dimanche 16 janvier 2011

Shabestari


Né en 687 de l’hégire (1288) à Shabastar près de Tabriz, Sheikh Saad od-din Mahmoud ben Amin od-din Abdolkarim ben Yahya Shabastari fait partie des grands mystiques du VIIIème siècle (XIVe siècle de l’ère chrétienne) et est considéré comme un important poète persanophone de l’époque.

Ses premiers pas dans le mysticisme furent guidés par Bahâoddin Yaghoub de Tabriz, auprès de qui il acquit de vastes connaissances en la matière qu’il échangea plus tard avec les grands mystiques de cette époque. Il choisit de s’établir un temps à Kermân, d’où l’existence d’une longue lignée reconnue sous le nom de Khâdjegân, formée par sa descendance dans cette région.
 Le Sheikh décéda en 720 de l’hégire (1320). Il fut enterré au cimetière de Shabastar, auprès de son maître Bahâoddin Yaghoub.

Il composa plusieurs œuvres en prose et en vers dont la plus connue de toutes est le Golshân-e Râz (LA Roseraie du Mystère). Il s’agit d’un recueil de poèmes du genre narratif d’une certaine longueur, où le poète répond aux dix sept questions posées, elles aussi en vers, par un certain Amir Seyyed Hossein Hosseini Herâwi.

On raconte qu’une fois connues du Sheikh Bahâoddin Yaghoub Tabrizi, ces questions trouvèrent une réponse instantanée, vers par vers, auprès du Sheikh Shabastari. Ce qu’il nous reste aujourd’hui de cet ouvrage est en fait la totalité de ces questions-réponses versifiées, auxquelles se sont ajoutés au fil du temps d’autres vers complétant l’œuvre.
 Il présente le moment où lui furent expédiées ces questions auprès de son maître, c’est-à-dire en l’an 717 de l’hégire, comme étant la date du commencement du Golshân-e Râz, pour ajouter que c’est à partir de cette date qu’il se lança dans la poésie car auparavant, il n’avait jamais composé aucun vers. Du fait de sa simplicité, cette œuvre fut très vite appréciée de tous.

On peut également faire allusion à Sâ’adat Nâmeh, autre grande œuvre qui nous reste de ce maître mystique. Dans ce recueil, trois mille vers publiés en huit volumes exposent au lecteur de multiples faits et histoires. Le Sheikh y cite également les propos de cinq grands mystiques du Vème siècle de l’hégire originaires d’Azerbaïdjan, à savoir Hassan Sorkhâbi, Bâbâ Faradj Tabrizi, Mohammad Kadjâni, Khâdje Abdolrahim Tabrizi et Khâdje Sayedoddin Tabrizi. Il évoque par ailleurs ses longs voyages ainsi que ceux d’oulémas et de sheikhs :
Source du texte : La revue de Téhéran


Bibliographie (en français) :
- La Roseraie du Mystère, trad. Djamshid Mortazavi et Eva de Vitray-Meyerovitche. Ed. Sindbad
Etude :
Henri Corbin, Trilogie Ismaélienne. Ed. Verdier.


Question 7
A quel degré appartient la parole "Je suis la Réalité suprême" (Ana'l-Haqq) ?
Qu'en dis-tu ? Est-ce le bavardage d'un imposteur ?

Réponse 7
"Ana'l Haqq" en vérité, est la révélation d'un mystère absolu.
Qui, sauf la Réalité, peut affirmer : "Je suis la Réalité suprême" ?
Tous les atomes du monde, à l'instar de Mansour,
Tu les croirais ivres et gorgés de vin.
Continuellement, ils célèbrent ces louanges,
Continuellement, ils recherches cette signification.
Si tu désires que ce sens s'éclaire pour toi,
Prononce la Parole : "Toute chose célèbre Dieu."
Quand tu auras cardé ton "moi" comme du coton,
Tel le cardeur de laine, tu pousseras ce cri.
Ote de tes oreilles le coton de ton illusion,
Ecoute l'appel de l'Un, le Tout-Puissant.
Cet appel t'arrive constamment de la Réalité.
Pourquoi attends-tu qu'arrive le Jour du jugement ?
Entre dans la "Vallée de la Paix" car, aussitôt,
Le buisson ardent te dira "En vérité, Je suis Dieu".
Cette parole fut permise au buisson,
Pourquoi serait-elle interdite à la bouche d'un juste ?
Tout homme dont le coeur est dénué de doute
Sait avec certitude qu'il n'est d'autre être que l'Un.
Dire : "Je (Ana)" appartient seulement à la Réalité
Car parler de Hu (Lui) convient à ce qui est absent, et ce qui est absence est illusion.
La sublimité de "Haqq" n'admet point de dualité :
Dans cette sublimité, il n'y a ni "je", ni "nous", ni "toi".
Je, nous, toi et Lui ne sont qu'un.
Car dans l'unité, il n'y a pas de distinction de personnes.
Quiconque renonce au "pourquoi" et au "comment"
Trouve en lui-même l'écho de "Ana'l-Haqq".
Il rejoint son côté éternel, l'autre disparaît,
Le voyage, le chemin et le voyageur deviennent un.
L'incarnation et l'assimilation proviennent de l'altérité.
Mais l'Unité même provient de la Voie.
Ce qui est séparé de la Réalité, c'est l'existence phénoménale.
La Réalité ne devient pas une créature, pas plus que la créature ne devient une avec Dieu.
Incarnation et assimilation sont ici impossible,
Car la dualité dans l'Unité est clairement absurde.
L'existence des créatures et la pluralité ne sont qu'apparence,
Et chaque chose qui semble être, en réalité, n'est pas.
Extrait de : La Roseraie du Mystère.

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