jeudi 12 mars 2015

Les Etats-Unis (se sentent) menacés par le Venezuela


L’Amérique Latine défend le Venezuela face au décret du président Obama
Par Thierry Deronne le 11 mars 2015

Après la décision du président Barack Obama, le 9 mars 2015, de décréter « l’urgence nationale aux États-Unis » face à la « menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et notre politique extérieure qu’est le Venezuela » (sic), le président de Bolivie Evo Morales a demandé une réunion d’urgence de l’UNASUR (organisme regroupant la totalité des nations sud-américaines) et de la CELAC (Communauté élargie des États Latino-américains et des Caraïbes) « pour nous déclarer en état d’urgence et défendre le Venezuela face à l’agression de Barack Obama. Nous allons défendre le Venezuela » Il a souligné l’importance de l’unité des peuples face à l’Empire qui tentent de « nous diviser, pour nous dominer politiquement et nous spolier sur le plan économique ».

Le président Correa, à travers son chancelier, a exprimé son « rejet le plus ferme de la décision illégale et extra-territoriale contre le Venezuela, qui représente une attaque inacceptable pour sa souveraineté ». Il a rappelé le signal négatif que constitue la signature de ce décret par Obama 48 heures après la visite de travail de l’UNASUR à Caracas. Cette délégation a enquêté sur la récente tentative de coup d’État contre le président Nicolas Maduro, élu en avril 2013, a rejeté l’ingérence extérieure, demandant aux secteurs violents de l’opposition de revenir à la voie électorale.

« Comment le Venezuela menace-t-il les Etats-Unis ? A des milliers de kilomètres de distance, sans armes stratégiques et sans employer de ressources ni de fonctionnaires pour conspirer contre l’ordre constitutionnel étasunien ? Une telle déclaration faite dans une année d’élections législatives au Venezuela révèle la volonté d’ingérence de la politique extérieure étasunienne. » a déclaré pour sa part le gouvernement cubain.

Les mouvements sociaux latino-américains se sont mobilisés en défense de la démocratie vénézuélienne. Pour Joao Pedro Stédile, de la direction nationale du Mouvement des Sans Terre du Brésil : « Au Brésil il y a un peuple qui est avec vous, nous serons toujours solidaires et nous ne laisserons pas l’Empire envahir le Venezuela pour récupérer ses gisements de pétrole ». Le mouvement social bolivien a également manifesté sa solidarité. Rodolfo Machaca, dirigeant de la Confédération syndicale des travailleurs agricoles, a condamné l’ingérence des États-Unis dans les affaires intérieures vénézueliennes, et leur complicité avec les violences organisées par la droite. Selon Machaca : « La situation au Venezuela nous préoccupe, c’est pourquoi nous proclamons notre solidarité avec ce pays, mais aussi avec le président Maduro. Nous condamnons l’ingérence nord-américaine, et toutes les tentatives de coup d’État ou autres manœuvres visant à la déstabilisation du Venezuela. ».

Rafael Correa dénonce les manipulations médiatiques contre le Venezuela.

Le 1er mars, depuis Montevideo, où il assistait à l’investiture du président uruguayen Tabaré Vasquez, le président Correa a déclaré : «Le Venezuela est confronté à une guerre économique et médiatique, et se retrouve dans la situation d’autres gouvernements progressistes d’Amérique latine, avant lui. Cette situation, on l’a déjà vécu en Amérique latine. Souvenons-nous de ce qui est arrivé à (Salvador) Allende : la même guerre économique, le même type d’ingérence, les mêmes attaques médiatiques. De grâce, tirons les leçons de l’Histoire ». Selon Correa, cette ingérence « ne débouchera pas forcément sur ce qui est arrivé à Allende. Il n’en demeure pas moins que nous sommes confrontés chaque jour aux tentatives de déstabilisation de gouvernements démocratiques et progressistes d’Amérique latine, par la guerre économique, et à la manipulation mondiale en matière d’information ».

Au sujet de l’arrestation du maire d’opposition de Caracas, Antonio Ledezma, accusé d’implication dans un complot visant à déstabiliser le gouvernement de Nicolas Maduro, le président Correa a déclaré qu’il était « réducteur de commenter cet événement sans connaître les détails de l’affaire, en outre la souveraineté et les institutions de chaque pays doivent être respectées ».

Le Venezuela et la Grèce renforcent leurs relations bilatérales.

En visite officielle en Grèce le 6 mars, la ministre des Affaires étrangère Delcy Rodriguez a félicité le nouveau gouvernement du premier ministre Alexis Tsipras, au nom du Gouvernement Bolivarien et du peuple vénézuelien. Dès la victoire de Syriza, Maduro avait salué la décision des électeurs malgré « la campagne médiatique qui tentait de leur faire peur en présentant notamment Alexis Tsipras comme l’agent d’une dictature vénézuélienne »

La Chancelière vénézuélienne a été reçue par Alexis Tsipras qui a manifesté son intention d’accueillir prochainement en Grèce le président Nicolas Maduro, assurant de son soutien le Venezuela et son peuple et insistant sur l’affection qu’il lui porte.

Accompagnée de l’ambassadeur du Venezuela en Grèce – Farid Fernandez – Mme Rodriguez a eu aussi l’occasion de rencontrer son homologue grec Nikos Kotzias (photo). La réunion a porté sur la possibilité de renforcer les relations bilatérales entre les deux pays dans le domaine économique et commercial. Nikos Kotzias a reçu des informations sur la situation actuelle au Venezuela et a souligné l’importance de nouer des relations solides dans les domaines de la technologie, de l’économie, du commerce et du tourisme.

Un désir commun s’est exprimé : qu’Athènes devienne l’un des principaux partenaires de Caracas.
Cette visite officielle en Grèce répond à la volonté de Caracas de renforcer l’émergence d’un monde multipolaire, au sein duquel prévaudront le respect mutuel, la compréhension, la coopération, mais aussi le droit pour les peuples à l’autodétermination, à la liberté et à la souveraineté.
Source : Venezuela infos


Obama se sent « menacé » par le Venezuela : une autre agression militaire se prépare
Par Atilio Boron le 10 mars 2015  - El Correo

Le président a annoncé une mesure d’« urgence nationale » contre le Venezuela qui représenterait « une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique extérieure  ». Maduro a immédiatement rappelé son plus haut représentant à Washington.

Le président étasunien, Barack Obama, a présenté hier le Venezuela comme une « menace » à la sécurité nationale et a publié un décret annonçant des sanctions à l’encontre de sept hauts responsables vénézuéliens. Son homologue, Nicolás Maduro, qui accuse les Etats-Unis de financer des campagnes de déstabilisation dans son pays déclare qu’ « Obama a pris l’initiative la plus agressive, injuste et désastreuse jamais subie par le Venezuela ». Son gouvernement a immédiatement rappelé son chargé d’Affaires à Washington, Maximilien Sánchez Arveláiz. En outre, le vice-président du parti au pouvoir, le Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV), Diosdado Cabello, affirme que les Etats-Unis prévoient des « frappes militaires » contre son pays. (...)

Préparatifs de l’agression militaire contre le Venezuela. 

Barack Obama, potiche décorative qui ne réussit pas à empêcher qu’un fou comme Benjamin Netanyahu s’adresse aux deux chambres du Congrès pour faire capoter les pourparlers avec l’Iran à propos de son programme nucléaire, a reçu un ordre sans appel du complexe « militaro-industriel-financier » : créer les conditions justifiant une intervention militaire en République Bolivarienne du Venezuela. Le décret présidentiel diffusé il y a quelques heures par le bureau de presse de la Maison Blanche affirme que le pays de Bolivar et de Chávez « constitue une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique extérieure des Etats-Unis », raison pour laquelle « je proclame l’urgence nationale pour y faire face ».

D’ordinaire, ce genre de déclarations précèdent l’agression militaire, que ce soit directement, comme ce fut le cas lors de l’invasion sanglante du Panama, dans le but d’évincer Manuel Noriega, en 1989, ou par propagation, comme par exemple en Asie du Sud-Est qui déboucha sur la guerre d’Indochine, plus particulièrement du Vietnam, à partir de 1964. Mais ce peut être aussi le prélude à un autre genre d’opérations militaires, où les Etats-Unis agissent de concert avec leurs valets européens, noyautés au sein de l’OTAN, et les théocraties du pétrole de la région concernée. Quelques exemples : la Première Guerre du Golfe, en 1991 ; ou la guerre d’Irak, 2003-2011, avec l’enthousiaste participation de la Grande Bretagne de Tony Blair et de l’Espagne de l’insortable José María Aznar ; ou le cas de la Libye, en 2011, et de la bouffonnerie ubuesque montée à Benghazi, où de supposés « combattants de la liberté » –dont on a découvert plus tard qu’ils n’étaient que des mercenaires engagés par Washington, Londres et Paris – pour renverser Kadhafi et transférer le contrôle des richesses pétrolières de ce pays à leurs maîtres. Parmi des affaires plus récentes, on peut citer le cas de la Syrie et, surtout, celui de l’Ukraine, où le « changement de régime » désiré si ardemment, but que poursuit sans trêve Washington pour redessiner le monde –en particulier l’Amérique Latine et la Caraïbe– à son image a pu se réaliser grâce à la précieuse collaboration de l’Union Européenne et de l’OTAN, dont la conséquence a été le bain de sang qui continue au jour d’aujourd’hui. Le surprenant Prix Nobel de la Paix 2009 a même envoyé madame Victoria Nuland, secrétaire d’État adjointe aux affaires eurasiatiques, à Kiev, place Maidan, pour exprimer sa solidarité aux manifestants, y compris aux bandes de néonazis qui allaient prendre le pouvoir par le feu et l’épée et à qui l’aimable fonctionnaire remettait biscuits et bouteilles d’eau, pour prouver par ce geste si affectueux, que Washington était, comme toujours, du côté de la liberté, des droits de l’homme et de la démocratie.

Quand un « État vaurien » comme les Etats-Unis, qui violent systématiquement les lois internationales, profère des menaces comme celle dont nous parlons, il ne faut pas le prendre à la légère. Surtout si l’on se souvient de la force d’une vieille tradition politique nord-américaine, qui consiste à fomenter des attentats contre eux-mêmes, prétextes utilisés pour justifier leur immédiate riposte militaire. Ce fut le cas en 1898, lorsqu’ils provoquèrent l’explosion du croiseur américain Maine, dans la baie de La Havane, tuant les deux tiers de son équipage et provoquant l’indignation de l’opinion publique usaméricaine, qui poussa Washington à déclarer la guerre à l’Espagne. Ce fut encore le cas à Pearl Harbor, en décembre 1941, où 2403 marins nord-américains périrent et 1178 autres furent blessés, victimes de cette infâme manœuvre. Puis, de nouveau lorsqu’ils ont ourdi l’incident du Golfe du Tonkin pour « vendre » leur guerre en Indonésie : l’attaque présumée du Nord Vietnam contre deux croiseurs nord-américains –finalement démasquée comme étant une opération de la CIA- amena le président Lyndon B. Johnson à décréter l’urgence nationale et, peu après, à déclarer la guerre au Vietnam du Nord. Maurice Bishop, lui aussi, sur la petite île de Grenade, fut considéré comme une menace à la sécurité nationale nord-américaine en 1983, dûment renversé et liquidé par une invasion de marines. Que dire de l’attentat, plus que suspect, du 11 septembre pour lancer la « guerre contre le terrorisme » ? L’histoire pourrait se poursuivre indéfiniment. En conclusion : il n’y aurait rien de surprenant à ce qu’Obama, dans les prochaines heures, ou jours, autorise une opération secrète de la CIA ou d’autres services ou même des forces armées vénézuéliennes contre un objectif américain sensible au Venezuela. Par exemple, l’ambassade de Caracas. Ou quelque autre opération terrifiante au Venezuela contre d’innocents civils lambda, comme ce fut le cas lors des « attentats terroristes » qui secouèrent l’Italie – l’assassinat d’Aldo Moro, en 1978 ou l’explosion de la bombe à la gare de Bologne en 1980- pour créer la panique et justifier la réponse de l’empire amené à « restaurer » le respect des droits de l’homme, la démocratie et les libertés publiques. Des années plus tard, on a découvert qu’en réalité, ces crimes avaient été perpétrés par la CIA. N’oublions pas que Washington a approuvé le coup d’État de 2002 au Venezuela, peut-être pour protéger leur ravitaillement en pétrole avant d’attaquer l’Irak. Aujourd’hui, c’est une guerre sur deux fronts qui se joue : la Syrie/ l’État Islamique et la Russie, en voulant aussi assurer leurs arrières au niveau de l’énergie. C’est grave, très grave ! Une solidarité active et immédiate des gouvernements sud-américains s’impose afin de dénoncer et de contrecarrer une telle manœuvre.

Atilio A. Boron Directeur du PLED, Programme Latino-américain d’Éducation à Distance en Sciences Sociales. Centre Culturel de la Coopération Floreal Gorini.
Source : El Correo


Obama: Le Venezuela est une menace pour la sécurité nationale
Par Eric Zuesse, le 10 mars 2015 – Source Global Research

L’administration Obama [prix Nobel de la Paix, NdT], qui en 2009 a fourni l’assistance cruciale pour renverser le président démocratique progressiste du Honduras et le remplacer par une junte d’oligarques; et qui en 2014 a perpétré le sanglant coup d’État qui a remplacé le corrompu, mais démocratiquement élu président ukrainien Viktor Ianoukovitch, par un gouvernement tout aussi corrompu mais farouchement anti-russe, déclenchant ainsi une guerre civile contre l’est de l’Ukraine qui avait voté à 90% pour M. Ianoukovitch; cette administration essaie maintenant à nouveau de renverser le président démocratiquement élu du Venezuela, Nicolas Maduro.
Source (et suite) du texte : Global ResearchLe Saker Francophone (trad)


Voir aussi divers articles sur Les Crises :
Venezuela 1/2 (Le mainstream n’aime pas Maduro…) / Venezuela 2/2 (Les médias alternatifs contredisent le mainstream (comme d’habitude…)


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