j'existe comme entité, qui se dirige et se forme elle-même, et qui exerce de la façon la plus directe cette fonction divine de se créer soi-même, comment donc emploierai-je le verbe être, sinon en le transformant tout d'un coup en verbe transitif? Alors, promu triomphalement, antigrammaticalement être suprême, je dirai «je me suis». J'aurai exprimé une philosophie entière en trois petits mots. N'est-ce pas infiniment préférable à quarante phrases pour ne rien dire? Que peut-on demander de plus à la philosophie et à l'expression verbale ?

Qu'ils obéissent donc à la grammaire, ceux qui ne savent penser ce qu'ils sentent. Que s'en servent au contraire ceux qui savent dominer leurs expressions. On raconte que Sigismond, roi de Rome, ayant commis une faute de grammaire dans un discours public, répondit à quelqu'un lui en faisant la remarque: «Je suis roi de Rome, et au-dessus de la grammaire.» Symbole merveilleux! Tout homme sachant dire ce qu'il dit est, à sa façon, roi de Rome. Le titre est royal, et la raison en est de savoir s'être. Fernando Pessoa (Le livre de l’intranquillité, p. 114)

lundi 25 février 2013

Insomnie



MAJ de la page : Fernando Pessoa


INSOMNIE (1929)
Je ne dors pas; je n’espère pas dormir.
Même dans la mort, je n’espère pas dormir.

Une insomnie m’attend, large comme les astres,
Et un bâillement inutile, long comme le monde.

Je ne dors pas; je ne peux pas lire quand je me réveille la nuit,
Je ne peux pas écrire quand je me réveille la nuit,
Je ne peux pas penser quand je me réveille la nuit -
Mon Dieu, je ne peux même pas rêver quand je me réveille la nuit !

Ah, l’opium d’être un autre !

Je ne dors pas, je gis, cadavre éveillé, sensible,
Et ma sensibilité n’est qu’une absence de pensée,
M’envahissent, méconnaissables, des choses qui ne me sont point arrivées.
- De toutes, je m’accuse et me repens;
M’envahissent, méconnaissables, des choses qui ne sont rien,
Et même de celles-ci je m’accuse et me repens. Je ne dors pas.

Je n’ai pas la force d’avoir l’énergie d’allumer une cigarette.
Dans ma chambre je fixe le mur en face de moi comme s’il était l’univers.
Dehors il y a le silence de tout cela.
Un grand silence qui serait épouvantable en d’autres circonstances,
En d’autres circonstances où j’éprouverais vraiment mes sensations.

J’écris des vers réellement sympathiques -
Des vers qui disent que je n’ai rien à dire,
Des vers qui s’entêtent à le dire,
Des vers, des vers, des vers, des vers, des vers ?
Tant de vers ?
Et la vérité toute entière, et la vie toute entière, en dehors d’eux, en dehors de moi !

J’ai sommeil, je ne dors pas, je sens et je ne sais quoi ressentir.
J’ai une sensation détachée de ma personne,
Une conscience abstraite de soi sans objet,
Sinon ce qui est tout juste nécessaire pour se sentir conscient
Sinon – et puis, qu’est-ce que j’en sais !?

Je ne dors pas. Je ne dors pas. Je ne dors pas.
Quel grand sommeil en mon crâne, sur mes yeux, dans mon âme !
Quel grand sommeil partout sauf dans cette impuissance à dormir !

Aube, tu tardes tant ? Viens ?
Viens, inutilement,
M’apporter un autre jour pareil à celui-ci, qui sera suivi d’une autre nuit pareille à celle-là ?
Viens m’apporter la joie de cette triste espérance,
Car tu es toujours joyeuse et toujours tu apportes l’espérance,
Si l’on croit la vieille littérature sentimentale.

Viens, apporte l’espérance, viens, apporte l’espérance.
Ma fatigue gagne jusqu’au sommier du lit.
J’ai mal au dos de ne pas être couché sur le côté.
Et si j’étais couché sur le côté, j’aurais mal au dos d’être couché sur le côté.
Viens, Aube, viens.

Quelle heure est-il ? Je ne sais pas.
Je n’ai pas la force de regarder ma montre,
Je n’ai de force pour rien, pour plus rien ?
Seulement pour ces vers, écrits le lendemain.
Oui, écrits le lendemain.
Tous les vers sont toujours écrits le lendemain.

Nuit absolue, tranquillité absolue, au dehors.
Paix sur la Nature toute entière.
L’Humanité se repose et oublie ses peines.
Exactement.
L’Humanité oublie ses joies et ses peines,
Voila ce qu’on a coutume de dire.
L’Humanité oublie, oui, l’Humanité oublie.
Même éveillée, l’Humanité oublie.
Exactement. Mais je ne dors pas.

Source : beauty will save the world

* * *



Temps présent, Je n’arrive pas à dormir (2012)

Source : RTS 




Avec ou sans rendez-vous, Avec ou sans rendez-vous (2011)
Source : FC




Révolutions médicales, Les troubles du sommeil (2013)
Source : FC 



Des mots et des maux : spécial sommeil (2013)


dimanche 24 février 2013

Fernando Pessoa ou Alberto Caeiro ou Ricardo Reis ou Alvaro de Campos ou Bernardo Soares et alii

Fernando António Nogueira Pessoanote est un écrivain, critique, polémiste et poète portugais trilingue (anglais, dans une faible mesure français, et principalement portugais). Né le 13 juin 1888 à Lisbonne, ville où il meurt des suites de son alcoolisme le 30 novembre 1935, il a vécu un cinquième de sa vie en Afrique du Sud.
Théoricien de la littérature engagé dans une époque troublée par la guerre et les dictatures, inventeur inspiré par Cesário Verde du sensationnisme , ses vers mystiques et sa prose poétique ont été les principaux agents du surgissement du modernisme au Portugal.
« ... est-ce que je sais que je vis, ou bien seulement que je le sais ? »
Source (et suite) du texte : wikipedia


Bibliographie :
Oeuvres complètes, Ed. Gallimard La Pléiade, 2001
Détails voir : wikipedia
Site dédié : Ass. Franç. des Amis de F.P. 
Oeuvres en VO : Arquivo Pessoa

Voir aussi la page : Insomnie


NOMBREUX SONT CEUX QUI VIVENT EN NOUS
Nombreux sont ceux qui vivent en nous;
Si je pense, si je ressens, j’ignore
Qui est celui qui pense, qui ressent.
Je suis seulement le lieu
Où l’on pense, où l’on ressent.

J’ai davantage d’âmes qu’une seule.
Il est plus de moi que moi-même.
J’existe cependant
À tous indifférent.
Je les fais taire : je parle.

Les influx entrecroisés
De ce que je ressens ou pas
Polémiquent en qui je suis.
Je les ignore. Ils ne dictent rien
À celui que je me connais : j’écris.
Extrait de : Ricardo Reis, Odes



MON REGARD EST NET COMME UN TOURNESOL
Mon regard est net comme un tournesol,
J’ai l’habitude d’aller par les chemins,
Jetant les yeux à droite et à gauche,
Mais en arrière aussi de temps en temps…
Et ce que je vois à chaque instant
Est ce que jamais auparavant je n’avais vu,
De quoi j’ai conscience parfaitement.
Je sais éprouver l’ébahissement
De l’entant qui, dès sa naissance,
S’aviserait qu’il est né vraiment…
Je me sens né à chaque instant
À l’éternelle nouveauté du Monde…

Je crois au monde comme à une pâquerette,
Parce que je le vois. Mais je ne pense pas à lui
Parce que penser c’est ne pas comprendre…
Le Monde ne s’est pas fait pour que nous pensions à lui
(penser c’est avoir mal aux yeux)
Mais pour que nous le regardions avec un sentiment d’accord…

Moi je n’ai pas de philosophie : j’ai des sens…
Si je parle de la Nature, ce n’est pas que je sache ce qu’elle est,
Mais parce que je l’aime, et je l’aime pour cette raison
Que celui qui aime ne sait jamais ce qu’il aime,
Ni ne sait pourquoi il aime, ni ce que c’est qu’aimer…

Aimer, c’est l’innocence éternelle,
Et l’unique innocence est de ne pas penser.
Extrait de : Alberto Cairos, Le gardien de troupeaux (II)


JE SUIS UN GARDEUR DE TROUPEAUX
Je suis un gardeur de troupeaux.
Le troupeau, ce sont mes pensées
Et mes pensées sont toutes mes sensations.
Je pense avec les yeux et avec les oreilles
Et avec les mains et les pieds
Et avec le nez et la bouche.
Penser une fleur c'est la voir et la respirer
Et manger un fruit c’est en avoir le sens.
C’est pourquoi lorsque par un jour de chaleur
Je me sens triste d’en jouir à ce point,
Et que je m’étends de tout mon long dans l’herbe,
Et que je ferme mes yeux brûlants,
Je sens mon corps entier étendu dans la réalité,
Je connais la vérité et suis heureux.

Extrait de : Alberto Cairos, Le gardien de troupeaux (IX)


JE NE PENSE A RIEN
Je ne pense à rien,
et cette chose centrale, qui n’est rien,
m’est agréable comme l’air de la nuit,
frais en contraste avec le jour caniculaire.

Je ne pense à rien, et que c’est bon !

Ne penser à rien,
c’est avoir une âme à soi et intégrale.
Ne penser à rien,
c’est vivre intimement
le flux et le reflux de la vie…
Je ne pense à rien.
C’est comme si je m’étais appuyé
dans une fausse posture.
Un mal aux reins, ou d’un côté des reins,
mon âme a la bouche amère :
c’est que, tout bien compté,
je ne pense à rien,
mais vraiment à rien,
à rien…
Extrait de : Poésie d'Alvaro de Campos



DE L'ART DE BIEN RÊVER
Ajourne toute chose. On ne doit jamais faire aujourd’hui ce qu’on peut aussi bien négliger de faire demain.
Il n’est même pas besoin de faire quoi que ce soit, ni aujourd’hui ni demain.

Ne pense jamais à ce que tu vas faire. Ne le fais pas.

Vis ta vie. Ne sois pas vécu par elle.
Dans la vérité et dans l’erreur, dans le plaisir et dans l’ennui, sois ton être véritable. Tu n’y parviendras qu’en rêvant, parce que ta vie réelle, ta vie humaine, c’est celle qui, loin de t’appartenir, appartient aux autres. Tu remplaceras donc la vie par le rêve, et ne te soucieras que de rêver à la perfection. Dans aucun des actes de la vie réelle, depuis l’acte de naître jusqu’à celui de mourir, tu n’agis vraiment : tu es agi ; tu ne vis pas, tu es seulement vécu.
Deviens aux yeux des autres un sphinx absurde. Enferme-toi, mais sans claquer la porte, dans ta tour d’ivoire. Et cette tour d’ivoire, c’est toi-même.
Et si l’on vient te dire que tout cela est faux, est absurde, n’en crois rien. Mais ne crois pas non plus ce que je te dis, car on ne doit croire à rien.
Méprise toute chose, mais de façon telle que ce mépris ne puisse te gêner. Ne crois pas que ton mépris te rende supérieur. Tout l’art du noble mépris est là.
Bernardo Soares, Le Livre de l’intranquillité
Commande sur Amazon : Le livre de l'intranquillité


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