mardi 19 avril 2011

Annamalai swami



Nourris par une expérience spirituelle exceptionnelle, l’enseignement d’Annamalai Swami témoigne de la plus haute tradition de l’hindouisme, celle de la non-dualité (advaita), déjà présente dans les upanishads mais explicitée par le grand philosophe Shankara. Le style d’Annamalai est direct et limpide. Sa sagesse est sans compromis, mais habitée d’une force et d’un humour bienveillant qui la rendent irrésistible.
     Annamalai Sawami est né en 1906, à Tondankuruchi, petit village d’environ deux cents maisons. Son père était une personne importante dans le village. Fermier, astrologue, peintre et constructeur, il savait également fabriquer des statues et ériger des gopuram [tours de temple].  (...)

Source du texte : Arfuyen 


Je n'ai jamais été un enfant sociable. Plutôt que de fréquenter les gens du village, je recherchais les endroits isolés pour m'asseoir et pratiquer le silence intérieur. (...) Lorsque mon père découvrit mon intérêt pour les questions spirituelles, il tenta de me décourager. Il dressa de nombreux obstacles sur mon chemin et ce ne fut que bien des années plus tard qu'il finit par admettre que mon destin était de devenir sadhu. (... )
        Au cours de l'année 1928 - j'avais alors vingt et un ans -, un sadhu errant traversa le village. Il me donna un exemplaire de Upadesa Undiyar contenant une photo de Sri Ramana Maharshi. Dès que je vis cette photo, j'eus le sentiment que c'était mon Guru. Au même instant apparut en moi un ardent désir d'aller le voir. La nuit suivante, je fis un rêve : je vis Ramana Maharshi marcher des pentes inférieures d'Arunachala jusqu'au vieux Hall. Arrivé devant la porte, il se lava les pieds avec l'eau de son pichet. Je vins vers lui, me prosternai à ses pieds et sombrai alors dans une sorte de somme, tant le choc de sa présence (darshana) était intense. Alors que je gisais au sol, la bouche ouverte, Bhagavan me versa dans la bouche de l'eau de son pichet. Je me souviens d'avoir répété les mots : "Mahadeva, Mahadeva" - qui est l'un des noms de Shiva - tandis que l'eau coulait. Pendant quelques secondes, Bhagavan me regarda fixement, puis se retourna et entra dans le Hall.( ...)
        Je suis arrivé à Ramanasramam vers une heure de l'après-midi. En m'approchant du Hall, une partie du rêve que j'avais eu dans mon village se répéta en réalité. Je vis Bhagavan descendre de la colline, traverser l'ashram et s'arrêter devant le Hall le temps de se laver les pieds avec l'eau de son kamandalu [pichet]. (...)
        Une dizaine de jours après mon arrivée, je demandai à Bhagavan : « Comment éviter la souffrance?
      - Connais le Soi et accroche-toi constamment à Lui, répondit-il. Ignore le corps et le mental, car s'y identifier crée la souffrance. Plonge profondément dans le Coeur, et fais ­en ta demeure. »
Source du texte : moncelon


Bibliographie : 
- La corde et le serpent : derniers entretiens. Ed. Arfuyen.
- Comme une montagne de Camphre : enseignement de Ramana Maharshi et Annamalai Swami. Ed. Nataraj, 1996.
Etudes :
David Godman, Annamalai Swami, une vie auprès de Ramana Maharshi. Ed. Nataraj, 1996.


Arunachala

– Swamiji, avez-vous réalisé le Soi ?
– Oui, mais parfois, je trouve bizarre de répondre à cette question. C’est comme si quelqu’un vous demandait si vous étiez devenu un être humain. Vous avez toujours été un être humain. Vous n’avez rien eu à faire pour y parvenir. Vous êtes, de toute évidence, un être humain, tant et si bien qu’il est étrange de répondre à cette question à brûle-pourpoint.
– Pour moi, cela ne va pas de soi.
– Alors, découvrez qui vous êtes.
– Comment découvre-t-on qui l’on est ?
– Vous le découvrirez en pratiquant constamment l’investigation du Soi. Posez-vous la question : «Est-ce que je suis le corps ? Est-ce que je suis le mental ?» Lorsque l’investigation du Soi s’approfondit, vous comprenez qui vous êtes.
– Swamiji, combien de temps vous a-t-il fallu pour découvrir Cela ?
– Lorsqu’on est mûr, on peut réaliser Cela sur-le-champ. Lorsqu’on ne l’est pas, on doit poursuivre sa sadhana pour devenir réceptif à la vérité.
– Dans quelle catégorie étiez-vous ?
– J’ai servi Bhagavan pendant plus de douze ans. Ensuite, je suis venu ici, car je voulais m’établir plus définitivement dans le Soi. Après plusieurs années de sadhana, j’ai réalisé le Soi. (...)
– J’ai entendu dire que lorsque les gens s’approchaient de Ramana Maharshi, ils pouvaient sentir la paix les pénétrer. Swamiji, je suis assis en votre présence et je ne sens rien. Pourquoi ?
– Tout le monde ne ressentait pas la paix en présence de Bhagavan. Madhava Swami a servi Bhagavan de nombreuses années comme intendant attaché à sa personne, mais il affirmait n’éprouver aucune paix auprès de lui. Il s’en plaignait, comme vous.à la fin de sa vie, il disait : «Les gens disent que chaque fois qu’ils se trouvent en présence de Bhagavan, ils éprouvent une paix immense. Mais pour moi, lorsque je pénètre dans le hall de Bhagavan, c’est comme l’enfer.» Je vous raconte cela, car la réponse à votre question est : «Que vous ressentiez la paix en présence d’un jnani ou non dépend de votre maturité.» Les personnes qui ont acquis une certaine maturité sont sensibles à la présence d’un jnani. De tels êtres feront l’expérience de la paix dès qu’ils seront dans cette présence. Les autres doivent attendre. Les bourgeons qui sont prêts à éclore s’ouvrent lorsque les rayons du soleil les atteignent. Ceux qui ne sont pas prêts doivent attendre.(...)
– Y a-t-il des différences de degré dans la réalisation du Soi ? Par exemple, Ramana était généralement reconnu comme Sadguru. Votre compréhension est-elle la même que celle de Ramana ?
– Devant vous, vous voyez brûler une grosse lampe à huile. Comme la vôtre est éteinte, vous l’approchez de celle qui est déjà allumée. Et lorsque vous repartez, votre avez propre flamme, votre propre lumière. à partir de là, où que vous alliez, la lumière est avec vous. L’état de jnana est le même pour tous. Quiconque réalise le Soi se trouve dans la même paix, qui est au-delà du mental. Bien que l’expérience du Soi soit la même dans tous les cas, il est vrai que certains jnani finissent par aider pour beaucoup de gens, alors que d’autres, qui sont également éveillés, en aident peut-être moins. Certains jnani n’enseignent pas du tout. Ils mènent une vie ordinaire et sont rarement, sinon jamais, reconnus pour ce qu’ils sont en réalité. Que l’eau se trouve dans un puits ou dans un lac, c’est toujours de l’eau. Pourtant certaines sources peuvent désaltérer plus d’êtres que d’autres. Une petite lampe peut éclairer une pièce, tandis qu’une grosse illuminera une rue entière. Bhagavan était une de ces grandes lumières flamboyantes qui pouvait éclairer une énorme étendue. Il guida beaucoup de gens et leur apporta la lumière. (...) 
Source du texte : Arfuyen


- Comment pouvons-nous reconnaître un jnani ?
- Pour le chercheur qui a acquis une certaine maturité, la présence d'un jnani se reconnaît essentiellement à ce signe : si le mental du disciple se calme sans le moindre effort, c'est un bon indice. Mais ce n'est pas un test valable ni probant pour tous. Si un chercheur débutant entre en présence d'un jnani, son mental restera probablement aussi agité que d'ordinaire. Pour le commun des mortels, il est très difficile de savoir qui est un jnani et qui ne l'est pas. Il n'existe aucun test qui fonctionne à tous les coups.
   Cela me rappelle une histoire que racontait Ramakrishna. Assis à l'ombre d'un arbre, sur le bord d'une route, un sadhu était en samadhi.
   Un homme qui cheminait par-là l'aperçut et pensa: « Il est probablement ivre. » Le sadhu était agité de légers tremblements que l'homme prit pour un tremblement d'alcoolique. Survint un second passant, mais le fil de ses pensées le mena à une différente conclusion « Cet homme a l'air heureux. Il attend sûrement sa fiancée. »
   Le soleil se couchait quand un troisième homme apparut. Il remarqua la silhouette assise dans la pénombre et se dit: « C'est peut-être un voleur. Sans doute se cache-t-il sous cet arbre pour sauter sur !es passants et les détrousser. Je ferai mieux de l'éviter au cas où il serait dangereux. » Il fit un petit détour à travers champs pour se sentir plus en sécurité.
   Peu après, vint un quatrième passant. C'était un chercheur spirituel confirmé et, dans l'ombre grandissante, il put discerner un halo de lumière autour de la tête du sadhu. « Il doit s'agir d'un être éveillé », songea-t-il. Alors il s'avança vers lui et se prosterna à ses pieds.
   Les gens perçoivent les jnani à travers le prisme déformant de leur mental. Ils ne peuvent pas faire autrement. Si vous portez des lunettes jaunes, tout ce que vous verrez sera teinté de jaune. Changez la couleur de vos verres, et ce que vous percevrez changera aussi de couleur. Le jnani ne porte pas de verres ni de prismes déformants susceptibles d'obscurcir, de fragmenter ou d'altérer sa vision. En tout, il voit Dieu, son propre Soi.
Source du texte : Moncelon


   La plupart des gens prennent l'apparence du serpent dans la corde pour la réalité. Agissant sur la base de leur perception erronée, ils imaginent toutes sortes de moyens de tuer le serpent. Il leur est totalement impossible de se débarrasse du serpent tant qu'ils n'ont pas abandonné l'idée qu'il y a un serpent. Les gens qui veulent tuer ou contrôler le mental ont le même problème : ils imaginent qu'il y a un mental à contrôler et prennent des mesures drastiques pour le contraindre à se soumettre. Si, au lieu de cela, ils développaient la compréhension qu'il n'y a rien de tel que le mental, tous leurs problèmes seraient résolus. Vous devez arriver à la conviction : " Je suis la conscience omniprésente dans laquelle toutes les formes corporelles et psychiques du monde apparaissent et disparaissent. Je suis cette conscience qui demeure inchangé et inaffectée par ces apparitions et disparitions. " Stabilisez-vous dans cette conviction. C'est tout ce que vous avez à faire.
   Bhagavan [Ramana Maharshi] raconta une fois l'histoire d'un homme qui voulait enterrer sa propre ombre dans un trou profond. Il creusa le trou et se plaça de telle façon que son ombre soit au fond du trou. Il essaya ensuite de la recouvrir de terre. Chaque fois qu'il jetait de la terre dans le trou, l'ombre réapparaissant à la surface. Bien sûr, il ne parvint jamais à enterrer son ombre. Beaucoup de gens se comportent de la même manière quand ils méditent. Ils considèrent leur mental comme réel, essayent de le combattre et de le tuer et échouent toujours. Tous les combats contre le mental sont des activités mentales qui le renforcent au lieu de l'affaiblir. Si vous voulez vous débarrasser du mental, tout ce que vous avez à faire, c'est de comprendre qu'il n'est " pas moi ". Cultivez cette compréhension : " Je suis la conscience immanente ". Quand cette compréhension sera devenue stable, le mental inexistant aura fini de vous tourmenter.
Source du texte et autres extraits : InnerQuest 

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