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mercredi 22 septembre 2010

Bernard Harmand

Bernard, comme il le dit en toute simplicité, a trouvé ce qu'il cherchait. Pour en témoigner il se réfère volontiers à Ramana Maharshi et à Nisargadatta Maharaj sans prétendre exprimer quoi que ce soit de nouveau.
Mais son témoignage est particulièrement éloquent pour les chercheurs d'aujourd'hui. Il est la preuve vivante de ce que son propre Maître lui avait dit alors qu'il doutait de pouvoir atteindre son but : « Ramana Maharshi est exceptionnel mais la réalisation n'est pas exceptionnelle ».
En effet, Bernard est tout à fait proche de nous, simple père de famille de condition modeste, il s'exprime dans un langage familier. À son contact toutes les idées préconçues au sujet de la réalisation s'effondrent.
Il communique ainsi la certitude que chacun peut découvrir ce que lui même a trouvé : « Le Soi, notre véritable nature, dit-il, est simplement le fait d'Être. Ce n'est donc pas un état en devenir qu'il nous faudrait atteindre avec une multitude de conditions à remplir, de connaissances à acquérir et qui, de plus, serait réservé à une élite.
Nous sommes tous le Soi mais sans le sentiment d'être une vie particulière. Tout le monde peut réaliser sa vraie nature parce que tout le monde existe déjà. Il n'y a rien à faire pour être ce que l'on est, mais il nous reste à en prendre conscience au-delà du processus mental : je.. dans le corps, dans le monde.

Source du texte : Ed. Les deux océans


Bibliographie : 

- Etre simplement. Ed. Les deux océans, 2003.
- Tout est parce que vous êtes. Ed. Les deux océans, 2005. 
- La recherche du bonheur. Ed. Les deux océans, 2006.




Transcription de l'entretien à télécharger (PDF) : Satsang
Source du PDF et des mp3 (merci à Alain J. et Patrice G.) : Eveil impersonnel 

"Le seul moteur de recherche c'est la ferveur, c'est pas Google !"

"Pourquoi on n'arrive pas à le voir si c'est si évident ? 
R. Parce que t'es con !"


Bernard, comment ça s'est finit pour toi ? Comment ça s'est passé ? Est-ce qu'il est possible de décrire cet ultime moment ?


R. A aucun moment je n'ai envisagé que c'était pour moi ce dont on parle là, la réalisation. Un jour où je lisais Nisargadatta, que j'avais lu on va dire cinquante fois auparavant, il y a eu un déclic qui a fait que... C'est pas vrai, c'est pour moi ? Moi aussi je pourrais ?! Donc, ce n'est pas qu'une compréhension. Il y a une part de compréhension, puis ça se transforme en un déclic qui va plus loin que tout ça en fin de compte.

Qui va plus loin que quoi ? De l'idée, du mental ?

R. C'est un prise de conscience. Des prises de conscience, tu en fais toute la journée, mais celle-là est plus forte. Comme si j'ai pris un éclair. L'instant de réalisation, c'est pareil : tu es foudroyé. Alors celui qui me dit que ce n'est pas un événement ?! Faut qu'il voit...

Foudroyé, comme si la conscience est en train de réaliser, de comprendre - mais le mental n'est pas là, ça change tout. Il n'interprète pas dans cet instant là. Je décris un instant qui va vite, au ralenti... - la conscience est en train de réaliser comment les choses sont vraiment, sans l'interprétation. Imagine, ça n'arrive pas souvent ! Là, la conscience, comme le dit si bien Nisargadatta, est toujours conscience de quelque chose, et quand elle n'est pas consciente de quelque chose, il n'y a plus de conscience. C'est l'êtreté tout court.
Conscience du monde, avec toi dedans, la vie particulière, et tu vois que tu es là-bas. A l'instant où c'est compris, ta compréhension est dissoute. Il n'y a plus de contenu dans la conscience ; ça se transforme en êtreté, et tu es foudroyé.
Qui es foudroyé ? Tu verras bien.
Plaff, ça fait ça ! C'est ça la réalisation. C'est un événement extraordinaire ! C'est un feu d'artifice. C'est le volcan qui pète en fin de compte...

Quand on voit ce qu'on est, on n'a pas envie de changer quelque chose, mais on a envie de témoigner de ce qu'on a vécu et dire que c'est évidemment pour tout le monde, sans l'idée qu'on en a. Quoi de plus simple que ça ? On est là définitivement.

C'est tellement fort que... les mots ne suffisent pas en fait.

Extrait de : La recherche du bonheur
Source du texte : Eveil impersonnel


Jusqu’au bout il ne faut jamais arrêter de pratiquer, jusqu’au dernier jour. Il y a bien sûr des moments où l’on pense ne plus rien avoir à faire, mais c’est un piège. Il ne faut pas attendre que ça arrive, passivement. Quand les gens me disent « ça arrivera quand ça arrivera », je leur dis d’aller s’asseoir au milieu de l’autoroute, et on verra bien s’ils se feront écraser, si c’était le moment…Tant que l’on a pas atteint le but il faut continuer, même à méditer. Bien entendu on méditera différemment, mais il faut continuer.
Continuez de faire le point, d'observer inlassablement le fonctionnement du mental, de la conscience, et vous réaliserez, dans votre coeur, et au delà de l'intellect, qu'à aucun moment, vous ne pouvez être à la fois celui qui perçoit, et ce qui est perçu ! Sans vous - le Témoin permanent - aucun spectacle n'est possible.... découvrez , réalisez que vous êtes La Base d'où tout s'élance chaque matin et où tout retourne chaque soir.... Il n'y a rien d'autre ! Et cela ne peut pas être compris, cela ne peut être que réalisé.
Ce que l'on appelle Réalisation n'est pas une grande compréhension, mais une gigantesque émotion dans laquelle la vie particulière de l'individu que l'on a cru être si longtemps, fusionne dans la Vie tout court... Et cela est une grande histoire d'Amour dans laquelle ce fameux intellect - bien fragile et impermanent - n'a vraiment qu'un second rôle sans grand intérêt.
Source du texte : Eveil impersonnel


Comment un être ayant réalisé sa véritable nature, ne faisant qu’un avec l’Absolu, étant en dehors du temps et de l’espace, peut-il s’intéresser au monde manifesté et à ce qui s’y passe ? Comment peut-il même encore percevoir le monde manifesté ?

R - Comprenons bien ceci : une personne ne peut pas être libérée, mais au contraire, l’Être Réalisé est libéré de la personne. La différence est essentielle et il faut absolument s’imprégner de cette vérité.
Cette question concerne l’individu, l’ensemble corps-mental, c’est-à-dire la forme que “les autres” perçoivent. En réalité cela ne se passe pas comme on le croit. Il serait sage de répondre à ce genre de question en disant : “Réalisez d’abord et vous verrez ensuite !”

On ne peut pas tout dire, tout expliquer lorsqu’il s’agit d’un état qui n’en est pas un puisqu’il se situe dans la non-dualité et que nous parlons à partir de la dualité, ce qui est inévitable. Le problème est toujours le même : les gens voient un homme “réalisé”, ils pensent qu’il est “réalisé”, mais ils continuent à voir un homme, un corps. Si l’on ne voit qu’un homme, on ne trouvera pas un grand changement dans sa vie habituelle. Selon les Êtres, ils continueront de paraître physiquement comme avant, mais ceci ne concerne que les apparences. En réalité, il en est tout autrement. L’Être libre est libéré une fois pour toute de son individualité, il est libéré de la personne de façon définitive et disons qu’il regarde le film de la vie de cet individu qu’il a cru être comme si c’était un rêve, sans plus. Lorsque vous sortez de l’état de rêve, vous pouvez songer aux rêves que vous avez vécus durant cet état, mais vous n’y songerez pas très longtemps, sachant très bien que ce n’était qu’un rêve. L’Être qui a réalisé sa véritable Nature, de la même façon, sortant de cet état que l’on appelle “veille”, constate que ce n’était en fait qu’un autre rêve et “assiste” à la suite du film sans en être perturbé. L’écran n’est pas affecté par les images qui s’y reflètent.
L’Être réalisé ne dit pas qu’il perçoit le monde manifesté, parce que pour Lui, il n’existe rien en dehors du SOI. Le SOI est la totalité du manifesté et du non-manifesté et pour l’Être libéré, il n’y a aucune différence, mais un tout unique. Mais les mots n’exprimeront jamais ce qui n’est pas exprimable.


Existe-t-il plusieurs niveaux de conscience ? Si oui, le rêve et le monde manifesté sont-ils issus du même niveau de conscience ?


R - Oui, on peut dire qu’il existe plusieurs niveaux d’inconscience. Considérant que seul le Soi est la véritable conscience, il faut admettre qu’il y a des personnes plus ou moins inconscientes de leur nature réelle.

Source du texte : Ed. Les deux océans

samedi 21 août 2010

Rebetiko

Pour rester en Grèce, une présentation contemporaine du Rebetiko (forme de musique populaire apparue dans les années 20, suite au choc du retour d'une importante colonie grecque chassée de la côte orientale de la Turquie), et une chanson de Georgia Mittaki.



Αργιλέ μου γιατί σβήνεις
Κι όλο τις φωτιές μου ρίχνεις
μήπως δεν τον φχαριστούσα
κείνονε που αγαπούσα
Αργιλέ μου πες της φταίω
που φουμάρω κι όλο κλαίω
Αχ περήφανε λουλά μου
γιάτρεψέ μου την καρδιά μου
Πες κι εσύ βρε μπαγλαμά μου
που ακούς τα βάσανά μου
μίλα μου κι εσύ μπουζούκι
ως που να ‘ρθει το τσιμπούκι





Mon narguilé, pourquoi t'éteins tu 
Et sans cesse me livres aux flammes ?
Ne l'ai je pas assez comblé
Celui que j'aimais tant ?
Mon narguilé, dis moi, est ce ma faute
Si je fume et pleure sans cesse ?
Ah, mon brave narguilé
Soigne mon coeur.
Et toi aussi, mon vieux baglama
Qui entends mes tourments.
Parle moi aussi, toi le bouzouki
Jusqu'à ce que revienne la fumée.
(Georgia Mittaki, Argile mou)






lundi 28 juin 2010

Yolande

VIDEO EN BAS DE PAGE


Saisissement
En 2003, deux mois avant le décès de son fils unique et ignorant l'existence de toute dimension spirituelle,
Yolande fut saisie en un instant éternel par un éveil clair et spontané à sa nature réelle.
Depuis, Yolande livre son message avec douceur, mais assorti d'une autorité impersonnelle qui visiblement
émane de la clarté absolue.
Ce qu'il y a de plus beau, c'est le silence intérieur et c'est lui qui nous délivre nous aide et nous guérit.
Source et site officiel : Dsyolavie
Blog : Noumènelove
Webcast : Justin TV Dsyolavie


Bibliographie :

Laurence Vidal et Yolande Duran-Serrano, Le Silence guérit, Ed. Almora, 2010.
Site de l'éditeur

Entretiens publics :

3 juillet 201
3 juillet 2010 (suite)
4 juillet 2010
4 juillet 2010 (suite)
Source : Le petit mas / L'éveil 

Emission
Radio Suisse Romande (3 septembre 2010) :  
Téléchargement : MP3


Entretien avec Laurence Vidal (extrait) :
Pendant quarante ans, comme tout le monde, je me suis prise pour mes pensées, pour mon corps : je me prenais pour une personne. Et puis il y a eu ce basculement. En un instant, spontanément, ce silence dans ma tête. Plus de pensées : le silence, une stupeur, un étonnement profond qui ne laissait place à rien d’autre.
Alors je me suis mise à observer. Mon fonctionnement avait changé. Il y avait « cette chose », ce silence… et tout le reste. Le reste, ce que j’appelle le je suis, c’est-à-dire le contenu de l’instant : j’ai vu que tout apparaissait dans cette chose, d’instant en instant. Que tout y disparaissait.

Ton fonctionnement avait changé, dis-tu ?


Il y avait une légèreté, un bien-être. Je me sentais en phase avec moi-même, en phase comme je ne l’avais jamais été. Les choses se présentaient, les situations, les événements, même ceux qui auparavant m’auraient dérangée… je ne trouvais rien à y redire. Je ne réagissais plus, en fait. Et lorsque, deux mois plus tard, mon fils est mort dans un accident… même chose. Ce silence, cette tranquillité m’empêchait de réagir, m’empêchait d’être une mère détruite par la mort de son fils. J’ai vu que la souffrance n’existait pas.


La souffrance n’existe pas !?


Ce n’est pas la situation qui fait souffrir. Pour moi, il y a le silence. La situation ne fait pas souffrir quand le silence, quand cette chose est là.


Cette chose, qui la voit ? Yolande ?


C’est cette chose qui voit. En elle apparaît la vision, la clarté qui voit tout ce qui apparaît. En fait, c’est simultané : à l’avant-plan il y a cette chose et… le reste, tout ce qui apparaît, toute l’existence, au second plan.

Cette chose est l’espace qui est avant toute chose, toute pensée, tout événement. On ne peut pas la comprendre : c’est elle qui comprend tout, qui englobe tout. Cette chose - appelons-la Silence, Présence, Puissance, Amour ou Ultime Réalité, de toute façon aucun mot ne peut en rendre compte - cette chose, on peut seulement la vivre. Au début, je croyais qu’elle était au fond de moi. Maintenant je vois qu’elle est partout. Elle est tout. Il n’y a rien d’autre, rien qui ne soit elle. Il n’y a plus à s’inquiéter, à s’accrocher à rien.

Cette chose est au fond de toi et partout… Et Yolande, où est-elle ?







Yolande apparaît toujours, mais dans le second plan, comme le reste. Elle existe sans exister. Elle n’existe plus mais elle est là. Elle n’a plus de pouvoir. C’est ce silence, cette puissance qui a pris le pouvoir sur tout.

Elle a tout de même des pensées, des émotions…


Bien sûr des pensées, des émotions peuvent surgir. Mais cette puissance les balaye instantanément, elle les laisse au second plan. Donc tu n’as aucune possibilité de t’identifier à elles. Et cette chose est si puissante que tu ne peux revenir en arrière, tu ne peux revenir à ton ancien mode de fonctionnement, t’identifier à… tout ce que tu n’es pas.

Ça m’est arrivé parfois, au début, d’essayer de penser comme avant, de faire des projets comme avant. Impossible. Tout comme, autrefois, si j’avais voulu arrêter de penser je n’aurais pas pu, aujourd’hui, si je veux penser, eh bien je ne peux pas. C’est aussi simple que ça.

Et les émotions, toutes ces réactions automatiques qui nous viennent ?


C’est pareil. La peur, la tristesse, c’est comme le reste : un mouvement qui passe en toi et qui repart. S’il n’y a personne pour se l’approprier, il n’y a pas de peur, pas de tristesse. Il n’y a pas de réaction.


D’où viennent, selon toi, les réactions ? Y a-t-il moyen de s’en libérer ?


Elles viennent de la pensée. De la croyance en l’idée d’être une personne. Quand cette croyance tombe – et cela se fait en un instant, pas besoin de vingt ans de pratique pour ça – il n’y a plus que ce silence, cette intensité, alors tu te laisses faire. Il y a ce point de vue neuf qui est toujours là, ce vide plein, ce silence tantôt très intense et tantôt doux mais toujours présent. C’est une sensation, comme un toucher, une présence qui ne te lâche pas, même au milieu de l’action, de la concentration. Ce toucher omniprésent qui t’englobe, qui englobe tout le contenu de l’instant, t’empêche de t’identifier à la pensée, à l’émotion qui surgit. C’est lui qui te donne le sentiment profond que la personne n’est pas. Et c’est lui, c’est cette sensation qui devient vision, action… parce que cette spontanéité, cette sensation constante ne te permet pas d’être dans ta tête. C’est la sensation qui voit, directement. Et la vision, c’est l’action.


La vision c’est l’action ?


Quand tu es dans la fluidité, il y a action, sans filtre, sans pensée. Tu vois, tu sens; l’action, le geste, la parole se présentent spontanément, sans que tu aies eu à les penser.


Comme si la réalité de l’instant te dictait le geste juste ?


Tu vois que les choses se font toutes seules, sans besoin de les penser… La vie n’a pas besoin d’être pensée. Juste besoin d’être vue. Le reste se fait tout seul.


Le simple fait de voir…


… fait. Tu vois cette fluidité qui agit.


Et l’amour, dans tout ça ? Tu dis que cette chose c’est l’amour… Qu’en est-il de

l’amour entre deux personnes ?

C’est la non-relation qui permet la relation.


La non-relation ?


La non-relation avec la personne que tu croyais être. La non-séparation. Et c’est cette chose au dedans qui permet ça. C’est elle qui permet l’amour, qui est amour.

Dans la fusion amoureuse, on entre en relation avec la non-relation à l’intérieur de soi. C’est dans cette non-relation, cette chose, que réside l’amour. Et c’est parce qu’on entre en contact avec elle que l’on dit, que l’on sent « je suis amoureux ». L’autre n’y est pour rien. Ni soi-même. Ni la relation entre les deux… C’est l’écoute de cette chose, en nous, qui permet l’amour. C’est elle qui te fait découvrir que l’amour n’est pas à l’extérieur, qu’il ne dépend de rien, d’aucun objet, d’aucun état : c’est quelque chose qui est là, à l’intérieur. Plus besoin de chercher le bonheur à l’extérieur : cette chose qui te rend vivante, aimante, aimée… elle est avant tout, elle est là. Et c’est de cette chose, de cette non-relation, que l’on tombe amoureux. Un amour qui ne peut être détrôné par quoi que ce soit.
C’est vrai aussi que dans la relation amoureuse il y a des instants d’oubli de soi-même, des instants d’intimité qui sont cette fusion, cette non-séparation. Le problème, c’est que quand il y a « tomber amoureux de » l’objet ou la personne, tu rentres dans une relation avec toi-même et tu ne vas plus penser qu’à ça, qu’à cette personne. Donc tu te coupes de l’essentiel. Cette même passion devrait être pour cette chose invisible qui te permet d’être dans la non-relation avec toi-même, donc aussi avec l’autre, et te permet de sentir l’intensité de l’instant présent plutôt que l’intensité de la seule relation avec cette personne.

Cela signifie-t-il que tu ne peux plus tomber amoureuse de quelqu’un ?


Tu es tombée amoureuse de cette chose invisible, ça, c’est sûr. Mais tu peux quand même tomber amoureuse de quelqu’un, puisque c’est ce que je vis. C’est beau de voir que, dans l’instant, tu es aussi amoureuse de cette personne. Mais si elle n’est plus là, ou si elle s’absente, rien ne manque. Cette chose est toujours là et elle te permet de vivre, même sans cette personne, dans un bien-être total.


Donc, Yolande peut tomber amoureuse… Ce n’est pas une émotion, ça ?


C’est l’intensité qui guide. Auprès de telle personne elle est plus forte qu’auprès de telle autre. L’intensité est là : tu la suis. C’est elle qui te fait être ici, ou là, avec celui-ci ou avec celle-là. Tu ne décides pas : tu y vas, tu y es. La tête n’intervient pas. L’émotion non plus.


Dans cette intensité, comment perçois-tu l’autre, tous les autres ?


Je les perçois comme moi, comme les arbres, la montagne, mes pensées : au second plan. J’en reviens toujours là. Ils sont là sans être là. Ils sont passés au second plan au même titre que moi, que mon corps, que tout ce que je croyais être.


Oui, mais comment perçois-tu chacun ? Il y a des différences de l’un à l’autre, tout de même… même au second plan!


Ce que je sens, surtout, c’est ce qu’il y a de plus proche en moi, c’est-à-dire mon corps, les sensations de mon corps qui se sont amplifiées à l’infini. Dans ce second plan, le plan du je suis, c’est le plus proche. C’est sensation, intensité, mouvement. Cette intensité varie avec ce qui se présente dans le contenu de l’instant, proximité de telle ou telle personne incluse. Mais il n’y a pas la pensée pour dire « parce que je sens tel mouvement dans mon corps, cette personne est comme ci », ou « je dois faire comme ça ». Ce qui va se faire dans l’instant se fera… mais ce ne sera pas le résultat d’un savoir, d’une compréhension : c’est le silence qui agit.


Tu ne peux rien t’approprier ?


Non.


Mais perçois-tu mon psychisme, mes états d’âme ?


Tu es là, tu sens, tu te laisses traverser par ce qui se passe, par un mouvement que tu sens dans ton corps, fusionné avec tout le reste. Mais tu n’interviens pas, tu n’as pas de réaction, d’opinion, de commentaire. Quand quelqu’un entre dans la pièce, tu peux sentir un mouvement plus inconfortable, ou sentir au contraire l’intensité qui se déploie, mais tu n’en déduis rien. Tu ne cherches pas à comprendre pourquoi, comment, ni s’il y a quelque chose à résoudre et comment. Tu sens, point.


Et quand quelqu’un se confie à toi, te demande conseil ?


Tu ne fais qu’être écoute. Il n’y a pas de mouvement de Yolande qui pense ceci ou cela. Mon je suis est partagé avec tout ce contenu de l’instant, et je laisse toute la place à cette chose à l’avant-plan, cette chose avant le je suis, pour agir si elle doit agir. Donc si un geste vient, il vient du silence. C’est lui qui sait. C’est lui qui fait.


Que faire pour vivre ce silence ?


Je fais une totale confiance à cette présence dans l’invisible. Donc la seule chose qui peut être dite, il me semble, c’est d’être ce que l’on est dans l’instant, de le vivre pleinement, simplement… et de laisser la spontanéité faire ce qu’elle a à faire.

C’est quelque chose qu’on ne peut pas comprendre, pas apprendre, ni vouloir, ni savoir. Alors : se laisser faire – quoi d’autre ?

Vivre l’instant pleinement, simplement… ce n’est pas si simple!


Il y a des tas de moments dans la vie où l’idée de la personne disparaît, où il n’y a plus que cette chose qui voit. Les moments de joie, d’étonnement, d’émerveillement devant un paysage ou une belle musique. Les chocs aussi, une peur violente… Mais le plus souvent on ne les remarque pas, parce qu’aussitôt après la pensée se les approprie… Rester là, plutôt. Avant la pensée : sentir. Rester simplement avec cette sensation, sans vouloir comprendre ni résoudre rien. Avoir toute son attention portée sur cette sensation, et l’accepter surtout, l’accepter silencieusement, pas mentalement. Vraiment l’accepter totalement, en étant… simplement.

Beaucoup de gens croient qu’il faut qu’il y ait une lumière, une grande lumière, des choses extraordinaires… Et si simplement c’était ça ?... Quand le silence est là : rester avec ce silence, cette tranquillité, découvrir au fur et à mesure ce que ça te procure comme légèreté de voir que tout est là, OK, mais c’est au second plan – pas besoin d’en faire un monde. Et quand c’est l’inconfort : rester avec cet inconfort, totalement, se laisser engloutir par lui, se laisser mourir – une mort psychologique - pour pouvoir laisser place à ce silence, le laisser prendre le dessus une bonne fois pour toutes…
Rester là, avec cette sensation de l’instant, cette intimité… Rien que d’être là, tu n’es déjà plus là. Parce que tu sens tout le contenu de l’instant présent, sans interférer. Donc tu n’as plus l’idée d’être une personne : tu n’es que sensation. Tu sens cette conscience, peut-être encore un petit peu individuelle, que « ton » corps est inconfortable avec cette tristesse, ce malaise où tu es : déjà c’est un cadeau, parce que tu te rends compte que l’instant, l’intensité, la vérité n’est pas dans ta tête… C’est merveilleux de pouvoir sentir ça, déjà! Déjà accepter cette simplicité de sentir que la vie c’est ça, ce n’est pas voir des lumières ou entrer en extase : c’est ça, aussi. C’est la simplicité de ne pas être cette personne qui ressent. C’est sensation, point.

Qu’est-ce qui fait que, pour la plupart, ces instants ne durent pas ? Que l’agitation revient ?


C’est un problème d’identification. Le mental revient, redevient le plus fort et te piège. Piégé, tu y crois fermement, tu oublies le silence et cette chose puissante qui est là.

Vivre ces moments quand il se présentent.






Les vivre avant la pensée…

La pensée aussi, il faut l’accepter. Elle reste au second plan. Laisser cette attention, cette sensation, cette chose au premier plan, dans cette simplicité totale, avant d’être cette personne qui dit « c’est à moi que ça arrive » ou « ça va passer ». Peut-être tout simplement accepter cette simplicité du silence, cette simplicité de sentir, cette simplicité d’être avant qui que ce soit. Rester dans cette simplicité de sentir, tout simplement, sans pour autant avoir été chercher cette tristesse, sans chercher à sentir ton corps ni quoi que ce soit d’autre.

Se laisser saisir par ce qui est là, parce que c’est là… Quel est le sens de la recherche spirituelle, alors, puisqu’elle vise toujours un savoir, un état, un progrès, quelque chose « devant » ?

Elle a encore un sens puisqu’elle est là, puisqu’elle se présente. Vouloir faire le contraire ce serait la même chose : ce serait refuser ce qui se présente… Je crois qu’il faut accepter tout ce qui se présente, que ce soit de méditer, de faire du yoga, d’avoir l’air d’être dans une recherche spirituelle – alors que ce qui entraîne dans tout ça, comme dans tout le reste de la vie d’ailleurs, c’est quand même et toujours cet état premier.

Donc continuer à se laisser faire, même s’il y a encore la personne qui est là, et qui veut, et qui espère. Sentir, plutôt que d’essayer toutes sortes de techniques… Mais il faut aussi accepter ces techniques : elles font partie du chemin qui se présente à soi…

Propos recueillis par
Laurence Vidal
Source du texte : Dsyolavie



Source des vidéos : Le petit mas

Satsang depuis les USA (Justin TV) :



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