lundi 18 octobre 2010

Monko


John Cage, 4'33'' (en trois mouvements). 

Pas d'image ni de vidéo, juste un pseudo, Monko, et un blog sur lequel l'auteur répond à qui lui pose des questions : Non dualité canal blog

Deux extraits, le premier en réponse à une demande concernant son cheminement, le second commentant une citation de Ramana Maharshi

Si vous avez une question à lui poser c'est ici : Monko


Bonjour Odile, 

Je suppose qu'on peut partir de ma passion pour la musique. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu un grand attrait pour la musique, le phénomène sonore. J'en suis rapidement passé à la pratique, jusqu'à faire mes études dans la musique et la musicologie. Bien sûr, au début, ma pratique et mes intérêts étaient-ils relativement conventionnels, jusqu'à ce que tout cela soit, disons, un peu plus sérieux avec l'abord du jazz et l'improvisation "tonale", intérêt qui m'a rapidement quitté. Ensuite, mon esprit fut rapidement tourné vers les expérimentations en tous genres, moi-même pratiquant alors ce que l'on appelle "l'improvisation non-idiomatique", ne reposant sur aucun schéma ou entente préalable, sinon l'amour du son dans tous ses états. Bien sûr, tout cela restait purement lié à une histoire "personnelle", une passion esthétique, phénoménale, mentale, sensuelle peut-être, etc... 
Puis je fis une rencontre artistique déterminante en la personne (et surtout la musique et l'approche) de John Cage dont l'intérêt se situait dans le silence, la non-intention, l'indétermination, la préférence marquée pour les questions plutôt que les réponses: en effet, à travers son approche des philosophies orientales et du zen en particulier, il en est venu à aborder la composition musicale par la pratique exclusive de ce qu'il appelait "les opérations de hasard", abandonnant ainsi tout velléité d'écrire une musique liée à ses goûts et dégoûts ou même écoute intérieure, comme on dit: il utilisait le yi-king, l'antique livre chinois, posait des questions et laissait le livre répondre.. Ces opérations de hasard étaient appelées par lui "ma méditation".... Si bien que je perçus rapidement que sa musique n'était au fond qu'une expression du silence sans cesse palpable. Il liait pour moi expérimentations et beauté. Enfin, il termina sa vie comme un sage; et je sentis que ma pratique musicale ne me mènerait jamais à cette sagesse, alors j'ai voulu remonter à la source, et c'est comme cela que je me suis impliqué dans le zen, et y reçus l'ordination. 
Puis tout change: c'est dans le zen que je fis la rencontre de mon maître et ami, Pierre-Michel Trémeau, par qui l'expérience spirituelle se révéla. Nous devînmes amis, et il me fit découvrir l'enseignement de Jean Klein à travers les livres puis celui, vivant cette fois, de Francis Lucille, disciple de Jean Klein, par qui la compréhension s'enracina, je dirais se ramifia... Je fis pendant zazen et à travers l'enseignement de mon ami l'expérience d'une forme de transparence, d'une non-différenciation intérieur-extérieur, d'une non-localisation de l'être, de la Conscience, de son caractère absolu, impersonnel et intemporel, et de la non-existence d'une quelconque entité personnelle. La non-dualité devint "ma" voie, le zen m'ayant plus ou moins quitté depuis... Toute compréhension est abrupte, mais l'enracinement en elle peut recquérir le temps, le temps que le mental et le corps s'accordent eux-mêmes à la réalité, à la révélation-révolution de leur véritable nature en laquelle ils trouvent toute leur potentialité. C'est ainsi que cela fonctionne pour moi, je crois. Ayant conscience du caractère tout-à-fait anecdotique de tout cela, je te fais mes amitiés. A bientôt.

"Voyez celui qui voit et vous trouverez que tout est le Soi. Changez votre façon de voir, regardez vers l'intérieur." Ramana Maharshi
Pourrais-tu expliquer cette formulation ?

Bonjour D,

La première des choses qui me paraît importante à souligner, c'est que Ramana n'exhorte pas ici à trouver le Soi ou la Conscience comme il est souvent dit par ailleurs, mais de voir qui est réellement cette apparente entité qui fait des expériences, qui semble penser, voir, entendre, goûter, etc... De voir où est le centre d'où le regard semble jaillir pour aller attraper les objets. Ceci est très important parce que dans les voies où on exhorte à entrer en contact avec une Conscience englobante, un silence englobant, il est possible que cette expérience continue à être l'expérience "de quelqu'un", et finalement on est pas plus avancé. Alors certes Ramana ne le dit pas comme ça, mais pour moi, il dit tout simplement, "plutôt que de tenter de découvrir l'unicité, voyez qu'il n'est personne"...
Il s'agit de prendre clairement conscience que nous nous prenons pour un centre d'où part le regard; et ce regard est en fait une tension qui crée une séparation intérieur/extérieur et un monde entièrement dédié à la gloire du regardeur séparé, auquel nous accollons toute une histoire, avec passé/présent/futur. Et ce centre voyant n'est en fait jamais expérimenté et n'existe qu'à l'état de croyance, de concept. Et ainsi tous nos problèmes viennent de dehors, des autres.... Alors, Ramana  dit simplement: voyez celui qui voit. Retournez l'attention. On pourrait dire, "arrêtez de diriger l'attention vers un extérieur, arrêtez d'être si attentifs!". Et en retournant l'attention, ou même simplement l'intérêt, ce qui est vu, c'est strictement rien, car il n'existe aucun regardeur, aucune entité attentive séparée dans cette tête, dans ce corps, dans ce monde. Le regard est nulle part et partout, ne va ni ne vient, est conscient de tout sans un seul instant être spécialement attentif. Là, la tension peut s'écrouler, la séparation intérieur/extérieur aussi. Alors le monde perd sa rigidité, sa réalité séparée et se révèle comme étant de la même substance que ce regard clair, silencieux, énergétique. Le monde n'est que lumière.
Suite (voir message du 02 octobre 2010) sur : Non dualité canal blog

MAJ (21.10.12) :





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