vendredi 18 février 2011

Houang Po Si-yun ou Obaku Kiun


Houang-Po (IXe siècle) est un des représentants les plus prestigieux de cette voie « casse-dogme » qu’est le Tch’an. Descendant spirituel de Mazu, son enseignement est basé sur la « méthode de l’Esprit un » en tant que Réalité absolue du « non-esprit » en tant que Voie; et de la « silencieuse coïncidence » en tant qu’entrée dans la Voie. Houang Po ne parle que de vécu, de l’éveil ou plutôt du réveil à l’« esprit un », l’accès au domaine absolu de la réalité.
Source du texte : Les Deux Océans

Un jour, Pai-tchang demanda à Houang-po où il était allé.
Celui-ci répondit qu'il avait rammassé des champignons au pied du mont Ta-hsiong.
- "Y as-tu rencontré des tigres ?"
Aussitôt, Houang-po se mit à rugir. Pai-tchang saisit une hache et la leva comme s'il voulait l'abattre sur le tigre, puis gifla Houang-po qui éclata de rire.
Peu après, dans la grande salle, devant les moines assemblés, Pai-tchang dit : "Au pied du mon Ta-hsiong, il y a un tigre. Méfiez-vous ! Il m'a déjà mordu ce matin." Par ces mots, Pai-tchang désignait Si-yun comme son successeur dans le Dharma.
Source du texte : Les maîtres zen de Jacques Brosse. Ed. Bayard.


Bibliographie :
- Les entretiens de Houang-Po, trad. de Patrick Carré. Ed. Les Deux Océans.
- De la transmission de l'esprit, trad. L. Wang, extrait du Wan Ling Lou, dans Tch'an, zen, racine et floraisons. Ed. Hermès.
Etudes générales : 
voir sous Bibliographie Bodhidharma.


Question . - Qu'est-ce que le Bouddha ?
Réponse. - L'Esprit est le Bouddha. La cessation de toute pensée conceptuelle est la Voie. Si nous cessons de soulever des concepts et de penser en fonction d'être et de non-être, de long et de court, d'autrui et de soi, d'activité et de passivité, etc...., nous verrons que notre Esprit est intrinsèquement le Bouddha, que le Bouddha est intrinsèquement l'Esprit et que l'Esprit est semblable à un vide. 

Q.- S'il est entendu que l'homme illuminé est celui qui a abandonné toute pensée "conceptuelle" et que ce homme est dès lors semblable à Bouddha, un ignorant ne pensant plus conceptuellement, ne s'oublie-t-il pas lui-même ? 
R.- Il n'y a pas d'homme illuminés et d'homme ignorants, et il n'y a pas d'oubli.  Bien que fondamentalement, tout soit sans existence objective, il ne faut pas en venir à penser en fonction de quoi que ce soit d'inexistant, et, bien que les choses ne soient pas inexistantes, il ne faut pas se former un concept de rien d'existant. Car "existence" et "non-existence" sont tous deux des concepts (empiriques) qui ne valent pas mieux que des illusions. C'est pourquoi il est écrit : "Tout ce que perçoivent les sens ressemble à une illusion, y compris tout ce qui va des concepts mentaux aux êtres vivants.". Notre Fondateur (Bodhidharma) n'a rien prêché d’autre à ses disciples que l'"Abstraction" totale menant à l'élimination de la perception des sens. C'est dans cette "abstraction" totale que prospère la Voie des Bouddhas; alors que de la discrimination entre ceci et cela surgissent des armées de démons !

L'illumination surgit de l'Esprit, sans égard pour votre pratique des six paramitas et du reste. Toutes pratiques de cet ordre ne sont que de simples expédients pour traiter les matières "concrètes" quand on a affaire aux problèmes de la vie quotidienne.
L'Esprit étant le Bouddha, il n'y a rien de mieux à faire que de cultiver cet Esprit de Bouddha. Evitez seulement les pensées conceptuelles qui mènent aux allées et venues (devenir et extinctions), aux afflictions du monde sentant et à tout le reste; vous n'aurez alors plus aucun besoin de méthodes d'Illumination et autres choses de ce genre. C'est pourquoi il est écrit :
Tous les enseignement du Bouddha n'ont qu'un seul objet :
Nous porter au-delà du stade de la pensée.
Or, si je réalise la cessation de ma pensée,
A quoi me servent les Dharmas qu'enseigna le Bouddha ?

Or donc, si vous vous exercez à maintenir votre esprit immobile en tout temps, que ce soit en marchant, en étant debout, assis ou couché; vous concentrant entièrement sur le but de ne créer aucune pensée, aucune dualité, aucun appui sur autrui et aucun attachement; laissant simplement les choses suivre leur train tout le long du jour comme si vous étiez trop malade pour vous en préoccuper; inconnu du monde; vierge de toute démangeaison d'être connu ou inconnu des autres; l'esprit semblable à un bloc de pierre sans faille - alors, tous les Dharmas pénétreraient de part en part votre entendement. Ainsi, pour la première fois de votre vie, vous verriez décroître vos réactions aux phénomènes, et, en fin de compte, vous passeriez au-delà du Triple Monde; on dirait alors qu'un Bouddha est apparu sur terre. Une connaissance pure et impassible implique de mettre fin à l'incessant courant de pensées et d'images, car, de cette façon, vous cessez de créer le karma qui mène à la renaissance - comme dieu, comme homme ou comme patient de l'enfer.
Extrait de De la transmission de l'esprit, trad. L. Wang, dans Tch'an, zen, racine et floraisons. Ed. Hermès.


Notre école Ch'an, depuis les origines de sa transmission, n'a jamais prôné les recherches purement théoriques, et quand je parle de "cultiver la Voie", c'est plutôt en manière d'accueil, car en fait, la Voie n'est pas non plus quelque chose que l'on peut cultiver. L'étude théorique préserve les affects et débouche toujours sur l'égarement. La Voie n'est et ne va nulle part, on la nomme "esprit du grand véhicule". "Cet esprit ne se trouve ni dedans ni dehors, ni entre les deux", il n'est et ne va vraiment nulle part. Il faut avant tout ne pas l'aborder théoriquement, autrement dit, comme s'il s'agissait de l'objet de l'un de vos affects. Quand il n'est plus aucun affect, l'esprit n'est ni ne va nulle part.
Cette Voie est si naturelle qu'elle n'a pas de vrai nom. Or, du simple fait que les gens de ce monde ne la connaissent pas, ils s'égarent dans leurs affects, et les Bouddhas apparaissent pour mettre un terme à cet état de choses par leur prédication. Craignant que vous et vos semblables, vous ne puissiez comprendre, ils disent "Voie" à titre provisoire, sans qu'on puisse bâtir des théories sur ce nom. C'est en ce sens que j'entends l'expression : "Oublier la nasse quand on a pris le poisson."
Extrait de : Les entretiens de Houang-Po, trad. de Patrick Carré. Ed. Les Deux Océans.
Source du texte : Kalyanamitra


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