dimanche 24 février 2019

"L'injonction à l'adaptation menace la démocratie"



Vivaldi, Concerto pour deux violon en La mineur RV522, Op. 3 No. 8 "L'estro Armonico"

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LA GRANDE TABLE IDÉES  par Olivia Gesbert
S’adapter : le nouvel horizon du libéralisme ? 21/02/2019
Dans ce monde néolibéral où nous serions toujours en retard, il faudrait "s'adapter"... Analyse d'un courant de pensée né de la société industrielle, avec Barbara Stiegler, philosophe, auteure de "Il faut s'adapter". Sur un nouvel impératif politique, Ed. Gallimard, 2019.

D’où vient ce sentiment diffus, de plus en plus oppressant et de mieux en mieux partagé, d’un retard généralisé, lui-même renforcé par l’injonction permanente à s’adapter au rythme des mutations d’un monde complexe? Comment expliquer cette colonisation progressive du champ économique, social et politique par le lexique biologique de l’évolution?
La généalogie de cet impératif nous conduit dans les années 1930 aux sources d’une pensée politique, puissante et structurée, qui propose un récit très articulé sur le retard de l’espèce humaine par rapport à son environnement et sur son avenir. Elle a reçu le nom de «néolibéralisme» : néo car, contrairement à l’ancien qui comptait sur la libre régulation du marché pour stabiliser l’ordre des choses, le nouveau en appelle aux artifices de l’État (droit, éducation, protection sociale) afin de transformer l’espèce humaine et construire ainsi artificiellement le marché : une biopolitique en quelque sorte.
Il ne fait aucun doute pour Walter Lippmann, théoricien américain de ce nouveau libéralisme, que les masses sont rivées à la stabilité de l’état social (la stase, en termes biologiques), face aux flux qui les bousculent. Seul un gouvernement d’experts peut tracer la voie de l’évolution des sociétés engoncées dans le conservatisme des statuts. Lippmann se heurte alors à John Dewey, grande figure du pragmatisme américain, qui, à partir d’un même constat, appelle à mobiliser l’intelligence collective des publics, à multiplier les initiatives démocratiques, à inventer par le bas l’avenir collectif.
Un débat sur une autre interprétation possible du sens de la vie et de ses évolutions au cœur duquel nous sommes plus que jamais.
Quatrième de couverture




Barabara Stiegler : "L'injonction à l'adaptation menace la démocratie" (France Info, 22 fév. 2019)

Gilets jaunes, 23 fév. 2019

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Le transhumanisme étant le dernier avatar du néolibéralisme voici une conférence récente d'un de ses représentants français, fervent macronien, pour qui la tendance sociale va (selon les termes de l'historien Harari) vers une séparation entre des dieux et des inutiles (dont les Gilets jaunes seraient une manifestation) :  


Laurent Alexandre, "Les Gilets jaunes sont des êtres substituables" (Table ronde de l'X sur le transhumanisme, Ecole polytechnique, 17 janvier 2019)
Conférence intégrale : Youtube


Les « inutiles » face à l’intelligence artificielle

Par Laurent Alexandre, 18 oct. 2017 - Le Monde

Nous entrons dans un monde où les algorithmes pourraient rapidement « atrophier » les cerveaux de ceux qui ne font pas partie de l’aristocratie de l’intelligence.

Le président Emmanuel Macron a fait, ­depuis l’Elysée, la promotion d’Homo deus. Une brève histoire de l’avenir, le livre à succès de l’historien israélien Yuval Noah Harari (Albin Michel, 462 pages, 24 euros). La folle accélération technologique donne des perspectives enthousiasmantes à l’aventure humaine, et fait parler d’Homo deus, homme-dieu. Un homme doté demain de pouvoirs quasi infinis grâce aux NBIC [nanotechnologies, biotechnologies, technologies de l’information et sciences cognitives] enfantées par l’incroyable progression de la puissance de calcul. Pour Harari, « les individus s’habitueront à se voir comme un assemblage de mécanismes biochimiques constamment surveillé et guidé par un réseau d’algorithmes électroniques. Des habitudes du monde libéral comme les élections démocratiques deviendront obsolètes, puisque Google sera en mesure de mieux représenter mes opinions politiques que moi-même ».
Source (et suite) du texte : Le Monde


Quel est le QI de Laurent Alexandre ?
Le 5 sept. 2017 - Mais où va le web ? 

A lire son entretien à Figarovox, il est probable qu’il ne dépasse pas 80, car il n’a pas réussi à retenir les idées de base de la robotique, de la biologie moléculaire et encore moins de la cosmologie. Ce que la lecture de revues comme La recherche, Pour la science ou Science et Vie lui apprendrait à peu de frais.

Les discussions autour de la technologie sont sujettes à de nombreuses spéculations plus ou moins rigoureuses. Mais où va le web ? publie ici un texte plein de bon sens du philosophe Michel Juffé qui questionne les fondements (et les errances intellectuelles) des interventions-spectacles de Laurent Alexandre urologue (spécialiste) de l’intelligence artificielle.
Source (et suite) du texte : Mais où va le web ?
 
Lire aussi : Il est temps de s’opposer aux inepties énoncées en boucle par ce pathétique Laurent Alexandre, par Eric Sadin, 10 fév. 2019
  

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