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mercredi 23 septembre 2015

Peut-on vivre au présent ?

MAJ de la page : José Le Roy

Avec la sortie d'un petit livre illustré :
Peut-on vivre au présent ? Illustrations François Matton, Ed. Almora (poche), 2015
Commande sur Amazon : Peut-on vivre au présent ?


En général, nous ne voyons jamais vraiment le monde ; nous projetons sur lui nos concepts, nos souvenirs et nos schémas anciens. Le présent est recouvert du voile gris de la mémoire : nous n’apercevons pas cet arbre unique au milieu du jardin mais « un tilleul » tout semblable aux centaines d’autres déjà perçus. Nous vivons dans le monde des symboles et des généralités, utiles sans doute pour agir sur le monde, mais incapables de nous faire toucher le présent.

Voilà pourquoi le présent nous ennuie si vite, et nous lasse. Pourtant la véritable vision est infinie ; ce qui surgit dans l’instant présent est une merveille, unique et mystérieux et absolument nouveau. Le monde qui apparaît dans la conscience jaillit dans un présent éternel comme au premier matin du monde. Quand le champ de la perception est débarrassé de l’observateur, cette observation du présent devient enfin possible. C’est dans notre absence que le monde s’éveille à sa présence, au-delà de la dualité entre un sujet et un objet.
Extrait de : Peut-on vivre au présent ?
Source : Eveil et philosophie




Cet ouvrage propose de répondre à la problématique suivante : peut-on vivre au présent ? C'est un conseil qu'on trouve dans beaucoup de philosophies et de spiritualités, notamment à travers le fameux "Carpe diem" d'Horace, "cueille le jour" : mais est-ce seulement possible ? Et est-ce souhaitable ? La question du temps et du présent n'est pas seulement un problème philosophique, c'est d'abord un problème existentiel, vécu. Le temps semble notre ennemi ; il nous entraîne dans son fleuve puis nous tue. Mais beaucoup de philosophes et de mystiques ont pourtant affirmé que notre être essentiel n'appartenait pas au temps, mais demeurait immuable dans l'éternité. Ainsi Spinoza écrit : "Nous sentons et expérimentons que nous sommes éternel." Or précisément, c'est au coeur même du temps, dans le présent même, que nous pouvons trouver ce qui transcende le devenir. L'auteur réfléchit ici sur l'instant présent avec les grands philosophes occidentaux (Aristote, Plotin, Epicure, Marc-Aurèle, Bergson, Sartre...) et les grands maîtres orientaux (Shankara, Bouddha, Ramana Maharshi...). Il rend compte aussi des découvertes récentes de la science contemporaine sur cette question du présent. Ce livre nous invite à un voyage au coeur du temps, et à trouver au coeur même de l'instant une porte vers l'intemporel et l'éternel.
Présentation de l'éditeur.

lundi 16 décembre 2013

Noms de dieux avec José Le Roy

MAJ de la page : José Le Roy







Source : RTBF (Noms de dieux, octobre 2013)
Blog de José Leroy : Eveil et philosophie
Son dernier livre : Petit traité de la connaissance de soi, Ed. Almora, 2013

Un voyage vers le centre de soi-même
« Connais-toi toi-même » pouvait-on lire sur le temple de Delphes. Qui suis-je en effet ? C’est là une question essentielle de notre existence. Mais comment y répondre ? Peut-on même y répondre ?
À travers un vaste panorama des philosophies d’Orient et d’Occident, en s’appuyant sur des textes des maîtres spirituels des principales traditions, José Le Roy montre que ce que nous sommes vraiment n’est pas ce que nous paraissons être.
Ce livre nous invite à un voyage vers le centre de nous-même où de profondes et étonnantes découvertes nous attendent.
Source du texte : Almora
Commande sur Amazon : Petit traité de la connaissance de soi
 

lundi 28 janvier 2013

Corne sans tête ou Rhino-acéphale

MAJ de la page : Douglas Harding

Un peintre de la vision sans tête mais avec corne :




Petite devinette : comment le rhino-acéphale voit-il cette corne ?

1) Première possibilité comme un objet extérieur distinct de lui-même et présent dès qu'il commence à peindre - car il oublie son existence la plupart du temps.

2) Comme une partie de sa personne, son cerveau reconstruisant son image à partir de sensations présentes (sa corne) et de son souvenir du matin (cette même corne sur sa tête) lorsqu'il se mirait et s'admirait dans la glace.


!!!!

3) Comme une simple chose (pas encore un objet, car l'objet demande un sujet), parmi une foultitude d'autres choses, surgissant de manière improbable à partir d'un espace vide.
Nota Bene : avant d'attendre cet éveil permanent, il se demandait sans cesse  : - Qu'y a t-il derrière cette chose cornue, d'où surgit-elle ? A partir d'où est-ce que je la vois ?
Interrogations où le recours à la mémoire n'est pas permis évidemment. Ce serait de la triche (et conduirait dans une impasse).


"Le miroir me montre ce que je ne suis pas"
Se disait chaque matin le rhino-acéphale.


La réponse est bien sûr la (3) sinon ce ne serait pas un rhino-acéphale (du grec "rhino", corne ou nez, et "a-céphale" sans tête) mais un rhinocéros (2) ou un simple céros (1).

***

Si en plus de votre appendice cornu ou nasal vous possédez l'avantage d'avoir un index vous pouvez aussi  faire l'exercice du doigt qui pointe :



Source de la vidéo et seconde partie : Franck Terreaux (en bas de page)


vendredi 9 novembre 2012

José Le Roy







José Le Roy est diplômé d’une grande école d’ingénieur et agrégé de philosophie. En 1993, il rencontre le philosophe anglais Douglas Harding et devient un de ses collaborateurs et amis. Il partage depuis l’enseignement reçu par Douglas Harding dans des ateliers et des conférences. Il est aujourd’hui professeur de philosophie.
Source du texte : Ed. Almora
Autre biographie : Centre philosophie


Bibliographie :
- Eveil et philosophie, Ed. Accarias, 2006
- S'éveiller à la vacuité, Ed. Accarias, 2007
- 54 expériences de spiritualité quotidienne, Ed. Almora, 2009
- Le saut dans le vide, Ed. Almora, 2011

- Petit traité de la connaissance de soi, Ed. Almora, 2013
- Peut-on vivre au présent ? Ed. Almora, 2015
Traduction :
Shankara, L'expérience direct, Ed. Almora, 2012
En ligne :
Site de José Le Roy : Centre de philosophie de Paris
Blog : Eveil et philosophie
Site français de La Vision sans tête / youtube
Editions Almora (dont il est le responsable)

Voir aussi les pages : Noms de dieux avec José Le Roy (interviews vidéos) / José Le Roy (tag) / Vision sans tête (tag)


La vraie philosophie est un chemin d'Eveil qui conduit à une connaissance de soi qui est aussi une connaissance de l'Absolu. Ce chemin utilise la pensée rationnelle mais l'Eveil se produit au-delà de la simple raison, par une VISION, une intuition intellectuelle qui est aussi une conversion et qui amène à une transformation profonde de la vie. La Vision fait naitre la sagesse. Tel est le secret de la vraie philosophie : son but est de produire l'Eveil à la vraie nature du Soi. (...)
La philosophie moderne et contemporaine, qui se limite à une simple activité réflexive, a oublié le Secret de la vraie philosophie. Non seulement elle a abandonné l'idée classique de la philosophie comme "amour de la sagesse", mais elle ignore tout de l'essence de l'homme et de l'Eveil.
Il est donc nécessaire que se produise une renaissance de la philosophie. Il ne s'agit pas de recréer un nouveau platonisme, mais il faut redécouvrir les principes qui guidaient la vraie philosophie pour en présenter une forme adaptée aux temps modernes. Dans cette tâche, les philosophies orientales comme le vedanta, le shivaïsme du Cachemire, ou la philosophie bouddhiste sont d'une grande aide pour redécouvrir le sens original de l'héritage occidental.
La vraie philosophie sera à la fois une science, puisqu'elle prend appui dans la vérité elle-même par une intuition directe de l'Etre, mais sera aussi une expérience d'une vie nouvelle. A partir de la vision de l'Etre, la vraie philosophie peut, sur ce fondement certain et absolu, développer ses connaissances au niveau éthique, politique, esthétique; pas un domaine de la pensée et de la vie qui ne sera bouleversé par cette conversion générale de perspective.
Extrait de : Eveil et philosophie
Commande sur Amazon : Eveil et Philosophie



Il se produisit alors un évènement inattendu et incompréhensible. Je me trouvais à ce moment-là dans le café Beaubourg à Paris, à la fin du mois de février 1992. J’étais là assis à une table et attendais mon amie. Tout à coup, sans raison apparente, ma perception se modifia. Le café, le décor, les murs, le sol, les tables et les gens furent baignés en un instant dans une transparence et une lumière nouvelle. Les objets m’apparaissaient extrêmement proches et brillants, comme si un voile avait été ôté à ma perception. J’avais percé quelque chose du monde mais je ne savais quoi. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait et pourtant c’était réellement stupéfiant. Ma perception redevint normale au bout d’une demi-heure et je me demandais alors : qu’est-ce qui s’est passé ?

Je laissais de côté cet évènement que je ne parvenais pas à reproduire, ignorant ce qui l’avait fait naître, et je me replongeai dans ma quête ininterrompue dans la connaissance de moi-même. Je continuais à lire Maharaj et persévérais à retourner mon attention vers sa source à la recherche de ma véritable identité.
Un samedi après-midi, un évènement se produisit dont aucun mot ne peut vraiment rendre compte. Un instant avant, je me croyais un individu ; un instant après…

J’avais disparu du monde.

En fait, je ne reconnu pas ce qui venait d’arriver. Cela ne correspondait pas à l’idée que je m’étais fait de l’Eveil, ou de la connaissance du Soi. Je m’imaginais avant cet évènement un individu éveillé, transformé ; or, c’est l’individu qui avait disparu du monde. Je n’étais tout simplement plus là. Volatilisé, évaporé ! Le monde absolument transfiguré, brillait de mille feux, et se tenait, tout seul, là, sans observateur. Vraiment, je venais en une fraction de seconde de renaître en plein paradis.
Source du texte : 3e Millénaire








mercredi 20 octobre 2010

Frank Terreaux

Franck Terreaux, accordeur de pianos, rencontra pendant son parcours intérieur deux personnes qui furent déterminantes : Jean Klein et Marigal.
Lorsqu'il est question de recherche spirituelle, les premiers mots qui nous viennent à l'esprit sont : méditation, ascèse, libération de l'emprise de l'ego ou encore conscience de soi. Ces mots résonnent ici comme des subterfuges nous éloignant inexorablement de ce que nous sommes.
Le "reste tranquille" de Ramana Maharshi retrouve enfin tout son sens.
Plus rien à chercher, plus rien à trouver, vous êtes ce que vous êtes avant même que vous ne le sachiez, avant même que vous ne commenciez à l'imaginer.
C'est le "avant" le "juste avant" de toute chose.
Source du texte : Ed. L'originel


Bibliographie : 

L'art de ne pas faire, Ed. Charles Antoni l'Originel, 2011. 
L'éveil pour les paresseux. Ed. Charles Antoni l'Originel, 2010.


(...)

alors souriant il me regarda et me dit : « Vous voyez, il n’y a rien à faire. » L’impact qu’a eu cette parole fut inimaginable. À cet instant, je sortis du rêve et aussitôt je me dis, « j’ai compris ! j’ai enfin compris ! »
-   Mais compris quoi ?
-   Compris que méditer ne servait à rien, qu’en méditant, qu’en essayant d’être détaché, qu’en essayant de me libérer de mes soi-disant conditionnements, j’étais complètement à côté de la plaque. Compris que chaque pas entrepris dans une direction m’éloignait inexorablement de ce que je cherchais, de ce que j’étais, autrement dit de tout, autrement dit de rien, ou plutôt de rien du tout, puisque c’est à partir de ce rien que tout se crée d’instant en instant. 
J’avais désormais l’ultime conviction qu’il n’y avait nulle part où je devais aller, puisqu’il n’y avait nulle part où je puisse aller. Que l’univers était d’une perfection absolue, et que dans ce cas comme le disait Jésus, si tout était parfaitement accompli il n’avait aucune personne à parfaire.
-     Plus rien à parfaire, plus rien à accomplir, la perfection la plus absolue qu’il soit. Et c’est depuis ce fameux jour que tu as cessé de méditer ?
-     Parvenu à un arrêt, je me suis rendu compte à quel point le processus de FAIRE était présent dans la méditation, et que lorsqu’on a médité durant des années, il est très difficile de s’en défaire. C’est comme stoppé un navire lancé à pleine vitesse, le moteur a beau être coupé, la force d’inertie lui fait continuer sa route un long moment.
(...)
-    Et maintenant qu’en est-il ? Qu’en est-il une fois qu’a été compris ce qui devait être compris ?
-    Un immense paradoxe, l’éveil est le comble de tous les paradoxes. Ce qui le rend si insaisissable, c’est qu’à la fois tout change, et qu’à la fois rien ne change. En recherchant l’éveil on recherche un certain détachement, une certaine distanciation par rapport aux choses. Lorsque l’éveil désurvient, on se rend compte que toutes ces choses sont en « nous », que rien n’est à l’extérieur. Il ne s’agit pas à proprement parler de détachement, mais plutôt de non-relation.
Aussi tu réalises que tu es totalement à l’écart d’une société qui se sert de peurs afin de créer des besoins. S’il y a peur, il y a peur, mais sans peur d’avoir peur, sans besoin d’avoir besoin. Il n’y a plus non plus besoin d’être heureux d’être heureux, malheureux d’être malheureux. Toutes les perceptions, les émotions qui s’actualisent en « toi » deviennent pareilles à des enfants jouant dans un magnifique jardin, en n’ayant nullement le sentiment d’être regardées. N’étant plus sous l’autorité de qui que ce soit, elles peuvent cette fois s’épanouir dans l’incroyable beauté qu’est la vie. Ainsi, les joies sont de véritables joies, les peines de véritables peines, car personne n’est là pour vouloir à tout prix (sous je ne sais quel prétexte d’acceptation) ramener le malheur dans le camp du bonheur. 
Extrait de : L'éveil pour les paresseux.
Autre texte : Traces 

















jeudi 22 juillet 2010

Douglas Harding


Douglas Harding est né en 1909 dans l'Est de l'Angleterre et décédé le 11 janvier 2007 à Nacton. Après des études d'architecte, il exerce ce métier dans lequel il connaît rapidement le succès.
Mais son véritable intérêt se trouve dans la quête de soi; il veut répondre à la question « Que suis-je?». Douglas cherche des réponses dans la science, la philosophie et la spiritualité. Il conclut alors que l’homme ne constitue pas un individu autosuffisant, isolé dans l’univers, mais qu’il est au contraire contenu dans une hiérarchie composée de couches toutes imbriquées les unes dans les autres et interdépendantes ; l’homme dépend de ses cellules, qui elles-mêmes dépendent des atomes, puis des particules ; au-dessus de lui, l’homme pour son existence dépend de la société, puis de la terre, du soleil , de la galaxie, etc...

En 1943, grâce à un dessin du philosophe et physicien Ernst Mach, il réalise sa vraie nature, en voyant qu’au-dessus de ses épaules il n’y a rien, personne, pas d’observateur mais un Espace vide et conscient. Le dessin qu'il a réalisé montre en effet que, au-dessus de nos épaules, là où nous placions en imagination une tête, nous ne voyons rien, et que l’espace qui aurait du être occupé par un propriétaire –moi, en tant qu’individu humain- est en fait absolument vide, dépourvu de la moindre chose. L’observateur du monde n’est pas une petite tête, mais au contraire une Infinie Vacuité contenant le monde tout entier.
Depuis lors, Douglas Harding a mis au point un ensemble d'exercices, publié de nombreux livres et animés des centaines d'ateliers sur la planète. 
Source du texte : Wikipedia
Site en français : Vision sans tête


Bibliographie (en français) :
- La Troisième voie, Les Editions du Relié, 2000, réed. Albin Michel, 2005
- L'immensité intérieure. Redécouvrir notre nature originelle, L'Originel / Accarias, 2002
- Les religions du monde, L'Originel / Accarias, 1999
- La Science de la 1ère Personne, Éditions Dervy, 1998
- Le petit livre de la vie et de la mort, Éditions Dervy, 1997
- Le Procès de l'Homme qui disait qu'il était Dieu, Les éditions du relié, 1996
- Renaître à l'évidence, Le Courrier du Livre, 1995
- Vivre sans stress — L'accès direct à votre paix intérieure, L'Originel / Accarias, 1994
- Vivre Sans Tête, Le Courrier Du Livre, 1978


Extrait de
Vivre sans tête :

Le plus beau jour de ma vie — ma nouvelle naissance en quelque sorte — fut le jour où je découvris que je n’avais pas de tête. Ceci n’est pas un jeu de mots, une boutade pour susciter l’intérêt coûte que coûte. Je l’entends tout à fait sérieusement : je n’ai pas de tête.

Je fis cette découverte il y a dix-huit ans, lorsque j’en avais trente-trois. Tombée soudainement du ciel, elle répondait néanmoins à une recherche obstinée pendant plusieurs mois, j’avais été absorbé par la question : qu’est-ce que je suis ? Que cette découverte se soit produite lors d’une promenade dans les Himalayas importe peu ; c’est pourtant, dit-on, un lieu propice à des états d’esprit supérieurs. Quoi qu’il en soit, ce jour très clair, très calme, et cette vue du haut de la Crête où je me trouvais, par-delà les brumes bleues des vallées, vers la plus haute chaîne de montagnes du monde, avec parmi ses cimes enneigées le Kangchenjunga et l’Everest, voilà sans doute ce qui rendit cette scène digne de la vision la plus haute.


Il m’arriva une chose incroyablement simple, pas spectaculaire le moins du monde : je m’arrêtai de penser. Un état étrange, à la fois alerte et engourdi, m’envahit. La raison, l’imagination et tout bavardage mental prirent fin.


Pour la première fois les mots me firent réellement défaut. Le passé et l’avenir s’évanouirent. J’oubliais qui j’étais, ce que j’étais, mon nom, ma nature humaine, animale, tout ce que je pouvais appeler mien. C’était comme si à cet instant je venais de naître, flambant neuf, sans pensée, pur de tout souvenir. Seul existait le Maintenant, ce moment présent et ce qu’il me révélait en toute clarté. Voir, cela suffisait. Et voir quoi ? Deux jambes de pantalon couleur kaki aboutissant à une paire de bottines brunes, des manches kaki amenant de part et d’autre à une paire de mains roses, et un plastron kaki débouchant en haut sur… absolument rien ! Certainement pas une tête.





Je découvris instantanément que ce rien, ce trou où aurait dû se trouver une tête, n’était pas une vacuité ordinaire, un simple néant. Au contraire, ce vide était très habité. C’était un vide énorme, rempli à profusion, un vide qui faisait place à tout – au gazon, aux arbres, aux lointaines collines ombragées et, bien au-delà d’elles, aux cimes enneigées semblables à une rangée de nuages anguleux parcourant le bleu du ciel. J’avais perdu une tête et gagné un monde. Tout cela me coupait littéralement le souffle. Il me semblait d’ailleurs que j’avais cessé de respirer, absorbé par Ce-qui-m’était-donné : ce paysage superbe, intensément rayonnant dans la clarté de l’air, solitaire et sans soutien, mystérieusement suspendu dans le vide, et (en cela résidait le vrai miracle, la merveille et le ravissement) totalement exempt de « moi », indépendant de tout observateur. Sa présence totale était mon absence totale, de corps et d’esprit. Plus léger que l’air, plus translucide que le verre, entièrement détaché de moi-même, je n’étais nulle part à la ronde.

Pourtant, malgré la qualité magique et surprenante de cette perception visuelle, il ne s’agissait ni d’un rêve, ni d’une révélation ésotérique. Plutôt l’inverse : un éveil soudain qui m’arrachait au sommeil de la vie ordinaire, la fin d’un rêve, une réalité qui rayonnait de sa propre lumière, et pour la première fois lavée de la pensée qui obscurcit. C’était la révélation tant attendue de l’évidence même, un moment de clairvoyance dans l’histoire confuse de ma vie. Je cessais d’ignorer une chose que (depuis ma plus tendre enfance, en tout cas) je n’avais pu voir, égaré par trop d’occupations ou de faux-fuyants. C’était une attention nue, sans jugement, à une réalité qui n’avait pas cessé de me « dévisager » mon absence totale de visage. Bref, tout cela était parfaitement simple, ordinaire et direct, au-delà du raisonnement, de la pensée, et des mots. En dehors de l’expérience elle-même ne surgissait aucune question, aucune référence, seulement la paix, la joie sereine, et la sensation d’avoir laissé tomber un insupportable fardeau.

Introduction par Wei Wu Wei (absent de l'édition française) : 3e millénaire


Source de l'image : Vision sans tête













Vidéos de Richard Lang sur l'enseignement de Douglas Harding :























Voir aussi : José Le Roy, Franck Terreaux

 
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