Aux Xème et XIème siècles, à l’apogée du bouddhisme en Inde, juste avant les invasions musulmanes et que la domination hindoue le fasse quasiment disparaître, de nombreux grands maîtres accomplis (les mahâsiddhas) sont apparus comme Luipa, Tilopa, Naropa, Maitripa, Saraha. Parmi eux, il y eut deux femmes extraordinaires qui avaient atteint le parfait éveil : Nigouma et Sukkhasiddhi. Il est même dit qu’elles avaient reçu des enseignements directement du Bouddha Vajradhara, le bouddha primordial, l’essence de tous les bouddhas.
Contemporain de Marpa le traducteur, Khyungpo Neldjor naquit probablement en 984 à Nyemo Ramang, au centre Ouest du Tibet. À sa naissance, l’adepte Amogha atterrit du ciel pour offrir des prophéties extraordinaires sur le jeune enfant. Khyungpo Neldjor se rendit sept fois en Inde et au Népal, à la recherche du dharma authentique; il étudia et pratiqua auprès de grands maîtres comme Maitripa, Dorjedenpa et Rahula. De retour au Tibet, il fonda un monastère à Shang-Shung dans le centre du Tibet. C’était son siège principal, et il devint vite renommé comme le « Lama de Shang », ce qui donna son nom à la lignée Shangpa. De plus, il était renommé pour avoir fondé des centaines de monastères et avoir des milliers de disciples.
Il transmit les enseignements de Nigouma à un seul de ses disciples, Mochok Rinchen Tsondru (Mochokpa). La lignée Shangpa est souvent citée comme étant la « lignée secrète », car Nigouma donna comme instruction à Khyungpo Neldjor de ne transmettre les enseignements qu’à un seul disciple pendant les sept premières générations (en commençant au Bouddha Vajradhara et à Nigouma). De Mochokpa, la lignée passa à Kyergang Chökyi Sengué (Kyergangpa), puis à Nyentön Rigung Chökyi Sherab (Rigongpa), et Sangyé Tönpa. Ces sept premiers maîtres sont connus comme les Sept Grands Joyaux de la tradition Shangpa. (...) Bien que les enseignement Shangpa fussent considérés comme très élevés et fussent assimilés par de nombreuses écoles, la tradition ne s’est jamais transformée en institution, avec de grands monastères, et utilisant le système de transmission des tülkus. Malgré tout, ses enseignements sont toujours pratiqués et transmis dans de petits centres de retraite dans tout l’Himalaya. Au XIXe siècle, Jamgön Kongtrul rassembla les transmissions toujours vivantes et assura leur continuité en les incluant dans son célèbre Trésor des Instructions Sacrées.(...)
Source (et suite) du texte : wikipedia
Bibliographie :
Extraits dans : Dakpo Tashi Namgyal, Rayons de lune, Les étapes de la méditation du Mahamudra, trad. Christian Charrier, Ed. Padmakara, coll. Tsadra, 2010
En ligne :
Le tronc, les vers-vajra de la Mahamudra du reliquaire : sur le site Hridayartha
Lorsque vous méditez sur le Mahamudra,
Ne cherchez pas à procéder comme ceci ou comme cela,
Car il n'y a ni début, ni fin, ni intervalle.
Au moment de raviver l'attention, restez détendu. (...)
Lorsque le yoga de l'attention unifiée fait son apparition,
La vraie nature de l'esprit est réalisée :
Incessante clarté-vacuité
Dépourvu de centre et de périphérie,
Comparable à l'immensité de l'espace
Qui reste calme, ouvert et radieux.
Voilà la méditation égale du premier yoga.
Lorsque le yoga de l'unique saveur fait son apparition,
On connait les caractéristiques de l'esprit.
On comprend que toutes les apparences, pures et impures,
Émanent du corps absolu, l'esprit libre d'élaborations.
Pensées dualistes et absence de pensée,
Perceptions et absences de perception,
Stabilité et absence de stabilité, vide et non vide.
Clarté et absence de clarté,
Ont toutes la même saveur dans la claire lumière du corps absolu.
Lorsque le yoga de la non-méditation fait son apparition,
L'essence de la conscience claire se dégage de tout support.
Le yogi ne trouve rien sur quoi méditer
Car l'irréalité du méditant s'est dévoilée.
Il découvre en lui-même la nature de bouddha,
Pourvue des cinq sagesse et des trois corps,
Que l'on dit présente dans tout esprit.
Lorsque l'esprit est absorbé dans sa nature fondamentale,
Que l'on saute, coure, bavarde ou enseigne,
Il est en méditation.
Dès que l'esprit s'écarte de sa nature fondamentale,
Même si l'on reste assis à méditer,
il est en postméditation. (...)
Aussi élevée que soit la réalisation,
Tant que l'on ne maitrise pas l'absorption méditative,
Deux réalités semblent s'opposer :
Méditation et postméditation,
Attention placée et relachée,
Distraction et absence de distraction.
Dès que l'état méditatif apparaît
Sans qu'on ait besoin de le chercher,
(Survient) ce qu'on appelle la "non-méditation".(...)
Dès qu'apparait le yoga de la non-méditation,
La Connaissance transcendante se sépare de son support.
le yogi se libère de sa méditation
Et il n'y a personne pour méditer.
La souffrance ne se dissipe pas entièrement
A l'instant ou l'on réalise la non-dualité
Même si toutes les caractéristiques n'apparaissent pas,
Qui niera qu'il s'agit bien de la voie de vision ?
La lumière ne fait pas fondre la glace
Dès le lever du soleil,
Pas plus qu'elle ne réchauffe aussitôt la terre et les rochers.
Qui pourtant nierait la présence du soleil ?
Extrait de : Rayons de lune
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