lundi 12 septembre 2011

Tsokdruk Rangdrol Lama Shabkar


Shabkar (1781-1851) est sans doute le sage le plus célèbre au Tibet après Milarépa. Il est révéré par le peuple tibétain pour sa sainteté, sa simplicité et sa faculté d'émouvoir aussi bien que de faire rire. Il a laissé derrière lui de nombreux ouvrages dont une autobiographie détaillée en deux volumes qui compte parmi les plus populaires et les plus inspirantes de la littérature tibétaine.

Skabkar a consacré la majeure partie de sa vie aux retraites et aux pélerinages, visitant la plupart des lieux sacrés du Tibet et de la région himalayenne. Affranchi des conventions sociales et ecclesiastiques, Shabkar, bien que moine, ne dépendit jamais d'un monastère mais les visita tous. Épris de discipline monastique, mais aussi yogi accompli, il put paraître original aux yeux de ses contemporains.
L'attitude de Shabkar vis à vis des différentes écoles bouddhistes ne fut jamais teintée de sectarisme, parce que la liberté de son mode de vie l'affranchissait de la dépendance des bienfaiteurs et de la tutelle des institutions monastiques.
Source du texte : Ed. du Cerf


Bibliographie :
- Autobiographie d'un yogi tibétain, trad. Matthieu Ricard et Carisse Busquet, tomes 1 et 2, Ed. Padmakara, 1998/9
- Morceaux choisis, trad. Matthieu Ricard et Carisse Busquet, Ed. Le Grand Livre du mois, 1998
- Poème tibétain, trad. Matthieu Ricard, Calligraphie Jigme Douche, Ed. Albin Michel, 2001. 

- Divers extraits dans : Matthieu Ricard, Chemins spirituels, Petite anthologie des plus beaux textes tibétains, Ed. Nil, 2010, rééd. Pocket, 2011.
- Les larmes du Bodhisattva, Enseignements bouddhistes sur la consommation de la chair animale, Ed. Padmakara, 2006


La simplicité spontanément lumineuse : c'est cela même !
Comment pouvez-vous dire que vous ne voyez pas
Votre esprit comme étant le Bouddha ?
Il n'y a là rien à cultiver, à quoi bon gémir :
"Je ne me suis pas entraîné" ?

Cet esprit éveillé, clairement manifesté : c'est cela même !
Comment prétendre que votre esprit, vous ne le trouvez pas ?
Cette clarté limpide, ininterrompue : c'est cela même !
Comment prétendre que l'essence de votre esprit, vous ne la voyez pas ?

Une fois établi en cette nature, il n'y a pas la moindre chose à faire.
Comment prétendre ne pas y parvenir ?

S'il n'y a plus de dualité entre repos et mouvement,
Comment prétendre que vous ne parvenez pas à y demeurer ?

Et cet état éveillé, né de lui-même,
Les trois corps de l'Eveil sont spontanément accomplis sans effort.
Comment prétendre ne pas pouvoir les accomplir par la pratique ?

Il suffit de demeurer dans l'absence, le non-agir.
Comment prétendre ne pas en être capable ?

Les pensées s'élèvent et se libèrent simultanément.
Comment prétendre que ce remède vous échappe ?

Cette conscience du moment présent : c'est cela même !
Comment prétendre ne pouvoir la reconnaître ? 
Extrait de : Matthieu Ricard, Chemins spirituels. 
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Tous les phénomènes ne sont que dimension ouverte, Félicité et liberté absolue.
L'esprit libre et heureux, Je chante ce joyeux chant.

A regarder son propre esprit,
La source de toutes perceptions,
Il n'apparaît que claire vacuité,
Rien de concret à prendre pour réel.

Transparente présence totalement ouverte,
Sans dehors ni dedans
Et partout présente,
Sans limite ni direction.

Le champ immense de la vue,
État naturel de l'esprit,
Est semblable à l'espace :
Sans milieu, sans pourtour ni référence.

A l'aise et détendu,
Laissant chaque expérience telle qu'elle est,
J'ai atteint l'immense plaine
De l'espace absolu.

Me fondant dans l'espace de la vacuité
Sans limite ni frontière,
Tout ce que je vois et entends,
Esprit, ciel, tout devient un.

Et jamais ne surgit l'idée
Que ces choses sont différentes et distinctes.
Dans l'espace absolu de la conscience claire,
Toutes choses se fondent en une seule saveur ;

Relativement pourtant, chaque phénomène
est clair et distinct : Merveille !
Extrait de : Matthieu Ricard, Shabkar, dans L'esprit du Tibet
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Source du texte : Eveil et philosophie
 

Aurions-nous des provisions
pour cent ou mille ans,
Au seuil de la mort,
nous devrons tout abandonner.
Aurions-nous une garde-robe suffisante
pour nous vêtir cent ou mille ans,
Au seuil de la mort nous serons nus.
Posséderions-nous cent
ou mille pièces d'or ou d'argent,
Au seuil de la mort,
nous aurons les mains vides.
Serions-nous entourés de cent
ou mille parents et amis,
Au seuil de la mort nous serons seuls.
Ainsi en est-il !

La lune se lève
Dans le ciel pur de la nuit
Son reflet apparaît
Sur la surface étale du lac
Mais la lune n'est pas dans le lac, n'est-ce pas ?
Sachez qu'il en est ainsi de tous les phénomènes

Me fondant dans l’espace de la vacuité
Sans limite ni frontière
Tout ce que je vois et entends
Esprit, ciel, tout devient un.

La haute maison de terre battue
est la vue.
Les solides fondations
sont la méditation.
Les murs soigneusement tassés
sont l'action.
Ces trois éléments réunis forment
la maison de terre battue
qui perdure à jamais.

Ton premier but
doit toujours être
D'engendrer et de nourrir
en ton coeur un amour
Tel que la douleur d'autrui
te soit insupportable.
Fais ainsi jusqu'à la naissance
D'une vraie compassion,
naturelle et spontanée.

A regarder les milliers de yaks
sauvages et d'hémiones
Qui errent dans la vaste plaine,
La prétention des nomades
à posséder de grands troupeaux
N'est plus que vaine vantardise.
Extrait de : Poèmes tibétains
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Source du texte : sangha rime


Il faut demeurer dans la vastitude,
alerte et lucide,
Le regard embrassant
l’infini du ciel,
Comme sis au sommet
d’une montagne ouverte
à tous les horizons.
Source du texte : paperblog
 




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