mardi 29 janvier 2013

André Comte-Sponville


André Comte-Sponville, né le 12 mars 1952 à Paris, est un philosophe français. Il est membre du Comité consultatif national d'éthique depuis mars 2008. C'est un philosophe se décrivant comme matérialiste, rationaliste et humaniste.

Ancien élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm (où il fut l'élève et l'ami de Louis Althusser) et agrégé de Philosophie, André Comte-Sponville a soutenu, en 1983, une thèse de doctorat en Philosophie intitulée "Éléments pour une sagesse matérialiste". Son directeur de thèse était alors Marcel Conche. (...)

Ses philosophes de prédilection sont Épicure, les stoïciens, Montaigne et Spinoza. Parmi les contemporains, il se sent surtout proche de Claude Lévi-Strauss, Marcel Conche et Clément Rosset, en Occident, Swami Prajnanpad et Krishnamurti en Orient. (...)
Il propose une métaphysique matérialiste, une éthique humaniste et une spiritualité sans Dieu, présentées comme « une sagesse pour notre temps ». (...)
Source (et suite) du texte : wikipedia
Autre biographie : Comte Sponville


Bibliographie  : Comte Sponville / wikipedia
Site officielle : Comte Sponville
Site dédié : dedibox


Je ne suis pas du tout un mystique. Je suis plus doué pour la pensée que pour la vie, et plus doué pour la pensée conceptuelle que pour l'expérience spirituelle. Mais j'ai eu au moins quelques moments de simplicité ; en vérité, extrêmement rares. Cependant, la première expérience était assez forte et assez nette pour qu'au fond toute ma vie en soit définitivement changée. Toute ma vie et toute ma pensée.
Je devais avoir vingt-cinq ans. Je me promenais avec des amis, la nuit, dans une forêt. Nous étions quatre ou cinq. Plus personne ne parlait. Tout à coup voilà une expérience que je n'avais jamais vécue. 
C'était quoi cette expérience ? C'était un certain nombre de mise entre parenthèses.
Mise entre parenthèses du temps ; c'est ce que j'appelle l'éternité. Tout à coup il n'y avait plus le passé, le présent, l'avenir. Il n'y avait plus que le présent. Là où il n'y a plus que le présent ce n'est plus du temps, c'est l'éternité. Mise entre parenthèses du manque. Tout d'un coup, et sans doute pour la première fois de ma vie, plus rien ne manquait. Mise entre parenthèses du manque ; c'est ce que j'appelle la plénitude. Mise entre parenthèses du langage, de la raison, du logos ; c'est ce que j'ai appelé le silence. Pour la première fois peut-être de ma vie, je n'étais pas séparé du réel par des mots. J'étais de plein pied dans le réel. Mise entre parenthèses de la dualité. A la fois de la dualité entre moi et tout le reste ; c'est ce que j'appelle l'unité. J'étais un avec , un avec tout. Mise entre parenthèses aussi de la dualité entre moi et moi, entre la conscience et l'ego. Je n'étais qu'une pure conscience sans ego ; c'est ce que j'appelle la simplicité. Mise entre parenthèses de l'espérance et de la peur. Bien sûr, puisque j'étais dans le pur présent. Pour la première fois de ma vie peut-être, et pour l'une des dernières, je n'avais peur de rien. Ca, c'est une expérience très étonnante. Tout à coup, vous n'avez peur de rien ! C'est ce que j'appelle, c'est ce qu'on appelle la sérénité. Une mise entre parenthèses du combat. Tout à coup je n'avais pas à me battre. C'est ce que j'appelle la paix. Enfin, mise entre parenthèses, et c'était le plus étonnant, de tout jugement de valeur ; et c'est ce que j'ai mis plusieurs années à appeler l'absolu.
Naturellement, tous ces mots trahissent l'expérience, parce qu'elle était par définition, intégralement silencieuse. »
André Comte-Sponville, dans Jacques Casterman, Comment peut-on être zen ? Edition du Relié, 2009, p. 93.
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Source du texte : Eveil et philosophie


Le nihilisme et son contraire.
"Le doute me ronge. Et si tout n'était qu'illusion ? Si rien n'existait ? Dans ce cas, j'aurais payé ma moquette beaucoup trop cher. " Cette boutade de Woody Allen dit peut-être, sur le nihilisme, l'essentiel : qu'il constitue une pensée impossible, quand à l'être, et que ne justifie qu'une interrogation sur la valeur. Essayons d'expliquer cela à peu près.
Le nihilisme, à le prendre au mot, est une pensée impossible. S'il n'y avait rien (nihil), il n'y aurait rien à en dire, et personne pour être nihiliste. On n’échappe pas à Parménide, ou jamais totalement. Cela seul est à penser, qui est. Une philosophie du néant, rigoureuse, serait un néant de philosophie : de rien, rien n'est vrai. Le nihilisme s'autoréfute dès qu'il s'énonce.
Philosophie du silence ? Pas même, et surtout pas. Le silence laisse le réel inentamé (que rien ne soit dit n'empêche pas que tout soit là), quand le nihilisme suppose au contraire qu'on prenne le langage - faute de mieux ?  au sérieux. Le néant n'est qu'un mot, non certes sans signification, mais sans objet. Le silence l'abolit; c'est en quoi il abolit aussi le nihilisme  Les silencieux le savent bien. Les nihilistes les savent bien, quand ils sont lucides. Pourquoi seraient-il autrement si bavard ? Le néant n'existe qu'autant qu'on en parle. Pour qui se tait, il n'y pas plus que le réel : il n'y a plus que tout. Exit le nihilisme.  (...)
C'est que d'autres nihilismes sont pensables, qui vont nier non l'être mais sa valeur. Valeur ontologique pour les uns (l'essence), existentielle ou  pratique pour les autres (le sens, la morale). (...)
Extrait de : Improptus, Ed. PUF, 1996
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Voir aussi : Entretien avec Jean Stone La science va-t-elle réfuter l'athéisme ?







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