mercredi 20 octobre 2010

Frank Terreaux

Franck Terreaux, accordeur de pianos, rencontra pendant son parcours intérieur deux personnes qui furent déterminantes : Jean Klein et Marigal.
Lorsqu'il est question de recherche spirituelle, les premiers mots qui nous viennent à l'esprit sont : méditation, ascèse, libération de l'emprise de l'ego ou encore conscience de soi. Ces mots résonnent ici comme des subterfuges nous éloignant inexorablement de ce que nous sommes.
Le "reste tranquille" de Ramana Maharshi retrouve enfin tout son sens.
Plus rien à chercher, plus rien à trouver, vous êtes ce que vous êtes avant même que vous ne le sachiez, avant même que vous ne commenciez à l'imaginer.
C'est le "avant" le "juste avant" de toute chose.
Source du texte : Ed. L'originel


Bibliographie : 

L'art de ne pas faire, Ed. Charles Antoni l'Originel, 2011. 
L'éveil pour les paresseux. Ed. Charles Antoni l'Originel, 2010.


(...)

alors souriant il me regarda et me dit : « Vous voyez, il n’y a rien à faire. » L’impact qu’a eu cette parole fut inimaginable. À cet instant, je sortis du rêve et aussitôt je me dis, « j’ai compris ! j’ai enfin compris ! »
-   Mais compris quoi ?
-   Compris que méditer ne servait à rien, qu’en méditant, qu’en essayant d’être détaché, qu’en essayant de me libérer de mes soi-disant conditionnements, j’étais complètement à côté de la plaque. Compris que chaque pas entrepris dans une direction m’éloignait inexorablement de ce que je cherchais, de ce que j’étais, autrement dit de tout, autrement dit de rien, ou plutôt de rien du tout, puisque c’est à partir de ce rien que tout se crée d’instant en instant. 
J’avais désormais l’ultime conviction qu’il n’y avait nulle part où je devais aller, puisqu’il n’y avait nulle part où je puisse aller. Que l’univers était d’une perfection absolue, et que dans ce cas comme le disait Jésus, si tout était parfaitement accompli il n’avait aucune personne à parfaire.
-     Plus rien à parfaire, plus rien à accomplir, la perfection la plus absolue qu’il soit. Et c’est depuis ce fameux jour que tu as cessé de méditer ?
-     Parvenu à un arrêt, je me suis rendu compte à quel point le processus de FAIRE était présent dans la méditation, et que lorsqu’on a médité durant des années, il est très difficile de s’en défaire. C’est comme stoppé un navire lancé à pleine vitesse, le moteur a beau être coupé, la force d’inertie lui fait continuer sa route un long moment.
(...)
-    Et maintenant qu’en est-il ? Qu’en est-il une fois qu’a été compris ce qui devait être compris ?
-    Un immense paradoxe, l’éveil est le comble de tous les paradoxes. Ce qui le rend si insaisissable, c’est qu’à la fois tout change, et qu’à la fois rien ne change. En recherchant l’éveil on recherche un certain détachement, une certaine distanciation par rapport aux choses. Lorsque l’éveil désurvient, on se rend compte que toutes ces choses sont en « nous », que rien n’est à l’extérieur. Il ne s’agit pas à proprement parler de détachement, mais plutôt de non-relation.
Aussi tu réalises que tu es totalement à l’écart d’une société qui se sert de peurs afin de créer des besoins. S’il y a peur, il y a peur, mais sans peur d’avoir peur, sans besoin d’avoir besoin. Il n’y a plus non plus besoin d’être heureux d’être heureux, malheureux d’être malheureux. Toutes les perceptions, les émotions qui s’actualisent en « toi » deviennent pareilles à des enfants jouant dans un magnifique jardin, en n’ayant nullement le sentiment d’être regardées. N’étant plus sous l’autorité de qui que ce soit, elles peuvent cette fois s’épanouir dans l’incroyable beauté qu’est la vie. Ainsi, les joies sont de véritables joies, les peines de véritables peines, car personne n’est là pour vouloir à tout prix (sous je ne sais quel prétexte d’acceptation) ramener le malheur dans le camp du bonheur. 
Extrait de : L'éveil pour les paresseux.
Autre texte : Traces 

















3 commentaires:

  1. bonjour,
    ce qui est dit est une réalité pour qui le prononce.. Mais avant cela, les Krishnamurti, et autres libéres vivants, ont beaucoup étudié
    et médité également..ils ont vécu, et souffert,
    avant la libération. L'éveil est du domaine des expériences. La libération, elle, est définitive.

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  2. Sans doute.
    Mais il me semble que tous les cas de figure sont possible, il y a aussi des personnes qui n'ont jamais eu de démarche spirituelle auparavant. Par exemple Virgil ou Yolande.

    La phrase de Jean Klein "Vous voyez, il n'y a rien à faire" n'est pas une injonction à ne rien faire mais à voir. Voir que ce qui est intemporel ne peut dépendre d'une démarche qui s'inscrit dans le temps.
    Mais peut-être faut-il en avoir fait beaucoup pour voir qu'il n'y a rien à faire. Ou du moins suffisamment (presque rien pour les uns et beaucoup pour les autres).
    Cela dit je n'en sais rien.

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  3. Oui l'un des paradoxes c'est que pour certains, il faut beaucoup lire, étudier, pratiquer ceci ou cela, pour arriver à la disposition d'esprit nécessaire. Je crois que c'est Jean Klein qui disait également qu'arriver au fond de l'impasse est une grâce.
    Dans la tradition bouddhiste il est constamment mis en garde de ne pas se complaire dans un "égo" actif surtout lorsque l'on est un vieux routier spirituelle avec des heures de méditation au compteur et des expériences impressionnantes. Ce que pointe Franck Terreau avec ses mots, c'est une simplicité à laquelle est censé arriver tout chercheur qui refuse de se complaire dans un acquis quelqu'il soit.
    A la fin, après s'être heurté à tous les écueils qu'il a rencontré, si le chercheur est enfin disposé, il admettra en bonne intelligence qu'il n'y a qu'une seule chose à faire : abandonner ce qu'il croit être, arrêter de faire.

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