Pollution : Des microparticules de plastique dans l'eau du robinet
Le 7 septembre 2017 - Réponse conso
Des chercheurs ont mesuré la présence de fibres de plastique dans l’eau du robinet. Les résultats de cette étude menée par le site Orb media sont préoccupants. La pollution n’épargne personne.
Le plastique ne pollue pas seulement les rivières et océans. Il contamine aussi notre eau potable, révèle une étude réalisée par des scientifiques à l’initiative du site Orb Media, et rapportée par le quotidien britannique The Guardian. Les chercheurs ont prélevé 159 échantillons au début de l’année dans une douzaine de pays, dont la France. Les résultats de leurs travaux indiquent que 83% de l’eau potable examinée contiennent des fibres de plastique. Les quantités varient bien entendu d’un pays à l’autre.
Aux États-Unis, l’eau est la plus contaminée
À la grande surprise, c’est aux États-Unis et au Liban que la densité la plus élevée de plastique a été trouvée. Les auteurs de l’étude ont retrouvé des fibres de plastique dans 94% des échantillons analysés. Au pays de l’Oncle Sam, ceux-ci ont été collectés au siège de l’Agence de protection de l’environnement, dans les bâtiments du Congrès ou encore dans la Trump Tower à New York. En Inde, le taux s’élève à 82% d’échantillons contaminés à New Delhi, 81% en Ouganda et à 75% en Équateur. C’est en Europe, notamment en Allemagne, au Royaume-Uni en France, que le taux de contamination est le plus bas. Celui-ci est de 72%, tout de même. « Le nombre moyen de fibres de plastique trouvées dans chaque échantillon de 500 ml d’eau du robinet s’élève à 4,8 aux États-Unis, contre 1,9 en Europe », souligne The Guardian.
La présence de ces microparticules de plastique est inquiétante mais leurs effets sur la santé sont encore à déterminer. Toutefois, différentes études ont montré qu’elles pouvaient diffuser des substances chimiques et des bactéries.
Le plastique n’est malheureusement pas le seul élément présent dans l’eau du robinet. En janvier dernier, une étude de l’ONG Générations Futures révélait la présence de pesticides suspectés d’être des perturbateurs endocriniens.
Lire aussi : Des médicaments et du plastique dans le Léman, Tribune de Genève, le 13 septembre 2017
Remarque :
La consommation d'eau en bouteille plastique n'est (évidemment) pas une solution, leur fabrication engendre des pollutions et divers composants chimiques migrent dans l'eau (notamment des perturbateurs endocriniens) y compris pour le PET.
Lire à ce sujet une réponse sur : RTS Découverte
Les seuls filtres efficaces semblent être l'Osmose inverse et surtout la Distillation (qui a l'avantage d'être un processus naturel et de ne pas gaspiller d'eau, mais le désavantage de consommer de l'électricité - par exemple Mégahome).
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Par Olivier Levrault, le 13 janvier 2017 - Libération
Ils sont aussi dans l'eau des nappes phréatiques et des cours d’eau en France, rappelle l’association Générations futures. Une mise en garde qui intervient alors que la Commission européenne doit légiférer en la matière en ce début d’année.
L’eau du robinet que l’on boit chaque jour est-elle nocive ? La question se pose à nouveau alors que l’ONG Générations futures relève la présence de pesticides perturbateurs endocriniens aussi bien dans nos canalisations que dans les rivières et les nappes phréatiques.
Générations Futures, qui avait déjà dénoncé la pollution des perturbateurs endocriniens dans la nourriture ou dans le quotidien de nos maisons, s’attaque à la pollution de l’élément vital qu’est l’eau. L’ONG n’a pas effectué d’analyses mais s’appuie sur les données de trois études gouvernementales sur l’eau du robinet, les eaux souterraines et les eaux de surfaces, croisées avec la liste des perturbateurs endocriniens dénombrés dans la base TEDX du site de référence en la matière, Endocrinedisruption.org.
Résultat, 73,3% des pesticides les plus mesurés dans les eaux de surface sont des perturbateurs endocriniens «suspectés». Pour les eaux souterraines, et pour l’eau du robinet, ces substances représentent environ la moitié des pesticides les plus présents.
«Ce n’est pas la première fois que l’on parle de perturbateurs endocriniens dans les eaux mais notre rapport permet pour la première fois de faire un état des lieux spécifique et actualisé des pesticides perturbateurs endocriniens, à la fois dans les eaux de surface ou souterraines et les eaux de boisson», estime François Veillerette, directeur de Générations futures.
Tous exposés
Les perturbateurs endocriniens sont des substances naturelles ou artificielles, étrangères à l’organisme, que l’on trouve dans de nombreux pesticides, plastiques, cosmétiques et conditionnements alimentaires. Ils peuvent interférer dans le système endocrinien et induire des effets néfastes sur l’organisme d’un être vivant ou de ses descendants. Ils peuvent être à l’origine de maladies comme le cancer du sein, l’infertilité, le diabète ou l’obésité.
«Ces substances sont présentes dans ce qu’on boit, ce qu’on mange, ce qu’on respire ou ce qu’on se met sur la peau. En clair, nous sommes tous exposés», alerte Barbara Demeneix, endocrinologue au Muséum national d’histoire naturelle et auteure de l’ouvrage le Cerveau endommagé - Comment la pollution altère notre intelligence et notre santé mentale (Odile Jacob, 2016).
Dans l’eau, glyphosate et atrazine
La réglementation qui fixe les teneurs maximales en pesticides dans l’eau du robinet a été modifiée en 2010 et autorise maintenant une eau cinq fois plus polluée. «Avant 2010, dès qu’on atteignait 20% de la VMax [valeur sanitaire maximale autorisée, ndlr], une interdiction temporaire de consommation était décidée par le préfet. Depuis 2010, il faut atteindre 100% de la VMax», regrette François Veillerette, de Générations futures.
Parmi les pesticides perturbateurs endocriniens les plus fréquents, on trouve le glyphosate et l’atrazine. Classé «cancérigène probable» par le Centre international de recherche sur le cancer, le glyphosate (principe actif du Roundup de Monsanto) est l’herbicide le plus utilisé dans les champs en Europe. En conséquence, dans les rivières et les fleuves de France, il est celui que l’on observe le plus fréquemment. Malgré de virulentes oppositions, le glyphosate a été à nouveau autorisé en juin 2016 par la Commission européenne.
L’herbicide atrazine est interdit en France depuis 2003. Pourtant, c’est la molécule la plus retrouvée dans les nappes phréatiques et dans l’eau du robinet. Or, selon une étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale de 2011, l’atrazine pourrait avoir des effets néfastes pour la femme enceinte avec «un risque accru de mettre au monde un enfant de faible poids ou de faible périmètre crânien».
L’eau en bouteille, pas une solution
Est-ce à dire qu’il faille boire uniquement de l’eau en bouteille ? Ce n’est pas la solution miracle, selon Barbara Demeneix. «On trouve aussi des perturbateurs endocriniens dans l’eau de bouteille, parfois même davantage, à cause des plastifiants utilisés, comme le BPA ou maintenant le BPS», relève-t-elle en référence au bisphénol A, utilisé dans la fabrication des biberons ou des tickets de caisse. Depuis son interdiction pour la fabrication des contenants alimentaires en 2015, le bisphénol A est remplacé par des substituts, comme le bisphénol S ou le bisphénol F, jugés également nocifs.
De son côté, la Chambre syndicale des eaux minérales (CSEM) se veut rassurante et rappelle que «les bouteilles d’eau sont exclusivement composées de polyéthylène téréphtalate (PET), un matériau chimiquement inerte qui ne migre pas dans l’eau. Les bouteilles d’eau en PET ne contiennent pas de Bisphénol A et n’en ont jamais contenu.» La CSEM fait allusion à un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), remontant à 2013 et selon lequel «le BPA n’a été détecté dans aucune des 50 eaux conditionnées dans des bouteilles en PET» analysées.
Pour Barbara Demeneix, «il faut être actif pour qu’il y ait plus de contrôles des eaux et surtout pour que l’Europe légifère. Ce genre de rapport permet aux gens de prendre conscience du problème».
Dans l’attente d’un vote européen
En décembre 2016, la Commission devait voter un texte pour réglementer les perturbateurs endocriniens. Mais, flairant qu’elle n’allait pas recueillir une majorité chez les Etats membres, elle a repoussé le vote. Pour la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, le texte de la Commission était de toute façon «inacceptable». Dans une lettre adressée au président de la Commission, Jean-Claude Juncker, elle écrivait : «Cette évolution réglementaire marquerait un recul dans l’action de l’Union européenne de protection de la santé de nos concitoyens et de notre environnement.»
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