Wolfgang Wackernagel. Spécialiste de Maître Eckhart (Renouveau médiéval, 2013)
Spiritualité avec ou sans Dieu ? (TSR, Faut pas croire, 21 mars 2009)
Wolfgang Wackernagel, docteur en philosophie (études de philosophie, philologie et histoire des religions à Genève. Doctorat en philosophie aux universités de Genève et Munich). Chercheur et conférencier invité dans différentes universités (Dijon, Fribourg-en-Brisgau, Oxford, Paris, Strasbourg et Tübingen). Auteur également de nombreux articles en allemand, anglais et français, notamment sur la spiritualité eckhartienne, les calligrammes informatiques et la mise en pratique de la philosophie dans l'image. Depuis 1998, consacre l'essentiel de son temps à promouvoir la philosophie dans les médias.
Source et émission radio : RTS
Site officiel (bio et biblio-graphie) : Imago / Chaîne Youtube / Facebook
Auteur notamment de (thèse de Doctorat) : Ymagine Denudari. Ethique de l'image et métaphysique de l'abstraction chez maître Eckhart, Ed. Vrin, 1991
Extraits :
Tu dois aimer Dieu non pas intellectuellement, c'est-à-dire que ton âme doit être non intellectuelle et dépouillée de toute intellectualité, car tant que ton âme est intellectuelle, elle a des images, elle a des intermédiaires, tant qu'elle a des intermédiaires, elle n'a ni unité ni simplicité. Tant qu'elle n'a pas la simplicité, elle n'a jamais vraiment aimé Dieu, car le véritable amour réside dans la simplicité. C'est pourquoi ton âme doit être non intellectuelle, dépouillée de toute intellectualité, demeurer sans intellect, car si tu aimes Dieu en tant qu'il est Dieu, en tant qu'il est intellect, en tant qu'il est Personne, en tant qu'il est image - tout cela doit disparaître. - Comment dois-je l'aimer ? - Tu dois l'aimer en tant qu'il est un Non-Dieu, un Non-Intellect, un Non-Personne, un Non-séparé de toute dualité. Et dans cet Un nous devons éternellement nous abîmer : du Quelque chose au Néant.
Maître Eckart, Prédigt 83, p. 447,12-448,9 / Anc.3, p.154
(...)
Voilà pourquoi il faut s'abstraire des images. De quelles images ? De toutes les images créées. Toutes celles que sont les créatures, et qui ne sont pas "l'image sans image et l'image au dessus- de toutes les images", l'image "suressentielle" dans laquelle le fond de l'âme s'assimile à la splendeur ineffable du Verbe incréé.
Chapitre X, Vers un au-delà de l'image, pp. 160/1
"Sans image ou métaphore, aucune pensée ne peut-être exprimée, et là où il est question de l'être distinct des choses, chaque mot est une image. Ne pouvoir parler du plus élevé et du plus intensément désiré qu'en termes négatifs ne satisfait pas les émotions et chaque fois que le sage ne peut plus parler, c'est au poète de prendre le relais".
Johan Huizinga, Herbst des Mittelalters, (...) Ed. Payot, Paris 1989, p. 233
(...)
Avec la remarque citée au commencement de la présente conclusion, Huizinga amorçait la descente des "cimes enneigées" de la contemplation eckhartienne vers les pâturages aux images allégoriques plus fleuries de son disciple Suso. Cependant, on s’aperçoit que cette redescente des cimes de l'apophatisme eckartien est déjà comprise dans l'oeuvre de celui-ci. C'est elle qui caractérise notamment la plus grande amplitude de la pensée du Thuringien face à ses disciple Tauler et Suso. La richesse métaphorique "verdoyante et fleurissante" de sa prédication allemande, combinée à une mystique aux pentes abstractives bien plus abruptes, en constitue la meilleures preuve. L'or du silence est certes préférable, et si le sage choisit de s'exprimer, il doit nécessairement se transformer en poète, tout en sachant que ne le devient réellement que celui dont les images sont des pommes d'or ciselées d'argent.
Chapitre XII, Les Métaphores de l'invisible, pp. 179 et 183
Commande sur Amazon : Ymagine Denudari. Ethique de l'image et métaphysique de l'abstraction chez maître Eckhart
Fog Flow Time Lapse, Coulis de Brouillard au Salève (Wolgang Wackernagel, 2017)
Tu dois aimer Dieu non pas intellectuellement, c'est-à-dire que ton âme doit être non intellectuelle et dépouillée de toute intellectualité, car tant que ton âme est intellectuelle, elle a des images, elle a des intermédiaires, tant qu'elle a des intermédiaires, elle n'a ni unité ni simplicité. Tant qu'elle n'a pas la simplicité, elle n'a jamais vraiment aimé Dieu, car le véritable amour réside dans la simplicité. C'est pourquoi ton âme doit être non intellectuelle, dépouillée de toute intellectualité, demeurer sans intellect, car si tu aimes Dieu en tant qu'il est Dieu, en tant qu'il est intellect, en tant qu'il est Personne, en tant qu'il est image - tout cela doit disparaître. - Comment dois-je l'aimer ? - Tu dois l'aimer en tant qu'il est un Non-Dieu, un Non-Intellect, un Non-Personne, un Non-séparé de toute dualité. Et dans cet Un nous devons éternellement nous abîmer : du Quelque chose au Néant.
Maître Eckart, Prédigt 83, p. 447,12-448,9 / Anc.3, p.154
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Voilà pourquoi il faut s'abstraire des images. De quelles images ? De toutes les images créées. Toutes celles que sont les créatures, et qui ne sont pas "l'image sans image et l'image au dessus- de toutes les images", l'image "suressentielle" dans laquelle le fond de l'âme s'assimile à la splendeur ineffable du Verbe incréé.
Chapitre X, Vers un au-delà de l'image, pp. 160/1
"Sans image ou métaphore, aucune pensée ne peut-être exprimée, et là où il est question de l'être distinct des choses, chaque mot est une image. Ne pouvoir parler du plus élevé et du plus intensément désiré qu'en termes négatifs ne satisfait pas les émotions et chaque fois que le sage ne peut plus parler, c'est au poète de prendre le relais".
Johan Huizinga, Herbst des Mittelalters, (...) Ed. Payot, Paris 1989, p. 233
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Avec la remarque citée au commencement de la présente conclusion, Huizinga amorçait la descente des "cimes enneigées" de la contemplation eckhartienne vers les pâturages aux images allégoriques plus fleuries de son disciple Suso. Cependant, on s’aperçoit que cette redescente des cimes de l'apophatisme eckartien est déjà comprise dans l'oeuvre de celui-ci. C'est elle qui caractérise notamment la plus grande amplitude de la pensée du Thuringien face à ses disciple Tauler et Suso. La richesse métaphorique "verdoyante et fleurissante" de sa prédication allemande, combinée à une mystique aux pentes abstractives bien plus abruptes, en constitue la meilleures preuve. L'or du silence est certes préférable, et si le sage choisit de s'exprimer, il doit nécessairement se transformer en poète, tout en sachant que ne le devient réellement que celui dont les images sont des pommes d'or ciselées d'argent.
Chapitre XII, Les Métaphores de l'invisible, pp. 179 et 183
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Fog Flow Time Lapse, Coulis de Brouillard au Salève (Wolgang Wackernagel, 2017)
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