mercredi 1 juin 2011

Utpaladeva ou Utpalacarya

Utpaladeva, connu encore sous le nom de Utpalacarya, vivait à la fin du IXe siècle et au début du Xe. De lui nous savons peu de choses : fils spirituel de Somananda - fondateur de l'école Pratyabhijna -, il eut pour condisciple Padmananda et fut le père de Vibhramakara. Il n'était donc ni célibataire ni moine errant (sanyasin). Abhinavagupta qui commenta ses oeuvres avec vénération eut pour maître un de ses disciples, Laksmanagupta.
A la fois mystique de génie, puissant métaphysicien, fin psychologue et, par surcroît, grand poète, Utpala fut à coté d'Abhinavagupta la figure la plus marquante et la plus audacieuse de l'école Pratyabhijna.
Ses oeuvres philosophiques sont caractérisées pas une analyse pénétrante basée sur l'expérience - et quelle expérience ! celle du jaillissement spontané de la liberté qui mène à l'identification avec Dieu. Rares sont les êtres qui eurent aussi intensément que lui le sentiment de la Réalité sans le moindre intermédiaire et la possédèrent, libre et nue, dans son éternelle fraîcheur. (...)
Liliane Silburn dans : La Bhakti, le Stavacintamani de Bhattanarayana, Institut de Civilisation Indienne, Ed. De Boccard.


Introduction :

   Depuis quelques temps déjà, le "Tantra" est à la mode dans les pays développés et dans les classes moyennes de l'Inde. Dans la littérature qui s'en réclame, le tantrisme est le plus souvent présenté comme une démarche vécue. En effet, il mettrait l'accent sur le ressenti, autrement dit l'expérience, que l'on oppose volontiers à l'intellect. Il est vrai que la pensée semble incapable de saisir le réel dans sa richesse. C'est un lieu commun, en Orient comme en Occident, de dénoncer le langage et la pensée comme ce qui appauvrit l'expérience brute. L'oubli des mots serait alors la seule maxime sage. 
   Pourtant il existe des traditions tantriques dans lesquelles l'intellect est l'instrument privilégié d'une authentique vie spirituelle. Car la pensée peut mener au-delà de la pensée, de même que l'on peut se libérer d'un mal par ce mal lui-même. C'est, du moins, le principe unanimement adopté par les traditions tantriques, tant hindoues que bouddhistes.
   Nous nous proposons ici de présenter une telle tradition philosophique, celle de la Reconnaissance (Pratyabhijna), conçue et renouvelée par des auteurs de l'Inde médiévale, à travers la traduction de son texte fondateur, les Stances sur la Reconnaissance du Seigneur. En 244 versets, poétiques en même temps que solidement articulés, leur auteur, Utpaladeva, y présente une pensée originale et forte, fondée sur l'intuition selon laquelle la liberté de la conscience est à la source de toute chose. Son interprète principal, Abhinavagupta, vécut comme lui, au Cachemire. 
Extrait de : Les Stances sur la Reconnaissance du Seigneur avec leurs gloses, composées par Utpaladeva (voir ci-dessous).

Bibliographie :

- Shivastotravali, Hymnes de louange à Shiva, trad. R.E. Bonnet, Ed. Adrien Maisonneuve, 1989.
- Les Stances sur la Reconnaissance du Seigneur avec leurs gloses, composées par Utpaladeva. Introduction, traduction, commentaires de David Dubois. Ed. de l'Harmattan, coll. Ouverture Philosophique, 2005.
Extraits en ligne : Google books

Commande sur : Amazon / Edition l'Harmattan

Site internet de David Dubois : Pratyabhijna (Le Sivaisme du Cachemire et la philosophie de la Reconnaissance).
Blog : Shivaisme-cachemire (La vache cosmique).







Section sur la connaissance
I. Introduction en forme d'exposé de la thèse de l'auteur
1. Je suis devenu, je ne sais comment, le serviteur du grand Seigneur. Parce que je désire aider aussi l'humanité, je vais rendre possible, en la justifiant, la reconnaissance du (soi comme étant le Seigneur). Elle est la cause qui fait obtenir toutes les perfections.

2. Qui étant doué de conscience, pourrait bien être en mesure de prouver ou réfuter le sujet connaissance, l'agent, notre Soi, le grand Seigneur prouvé d'emblée ?

3. Et pourtant, bien qu'il soit vu, il n'est pas identifié comme tel en vertu de l'égarement. C'est pourquoi on donne à voir cette reconnaissance en dévoilant ses Puissances.

4. Or, en effet, les choses qui ne sont pas conscientes (par elles-mêmes) ont leur fondement dans les êtres vivants. Et on sait que la connaissance et l'action sont la vie des êtres vivants. 


5. Parmi (elles), on prouve par soi-même (la présence de) la connaissance. L'action, quand elle se manifeste à travers un corps devient en outre discernable par les autres. Par cela, on peut deviner la (présence de la) connaissance en autrui.
(...) 

Extrait de : Les Stances sur la Reconnaissance du Seigneur avec leurs gloses. 
Commande sur : Amazon / Edition l'Harmattan 






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...